samedi 30 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - samedi 30 janvier 2010

Samedi 30 Janvier 2010

Prier… [1] Le soir venu, il dit à ses disciples : « Passons sur l’autre rive ». » Quittant la foule, ils emmenèrent Jésus dans la barque, comme il était ; et d’autres barques le suivaient. Survient une violente tempête. Le christianisme n’est pas une religion, une révélation, une philosophie, le plaidoyer pour une idée de Dieu – idéa Deus, Deus est (Descartes) – ou une conception du monde (avec celles de Bouddha et de Socrate). Il est l’attachement au Christ, l’attraction du Christ, ce personnage venu dans notre histoire à une date précise et qui a fait et dit précisément. L’écoûter, le prier sans doute, mais le contempler d’abord et enfin, en recevoir l’envie sans cesse plus grande et déterminante, le suivre tout simplement pour ne pas le perdre de vue. Le Christ, Dieu fait homme, mais au-delà de toute récitation ou certitude dogmatiqus, Lui, tout simplement, aussi nu que sur la croix, Lui qu’on peut emmener au Golgotha ou dans la barque, qui se laisse faire et prendre, calmement. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Tout l’épisode se fait dans une ambiance de fatigue tout humaine, le prédicateur harrassé, la voix peut-être enrouée, les disciples qui rament et n’en peuvent plus, qui sont dans le concret de la catastrophe qui menace après une journée à écouter ce qui, si souvent, les dépasse puisqu’il faut que Jésus les prenne à part et leur explique… les choses se font aussi à l’inititive du Christ, il a donné le signal du départ, et l’orientation. Réveillé, il interpella le vent avec vivacité et dit à la mer : » Silence, tais-toi ». Le vent tomba et il se fit un grand calme. Pour Jésus, ce n’est qu’une parabole de plus et des moindres. Pour les disciples, la perplexité augmente encore : Qui est-il donc,pour que même le vent et la mer lui obéissent ? Pour nous, pour moi, en ce petit matin où avec tous ceux de cet évangile et tous ceux qui prient à travers le monde, en cette sorte de connaissance de cause qu’est la foi (reçue), la question ne se pose pas ou plus exactement elle se pose d’une autre manière : nous regardons Qui nous savons, mais nous ne finirons jamais ici-bas de vraiment Le voir tel qu’Il est, nous appelle, nous parle, prend soin de nous et attend que nous nous changions, nous consacrions, et – chemin spirituel faisant, chemin tout court (vers Lui) faisant – nous changions ce monde qui y est prêt et qui n’attend que cela. Maître, nous sommes perdus et cela ne ne te fait rien ? David comprend enfin que toute sa vie et d’abord l’assassinat couvrant l’adultère, est une parabole. Cet homme, c’est toi ! Et dramatiquement, le Seigneur frappa l’enfant (un innocent de plus qui va périr… selon la faute humaine) que la femme d’Ourias avait donné à David et il tomba gravement malade. David implora Dieu pour l’enfant : il jeûna strictement, s’enferma chez lui, et il passa la nuit couché sur le sol. Deux quotidiens : La Croix et Ouest France viennent de rapporter que Jean Paul II étant pape couchait (fréquemment ?) à même le carrelage de sa chambre. Le monde, nos péchés, nos affections valent que nous implorions…

début de matinée

Sans regarder les dépêches ni « prendre les nouvelles », je synthétise avec un peu plus de recul le « phénomène Villepin » selon les journées d’hier et d’avant-hier puisqu’en politique la rétrochronologie fait beaucoup voir.

D’abord, ceci. L’affaire Clearstream avait fait événement pour – avec le CPE, les manifestations hostiles et son retrait – polluer complètement la gestion gouvernementale de Dominique de Villepin. Depuis avant-hier et surtout depuis l’appel, prolongeant toute l’affaire et ses échos pour probablement en susciter d’autres à répétition – Jean-Claude Marin justifie son appel en insinuant qu’on peut encore apprendre ! – l’affaire va polluer le reste du quinquennat de Nicolas Sarkozy.Tout simplement parce qu’il y a un défi lancé et que ce défi – parce qu’il est indépendant des partis, des syndicats et des conjonctures éconopmiques, sociales, budégtaires pour lesquelles chacun peut passer à l’autre la patate chaude – est personnel : Sarkozy pouvait éteindre l’affaire en se désistant et en tendant la main, voire un portefeuille (les Affaires Etrangères ?) à son rival. Il ne l’a pas fait, il a donc choisi le thème des deux ans et demi à courir. Le commentaire est un fleuve alors qu’aucune de ses deux communications – le cercle des Français affligés sur TF1 et le discours devant la salle de Davos – n’ont donné lieu qu’à quelques contestations et observations sans plus pour le premier exercice, sans rien pour le second. Un discours – pour retentir et être éventuellement commenté, faire sillage ou pénétrer les esprits – doit être rare, attaché à une circonstance reconnue ou répondre à une attente instante, il doit décider ou prophétiser. Champion toute catégorie : de Gaulle. Nicolas Sarkozy a sapé sa crédibilité avec méthode : trop de présence médiatique, pas de texte et les promesses comme les prévisions se vérifient au lieu de se prêter à commentaire. Nicolas Sarkozy a maintenant son affaire, et elle porte sur le bon thème : sa conception égotiste et sa pratique personnelle et cynique des institutions.

Dominique de Villepin s’il réussissait à entrer à l’Elysée ne le fera certainement pas, comme il le conjecturait tandis qu’il fut à Matignon : par une supériorité en duel médiatique avec Nicolas Sarkozy, je suis beau, j’ai du verbe et de la plume, regardez-le… il n’entrera que s’il a, au préalable, désagrégé le part présidentiel, déboulonné le président régnant et pris sa place à la tête de l’appareil. C’est ainsi que Nicolas Sarkozy s’imposa pour la succession à Jacques Chirac. C’est en gardant de justesse le contrôle du parti que François Mitterrand gagna la bataille présidentielle, c’est faute de l’avoir que Ségolène Royal l’a perdue, et c’est par ce contrôle que Martine Aubry de jour en jour augmente ses chances de devenir président de la République et surtout les chances de la gauche d’être crédible, parce que son principal parti s’unira et de longue date sur sa candidate, qu’enfin l’atout de celle-ci est le même dans le parti et devant les électeurs, elle a un programme, et c’est Nicolas Sarkozy – toujours lui – qui le lui fournit en l’attaquant sans relâche sur les 35 heures. Or, il est évident que le chômage ne sera résorbé que s’il y a égalité devant le travail : le partage du travail dans l’hexagone est le même combat que celui contre les délocalisations ou pour l’augmentation du pouvoir d’achat qu’il vaudrait mieux appeler par son nom : l’augmentation des salaaires, car le tour de passe-passe pour démontrer qu’on dépensera moins mais mieux… etc… est une escroquerie intellectuelle qui ne prend plus.

Donc Dominique de Villepin, une hypothétique première en cas de succès, mais une entreprise qui a des précédents. Celle dont on ne parle pas – singulièrement au fond mais sans que cela étonne tant nos médias sont cloisonnés en documents-mémoire de la compétence des uns, et en commentaire à chaud, genre « café du commerce » de la compétence (au sens de distribution des rôles, mais pas du talent) des autres – crève pourtant les yeux. Il s’agit de Michel Jobert dont la popularité et la notoriété initiales se fondèrent sur une gestion spectaculaire, quoique très sobre d’attitude et de mots, de nos relations extérieures et de notre politique étrangère. Mais il y a deux différences fondamentales entre le fondateur – malheureusement peu écouté et sans postérité actuellement – du Mouvement des démocrates (ne pas confondre avec le Modem, par ailleurs fort respectacle) et Dominique de Villepin. Michel Jobert renvoya systématiquement et avec la plus grande humilité (qui n’a jamais exclu une conscience justifiée de son charisme et de son coup d’œil et de patte) au chef de l’Etat sous lequel il avait exercé et parlé si bien au nom de la France : Georges Pompidou, dont il racheta ainsi en fin de règne, la mémoire. Dominique de Villepin n’a pas rapporté à Jacques Chirac la gloire du discours au Conseil de sécurité défiant les Etats-Unis d’aller en Irak, faute de motif légal. Et seconde différence, Michel Jobert avait bâti un programme et il ne charmait pas seulement sur les ondes ou en public. Je n’ai jamais rencontré un homme aussi pénétrant et vrai en dialogue intime, un maître de vie et pas seulement un homme politique (et de lettres – je fis campagne pour qu’il soit admis à l’Académie française, il ne souhaitait que celle du Goncourt et en carrière professionnelle, nullement un portefeuille, mais la Régie Renault…). Le socle : « politique étrangère » de Dominique de Villepin n’est – paradoxalement – rappelé en ce moment où il se lance décisivement, par personne.

Ce qui est justifié car d’une part Jacques Chirac n’était pas partisan d’un veto aux Nations Unies et le fit savoir quelques heures avant le compte-rendu des inspecteurs et d’El Baradei au Conseil de sécurité, que d’autre part nous n’empêchâmes pas le fait accompli et même nous le reconnûmes assez vite. Enfin, des fautes majeures en tactique furent commises que jamais de Gaulle et son impeccable ministre : Couve de Murville, n’aurait commise. Tout devait se faire dans la discrétion – sans se faire mousser personnellement et san grandiloquence médiatique – entre notre ministre et le secrétaire d’Etat Powell qui affrontait ses faucons et qui cherchait un exutoire. Il pouvait se trouver avec un mandat des Nations Unies à négocier et tenant compte de ce que l’argument des armes de destruction massive ne pouvait plus être invoqué. Enfin, il fallait à tout prix – c’était la priorité que nous avons manquée – éviter la division entre Etats-membres de l’Union.

Dominique de Villepin ne va pas réussir par lui-même mais par la faute, l’accumulation des fautes de Nicolas Sarkozy. Malheureusement – si cela se fait – ce ne sera pas le fruit d’une évaluation négative de la nocivité des politiques suivies et des soi-disant réformes imposées aux Français, ce sera par la débandade d’un électorat reflétant le lâchage – qui ne sera pas plus beau à voir que les prosternation de ces premiers trente mois de règne – de tout un appareil. Les Français n’ont pas à être fiers, le système n’engendre toujours pas, à « droite », de la qualité. Il permet des opportunités. La résurrection ne sera pas le fait d’un homme, et – à mon sens – l’espérance reste à gauche : union, travail, désintéressement des multiples candidatures à la candidature. Ce n’est pas impossible.

Pour convaincre et servir, Dominique de Villepin a immensément à faire, et jusqu’à présent il a peu fait.

Il a cependant le mérite de remettre au « goût du jour » des thèmes oubliés : le sens de l’Etat, c’est-à-dire la conscience qui doit animer et anime – secrètement – même les collaborateurs les plus intimes du prince régnant et certains des ministres qui, déjà, n’étaient pas à l’aise avec la candidature du fils à la présidence de l’EPAD et qui voient comme une faute l’acharnement de maintenant. Et même de rouvrir la référence gaulliste, sans cependant que l’homme du 18 Juin soit nommé – non pour se comparer, mais pour que soit regardé autrement que dans le discours peu informé du Président de la République actuel (discours de Juillet 2007 sur les institutions, discours devant Angela Merkel à Colombey-les-Deux-Eglises) le legs du fondateur de la Cinquième République. Pour l’heure, ce ne sont que des mots, pas même le développement d’un thème.


En revanche, si la responsabilité initiale dans l’affaire me paraît relever de Dominique de Villepin (sur les ordres certainement de Jacques Chirac) qui aurait pu la constater lui-même comme étant « bidon » [2] et donc l’étouffer, la responsabilité de la suite incombe totalement à Nicolas Sarkozy, et – aujourd’hui – ce devient un grave manque à l’image internationale du pays : comment peut-on nous considérer à l’étranger si la justice fonctionne en appel du pouvoir politique ? nous, soi-disant la « patrie des droits de l’homme » et les donneurs de leçons, notamment à l’Afrique (à ceci près que nous sommes couchés devant les Chinois et que le Président de la République a eu le cynisme de dire, en manière de vœux au corps diplomatique dont les ambassadeurs africains…, que le processus mauritanien de légitimation d’un fait accompli était exemplaire).


fin de matinée

Ma femme observe qu’il y a des milliers de gens qui sont victimes de dramatiques – et parfois mortelles – erreurs judiciaires et n’ont aucune couverture médiatique…

Gergorin qui joue sa fin de vie – antipathique ou pas – commence de déballer. La boîte de Pandore… rien n’est donc joué, y compris dans l’innocentement du rival à la prochaine élection présidentielle. On peut d’ailleurs envisager – comme dans un film de série B ou dans un régime totalitaire – une entente entre l’ancien vice-président d’E.A.D.S. et l’actuel Président de la République pour que le déballage soit efficace et apporte du non dit jusqu’à présent. Le mélange de tous les genres va continuer et comme tout le monde – à commencer par les médias – a intérêt à la diversion et à la distraction de qui n’est pas le citoyen, mais le public, nous aurons du mal à « tourner la page » puisque c’est de cela qu’il s’agit, paraît-il.

