Jeudi 9 Décembre 2010
Il a gelé, moins 3°. Nous étions en train d’oublier le soutien scolaire du jeudi matin. J’en profite pour donner la voiture : les pneus avant à changer et la prière du matin… se dit et se lit, avec Europe 1 en fond, dans le bureau de mon garage, soufflerie du chauffage, moteurs. Dehors, les chaussées sont gris-blanc mat, glissantes au possible, personne encore dans le centre-bourg. Le jour a une lumière sans origine, lever minimum [1]. Enseignement « crypté » du Christ, le retour d’Elie, le prophète si notoire, davantage de faits et gestes que d’enseignement parlé, devrait signaler la venue du Messie. Jean-Baptiste en tient lieu : façon de Jésus de dire Qui il est. Sans succès, il le sait… Celui qui a des oreilles, qu’il entende. Entendre ce qui se voit, voir ce qu’on écoûte. Isaïe, l’autre grand prophète de l’Ancien Testament, poétise sur le temps nouveau et conclut : mais toi, tu mettras ta joie dans le Seigneur, ta fierté dans le Dieu d’Israël. Deux groupes et deux versants, pour les uns, le vent les emportera, un tourbillon les dispersera, et pour les autres, les petits et les pauvres cherchent de l’eau et il n’y en a pas ; leur langue est desséchée par la soif. Moi, le Seigneur, je les exaucerai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas. Quels sont ces reliefs : tu vas briser les montagnes, les broyer, et réduire les collines en menue paille. Notre propre conversion. – Commentaires de celles et ceux qui prennent le travail, les accidents de la route en venant, les échos radiophoniques des embarras parisiens. Notre universalité n’est plus celle de la Bible, nous n’avons pas de perspectives, et les promesses nous ne croyons que celle des hommes ? Ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne. … Celui qui qui a des oreilles, qu’il entende. Bruit de l’époque, c’est notre surdité, celle qui en nous fait tant silence à provoquer une espérance surgissant de nulle part et allant où ? La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. – Off…J’entends discuter mère et fille de mon garagiste sur une amie qui a trouvé du travail : elles disent une place, comme antan on avait les bureaux de placements, pour celles qu’on appelait les bonnes, une des catégories des domestiques. Les mots – devenus péjoratifs ou le furent-ils toujours ? (notre fille regardant La princesse et la grenouille admire au contraire que l’héroîne devenue jeune fille, soit serveuse) – ont été remplacés par d’autres : une situation. Deux races aujourd’hui, ceux qui cherchent un travail, ceux qui ont une situation. J’aime ce mot : place. Il induit un accueil, une intégration, aucune évocation de cette domination sur les autres que dit : situation.
matin
Brice Hortefeux de nouveau sur les ondes : dire et faire dire que tout avait été prévu et fait, tonnages de sel la veille, décisions diverses avant les quinze heures où commence de tomber la neige en Ile-de-France, pensées pour les victimes, déplacement ce matin pour le point le plus précis sur place, dans les PCs et autres pôles de décision, mise en valeur du préfet de police (l’homonyme du maire de Marseille) tandis que les « pouvoirs municipaux » sans mention du maire de Paris sont en fin d’évocation. Communication mauvaise : le début est autant celui de Sarkozy hier soir que de Villepin ce matin, l’éloquence d’aujourd’hui. Surtout, les automobilistes dans Paris n’en ont qu’après Delanoë, la compétence de l’Etat n’est pas reconnue en règle générale.
Résolution du Conseil de sécurité en faveur de Alassane Ouattara. Influence certaine à New-York du représentant des Nations Unies sur place. Prise de position sans précédent, dont la Mauritanie n’a pas bénéficié. Je ne la crois cependant pas efficace. Gbagbo va jouer à fond du nationalisme, seule l’armée pourrait le défaire, le fait que Soro, le Premier ministre mais aussi l’ancien mûtin du nord, ait pris position pour Ouattara pousse certainement l’armée du côté de Gbagbo.
soir
Bayer transfère son siège social à Shangai. Les délocalisés pousseront donc l’Europe à rester ouverte, à s’ouvrir encore pour que précisément joue l’avantage de la délocalisation. Bayer prétend ne supprimer aucun emploi en Allemagne. Les entrepreneurs mentent encore plus et à terme encore plus court que les politiciens. Le marché chinois peut-il valoir en soi ? Je ne le sais pas, mais le devoir d’entrepreneurs européens se situe en Europe.
Le fait majeur ces semaines-ci, c’est l’absence américaine. Il n’y a aucun plan mondial des Etats-Unis ou d’Obama, il y a des plans nationaux pour les Etats-Unis. Après un siècle et dix ans d’idées et de desseins proprement américains imposés au reste du monde, souvent pour son bien, mais pas toujours, nous sommes entrés dans une tout autre époque, les Etats-Unis semblent n’avoir plus aucune vue ni analyse sur le monde. Et belle coincidence, c’est à ce moment que – à leur corps probablement défendant – sont divulguées leurs archives les plus récentes. Je n’en ai encore rien lu. Des sites et maintenant Le Monde, assez systématiquement, les publient.
nuit
Débat télévisé sur la réponse des politiques aux catastrophes naturelles : l’ouragan Catarina, hier la neige à Paris, on dit pas Tchernobyl qui à mon sens fit la chute de l’Union soviétique, ou la plate-forme pétrolière en Floride ce début d’année. Evénéments-références dans la mémoire humaine : le mythe du déluge. La présence médiatique d’Hortefeux a accentué ce défaut de réponse, car ce n’a été depuis hier soir que l’affirmation controuvée d’avoir prévu et agi à temps, et que la prophétie démentie que tout va s’arranger au plus vite.
[1] - Isaïe XLI 13 à 20 ; psaume CXLV ; évangile selon Matthieu XI 11 à 15
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire