dimanche 31 juillet 2022

Ramzi Khiroun - communicant de DSK et de Bolloré

 

wikipédia à jour au 31 Juillet 2022 – consulté le même soir à 22 heures 10 – cf. Marianne du jour



Image dans Infobox.

Biographie

Naissance

16 avril 1971 (51 ans)
Paris

Nationalité

Drapeau de la France France

Formation

Université Paris-Panthéon-Sorbonne



Activité

Chargé de communication

Autres informations

Distinction

Chevalier de la Légion d'honneur‎ (2014)

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Ramzi Khiroun, né le 16 avril 1971 à Paris, est un homme d'influence, ancien chargé de communication du directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Il est pendant 15 ans porte-parole, membre du comité exécutif et Directeur des Relations extérieures de Lagardère SCA, ainsi que conseiller spécial d'Arnaud Lagardère1 jusqu'à son départ le 30 juin 2022.

Biographie

Origines, études et premiers engagements

Ramzi Khiroun est né le 16 avril 1971 dans le 15e arrondissement de Paris2. Ses deux parents sont chauffeurs de taxi2, le père d'origine algérienne, la mère d'origine tunisienne3. Il passe son enfance à Colombes, puis à Sarcelles2,4, ville où il a grandi de l'âge de 10 à 21 ans5.

Il fréquente le lycée Jean-Jacques Rousseau à Sarcelles entre 1987 et 1991 où il obtient un bac C2 et y rencontre sa future épouse, Sandrine3.

Après avoir abandonné un DEUG de gestion à l'université Panthéon-Sorbonne, Ramzi Khiroun quitte Sarcelles et devient le PDG de KR communications en 1993, une agence de communication qui aurait fait faillite depuis, selon Le Nouvel Observateur6.

Il milite en parallèle au PS dans la circonscription de Dominique Strauss-Kahn (DSK), alors que ce dernier est encore ministre de l'Économie dans le gouvernement de Lionel Jospin. Il exerce auprès de DSK la fonction de conseiller jusqu'au départ de celui-ci pour le FMI fin 20073.

Euro RSCG et DSK

Ramzi Khiroun travaille dans l'équipe du Vrai Journal de Canal+ au début des années 20003 puis rejoint en 2002 Euro RSCG en tant que « spécialiste des situations de crise »7. En 2004, alors qu'il travaille pour un oligarque proche du pouvoir ukrainien, Viktor Pintchouk, il pousse (sans révéler qui l'emploie) l'équipe médicale s'occupant de l'opposant Viktor Iouchtchenko à publier un communiqué niant les rumeurs d'empoisonnement, alors que cette évidence semble pourtant installée ; ayant imprudemment laissé sa carte d'Euro RSCG, son identité est finalement découverte après une enquête du Financial Times et de La Croix3.

En 2006, le groupe Lagardère acquiert le Racing, et Ramzi Khiroun participe à sa rénovation3. En 2007, il devient porte-parole de Lagardère SCA3 et siège au comité exécutif de l'entreprise[réf. souhaitée]. Cette même année, il s'occupe de la candidature de DSK à l'investiture socialiste et trouve notamment le slogan « DSK il va gagner », un rappel du tube de cet été-là, Zidane y va marquer. Cette idée est révélée par la chaîne de télévision Canal+ qui le filme en train de conseiller Dominique Strauss-Kahn d'acheter les droits de la chanson pour améliorer son image8. Il gère également médiatiquement l'affaire Piroska Nagy, une économiste hongroise avec qui DSK a eu une liaison, paie le loyer de sa garçonnière aux États-Unis. En 2008, il s'occupe de la gestion de l'affaire du délit d'initiés à EADS et, en 2010, l'affaire Richard Gasquet, contrôlé positif à la cocaïne3. En février 2010, il est classé par le magazine GQ parmi les 30 hommes « les plus influents de France »7.

En 2011, le livre DSK, les secrets d'un présidentiable est publié de manière anonyme. Ramzi Khiroun et Stéphane Fouks y sont cités comme membres d'un « gang ». Les deux hommes portent plainte contre l'éditeur, Plon, pour « injure », une technique pour connaître le réel auteur du livre, selon l'éditeur9.