Distraction par rapport à la situation intérieure nationale certes, mais aussi par rapport aux avancées d’Hillary Clinton à Paris – étranges – sur l’Europe et sentant le « remake » ! leur Kissinger, version 1973, et à propos de l’Iran, vers Pékin.


début de soirée

Confusion sur tous les sujets et où que l’on regarde.

Drame haïtien, soi-disant la mobilisation mondiale, au moins des bonnes volontés et des personnes anonymes, mais rien ne change sur place, on ampute faute de pouvoir soigner, pas de médicaments, pas de locaux, où passent l’argent, les tonnes d’équipements ? et la logistique et les ressources humaines semblent uniquement consacrées à la sécurité des étrangers ? Un ami d’enfance, responsable d’ATD Quart Monde y part : jen saurai davantage, c’est-à-dire que c’est pire que je puis l’imaginer.

Géo-stratégie… Des idées pour le nucléaire iranien, les opposants au régime actuel de Téhéran appellent à manifester pour l’anniversaire de la révolution (thème irrécusable mais la question est la liberté de réunion). Les Etats-Unis en difficulté avec la Chine : toujours la susceptibilité de Pékin au sujet de Taïwan mais comment l’île peut-elle conjecturer de résister par la force quels que soient ses achats d’armes, la question de google, apparemment celle des libertés publiques pour laquelle la Chine n’a pas bonne presse mais en réalité celle de la dominance quasi-absolue (et que tolère l’Europe) des Américains sur la « toile » et ses trafics.

Le forum de Davos… les banquiers contre la régulation dans le monde et contre les plans d’Obama. Sarkozy n’est en rien un sujet de conversation ou de commentaire, aucune de ses apostrophes qui « marchent » censément devant un public français, n’a frappé qui que ce soit chez les gens d’expertise ou de pouvoir… quelle est la compétence – même uniquement pour conjecturer à quelques-uns ou supputer entre quelques autres – de ce forum ? Cela me paraît extensif comme le G 7 ou le G 8 d’antan, démarrant sur le système monétaire international et arrivant à évaluer les élections dans les pays abjurant le communisme. C’est à Davos qu’a circulé la rumeur de rencontres entre Nations Unies et Taliban ou d’offre d’achats des chefs de guerre par Karzaï qui n’a pas d’argent pour organiser des élections, mais en a pour cela. Dans la succession des dépêches de l’AFP rendant compte des conversations ou des thèmes à Davos, pas une qui – en pronostics sur la reprise ou en diagnostic sur ce qui pèche – corrobore la précéente.

Le hasard de la rédaction d’une chronique historique sur la Mauritanie – l’hebdomadaire Le Calame à Nouakchott auquel je collabore depuis trois ans – me fait prendre les Mémoires d’espoir du général de Gaulle. J’y trouve – précisément pour ces jours-ci – la démonstration de ce que sont une autorité morale exceptionnelle, mondiale, et le scrupule à faire ou dire quoi que ce soit dont on ne puisse répondre. Sa relation avec Ferhat Abbas en 1943 à Alger et l’audience que celui-ci lui demande avant de s’envoler pour Le Caire y prendre la tête du F.L.N. A quoi bon cette entrevue en un temps où, détaché de toutes affaires publique, je n’avais en main aucun pouvoir ? La même demande en 1946 d’Ho Chi Minh sachant que l’accord de Fontainebleau sera mort-né. Naguère, pour la même raison, j’avais fait la même réponse…Peut-être, si j’étais resté en place, les événements, en effet, eussent-ils tourné autrement ? Mais à quoi et pourquoi aurais-je fait d’engager la France quand je n’en répondais pas ? Mémoires d’espoir . Plon . Août 1970 ou Janvier 1985 394 pages . p. 127 Qu’ils aient ou non mémoire du général de Gaulle, les Français savent qu’actuellement il n’y a pas parmi nous quelqu’un qui – sans fonction aucune – soit déjà par avance ou encore… la France, le bien commun, la ressource d’avenir, l’arbitrage, l’honneur, la remise en ordre… une personnalité qui incarne autant le discernement que le consensus et les moyens de l’appliquer. Illustration : nos vasouillages dans le « débat sur l’identité nationale », sur la pratique du port du voile et les vasouillages du gouvernement et de son groupe parlementaire pour choisir la forme d’un texte encore plus que la rédaction-même de ce texte.

La plus forte réponse au dégagement de Sarkozy en début de semaine, vous verrez le chômage baisser dans les prochains mois, 77% des Français n’y croient pas. La bonne formule d’un des participants à Davos : reprise économique peut-être, récession humaine sûrement.


[1] - 2ème Samuel XII 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 35 à 41

[2] - il n’est pas assez relevé que Cleastream est un organisme technique et que les comptes ne transitent vers le Luxembourg que par le truchement des banques nationales, dont les françaises. Il n’y a donc pas de liste de particuliers, mais que des listes de banques, en flux tendu, chez Clearstream, et c’est dans le flux d’une banque qu’apparaissent des comptes numérotés correspondant aux ordres de personnes physiques ou morales. Un simple questionnement – non de dirigeant de banque, mais de grouillot à la base – apporte en un instant la preuve technique que les « listings » de particuliers ne peuvent être qu’un montage

vendredi 29 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - vendredi 29 janvier 2010


Vendredi 29 Janvier 2010

L’adultère de David, le vol pur et simple, charme romanesque du récit [1]. A la fin d‘un après-midi, après avoir pris son repos, il se promenait sur la terrasse du palais, il aperçut une femme en train de se baigner. Cette femme était très belle. David fit demander qui elle était, et on lui répondit : « C’est Bethsabée, fille d’Eliam, la femme d’Ourias le Hittite ». Alors David l’envoya chercher. Elle vint chez lui et il dormit avec elle. La femme conçut, et elle fit savoir à David : « Je suis enceinte ». Or, on est en temps de guerre, David était resté à Jérusalem. La suite du récit est un suspense, toutes les ruses et manigances du roi pour faire endosser l’enfant à Ourias échouent, il fait alors tuer au front celui qui n’est même pas son rival, même pas son gêneur, mais simplement le mari l’empêchant de vivre avec celle dont il s’est épris. Le grand David, le fondateur, le psalmiste est un assassin et pour la raison la plus basse, d’abord la peur d’être découvert, puis le simplisme et la panique de tout criminel sans solution alternative. L’histoire a-t-elle donné lieu à film, romans, etc… je ne sais, cela en vaut la peine, mais la leçon spirituelle est évidente, tout le monde pèche, convoite, s’approprie, et le péché, l’égoïsme sont d’autant plus grands que la sainteté et le plan de Dieu sur quelqu’un sont manifestes (le reniement de Pierre…). Paraboles de la semence, de ce qui croît sans proportion avec ce qui est au départ. Dont la première est l’enseignement aux disciples, gens fort quelconques, comme avaient été Saül et David à l’origine de leur grande aventure. Ce matin, simplement, n’être que terre, graine, semence. Les contemplations depuis la terrasse d’une nudité enviable, les regards et les visages dans les réunions mondaines ou autres, les rencontres qui déclenchent la décision de conquête et la dépendance vis-à-vis de l’autre, et plus encore vis-à-vis de soi, j’ai connu et n’y tomberai sans doute plus, mais le vertige devant l’échec, devant la vieillesse, devant la dureté et le cynisme de l’époque et de la socété contemporaines me guettent et me happent. Vis-à-vis de Dieu, c’est le même péché, celui de regarder ailleurs que ver Lui. La même mort spirituelle, le même désastre de vie et d’âme. Alors que comme David, d’âme, je suis comblé et veillé humainement et spirituellement.

Mais les textes apportent davantage. Dans l’aventure criminelle, la victime est un étranger, le généralissime de David qui, au contraire de sa propre jeunesse, n’est plus à la tête de ses troupes. Et c’est une personnalité attachante, maîtresse d’elle-même, il n’ira pas cuver dans le lit conjugal le vin qu’on lui a fait boire de force, il a une éthique alors même qu’il n’est pas coreligionnaire du fondateur de la généalogie du Christ, et c’est ce dernier qui manque. Quant aux paraboles du Royaume des cieux, elles suggèrent aussi de regarder leur début, le semeur, un homme qui jette le grain dans son champ. Anonyme, banal, de métier, avec sa propriété, son champ. Ce n’est pas le souverain d’une autre parabole, celle des divers accueils et terrains pour la semence, souverain qu’est le Christ, Dieu fait homme appelant tous les hommes. C’est un agent de la vie et du destin, la semence germe et grandit, il ne sait comment. Cet homme respire la tranquillité, il est au-delà de toute confiance ou de toute anxiété, il est dans l’ordre naturel. David au contraire transgressant cet ordre, va de désordre en désordre. Son angoisse et sa détresse ne seront dites qu’à la mort de l’enfant. Il n’est ici que l’usurpateur de Dieu, il prétend maîtriser les événements, en être leur agent. Il n’en est que coupable. Le néant et la moisson. – Il y a enfin une question d’époque, l’histoire d’Ourias assassiné parce que sa femme est belle, que le roi la convoite a lieu au retour du printemps, à l’époque où les rois reprennent la guerre et celle du semeur a pour conclusion le temps de la moisson. Epoques de la vie, saisons qui nous sont données, étapes de nos chemins et travaux. Le regard du printemps, commencement ou feu destructeur, captatif. Temps de la moisson, harrassant, torride ou lumineux du succès.



fin d’après-midi

La comédie a commencé. Sarkozy, victimisé par Chirac et Villepin, gagne l’élection présidentielle et exerce ses fonctions d’une manière qui n’a aucun précédent sous la République, accaparant toutes les apparences du pouvoir et de la décision, gouvernant et arrêtant à la place du Premier ministre, des ministres et même des directeurs d’administration centrale bouleversant tout ce qui dépend de près ou de loin l’Etat, y compris les jurisprudences en matière de nomination à des emplois influencés ou soumis au gouvernement. Il détruit la carte judiciaire, la carte:militaire, la carte administrative et tente de supprimer la fonction de Premier ministre et une grande partie des échelons territoriaux de la décentralisation. Mais en deux ans et demi, la dette publique augmente peut-être d’un quart et après six mois de popularité, le Président de la République n’obtient jamais plus de 40% de citoyens satisfaits selon les sondages. Il a fait réviser la Constitution pour donner un statut à l’opposition et ouvrir à l’initiative populaire le referendum, mais se garde de faire voter les lois organiques qui en permette l’exercice. Il supprime des impôts, il supprime des recettes et ne parvient pas à mettre en place les substituts. La chronique s’arrête à la veille des élections régionales, après qu’il ait éludé les questions sur son envie de redoubler son quinquennat. Il semble imbattable bien que plusieurs alternatives au sein de son parti et de sa majorité se discernent : Jean-François Copé croit qu’imiter son insolence et ses propos extrêmistes vis-à-vis de Jacques Chirac est une recette infaillible pour succéder au président régnant, Alain Juppé a contrôlé l’appareil du parti pendant longtemps et aura tout fait pour rester éligible et conserver sa base bordelaise, François Fillon depuis la décote du Président de la République conserve une popularité très supérieure, de plus en plus supérieure. Voici que Dominique de Villepin, pourtant sans aucune expérience électorale – sinon le coup d’œil qui lui fit conseiller la dissolution à Jacques Chirac en 1997 – et sans parti que ne sauraient constituer des adresses internet et quelques députés le jouant contre le cours actuel, aurait gagné à sa vedettisation constante par l’affaire Clearstream ; il bénéficierait de 8 à 10% d’intentions de vote en 2012. L’étiage de Jean-Pierre Chevènement qui fut fatal à Lionel Jospin en 2002.

Cette querelle a son premier épisode dès aujourd’hui : le parquet comme il était prévisible, indépendant ou pas, a fait appel. Le coup est-il négligeable pour Dominique de Villepin ? La chose sera rejugée dans le courant de 2011, assez tôt pour qu’il soit inéligible.

Je regarde quant à moi deux choses.

