Mercredi 8 Décembre 2010
Prier… fête mariale, ce n’est pas une invention du XIXème siècle ou une compensation des frustrations sexuelles des intégristes ou de quelques religieux, plus dans les pays riches ou de vieille chrétienté que parmi les vraiment pauvres… les Ecritures sont riches d’évocation, la symbolique est millénaire, les égards des apôtres et des évangélistes pour Marie sont évidents. Pourtant, je n’ai jamais eu le « contact » qu’en groupe et en foule, comme si la Vierge voulait la famille nombreuse, la prière ensemble et ne menait aussitôt qu’à son Fils. [1] Discrète et effacée de son vivant, certainement rayonnante et toujours là, existante au possible, les cathédrales, les apparitions, elle porte à la contemplation, au silence, au mutisme, à l’attente. Elle répète après tous et avant tous, le Magnificat aux cent versions. Il s’est rappelé sa fidélité, son amour… Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ… Celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Marie n’acquiesce qu’au terme d’un entretien approfondi et dense, et comme en forme de réplique, Dieu et elle, chacun dans leur rôle, si j’ose écrire, mais c’est bien cela : Car rien n’est impossible à Dieu. – Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. Pas d’instruction, pas de mode d’emploi, pas d’envoi en mission, pas d’examen ni de conscience, ni d’aptitude, pas de discernement sur un état de vie, pas de débat. Une présence. Le summum de la vie pour un être humain, la totale liberté, la fantastique efficience spirituelle, dialectique, historique ! la reconnaissance paisible et apaisante de la position de créature complètement et sereinement apaisée, parce que libre et aimante, disponible, à l’écoûte. - Avant-hier soir, notre fille me demande : béni ? qu'est-ce que cela veut dire, elle le prend d'abord pour un nom, puis l'explication donnée : celle ou celui à qui l'on souhaite le bonheur et tant de choses belles et bonnes, celle ou celui qui est exceptionnel... elle interroge, mais s'il n'est pas là, on peut le bénir, si elle n'est pas là, on peut ? Je me suis arrêté, nous arrivions à la communion des saints et aux intercessions mutuelles, nous pouvions aller à l'action de grâce.
Dix-huit degrés au sud d’une « ligne » Bordeaux-Annecy, pluie neigeuse et triste presque tout aujourd’hui sur la côte méridionale de la Bretagne où nous habitons, compte-rendu de la neige à Paris tout cet après-midi : aucun autobus ne fonctionne, soit en carafe soit préventivement remisé, les lignes aériennes du métro immobilisées, verglas plus neige, les automobiles ne bougent plus. Je ne me souvenais pas du précédent de Janvier 2003. Témoignages sur France-Infos. de franciliens physiquement naufragés. En face, rodomontades du ministre de l’Intérieur, Brice ortefeux, en gros : nous avions tout prévu ; tout a été préparé, et tout va bien et si cela ne va pas, cela ira très bien dans la soirée. Cinq mille gendarmes et policiiers pour fluidifier les embouteillages alors que les témoignages sont la débrouille générale et l’improvisation de quelques-uns pour régler la circulation des autres, que rien n’était salé, etc… ce sont plutôt les élus qui sont ciblés, pas le ministre.
Les élections présidentielles contestées : Haïti, on se bagarre à Port-au-Prince et à Port-Haïtien car le populaire chanteur a été placé troisième tandis que le candidat du pouvoir est en tête. Choléra, tremblement de terre, insalubrité et précarité générale : la dictature va s’installer. Côte d’Ivoire, le représentant du secrétaire général des Nations Unies s’avance beaucoup en réitérant son diagnostic, victoire de Ouattara avec un écart tel que la contestation n’est pas possible. Celui-ci est à l’hôtel sous la protection des Casques bleus et Gbagbo constitue son gouvernement.
Fillon à Moscou pour boucler une année franco-russe dont personne n‘a parlé et qu’aucun événement n’a illustré. Le vrai commentaire est la publication de ces télégrammes américains rapportant les propos de Sarkozy, du Premier ministre et de Lévitte. Défense de Matignon : seules comptent les paroles publiques. On atteint le meilleur de l’expertise diplomatique et même tout simplement politique.
J’ai vécu la journée dans un autre monde. Seul sas, les auto-gestions familiales : régler l’E.D.F. avec les numéros d’appel, les intermèdes musicaux, les compositions au claver téléphonique, au bout du compte jeune fille aimable qui fait ce qu’elle peut. Puis, à la recherche d’une de nos chiennes, disparue depuis vendredi, l’étier de Caden, paysage de marais, non loin du plein océan, cabane de tôles et de planches, peut-être une remise de chasseurs, où elle avait été trouvée, elle et ses petits de quelques jours ; j’ai identifié l’endroit grâce à la secrétaire de mairie de la commune voisine, accueil et efficacité simplicité de ces petites collectivités locales en bout de tout. La réforme territoriale, dans ce contexte et sur place, est une bêtise ou un crime, là. De là, je suis retourné au bord de la mer, de l’autre côté du marais et de la ria. Le paysage, plus intense de présence que je ne m’y attendais. Sensation de vie éternelle devant ces éléments et l’indistinction de la ligne d’horizon.
Comme je ne lis les journaux que par piles de plusieurs jours – toujours Le Monde qui change, du commentaire, de l’enquête, des textes longs, l’information se fait par internet et je la prends à la radio, France-Infos., ou par l’AFP, le journal devient plus un témoin que propagateur de nouvelles. Accessoirement, opinion il y a trente ans, quarante ans (de mon temps… quand j’y étais publié), principalement opinion aujourd’hui – comme je ne regarde pas la télévision, sauf les Simpson et des documentaires Pétain, de Gaulle, Matignon, et sauf aussi les « prestations du chef de l’Etat »… je vois tout et ne comprends qu’avec recul, que par reconstitution, sauf quand l’événement surgit vraiment : le mouvement social contre les retraites, alors je suis les choses et j’écoute les différents « acteurs » heure par heure. Ma mémoire de cinquante ans de vie politique française, de relations internationales et de décolonisation africaine me fait remettre beaucoup en perspective, la confrontation avec d’autres se fait de lectures, ainsi aujourd’hui l’ancien chancelier Schmidt et de nouveau Jacques Delors. Le défaut d’autorité morale aujourd’hui en Europe, sinon dans le monde « occidental », les met encore plus en exergue. Leur force est surtout de dénoncer la trahison pratique et non-avouée de véritables espérances, très fondées, vraiment à portée quand nous les eûmes.
Immédiatement, le silence de Sarkozy depuis une semaine – hors les trompettes de la renommée pour le voyage indien qui est hors sujet (G 20 oblige) s’il n’a été que « fabuleux contrats » – donne à penser qu’une stratégie se médite, des coups et contre-coups sont anticipés.
[1] - Genèse III 9 à 20 ; psaume XCVIII ; Paul aux Ephésiens I 3 à 12 passim ; évangile selon saint Luc I 26 à 38
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