La première est que la France a besoin d’une alternative de gouvernement, de programme, de contenu de la politique et d’orientation fondamentale. Elle l’a connue avec de Gaulle en 1958 : la restauration économique, la décolonisation, l’émancipation vis-à-vis des Etats-Unis, ces trois éléments permettant une construction européenne dont les axes ont été détruits par Georges Pompidou puisque l’élargissement du Marché commun à la Grande-Bretagne a justifié tous les autres qui ont suivi, que les candidats aient ou non la capacité d’honorer leur adhésion et puisqu’une formule fédérale, sans le mot, est devenue impossible, et qu’enfin le penchant atlantique de l’Europe occidental a été confirmé. La seconde alternative a été essayée par la gauche entre 1981 et 1984. Depuis, la France s’est ralliée, quelles que soient les élections, à la pente d’une idéologie contraire à ses intérêts et contraire à une prévision d’avenir pour la planète : le libéralisme commercial et financier désastreux pour nos associés africains, caraïbes et pacifiques, désastreux pour nos entreprises presque toutes détruites, délocalisées ou rachetées pour leurs carnets de commande par l’étranger (nos principaux groupes mondiaux détruits : le Lyonnais, Vivendi, Péchiney, Elf et évidemment toute notre sidérurgie et tout le textile). Aucune analyse de gouvernement à droite comme à gauche n’a traité de cet amoindrissement de notre patrimoine industriel. Culturellement, nous avons perdu la bataille de la francophonie ou au moins de la diversité, que la chute du mur de Berlin, nous permettait de soutenir et il est aujourd’hui remarqué que l’ensemble du système internet – par l’organisation des noms de domaine, à laquelle échappent seuls les Chinois et certains Arabes – est soumis aux Etats-Unis.

A ce manque d’alternative de gouvernement – pour ce qui est des politiques et des comportements publics, et de leurs rapports avec les initiatives des grands groupes financiers – s’ajoute dramatiquement l’injustice quotidienne. Des privbilégiés, des protégés, des nantis, des cooptés et puis le commun. L’homme ne se sent plus en société, l’Etat est privatisé, tout fonctionne pour que les solidarités n’existent plus, que la compétition soit la loi apparente (alors qu’entre puissants au contraire on se partage le pouvoir… jusqu’à un certain point) : partis et syndicats sont sans prise sur le pouvoir et sont sans adhérents, les élections prudhomales sont un désastre civique, comme l’ont été les referendums de Jacques Chirac, notamment sur le quinquennat. Et la société ne rencontre plus l’homme : les médias de toutes sortes ne proposent que du « people », les contes de fées et les politiques ne savent plus ni écouter ni parler. La barrière entre la scène et le parterre, et en fait personne à apprécier le spectacle.

Second élément. Les personnes.

Nicolas Sarkozy – il a de nombreuses excuses : toutes les lacunes familiales de son éducation, de son enfance et de son adolescence d’une part, le manque de référence politique du fait de ses patrons en politique, Chirac et Balladur – est psychopathe personellement et politiquement et tout débat sur généalogie mis à part, il ne pense pas français, parce qu’il ne pense que revanche et ascension sociale et extension illimitée d’un pouvoir de décision sur tout. Il est nuisible au pays, c’est avéré, toutes les valeurs, tous les débats sont pollués et des acquis nationaux d’un ou deux siècles se détruisent – sans compter notre ridicule devant l’étranger, ridicule de celui censé parler en notre nom, ridicule d’un peuple qui tolère un pantin. J’ai pratiqué, en quelques entretiens tête-à-tête et il est vrai en demandeur d’emploi ou en éventuelle boîte à idée, Gergorin en 1987-1988 : j’ai rencontré un homme de pouvoir et considérant que le pouvoir c’est de fermer la porte à tous ceux qu’il redoute comme éventuels concurrents. Ce qui à toute époque eût été un complet contre-sens envers moi et me gratifier de capacités d’influence que je n’ai jamais eues : son atout était la partie de tennis avec Lagardère chaque dimanche matin. Un tempérament de ce genre et quelques nominatiions, sans fondement que la relation personnelle, que fit Chirac pour Airbus et ce qui va avec, ont fait le mélange détonnant : Gergorin avait, me semble-t-il selon les conversations qu’il m’accorda, le tempérament et la façon de procéder, cynique et méprisante, pour les coups tordus. En tout cas, le voyant de long en large marcher dans la petite pièce lui servant de bureau, immeuble jouxtant l’Arc-de-Triomphe, il ne m’inspura ni confiance ni sympathie. Il n’accueillait pas, n’écoutait pas, il voyait comment éconduire et comment gruger celui qu’il éconduisait. Il était huissier au sens que la porte de Lagardère c’est lui qi l’ouvrait ou pas.

J’ai rencontré Jacques Chirac peut-être avant que Dominique de Villepin le fasse, en tout cas pas beaucoup après. J’étais déjà engagé moralement et politiquement pour la victoire de François Mitterrand. La personnalité du maire de Paris était alors attirante, je ne me suis pas donné à lui mais la relation de confiance se noua qui me permit parfois d’exposer ce qu’un gaullisme bien compris aurait fait soutenir chez François Mitterrand. Pendant qu’il fut secrétaire général de l’Elysée, Dominique de Villepin fit en sorte qu’aucune demande d’audience, aucune lettre que j’adressais à Jacques Chirac ne parvienne à celui-ci. Il n’y a pas besoin de beaucoup enquêter pour comprendre que Dominique de Villepin – maire du palais de 1995 à 2002 – chambra le Président de la République, je ne fus pas seul à el pâtir, et j’ai compris qu’ensuite beaucoup de ceux qui – à partir de 2003-2004 – « passèrent » à Sarkozy étaient des gens qui y avaient été poussés parce que Jacques Chirac les avait d’abord repoussés. Dans mon cas, il ne s’était agi de rien de politique, mais de faire réparer une injustice – ma carrière brisée. Je ne sais toujours pas si elle le fut par le secrétaire général de l’Elysée – Hubert Védrine – jaloux de ma correspondance directe avec François Mitterrand, laquelle ne datait pas de l’ambassade au Kazakhstan que ce dernier m’avait chargé d’ouvrir en 1992, à la suggestion de Pierre Bérégovoy et avec l’appui de Roland Dumas, ou si ce fut le fait – pas forcément personnalisé – du directeur du cabinet du ministre des Affaires Etrangères d’alors, Dominique de Villepin servant Alain Juppé (pour le compte de qui ? de Jacques Chirac ou le sien propre ?). Reste que depuis qu’il dût quitter Matignon, Dominique de Villepin n’a répondu à aucune de mes demandes de le rencontrer. Il est vrai que la politique aujourd’hui n’a plus les curiosités et les égards d’autrefois. Je n’ai pu rencontrer non plus Ségolène Royal que j’ai ardemment soutenu en campagne présidentielle, ni François Bayrou, à la correspondance vive et chaleureuse, mais…

Autrement dit, les gens politiques d’aujourd’hui sont entre eux et il faut faire soi-même de cette « politique politicienne » qu’ils daubent quand c’est la manière prétendue de leurs adversaires, pour les rencontrer…

Sur le fond – l’homme politique, candidat à la présidence de la République en 2012 – il me semble que ni le ministre des Affaires Etrangères de 2002-2003, ni le Premier ministre des dernières années de Jacques Chirac ne donnent des gages indiscutables d’une excellence à la tête de l’Etat. L’affaire d’Irak n’a pas été menée avec méthode, même si elle fit des étincelles, il n’y a pas eu de suivi et les Etats-Unis ont quand même pris pied là-bas. Le Premier ministre n’a pas montré les talents qui font fonctionner une équipe et qui impose un bilan. On savait – au moins en thèmes – ce que donnerait Sarkozy à l’Elysée, on n’ignorait guère que l’autocratie qui – très heureusement – prive d’efficacité la mise en œuvre de thèmes souvent honteux pour le pays ou hasardeux. Je ne sais pas si Dominique de Villepin ne cultivera pas – quoique d’une tout autre manière – un narcissisme aux effets analogues s’il entre à l’Elysée.


début de soirée

L’impétrant « sur » Canal +. Il n’est pas confus, il faut le reconnaître, il ne récite pas et dit ce qu’il pense. Il veut tourner la page, aller à la rencontre des Français, proposer une alternative et dit bien les thèmes de son opposition au chef du pouvoir actuel, les déficits publics, la politique de l’emploi, le débat sur l’identité nationale, trois points pour opposer sa manière, voire son propre bilan de 2005-2007 à ce qu’il s’en est suivi. Gratifié de félicitations téléphoniques par Jacques Chirac et Alain Juppé notamment hier soir, par Ségolène Royal – cela lui est rappelé, mais il ne le dit pas de lui-même – il n’eût pas trouvé déplacé que Nicolas Sarkozy soit beau joueur et l’appelle pour lui dire, qu’à l’Elysée aussi la page était tournée. Et d’ailleurs d’indiquer que les deux épouses (est-ce Carla ou Cécilia, côté Sarkozy) sont amies de longue date. Il lui fut rapporté hier soir qu’au contraire l’appel se concoctait et que la guerre allait s’intensifier. Il ne le crut pas ? coup de thératre, le procureur Marin venant sur les plateaux de radio. ce matin, dire qu’il faisait appel, tandis que s’y trouvait Michèle Alliot-Marie, garde des Sceaux. – Il est certain pour les journalistes dont Alain Duhamel et Jean-Michal Apaty que la décision d’hier a fortifié Villepin, et que l’appel d’aujourd’hui le fortifie plus encore. Seule certitude : la semaine qui se termine aura finalement été celle de Dominique de Villepin, l’emportant au tribunal, et pas du tout celle qu’on voulait à l’Elysée, un Nicolas Sarkozy « reconquérant » l’opinion française par une nouvelle forme de communication radio-télévisée…

Alain Duhamel a cherché à lui faire dire sur quelles forces politiques il s’appuierait – même s’il vise à rassembler directement les Français « au-delà des calculs partisans ». Il répond en s’ancrant dans sa famille d’esprit. L’adjectif gaulliste lui vient peu, et seulement mezzo voce, mais d’ailleurs qu’est-ce que cela veut dire aujourd’hui. Sous-jacente donc une stratégie de conquête par la base de l’électorat « gaulliste » pour y remplacer Nicolas Sarkozy. Peut-il en avoir d’autres ? non. Alain Duhamel d’autant plus pressant qu’il « roule » depuis l’incident de Sciences-Po. (la video. l’ayant fait écarter en tant qu’éditorialiste et journaliste de sa radio, pendant toute la campagne présidentielle) pour François Bayrou : ils seront donc deux à avoir comme cible Nicolas Sarkozy et comme programme de l’éliminer. Cela dans un électorat qui ne peut être de gauche.

Je persiste donc à juger le dénouement et le rebondissement comme ne permettant qu’un scenario de diversion collective, mais ne faisant pas du tout ’entamer une réflexion nationale sur ce qu’il y a lieu de faire, d’être et de ressaisir chez nous.

fin de soirée

Le débat rebondit vers la question du parquet. La thèse selon laquelle Marin, le procureur, aurait interjeté appel sans qu’il y ait besoin d’instructions, ne tiendrait pas, en tout cas il n’est nullement naturel ni fréquent que le parquet interjette appel – assure le procureur de Caen. A mon sens, le débat n’aura jamais sa réponse factuelle, mais la conclusion est certaine en psychologie : Jean-Claude Marin a été nommé pour sa docilité spirituelle envers Sarkozy et les intérêts de ce dernier. L’Elysée pouvait donc compter sur le parquet… Le communiqué aussi de Sarkozy selon lequel il ne fera pas appel est également décortiqué : du fait que l’appel a été interjeté par le parquet (comme par les déclarés coupables Gergorin et Lahoud) ne l’empêche nullement d’être présent au procès par son avocat, puisqu’il ne s’est pas désisté ! et rien n’empêchera son avocat de redemander comme en première instance des dommages intérêts pour son client, le Président de la République. Comme toujours, Sarkozy est dissimulé et cynique. Des dires de Chirac à la télévision à la suite d’une des étapes du bâti de l’immunité pénale du Président de la République, sont également avancés : il aurait jugé choquant que le parquet n’ait pas, dans le même temps, son statut révisé et que son indépendance soit désormais organisée.

Reste jusqu’à présent qu’hors une question d’appartement avec plus-value indûe ou discutable fiscalement, il y a dix ou quinze, et ayant été conclue par un non-lieu au début de son mandat (cf. la même chose ou à peu près pour des loyers de complaisance accordés par la mairie de Paris au fils d’Alain Juppé et à Jacques Chirac lui-même, non lieu en Juillet 1995…), personne n’a pu trouver quelque chose qui poursuive le président régnant comme VGE fut traqué à raison des diamants offerts par Bokassa et comme Chirac avec les multiples affaires de l’Hôtel-de-Ville de 1977 à 1995. – Mais… l’affaire qui va maintenant pooursuivre le président et sans doute le miner – personnellement sinon dans l’opinion – c’est bien qu’il se soit constitué partie civile dans l’affaire Clearstream et que son intérêt pour la dénouement, pour la « punition », a été marqué par des propos publics. En téléphonant hier soir, beau jouer, à Villepin qu’il enterrait la hâche de guerre et se désistait, il reprenait la main. Il s’est trompé en ne le faisant pas.

Questions résiduelles : rôle d’Alliot-Marie aussi bien cette nuit tandis que se décide l’appel, que quand elle est ministre de la Défense et donc informée par le général Rondot ? que se passera-t-il pour Nicolas Sarkozy si en appel Dominique de Villepin est de nouveau relaxé ? comment va fonctionner l’U.M.P. avec manifestement un courant hostile au président régnant puisque l’ancien Premier ministre entend bien rester dans le parti ! comme François Goulard et d’autres.

Nous aurons une série de sondages demain. La presse ce matin titrait : La victoire de Villepin… La revanche de Villepin… Villepin innocent, c’était avant l’appel et après la décision de relaxe.


[1] - 2ème Samuel XI 1 à 17 ; psaume LI ; évangile selon saint Marc IV 26 à 34

journal d'il y a quarante ans - jeudi 29 janvier 1970

+ Jeudi 29 Janvier 1970


22 h 45


Téléphoné à Louis Vallon . hier soir .
– au sujet de mon livre . et de Roux chez Julliard
[1]
va le joindre à son retour de Paris .
J’ai plu à Capitant . vont faire démarche commune chez Plon
et peut-être chez Grasset ( bien que celui-ci m’ait refusé )
Pense ( mais n’est pas fixe là-dessus ) que l’agrégation
serait une bonne chose d’autant que Capitant pourrait m’aider .
– au sujet de Couve de Murville
Bonne chose que je le vois . Ne dira pas le fond de sa pensée .
L’exprime à très peu de gens . s’il l’exprime . Mais ne doit
pas aimer « le personnage » ( Pompidou ) . Est sûrement au courant
de suffisamment de choses . pour ne pas l’aimer .
Mais actuellement agit à l’intérieur de la majorité .
Estime profonde pour lui . Défend bien la pol. ext. du Général .
– nous sommes une toute petite minorité .
« L’autre est là . probablement pour longtemps » .
« Les conditions ne sont pas réunies » pour que nous soyons actifs et
ayons de l’audience . A mesure que le temps passe . et qu’il devient
clair que de Gaulle ne dira rien . gens de la majorité
moins sensibles à notre minorité . « Tant que le Général
n’intervient pas . on ne sera pas dans l’action » .
Et je ne pense pas qu’il intervienne . Il a laissé passer l’
occasion sur le Moyen Orient . « Eux-mêmes se protègent »
mais ils le feront de moins en moins .
« Pendant quelques mois encore . on va être sur la lancée »
Mais après . Je vais à Pau . voyage fastidieux .
Mais c’est pour ranimer la flamme .

M’a paru assez découragé .
Pourtant . il me semble que
– si notre analyse du vice constitutif du Gvt est
exacte
– si la stuation internationale se développe avec une certaine
logique .
le régime devrait assez vite craquer . ou tout au moins
être amené – à dire sa couleur très nettement
– ou ( ou : et ) à s’entredévorer .

Vallon a souligné l’inconfortable de la position des gaullistes
réels .
– agir dans la majorité . mais le jeu des deux tours
fait qu’elle est pompidolienne
– agir dans l’opposition . mais elle est opposition aussi à la
Constitution .



[1] - Dominique de Roux est aussi étincelant et original par écrit qu’infatué et difficile quand il est en position de force – mais demandeur il est délicieux, enfin s’abandonne et avoue. Je l’ai pratiqué dans les deux situations.


jeudi 28 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - jeudi 28 Janvier 2010

Jeudi 28 Janvier 2010

Regardé notre fille, elle dort en confiance mais je ne peux m’empêcher d’appréhender pour elle la réalité, notre vie matérielle est si précaire. Elle a su, pu ou voulu dire à sa mère – celle-ci me l’a répété, il y a quelques jours –nous sommes pauvres, nous n’avons pas d’argent. Que sera sa vie ? souffrance ? et échecs ? pourrons-nous l’aider, l’accompagner ? Vouloir des enfants. Je comprends tout à fait l’attitude de fond de ma chère femme, mettre au monde pour le malheur... Et en vouloir un second… sans doute, est-ce décisif pour notre fille, mais moi à mon âge, aurai-je la force de leur être présent suffisamment ? et assez longtemps ?

Dans ces pensées noires, m’ouvrir à Dieu pour commencer. Je suis au tout début de la vie, et à peine au seuil de la foi. Je sais qu’elle est la réalité. [1] Faites attention à ce que vous entendez. Et c’est la parole terrible qui me retient depuis des années et qui me semble le résumé non de Dieu mais de ce que l’humanlité a fait d’elle-même et de la manière, dont derrière le faux semblant des discours et de la lettre du droit applicable, fonctionne la société : celui qui a recevra encore ; mais celui qui n’a rien se fera enlevr même ce qu’il a. Sans doute le Seigneur donne le chemin de la justice, la loi de réciprocité qui devrait être huamine et dont il n’est pas sûr que ce soit celle de Dieu, car elle est bien minimale : La mesure dont vous vous servez servira aussi pour vous, et vous aurez encore plus. Ce dont se rend compte David qui se rendit en présence du Seigneur. Il dit : « Qui suis-je donc Seigneur, et qu’est-ce que ma maison, pour que tu m’aies conduit jusqu’ici ? Ce qui nous déverse dans l’une des énigmes de la politique contemporaine – le pan historique époiunvatable pour ceux qui le vêcurent mais sans doute plus encore pour ceux qui le perpétrèrent, le pan contemporain avec un conflit dont les victimes ne peuvent rien à ce qui put motiver le premier… Les textes me font terminer par où je commençais en arrivant et avant que je me prosterne ma lecture finie. Daigne bénir la maison de ton serviteur, pour que’elle demeure toujours en ta présence. Car toi, Seigneur, tu as parlé, et par ta bénédiction la maison de ton servuteur sera bénie pour toujours. Car l’autre image est également vêcue, notre fille pelotonnée en dialogue sur les genoux de sa mère ou déjà prenant soin de moi et me recommandant de ne pas trop travailler, de faire le lendemain la grasse matinée. Tout à l’heure après l’avoir déposée à l’école, la messe. Souviens-toi, Seigneur, de David et de sa grande soumission quand il fit au Seigneur un serment, une promesse au Puissant de Jacob. Nos solidarités dans la chaîne de l’histoire mais aussi dans la généalogie spirituelle, et même de nous à Dieu, que Celui-ci ne soit pas plus mal logé que nous, naïveté de ce souhait auquel Yahvé répond selon son plan mais aussi en rappelant ailleurs que les sacrifices ou les habitations humaines, il n’en a aucun besoin. Immergés en humanité, en histoire, en larmes, en Dieu, en raie parfois de la lumière à travers larmes et espérance. Maintenant donc, Seigneur, la promesse que tu as faite à ton serviteur et à sa maison, maintiens-la toujours, et agis selon ta parole.

Prière du ghetto de Varsovie. Ineffaçable témoignage de Jan Karski… ce matin me revient le portrait physique que cet évident aristocrate fait du chef du Bund, juif poolonais qu’il perçoit d’allure, de maintien, de race comme de la plus grande noblesse nationale et humaine, mais qui lui faisant visiter l’enfer, y entrer et en sortir, se courbe alors et revient à sa nature, la souffrance et l’abomination de ces lieux, de ces perspectives et de ce que sont devenus les gens qui y sont parqués. Et semble-t-il – alors – jamais de haine mais l’envoi en mission, allez crier au monde ce que vous avez vu. Les deux messages, l’horreur de notre époque et la Bonne Nouvelle.

après-midi

Jugement dans l’affaire Clearstream. Le texte a plus de trois cent pages, les journalistes et commentateurs se relayent au palais de justice. Dans l’ordre, ce matin : le journaliste Denis Robert, relaxé, puis Gergorin et un autre dont le nom ne me retient pas, reconnus coupables. Nicolas Sarkozy admis en partie civile malgré qu’il soit le supérieur hiérarchique d’une partie de la magistrature impliquée et qu’il soit couvert par une immunité pénale. Ce n’est qu’en milieu d’après-midi que j’apprends ce à quoi je ne m’attendais pas : Dominique de Villepin qui affirmait dans Le Monde daté de demain, sa détermination à « poursuivre » quoi qu’il arrive (il doit dire quoi ? dans son texte), est relaxé. Sarkozy ou le parquet feront-ils appel. C’est évidemment un défi clair lancé par la corporation à celui qui les méprise ouvertement et qui se f… des procédures pourvu que les choses tournent selon ses vues.

soir

Avalanche paraît-il de messages de congratulations sur les sites et autres de Dominique de Villepin. Les appellations et noms de domaine disent clairement l’ambition pour 2012. Texte de l’impétrant sur blog. ou site : « le service des Français ». A peine s’était calmée la querelle des investitures et des ambitions multiples au sein du Parti socialiste pour l’élection présidentielle à venir, voilà que va commencer le pugilat entre les deux avatars de Jacques Chirac. Ce dernier, si vide pendant son règne de douze ans, nous lègue interminablement et à petites doses les conséquences de ses choix, Villepin et Sarkozy à égalité d’inadéquation et d’immaturité, d’égotisme pour conduire un pays comme le nôtre dans une des passes les plus difficiles et confuses de son histoire depuis bien longtemps.

De même que l’évolution des medias dont personne n’est individuellement responsable, mais tous un peu, a permis l’actuelle illusion d’activité et de fécondité de Nicolas Sarkozy, de même les commentateurs vont nous étourdir et nous aveugler par la bande dessinée qui va désormais prospérer : la guerre de deux hommes à l’intérieur d’une droite qui va cesser d’être monotone, ce qui amusera, mais ne sera pas constructif de notre opinion publique et de notre discernement national..


[1] - 2ème Samuel VII 18 à 29 passim ; psaume CXXXII ; évangile selon saint Marc IV 21 à 25

mercredi 27 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - mercredi 27 janvier 2010


Mercredi 27 Janvier 2010

Prier, le temps d’arrêt qui est réalité mouvement vers l’essentiel et rassemblement.
[1] Samuel faiseur de rois, et évidente référence pour le sionisme s’il est pris au pied de la lettre, comme Josué le serait pour les exactions contemporaines en Palestine. Politiquement, ce n’est pas négligeable, mais spirituellement nous devons chercher ce que dit l’histoire qui est toujours parabole pour notre présent le plus vif et problématique, celui de notre salut, salut de notre génération, salut de la création, salut de ceux et celles que nous aimons. C’est la parabole de la prédilection, la parabole nous enseignant que nos bonnes volontés, nos pulsions, notre abandon-même à la volonté de Dieu et à sa Providence, à ce que nous croyons savoir de Lui (à tort ou à raison) sont tout à fait secondes par rapport à Lui et à ses desseins. L’origine, c’est Lui, la fin c’est Lui, le projet c’est Lui, la fécondité et la réalisation, la concétisation c’est Lui. C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau… J’ai été avec toi dans tout ce que tu as fait… A David voulant édifier le Temple et la demeure de Dieu, Yahvé fait répondre par Nathan, le prophète, non pas son propre nomadisme à l’instar d’ailleurs d’Israël jusqu’alors, mais qu’Il habite et habitera où Il veut et selon ce qu’Il veut. Enseignement aussi – qui nest pas accessoire – du rôle de chaque génération et de toute paternité et filiation humaines dans l’édification du genre humain et l’accomplissement de la création. Ce que nous faisons en Dieu a sa stabilité et sa postérité. Parabole du semeur et des grains. Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. Référence directe à l’Ecriture : Ils pourront bien regarder de tous leurs yeux, mais ils ne verront pas ; ils pourront bien écouter de toutes leurs oreilles mais ils ne comprendront…. Vous ne saisissez pas cette parabole ? Et Jésus fait suite à l’Ecriture et à son constat pour les faire mentir, il explique lui-même. De connaissance de Dieu que par Lui, le Christ. Qu’en Lui. Intellectuellement, Jésus pose aussi la question : alors comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? La clé lui paraît si simple pour nous, et nous ne la prenons pas, alors que nous l’avons en mains, reçue, donnée.

Sarkozy, interminablement, devant « le public de grande qualité » qu’est celui de Davos. Il vient pour la remière fois à ce Forum, tout simplement parce qu’il a pu en éliminer avant l’été l’organisateur pratique, celui qui lui a succédé dans le lit, le cœur et l’estime de Cécilia… les rapprochements qu’à l’époque psychopathologique que nous vivons en politique (et en direction des grandes entreprises) ne sont pas assez faits. Proglio était des invités à la soirée du Fouquet’s, le soir du 6 Mai 2007, dont il a été noté que près du quart a été depuis nommé ou promu dans l’un ou l’autre des ordres nationaux…

Le discours lui-même – sans « prompteur » - est lu, déchiffré avec des respirations par mimiques : l’adolescent interrogeant le complice imaginaire que j’ai cru qu’il cherchait pour trouver une contnance – les trois fois où j’ai vu passer le Président de la République, de très près, dans l’allée médiane d’une assistance déférente mais pensant à autre que lui. Le ton est le même que celui que nous connaissons et prétend par une logique personnelle et simpliste convaincre on ne sait qui ? car entre Etats ce n’est pas la logique qui rapproche ou qui l’emporte mais les relations d’intérêt. Quand il ajoute à son texte, fautes de grammaire ou de compréhension du sujet abondent. Les leit-motiv sans hiérarchie d’importance restent les mêmes : le bonus, la spéculation alors qu’il couvre les salaires des dirigeants excessifs. La description du mauvais élève de la classe mondiale correspond évidemment à la Chine, mais que nous pelotons par ailleurs avec une constance et une frousse que n’a aucun autre gouvernement de notre mouvance – Amérique ou grands partenaires européens.

Ses deux gloires qu’il affiche – me faisant penser à ce petit escroc convoqué devant le tribunal d’instance de Ploërmel en Novembre dernier (juridiction supprimée depuis le début de cette année et fusionnée à celle de Vannes) qui défiant le vieux prêtre qui lui avait loué son logement sans bail et de confiance, se retournait sans cesse vers sa compagne avec la mimique : tu as vu si je les enfile… hein ? – les deux gloires de Sarkozy sont cette gouvernance mondiale économique pour le XXIème siècle qu’il aurait mise sur pied : le G 20, et d’autre sa certitude que la crise est terminée, sans doute grâce aux médications et aux réunions qu’il aurait zélées. C’est du délire si ce n’était un discours de dirigeant – de grade important.

Scènes de catastrophe et de désastre en Belgique. Le roi, sans mise en scène, est sur les lieux. L’hérédité dans une famille qui déjà répondu du pays et dont les enfants sont éduqués en vue du devoir à accomplir sans en rien personnaliser l’exercice reste mon admiration pour les pays qui ont su le garder ou le réinstituer, et mon vœu pour la France. Un Sarkozy en serait ainsi limité médiatiquement et moralement, donc politiquement : Premier ministre quelque temps…

Sur Arte, énième documentaire sur Auschwitz mais qui, par quelques récits : ceux des « liquidateurs », me parait surpasser tout en réalisme et précision. Deux points de textes dits en mauvais accent anglais ou allemand par des Tchèques juifs, mais admirables de ton. Eviter à tout prix une panique au sortir du train ou en allant aux salles de désinfection, car la tuerie en plein air aurait grippé toute la machine, empêché l’arrivée du train suivant et ainsi de suite. La mort par étouffement en dix ou quinze minutes avec d’horribles et instinctives batailles dans les salles sans lumière, le gaz faisant son effet de bas en haut, les corps durs comme du basalte une fois la mort, on ouvrait les portes, c’était un déversement de matériau comme d’un camion-benne. Deux questions demeurent ? comment a-t-on pu pardonner à l’Allemagne, aux Allemands ? les Juifs en fait ont transféré leur haine et leur action de culpabilisation sur l’ensemble des peuples et Etats « occidentaux », sur l’ensemble des Européens, évidemment par sur les Africains et les Asiatiques et pas non plus sur les Américains, au contraire. L’Europe n’en finit donc pas de se sentir autant coupable que la seule Allemagne. Les médias pilonnent les opinions publiques actuelles sur ce sujet – comme sur le climat jusqu’à Copenhague – mais la question de maintenant : la dépendance européenne vis-à-vis des Etats-Unis, dépendance d’un continent vis-à-vis d’un Etat extérieur qui n’a pas d’analogue sur le reste de la planète, les questions de l’OTAN et l’amalgame de la lutte contre le terrorisme ne sont pas traités.

Quelle époque que ce moment français depuis le 6 Mai 2007… tandis que Le Monde titre : « de TF1 à Davos, Nicolas Sarkozy part à la reconquête de l’opinion » et consacre une page au film que nous regardons en ce moment, et fut d’abord diffusé en 1985 ? en polémiquant notamment sur le prix Interallié (un roman sur la vie du courrier entre Varsovie et le gouvernement polonais en exil à Londres) mis en cause par Claude Lanzmann… nous écoutons ce Jan Karski, bouleversés par son témoignage-récit-mémoire : le moment, les moments qu'il raconte, et le moment où il le raconte, pendant qu'il le raconte, deux présences également difficiles à soutenir. On ne peut être plus vrai, plus contagieux. Nous sommes avec lui et dans ce qu'il a vu et ressenti, qu'il ressent à nouveau, que nous découvrons donc. Comme ce Tchèque, parfois terrassé par l’émotion et pleurant, muet, stoppé au milieu d’une phrase (l’hymne national tchèque et le chant mortuaire juif chanté à Theresienstadt par les arrivants qui ont compris à quoi ils sont destinés dans les minutes qui viennent et cette femme qui le prie de les quitter pour pouvoir témoigner et faire savoir au dehors…, Karski, au visage d’une race impressionnante, parle avec une intensité que je n’ai jamais entendue, dit lentement des mots d’une force littéraire que seuls ont atteints le Coran, le livre de Jérémie, celui d’Isaïe aussi. Il n’est pas juif, il était courrier, il ne connaissait pas le ghetto de Varsovie, n’avait jamais entendu parler de l’entreprise d’extermination des Juifs par les Allemands de Hitler. Au cours d’une mission de liaison, il est approché par deux chefs du ghetto, l’un chef de la communauté, l’autre sioniste. Récit d’une force bouleversante de la conversation que ceux-ci ont avec lui, et plus encore de la visite du ghetto, deux visites que ses compatriotes lui demandent de faire. Il l’accomplit avec le chef du Bund. Mission, crier aux personnalités dirigeantes des Alliés que l’extermination des Juifs est sans précédent dans l’histoire, qu’elle va être totale même si Hitler perd la guerre et qu’empêcher cette extermination doit être traitée indépendamment des stratégies militaires. Déclarations officielles et surtout information du peuple allemand et si celui-ci ne fait pas pression sur ses gouvernants, des bombardements de représailles explicitement motivés. Ce n’est ni un témoignage, ni un récit, c’est une sorte d’accouchement, d’aveu haletant comme lors d’une séance – puis-je supposer – où un neuro-psychiâtre délivrerait son patient d’un fardeau insoutenable. Jan Karski s’effondre à plusieurs reprises. Et il est impossible de ne pas entrer dans son émotion : les heures brèves qu’il vit, sans paroles, dans le ghetto. La suite n’est pas dite tant elle est connue. Les Alliés n’ont rien fait, la résistance intérieure polonaise n’a pas fourni d’armes au ghetto révolté et l’armée soviétique a laissé l’armée allemande réprimer, à sa guise, la révolte du de l’ultime désespoir. Comment notre fille réagira-t-elle à la re-diffusion d’un tel film, d’un tel témoignage ? et qu’ont donc fait les Juifs sionistes de l’Etat qu’ils ont bâti ? Ce n’était plus un monde ni l’humanité que le ghetto de Varsovie.

Ce contraste entre le dérisoire des actuelles dialectiques de la politique intérieure française et les grandes responsabilités de nos générations dans l’évolution – la cécité – de notre époque.

[1] - 2ème Samuel VII 1 à 17 ; psaume LXXXIX ; évangile selon saint Marc IV 1 à 20

mardi 26 janvier 2010

journal d'il y a quarante ans - lundi 26 janvier 1970

+ Lundi 26 Janvier 1970


23 h . à la maison

Me revient de ma conversation avec Capitant
– Comte de Paris : oui . lui envoyer mon libelle et
mon mémoire . pas d’influence dans édition . mais
c’est une personne dont il faut tenir compte .
Ne pouvait pas être celui qui lancerait l’appel du 18 Juin .
( je ne me souviens pas s’il a ajouté : tant mieux )
Attitude critiquable en Décembre 42 : ses partisans se sont
beaucoup agités . et ne pouvaient le faire qu’avec son accord
( Lieutenance Générale du Royaume ) .
On ne peut rien restaurer sur de tels malheurs .
– Valois . intéressant . L’a connu . ou lu . à l’époque
( cherché ensemble sa date de mort sans trouver ).

Tous ces jours-ci . rêve confus de carrière fondée
sur une action et une pensée métier et centrée sur la
France . Mélange d’ambition et de sacerdoce . de doute
et de convictions .
Mais aussi . sens final de ma vie : Jésus Christ .
Et l’éternité à préparer . et ici-bas à vivre avec l’idéal de
l’au-delà .

Inquiétude & Certitudes - mardi 26 janvier 2010


Mardi 26 Janvier 2010


Prier [1] clé du monothéisme et résumé de la condition humaine : je m’appuie sur l’espérance de la vie éternelle promise depuis toujours par Dieu qui ne ment pas. La foi est une rencontre entre l’inné de l’homme et le plan de Dieu. L’espérance est de notre côté le socle, elle est la disposition à recevoir la foi et la connaissance de la vérité dans une religion vêcue. Recommandation toute pastorale du Christ : restez dans cette maison… et dites aux habitants : « Le règne de Dieu est tout proche de vous». L’ambiance n’est pas pour autant statique, les disciples sont envoyés, Paul est chargé de conduire. Tout se transmet entre hommes et Dieu lui-même s’est fait homme pour transmettre, ce qui avait été promis depuis toiujours. Richesse des perspectives, richesse de l’ensemble de ce que nous recevons, richesse de chacune de nos vies dans leurs récurrences quand nous avons commencé d’avancer en âge et dans leur liberté fondatrice que nos enfances et adolescences – notre fille par sa naissance nous donne la responsabilité de l’y accompagner – éprouvent plus ou moins aisément, plus ou moins heureusement. Je te souhaite grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Christ notre sauveur, pouvons-nous dire et nous souhaiter à chacun, et avons-nous peut-être reçu dès notre enfance.

matin

Echos radiophoniques et commentaires d’entourage. Huit millions et demi pour suivre presqu’indifféremment le dialogue de Sarkozy avec Laurence Ferrari et les deux heures avec l’échantillon de Français. Il est remarqué qu’il a pris fait et cause pour Proglio, compte avoir traité le dossier des retraites d’ici la fin de l’année mais n’a fait aucune annonce. Un ami – octogénaire et que la vague de froid revenue en Bretagne incommode – conclut qu’ainsi tout baigne. Un autre a surtout remarqué l’écart entre les ressources avouées par la plupart des co-invités du Président à l’antenne et celles justifiées avec éclat de Proglio.

Swarznegger investit au Mexique : des prisons où il enverra les détenus de son Etat en surnombre aux Etats-Unis. L’Autriche ferait de même en Roumanie. Nous refusons les pauvres et les assoiffés, nous exportons et plaçons nos justiciables. Dans les deux cas, nous traitons la personne humaine comme un déchet. Bravo.

[1] - début de la lettre de Paul à Tte I 1 à 5 ; psaume XCVI : évangile selon saint Luc X 1 à 9

communication présidentielle et vie nationale française

soir du lundi 25 janvier 2010

19 heures 57 + Installé devant la cheminée, pour écouter-« voir-admirer et complimenter notre brav’général Boulanger ». – TF 1 Devant Laurence FERRARI qui a été sa maîtresse, en substitut de Cécilia peu avant la campagne présidentielle... Mais bien sûr, les Français veulent une logique de droit et de devoir comme dans un couple, dans une nation quand on ne réfléchit pas... L’identité nationale ? Débat profondément utile et qui se développe bien. Notre fille (cinq ans et deux mois) s’écrie : il est nul ce monsieur, qu’il arrête. Retraites : garantie des retraites, maintien de la répartition, ataque AUBRY. La voix est douce, doucereuse : c’est exactement le ton de sa campagne présidentielle. Chômage… Une réforme que j’ai faite. Je verrai… nous travaillons… ce que je pense profondément. Les gens, ce qu’ils me demandent… je verrai. A regarder, il a les mains entre les genoux. Il les sort pour ne jouer que de la main droite, tendue en sabre. Nos amis guyanais, martiniquais anticipent la réforme territoriale. Ce ne sont pas des compatriotes ? Laurence FERRARI sur les journalistes-otages. La France restera en Afghanistan, parce qu’il en va de notre sécurité. Le Pakistan a l’arme nucléaire… Lorsque j’ai demandé au Parlement d’envoyer sept cent soldats de plus, j’ai dit pas davantage de combattants… Drôle de système où le débat est anticipé : celui annoncé avec un groupe de Françaises et Français quelconques, où toutes les questions sont déflorées. Type de femme pour le prince qui nous gouverne, les yeux durs et enfoncés de Laurence, de Carla, de Cécilia, les visages lisses et sans traits, sans volumes : scrutatrices, secrètes ou dissimulées, elles prennent tout à elles. Impliqué dans les élections régionales ? ce n’est pas le rôle du Président de la République. Cote de popularité du Premier ministre. Nous travaillons ensemble depuis deux ans et demi, une si grande entente et une si grande confiance est une première en France. Un pays qui sort d’une crise pareille, j’ai un travail très difficile de diriger la cinquième puissance du monde. Pas d’anticipation des rendez-vous, les Français veulent qu’on travaille pour eux. Clearstream : que la justice fasse son travail. Mais ferez-vous appel ? énormité de la question, le chef de l’Etat qui a le parquet sous ses ordres, est lui-même personnellement partie civile.

Jean-Pierre PERNAULT. Une émission inédite… les Français veulent dire les choses en face au Président de la République… très nouveau dans ce genre d’émission + 20 heures 32. Onze Français choisis par les journalistes de TF1 pendant les reportages de l’année. Tête du journaliste, celle de CARMET l’acteur de second rôle. NS a déjà croisé ces onze…
Quand on est président, est-on encore près des Français dans la vie quotidienne ? Cà dépend. Je ne prends pas les transports en commun, je n’attends pas dans les aéroports. – Présentation des Onze. On sent que l’on va s’emm. Sourire de NS qui note à mesure, alors qu’il vient d’être dit que la présentation a déjà été faite avant le début de l’émission.

Nathalie P. bac + 5 au chômage. Trop qualifiée. Les postes à l’origine de mes études sont donnés maintenant au bac + 2 et les 5. NS – dans quel domaine ? la question de Nathalie c’est celle du chômage. Il est en train de prendre la question par l’autre bout qui ne rencontrera nullement la jeune femme. Je sais que vous verrez reculer le chômage dans les mois qui viennent. Pourquoi y avait-il plus de chômeurs dans notre pays ? parce qu’on avait fait le choix du partage et non de la croissance. Il pédale. Et se redit, attaquant les 35 heures, permettre aux Français de travailler plus. Tout notre objectif est de créer les conditions de la croissance, parce que vous serez les premiers… le genre de l’émission ne peut aller parce qu’il est impossible qu’il traite un cas particulier. On manque cruellement d’ingénieurs et de techniciens. Je suis désolé pour Nathalie, les dépenses en crise qui sont coupées, la communication. Préparer aux emplois de demain. Nous avons doublé les perspectives de croissance de la France en deux-trois mois. Discours compassionnel…

Ouvrier dans l’automobile, Pierre LE MENAES, Hennebont. Les Français partagent les licenciements et ce que cela engendre. Lutte historique pour être repris par Renault, et les emplois maintenus. Ce que n’ont pu faire Continental ou Mollex. L’image du Président comme dans un café, petites tables rondes, pas de pupitre. Responsabilité du chef de l’Etat dans cette casse sociale. Rapatrier les délocalisations. D’accord avec Pierre M. : en 1998, je n’étais pas Président de la République, et la direction de Renault n’était pas la même. Nous avons été les premiers en Europe à faire la prime en casse. On va faire la sortie en sifflet. Nous avons sauvé l’industrie automobile française. Je n’accepte pas la stratégie de Renault des dix dernières années. Le prédécesseur de M. G. était plutôt de gauche. Il y a délocalisation et délocalisation, pour vendre en Chine… je suis intervenu en tant qu’actionnaire. Véhicules électriques de chez Renault seront fabriqués en France. PERNAULT inutilement au secours de NS. Vilvorde : on ne peut pas me reprocher de ne pas suivre les dossiers, de ne pas travailler. Les trois tiers, si les partenaires sociaux n’avancent pas, j’avancerai par la loi. Les salaires. M. Le M. on parle entre citoyens. Ce qui me choque c’est le salaire des sportifs, celui des traders, celui d’un président de groupe. Que ce ne soit pas le petit qui trinque… je ne veux pas vivre dans le système de l’Union soviétique.

20 heures 58 + Chef d’entreprise dans le Nord, Jimmy BILLS (dans le transport, 800 employés). Les banques soutenues, garanties en 2009. Les PME restent sur leur faim, pas soutenues. PERNAULT, le gouverneur de la Banque de France vient de dire le contraire. Le faire-valoir est un désastre. Répondre aux demandes de crédit et de … NS – Parfois, on est un peu désespéré. Tous les dix ans, une bulle. On a sauvé les banques, c’est vrai, c’est ce que j’ai fait. L’argent prêté aux banques n’a rien coûté aux Français. Je recevais quantité de lettres, la banque m’a refusé. S’étrangle d’indignation. Médiateur du crédit. C’est reparti, pas assez. Il a une bonne mémoire, pas vraiment de notes devant lui, une feuille petit format. Sujet extrêmement grave. Je dis aux banquiers. On ne lui pose pas la question de la nationalisation. – L’émission est ennuyeuse, elle abaisse le Président, l’enfonce dans le rôle paternaliste de pourvoir à tout et de répondre de tout. – Cabotage routier veiller. Je n’ai pas envie de laisser faire n’importe quoi en France. Les détournements de trafic, cas suisse. La taxe carbone, nous sommes la dernière génération qui peut faire quelque chose pour sauver le monde sur le plan climatique. Il est laborieux dans ses démonstrations, parce qu’il veut démontrer soit ce qu’il a compris, soit ce qu’il veut faire. – Les téléspectateurs doivent déjà zapper.

Agricultrice dans le lait. Sophie POUX. La plupart des producteurs de lait n’ont pas pu se prendre leur salaire, ils ont emprunté pour cinq ans leur salaire de l’année. Pour moi, la France est un département de l’Europe, il faut harmoniser l’Europe. – Nouveaux pays, les quotas en Bretagne, Il démontre à l’intéressé sa propre situation en pleurnichant. Qu’est-ce que nous allons faire pour vous aider ? ce n’est pas possible qu’on continue comme çà. – La contradiction fondamentale est de prétendre faire tout et en même temps de ne pas s’en donner les moyens, puisqu’il désarme l’Etat. Je ne laisserai pas mourir l’agriculture française. J’ai l’accumulation de tous les dossiers. Si je suis là, c’est pour qu’on me dise la vérité. Organisez-vous face aux grandes surfaces : cinq chaînes pour 80.000 producteurs de lait. C’est une discussion que nous aurons, je ne vous laisserai pas tomber Je serai à vos côtés mais sur les vraies solutions.

21 heures 19 + Samir ABBAS, enseignement professionnel. Demande de statut, au lieu d’une reconduction par lettre annuelle. NS : la situation contractuelle dans la fonction publique est inadmissible. Il va s’en donner à cœur joie, où est la valoriation professionnelle ? l’apprentissage sur le tas ? les grosses têtes à concours ? la diversification, je n’ai pas été une bête à concours ce qui ne m’a pas empêché de devenir Président de la République. On a embauché plus qu’on ne pouvait payer, on a choisi la masse, paupérisation de la fonction publique. C’est un engagement que je tiendrai. – Qui fait remarquer que les 400 millions économisés pour donner du pouvoir d’achat aux fonctionnaires sont exactement le prix de l’avion présidentiel commandé par NS.

Infirmière au centre hospitalier d’Argenteuil : Martine. Dégradation du service hospitalier, cela ne représente plus ce que j’ai choisi, métier que j’adore. NS réplique sur le même ton. Les Français que je rencontre, ils aiment leur métier. Le ton et le contenu ne sont que démagogie avec le prénom donné à ceux qui ne sont ni le syndicaliste ni le chef d’entreprise. Martine, convenez… J’aurai cinquante-cinq ans dans deux jours, je ne suis pas cacochyme. Nous avons deux milliards de plus aux hôpitaux. Il énumère les crédits. Je me trouve avec un problème, comment on fait Jean-Pierre PERNAULT ? Râler, cela ne coûte pas trop cher, ils ont souvent raison.. Si j’augmente les charges sur les salaires, on aura moins d’emploi sur… moi-même quand j’ai eu mon petit problème de santé… l’IRM. Tout le monde ne pourra garder son hôpital à la porte de chez lui. On ne peut pas économiser sur la santé, mais on ne peut pas gaspiller. Je suis aussi en charge des déficits.

Jean-Pierre PERNAULT : un internaute demande pourquoi tant de réformes, et pas assez d’application. NS : toutes les réformes, on les a faites, elles étaient nécessaires. Couplet sur OBAMA : beaucoup d’admiration et beaucoup d’amitié. Le bouclier fiscal. La comparaison allemande sans cesse, les taux de prélèvements obligatoires ou le bouclier. – Ma femme me fait remarquer combien il est content de lui-même, de s’en tirer bien. L’Allemagne, les plus importantes entreprises et pourtant le moins d’entreprises cotées en bourse. Leur indépendance.

21 heures 40, + Un habitant de Villiers-le-Bel, Rex : cela se passe bien. Mais où en est le plan-banlieue, plan Marshall, de la dernière chance. Quel est votre projet pour les cités difficiles. Rex … le plan BORLOO a été un formidable succès pour rénover les bâtiments. Il s’agit à chaque fois de convaincre un adhérent de plus, et que cela se voit sur les physionomies. Je n’accepte pas l’absentéisme scolaire. On a pris la décision de créer 20.000 places d’excellence, on va multiplier les internats d’excellence. – Puisqu’on a la sécurité… NS : quand il n’y a pas de sécurité, il n’y a rien. Quand on voit ce qu’il s’est passé, … vous savez la bagarre que j’ai avec un dirigeant de grandes écoles… Vous savez, Rex… la République française ce sont des droits et des devoirs. Je me suis fait le défi… j’y arriverai… Les visages s’illuminent. Rex : Le débat sur l’identité nationale, est-il bon pour la cohésion nationale : est-ce pour ceux qui arrivent, ou est-ce entre nous ? comment vit-on ensemble ? on aurait dû poser la question comme cela. Etre Français, c’est dans les textes. – NS : je ne vois pas au nom de quoi qu’est-ce que c’est que la France, qu’être Français, quels droits. Je pense qu’une nation, c’est comme une famille… c’est fantastique de la part du champion de la famille recomposée. Qu’est-ce qu’on veut faire… NS rayonnant, on nous voit dialoguer, cela s’appelle la République. Tiens, les voir ensemble discuter.

21 heures 52 + Bernadette TESSADRI, grande surface : le portefeuille çà ne va pas. Pas de droits aux bourses et aux cantines, les classes moyennes. – Sensation qu’il est fatigué. – La vérité est qu’il y a eu un déclassement des classes moyennes. L’euro. a augmenté le coût de la vie. Il tourne autour d’une question générale : la tenue des prix. Il devient laborieux. Nous avons augmenté de 100.000 le nombre de bourses et augmenté de 13% les bourses. Les heures supplémentaires sans fiscalité et sans charges sociales. – Lamentable d’avoir à exister politiquement en faisant de telles émissions. – Pour la 3ème fois, l’attaque contre les 35 heures.

Elodie LEPONT-JUBIN. Le statut d’auto-entrepreneur a été pain bénit, une vraie rampe de lancement. Mais je me suis sentie seule. Trois clics sur internet. – Sa formule à chaque fois. Je parle sous votre contrôle. Comme les Allemands… il faut que je sois très vigilant et sans doute, je ne l’ai pas été assez. Vous avez raison, Elodie, il faut… c’est une très bonne idée, je retiens cela.

Marguerite GAUTHIER, 55 ans. Mari au chômage depuis cinq ans. Rappel du taux d’emploi des plus de 55 ans : 38% le plus faible d’Europe. – NS, nous avons interdit les pré-retraites. Depuis un an, on remonte, Marguerite, la proportion d’emploi. Les jeunes à faire rentrer sur le marché de l’emploi, les seniors à maintenir en emploi. Travailler plus, travailler le dimanche… NS On se prive d’intelligence, c’est pas possible, la notion de partage du travail, çà n’a pas marché

On n’a pas – personne – proposé les grandes solutions : nationalisation des banques, protectionnisme européen, commissariat au plan quinquennal. Le choix de l’assistanat a été un échec. Je ferai tout pour la réhabilitation du travail.

22 heures 13 + Jean-Georges BERTHELOT, menuisier à la retraite, 68 ans. Se remet à travailler en 2005, ma société a été saisie, expulsé, je me suis retrouvé dans les champs avec une valise. – La mimique du regard lancé vers le haut, l’élève qui ne sait pas s’il va être approuvé : est-ce que j’ai « bon »…. Je vous annonce une décision que j’ai prise, qu’un artisanat soit moins défendu qu’une grande entreprise, saisissable sur son patrimoine personnel. Une loi le mois prochain. – Il avoue, la fiche individuelle de chacun des onze intervenants ; il sait que l’autre est divorcé.

Il conclut. Ce que je veux c’est qu’aucun de vous ne soit seul devant… faire valoir ses droits, se défendre, c’est çà la République… je ne l’accepterai pas.
Les Français jugeront aux résultats, mon travail n’est pas facile, nous obtiendrons des résultats. La stratégie économique et sociale va porter ses fruits, vous verrai… je ne suis pas quelqu’un qui… il pleut, il fait beau… mon rôle… j’ai un bail de cinq ans, je fais un bail le plus utile pour les Français… dans mon travail de chaque jour, je ne pense pas à cette question du second mandat, je crois en ce que je fais. Merci d’avoir pris la peine de dialoguer, voir des Français dialoguer…

22 heures 25… Nous changeons de chaîne, une émission littéraire qui se termine, présentateur, l’ex-mari de Laurence FERRARI. – Son grand exercice de communication… le round up du Président de la République… nouveau style… Depuis plusieurs mois, je ne regarde guère la télévision – après ne l’avoir pas regardé pendant plusieurs années – que pour des films. France 2 Ce soir, défilent des débatteurs et des présentateurs, je suis sidéré de la laideur des gens. On est sur PROGLIO. Les salaires des dirigeants… aucun n’est unique, il y a des viviers de dirigeants de remplacement dans chacune des grandes entreprises.

22 heures 48 + Avec une haine insupportable, BERTRAND attaque les gestions de FABIUS en 1981 et en 2000. Ce qu’il y a de terrible dans le sarkozysme, c’est qu’il y a encore pire sous lui : COPE et BERTRAND. BERTRAND l’as du débat, répéter inlassablement la même chose, couper la parole, mentir pour asséner et faire affiche, même si c’est une contre-vérité flagrante. Pour lui, l’important est le téléspectateur et pas du tout l’interlocuteur sur le plateau, c’est de l’art. Un démagogue à l’Elysée, la mauvaise foi totale et le haut-parleur en débat public par les sous-fifres. PARISOT, visage de dix ou vingt ans de plus que son âge, fragile mais morale, courageuse : à la surprise générale, le Président de la République a été capable de porter des dossiers à Bruxelles. Elle joue sa réélection sur la défense des prérogatives des actionnaires et conseils d’administration

Minuit + Emission-commentaire sur France 2 passionnante – psychologiquement. Elle révèle l’impasse intellectuelle française actuellement pour ce qui est de la chose publique au sens large : les grandes entreprises même privées, les politiques, les dénis de droit. Elle révèle que le débat sur les plateaux de radios ou de télévision est encore plus figé et encastré qu’au Parlement. Le talent est impossible. Comment on débat à l’heure actuelle, comment la « droite » sarkozyste a la technique pour « dominer » less débats censément contradictoires, technique inaugurée par Le Figaro couplé avec l’état-major de campagne de NS : ne jamais parler de soi qu’en réponse et alors en termes toujours de communion avec l’intervenant-contradicteur quand il n’est pas un professionnel étiquetable, toujours attaquer sur très peu de thème l’adversaire pour sujet par sujet n’avoir à se défendre qu’avec l’argument qu’on fait mieux que l’autre. En permanence, montrer que la gauche est responsable de toutes les difficultés actuelles, montrer qu’elle souffre et qu’elle est divisée, la plaindre pour la conscience qu’elle ne peut qu’avouer, conscience de son infériorité face à une droite qui non seulement est plus efficace, pétition de la droite depuis qu’il est des mouvements s’admettant de droite, mais qui est plus juste que la gauche, qui est plus à gauche que la gauche. Bien entendu, le monolithisme, ligne à ligne NS est repris opar BERTRAND ce qui montre que l’apparence d’improvisation et de dialogue fondant tout le propos présidentiel n’est qu’un truquage, tout a été X fois répété avant et à plusieurs, l’acteur et ses doublures. Quant aux onze témoins-intervenants, ils sont connus à fond dans leur genre, leur psychologie et leur parcours.

De l’émission, il ressort que
. la dimension européenne est totalement absente et de la pensée présidentielle et des raisonnements de la plupart des intervenants, sauf l’agricultrice et le transporteur : les professionnels, eux, savent l’Europe pour y croire ou pour la déplorer. L’obsessive référence aux performances allemandes reflète plus les rédactions que le Président a dû assimiler qu’une fréquentation mentale de notre voisin ou une réelle intimité avec Angela MERKEL qu’il n’a pas citée.
. la politique extérieure plus encore, car le « coup de chapeau » à OBAMA n’est destiné qu’à forcer une ressemblance entre présidents réformistes mais mal compris et le voyage en Haïti qui devait se faire avec éclat avant tout l monde ne sera qu’un des éléments de voyage aux Antilles. Du coup, l’Afghanistan traité par simplisme et le vrai théâtre transporté au Pakistan du fait que c’est une puissance nucléaire. Pas d’allusion à l’OTAN ou aux mandats des Nations Unies, pas de salut aux morts.
. la tactique de privatisation de GDF grâce à son absorption par Suez, va se renouveler : EDF absorbée par Veolia et que les transformations institutionnelles de l’économie française continueront de se faire selon des démarches de dirigeants, plus ou moins à l’écoûte du pouvoir politique (rien sur le « conflit » Areva-EDF et les bons offices du Premier ministre).
. le pouvoir se berce d’illusion sur la « reprise », ne se donne aucune prise sur le long terme ni même pour organiser un consensus dans lequel s’engloberait naturellement la difficile problématique du financement des retraites par répartition : le Plan, des mécanismes de régulation des prix à la production et à la distribution, une fiscalité plus juste et plus lisible, la nationalisation à terme limité de l’ensemeble du crédit..

Il apparaît aussi que NS est figé dans ses slogans et ses manières de campagne. Les 35 heures – que JC s’était découverte comme cible pour marquer LJ aussitôt, car sur le reste quelles étaient leurs divergences ? – sont la cause de tout, travailler plus pour gagner est redit. Le cynisme sous-jacent reste total : le coût de l’avion présidentiel équivalant à ce qui est alloué en complément de rémunération pour l’ensemble de la fonction publique, hôpitaux compris, même gymnastique pour les retraites avec comme panacée l’augmentation de la durée des cotisations. Le Président est surtout figé dans sa façon de gouverner, que de phrases sur son accaparement de tout, pour soi-disant répondre à l’attente des Français et à la conception toute personnelle qu’il se fait de son rôle, bien davantage que de ses fonctions constitutionnelles. On découvre, mais est-ce nouveau, ce paternalisme des prénoms donnés d’autorité aux dialoguants successifs, en même temps qu’une totale absence de liberté intellectuelle quoiqu’il prétende puisqu’il reprend tous les tics de la haute administration dans sa récitation des onze fiches composées en correspondances avec les onze intervenants.

Au total, une émission qui n’avait pour but que de faire de la présence et si possible de donner une impression de proximité avec les gens et de partage avec eux de leurs problèmes, de partage de leur scandale à chacun devant l’intolérable ! mais les assurances n’ont été que des promesses, pas toujours des plaidoyers sur ce qui a déjà été fait, car on est à mi-mandat et donc plus du tout au premier jour. L’apparent désintéressement pour les régionales (sauf si les résultats sont agréables) et pour le renouvellement de son mandat n’est pas assez feint pour être cru. Quelques éléments de personnalisation : pas une bête à concours, pas cacochyme à cinquante-cinq ans après-demain, un léger malaise. Etrangement, aucun tic et pas vraiment de fatigue pour un exercice qui l’un dans l’autre, le dialogue avec FERRARI puis les deux heures censément organisés par PERNAULT, a duré deux heures et demi. L’homme sait travailler, a de la mémoire, plus de puissance de conviction que de réelle présence. Il réplique toujours mais de façon souvent molle et à côté. Il occupe le terrain mais ne crée pas. On ne retient aucune formule, à aucun moment il n’a fait rire, les complicités ne sont venues que de la révérence obligée de ses partenaires.

Qui se souviendra – sauf pour le genre – de cette soirée. Quant à rappeler en Juin-Juillet, que le chômage ne baisse toujours pas et que NS s’est trompé, ce sera fait mais avec un esprit de système empêchant que cela soit entendu et mis à la charge du pouvoir.

Aussi bien la forme que le fond de cette communication – et tout autant le débat entre professionnels et gens d’expérience de la conduite politique de nos affaires – ne répondent aux immenses et durables nécessités de notre heure. Forme qui abaisse, fond qui sollicite une absolution, débat qui ne dégage aucun point commun et seulement des antagonismes entre traits de personnalités que le système interne des partis – principalement dans l’UMP – et leur support « idéologique » (vg. Le Figaro) semble recruter par mimétisme. L’analyse des situations topiques par considération des cas personnels, la réflexion macro-économique ou sur la manière de faire participer dans une démocratie le maximum de monde à la recherche puis à l’exécution des solutions ne peuvent se faire qu’autrement. Elles ne se font donc manifestement pas.

lundi 25 janvier 2010

Inquiétude & Certitudes - lundi 25 janvier 2010


Lundi 25 Janvier 2010



Prier ainsi…[1] texte étrange du Christ, les croyants ont les plus grands pouvoirs et ces pouvoirs sont autant de signes, ceux qu’énumérait – au spirituel – Isaïe pour signaler l’apparition du Messie. Pouvoirs qui ne sont pas réservés à quelques-uns, aux disciples envoyés en mission par le Christ au début de son propre ministère. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serprents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en porteront bien. En somme, ils rétabliront l’ordre naturel. Tous missionnaires, tous contagieux, efficaces. Mais dyptique que l’Islam connaît encore mieux : celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Notre « mentalité » d’aujourd’hui, à l’opposé des angoisses jansénistes perpétuées jusques tard dans notre XXème siècle, a peine à admettre ces condamnations, ces exclusions, ces irréversibilités. Sans doute, parce qu’une époque libertaire comme la nôtre, ne sait plus ce qu’est la liberté et ne la pratique pas. Les modes de gouvernement dans les démocraties sont une contrainte, d’autant plus choquante que c’est le contraire qui est revendiqué dans la parole officielle, et une épopée, un drame, des sacrifices comme ceux de la Résistance nous sont devenus si lointains qu’ils en ressortent – dans les médias – comme travestis. La liberté… Lève-toi et reçois le baptême. Le croyant-type, illustrant parfaitement et si fortement la parole du Christ ressuscité, c’est Paul. Le chemin de Damas… a priori sa liberté est nulle. Il est orienté vers la haine et le massacre, un zèle mal appliqué, il est retourné. Personnalité inchangée mais orientation toute différente : il reçoit la fécondité. Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. Cela ne s’invente pas. Une vocation – celle de Paul – sur le modèle de celle des grands prophètes et fondateurs de l’Ancien Testament. Silence de la prière quand elle reçoit tant.

matin

Ce soir, Sarkozy que j’écouterai et surtout regarderai. Les progrès de la pathologie et non le discours politique. Cet homme a fini de nous surprendre. Nous chertchons la biographie de Balkany qui continue d’inonder les ondes si l’on peut dire, son itinéraire, son livre… Carrière inouïe, aucune profession dans le Who’s who ? pas même la couverture d’être avocat ou administrateur de sociétés (je l’ai bien été…). Uniquement les grades et emplois politiques, puis censément électifs…

mi-journée

Préparation de l’entretien de ce soir. Canal + interroge notamment Frédéric Lefebvre : répondre aux préoccupations des Français. Mi-mandat mais surtout sortie de crise, les Français veulent savoir quelles décisions vont être prise. Sophismes monstrueux, on ne fait qu’entrer dans la crise, les décisions auraient dû être prises il y quinze mois, aucune réponse ni européenne, ni concertée en G 8 et G 20, ni institutionnelle (restauration du Commissariat au Plan). Le thuriféraire dont le talent principal est la haine (cartons sur Bayrou et Peillon) énumère toutes les télévisions et radios qui, ce soir, l’accueilleront pour commenter le Président de la République. Thuriféraire dont aucun ministre ne veut comme secrétaire d’Etat et qui ne vit donc qu’en garçon d’appareil, j’écrirai : d’ascenseur. – Récapitulation des tentatives pour faire varier le genre. Le summum avait été ce grand spectacle monté par JC, il me semble, peu avant la dissolution… La bande usée pour de Gaulle, est bonne pour Mitterrand, dans son genre maître absolu du passage à la télévision, une aisance dont la souveraineté à la de Gaulle n’était pas absente mais n’était qu’implicite, ce qui donnait à l’homme une grande proximité servant évidemment Machiavel président. – Il est entendu par tous que ce ne sera – ce soir – que de la comm. Lefebvre fait l’erreur d’accepter le terme : pédagogie. Pour moi, c’est impossible en démocratie car cela supposerait une inégalité structurelle ou forcée ou de nature entre un maître et des élèves, entre un sage et des c… en fait l’exercice sera d’autojustification, et le « tirage au sort » de dix questionneurs ne modifiera pas la donne. Celui qui doit donner la réplique à Sarkozy passe déjà sur les ondes pour expliquer qu’il a les foies…


[1] - Actes des Apôtres XXII 3 à 16 ; psaume CXVII ; évangile selon saint Marc XVI 15 à 18

journal d'il y a quarante ans - dimanche 25 janvier 1970

+ Dimanche 25 Janvier 1970


21 h . à la maison .

Entretien et déjeuner hier samedi chez René Capitant .

Très professeur de droit
[1]. Un peu Mazeaud [2].
Moins vigoureux physiquement que Louis Vallon . et
moins anecdotique et activiste que Vallon .
Beaucoup d’attention et d’écoûte . Je crois avoir parlé
beaucoup plus qu’il n’a parlé .
Et nous avons parlé de tout . peut-être avec plus de détente
et de relation de père à fils qu’avec Vallon . avec
qui j’étais pourtant très détendu .
Il est vrai que Capitant me recevait dans son cabinet
de travail . et qu’ensuite il m’a invité à déjeuner
vraiment en famille . puis bavardage au salon
en buvant le café .

A été très intéressé par mon manuscrit .
Utile qu’il soit publié . Même souci que Vallon qu’il
y ait des jeunes . Va faire démarche chez Plon .
plus tard Presses de la Cité . Va en parler avec Vallon .
Plaisir à retrouver décléarations du Général qu’il n’avait plus
en mémoire .
Esprit de démission .

Gouvernement actuel : mon analyse est juste .
Actuellement . bruits de couloir pour dire que c’est Pompidou
le gardien de l’orthodoxie :/ se grouper autour de lui . et vider
Chaban-Delmas .
Habile de sa part : style Pétain : être le drapeau
autour duquel on sauve ce qui peut l’être .
Fait du gaullisme en petit : non plus le monde .
mais la Méditerranée . Avoir son Québec . donner son idéal :
oui . mais quoi aurait dit Pompidou à Fauvet
[3].
Tournoux
[4] estime qu’il y aura rupture de de Gaulle
avec Pompidou .
Chaban-Delmas : équipe mendèsiste . Ne pas supprimer
le salariat : confiance dans perfectionnement des conventions
collectives . Alors qu’il s’agit de supprimer la condition
salariée : faire que le travail puisse renvoyer direction
comme le peut le capital .
Troisième voie : une part du christianisme social .
De Gaulle y était abonné avant-guerre .
Chrétien et catholique . Capitant ne croit plus qu’au devoir
universel d’amour .
Mendès France a complètement lâché l’Indochine aux Américains
alors que de Gaulle à travers décolonisation maintient
présence française .

Action au Gouvernement : seul avec Edgar Faure
à marcher pour la participation . Les autres tous réticents
et à le faire le plus tard possible .
Admiration profonde pour le grand diplomate qu’est Couve de Murville
forme d’éloquence mathématique . Mais pas compris la
participation .
Bousquet avait tout le gouvernement derrière lui
pour ne pas se désister .

Attitude le 28 Avril . A démissionné pour qu’il n’y ait pas
d’équivoque . Couve de Murville très mécontent .
En fait attitude de Capitant – bien que jugée
inconstitutionnelle par les collègues de Faculté – était conforme à
l’intention de de Gaulle . qui primitivement au téléphone était
pour la démission collective . Couve l’a convaincu du contraire .

Cure d’opposition aurait fait du bien . et surtout à Pompidou
qui aurait dû faire du gaullisme .
Actuellement . bon qu’il y ait des gens comme « Présence et Action
du gaullisme » - Messmer qui sont dans les sphères gouvernementales
et bon qu’il y ait des positions nettes comme celles de Vallon et lui .

Pas tout à fait d’accord sur U D T . qui est trop restreint .
et ne peut rien faire . Il aurait fallu faire qqch de
plus simple . et plus large . dans bouillonnement du 28 Avril .
d’autant qu’on ne donne aux adhérents rien à faire .

Me parle d’un mouvement européen . avec correspondants
parlementaires en Belgique et en Italie : contre Europe atlantique .
Je lui parle de cette idée de papiers courts et techniques
( avec conclusion de philosophie générale ) qui analyseraient
chaque grande action ou choix du Gvt .
Me parle de Jean moulin qui devait être d’opposition .

Reçu au 2° concours à l’agrégation . années 30 . Né en 1901
Nommé à Strasbourg : a vu le nazisme de près . En a été
très marqué . Idem pour autonomisme alsacien .
Chargé de mission au cabinet de Blum . Juin 36 . Janvier 37
A repris ensuite sa chaire . Dîner chez Blum avant de partir :
était très optimiste . telle force populaire .
Mais Capitant lui disait qu’il lui fallait des armes : que
faire contre Parlement si pas de droit de dissolution .

Etait au 2° bureau en Mars 40 . Fait alors la connaissance
de de Gaulle . colonel . centre d’entraînement de chars .
Après manœuvre : Messieurs nous avons perdu la guerre .
. . . silence de 30 secondes . Il nous faut maintenant
gagner la seconde . aux journalistes anglais .
Un déjeuner où il expliquait pourquoi on avait perdu
Puis ensuite tous les facteurs de la victoire .
Mémoire à cette époque de la campagne de Pologne .
que Capitant a fait circuler dans la Résistance .
Personnalité qui du premier coup attachait .

A Alger . ministre de l’Education Nationale .
De Gaulle . pas encore l’habitude du Gvt . mais technique
De l’état-major . « Messieurs . ne gouvernez pas avec
vos cabinets . mais avec vos services. »

Participation . confiée à comité interministériel où n’était pas .
Couve en étant président . Mais Capitant aurait eu à y
voir par les Sceaux . puis surtout affaire de législation :
de droit de l’entreprise .
Sur le plan de la réorganisation des services judiciaires : grève était
menaçante . ( ce qui eût été très grave ) . A pu obtenir crédits –
et concertation très grande . Projet adopté au dernier conseil
des ministres . du 23 Avril . Ce qui fait que Jeanneney et
maintenant Pleven . plus ou moins obligés de le suivre .
Mais prudence extrême de Pleven .

Actuellement . de Gaulle prend plaisir à ses rédactions de
mémoires . Les journaux le disent en tous cas .
Mais tout n’est pas terminé .
Silence actuellement est obligatoire . pour donner plus de poids
quand parlera . « S’il ne s’agissait que de moi »
Mais quand il s’agira de la France .
Capitant s’enflamme toujours quand il parle de la France
Malraux . ne l’a pas revu . mais Vallon l’a vu
longuement ( m’en avait parlé ).
Très éprouvé par mort de Louise de Vilmorin .

Ne pas être deux grognards . Jeunes comme vous

Capitant m’invite fermement à faire l’agrégation :
( il a d’ailleurs lui-même repris un enseignement de doctorat
à la Faculté et en droit public : la participation ) .
possibilité de réflexion . d’écrire . et d’action .
Possibilité de voyager . Et avis d’administration . conseils
et missions . et diplomatie par le haut .
( Comme Vallon . me parle de Schwarzenberg
[5])

Intéressé par ce que je lui dis de ma thèse et de mon mémoire

– Simplicité de vie . et de famille .
Politique propre et sincère . grands idéal et netteté

– « A praeterito . spes in futurum » 15 Mars 1946
Deux très belles photos de de Gaulle : une dédicacée en portrait
et une autre dans bureau de Carlton Gardens

– Initiative qui m’incombe . dans action . et choix
de carrière .

– Relatif isolement et “homme comme tout le monde”
qu’est Capitant et au fond tout homme politique quand il n’est pas
au pouvoir .

Très belle conception sur de Gaulle :
peut-être difficile « retour » .
Sûrement pas le conseiller de l’Elysée : contraire à la Constitution
Mais être le peuple, c’est-à-dire le souverain .
Dernière étape de sa carrière .
Etre le peuple . car ce qu’il dira sera l’expression nationale .
_

Je commence à vraiment penser que c’est l’agrégation
qu’il faut à tout prix réussir : et par là vie publique et
de écriture .
Sorte de sacerdoce .
Mais je ne le concevrai pas comme l’enseignement académique .
Faire enseignement et réflexions actives .
Et puis action municipale . puis législative . puis
gouvernementale .

Donc 18 mois de travail d’ici là .

Profonde sympathie pour Capitant .
Je trouve maintenant comment définir l’impression que je voulais
exprimer en commençant : – c’est un homme de vie intérieure .
d’équilibre et de droiture .

[1] - René Capitant meurt dans les six mois de notre rencontre – cardiaque, sa démission pour raison de santé avait été refusée par de Gaulle au début de Novembre 1968, mais Jean-Marcel Jeanneney avait fait l’intérim plusieurs semaines et de nouveau à sa démission, donnée aussitôt le Général partant . Fils d’Henri Capitant, célébrissime privatiste

[2] - Léon Mazeaud . lui aussi agrégé des facultés de droit . on dit que son jumeau et sosie Henri, reçu en 1926, aurait repassé pour lui, trop paresseux, le concours en 1928. Tous deux avec leur cousin Jean, auteurs des Leçons de droit civil, majestueux et fondamental ouvrage. Léon enseigne le droit commercial, et j’ai suivi pendant mes quatre années de licence sont cours, prenant avec lui le métro à la station Ranelagh : 1960-1964. Messe quasi-quotidienne, citant Mater et magistra dans son enseignement. Président des anciens déportés de France, sauvé par miracle du convoi de la mort à Buchenwald par un jeune Juif qui a la présence d’esprit de le faire rentrer dans le rang de ceux qui restent, il a été l’un des sept fondateurs de l’Union gaulliste en 1946, mouvement précurseur du Rassemblement du Peuple Français R P F , mais s’est séparé de l’homme du 18 Juin à propos de l’Algérie. Mes parents – neuf enfants – sont intimes de lui et de sa femme, Marcelle – sept enfants –, s’étant connus en Egypte où il enseigne à partir de 1937 tandis que mon père dirige l’Al Chark depuis 1930 au Caire, filiale de l’assurance française La Nationale. D’où le surnom arabe que Papa donne à Léon Mazeau : l’Oustaze… Lui aussi meurt en 1970 et de Gaulle honore aussi sa veuve d’une lettre manuscrite de condoléances

[3] - je dois ma signature à Jacques Fauvet . directeur du journal Le Monde de Décembre 1969 à Juin 1982, après avoir été chef du service politique, puis rédacteur en chef, dauphin désigné d’Hubert Beuve-Méry dès 1959 – l’homme sur lequel je souhaite écrire un livre était d’une présence et d’une proximité chaleureuse rares, d’une inépuisable capacité, donc d’une sensibilité exacerbée pour s‘indigner et se scandaliser de l’immoralité des évolutions politiques françaises et de beaucoup de leurs acteurs dans les années 1970 – il a orienté, après de Gaulle, le « grand quotidien du soir », nettement vers la gauche et François Mitterrand – accompagnant Le Canard enchaîné dans la campagne des diamants contre Valéry Giscard d’Estaing, président de la République, il a certainement contribué personellement à sa défaite de 1981 – président de la Commission nationale Informatique & Libertés C N I L , il sut pendant ses mandats 1983-1995 lui donner une fonction protectrice efficace et reconnue qu’a elle a eu moins bien assumé après lui. Nos conversations rue des Italiens puis rue Saint-Guillaume m’ont marqué. Intermédiaire pour les rencontres de fin d’après-midi et pour suivre au marbre mes papiers, Nicole Barbarin, incomparable et très proche

[4] - Raymond Tournoux , que j’ai commencé de lire, dès 1959, dans les exemplaires qu’offrait ma mère à mon père, à chaque sortie d’un nouveau titre, a créé l’une des images du Général : le tragique, hanté par l’hégémonie américaine et l’abandon de la France par les Français, aux relations complexes avec le Maréchal parce qu’il en est le fils par la plume, par le goût et l’art du secret – Je retiens plusieurs de ses livres : – Michel Jobert riait intérieurement de le deviner courir, dès la fin de l’interrogatoire, noter ce qu’il tentait manifestement de retenir à mesure ; au besoin, le journaliste écourtait l’entretien pour ne pas saturer sa mémoire. En fait, Michel Jobert, un des premiers mémorialistes et moralistes de ce temps, avait aussi le don rare que sa conversation soit aisée à mémoriser, même quand elle était très étendue

[5] - « le jeune et brillant professeur » Roger-Gérard Schwarzenberg