En mai 2011, le magazine économique Challenges affirme que Ramzi Khiroun a menacé Tristane Banon après que celle-ci a accusé Dominique Strauss-Kahn de l’avoir agressée dans un livre écrit en 2007, Erreurs avouées... au masculin10. À la suite de l'article du magazine économique, Ramzi Khiroun dépose une plainte pour diffamation11,12. Le 28 avril 20115, une photographie de Dominique Strauss-Kahn montant dans une Porsche Panamera d'une valeur estimée à 150 000 euros lance une polémique. Le 10 mai de cette année, lors de l'assemblée générale du groupe Lagardère, Arnaud Lagardère confirme que cette Porsche est en fait la propriété de Ramzi Khiroun qui l'utilise comme véhicule de fonction13.

Alors que Ramzi Khiroun s'occupe également de l'image de l'homme d'affaires Arnaud Lagardère, Anne-Marie Rocco, grand reporter à Challenges, lui impute l'organisation de la séance photo d'Arnaud Lagardère avec sa compagne Jade Foret qui a provoqué une polémique en 201114. En avril 2011, il aurait empêché la publication d'un article sur Alexandre Djouhri15.

En juin 2011, Ramzi Khiroun porte plainte contre L'Union et Électron libre, ainsi que contre le rédacteur en chef du site Internet Atlantico, qui lui aurait « attribué certaines menaces et tentatives de déstabilisation » durant l’émission Ce soir (ou jamais !) de Frédéric Taddeï16. Ramzi Khiroun porte plainte contre un des actionnaires du site Atlantico, Arnaud Dassier, pour un message publié par ce dernier sur le site de miccroblogging Twitter17. Le 14 mai 2011, l'entrepreneur tweete en effet : « Ramzi Khiroun est à la limite de l’abus de bien social avec ses jobs Lagardere ou EuroRSCG (on ne sait plus trop) tout en bossant pour DSK »18. Ramzi Khiroun demande 13 000 euros de dommages et intérêts et 4 000 euros se référant à l'article 475-119. Arnaud Dassier est relaxé par le tribunal20.

Jusqu'en 2012, Ramzi Khiroun aide l'équipe de communication de Dominique Strauss-Kahn et est décrit comme le "sniper" de DSK qui « éloigne les emmerdes », rapporte « les ragots » et est capable de « menaces »6 ; Le Parisien le surnomme même « le mauvais génie de DSK »3. Peu après l'affaire du Sofitel de New York, un livre de deux journalistes du Monde, Les Strauss-Kahn (Edition Albin Michel), fait un portrait que Le Temps qualifie de « féroce » de Ramzi Khiroun, « l'âme damnée » de Dominique Strauss-Kahn. Le livre évoque notamment l'annonce de la publication d'un article du Nouvel Observateur sur les agissements d'un ministre dans une boîte échangiste qui provoque la « panique » de Ramzi Khiroun. Celui-ci aurait pensé qu'il s'agissait de DSK et serait allé jusqu'au siège de l'hebdomadaire pour relire l'article en question avant qu'il ne soit publié. Dominique Strauss-Kahn n'y est pourtant pas cité21.

La chute de DSK à la suite de l'affaire du Sofitel est un coup dur pour Ramzi Khiroun. Depuis 2011, ayant pris ses distances avec DSK3, il cherche en effet à intégrer l'entourage d'Arnaud Lagardère et se rend peu à peu indispensable22. Il se lie avec certains barons du groupe, notamment Jean-Pierre Elkabbach, jusqu'à réussir à être décoré de la Légion d'honneur en même temps que le journaliste d'Europe 1. Il se heurte aussi à de fortes oppositions, notamment celle de Dominique d'Hinnin, le directeur financier du groupe Lagardère, et obtient son éviction22.

Le 19 novembre 2015, Ramzi Khiroun est fait chevalier de la Légion d'honneur par le président de la République François Hollande23,24. Après avoir fait partir le patron du Journal du Dimanche, Jérôme Bellay, Ramzi Khiroun se voit bien prendre la tête de Lagardère Active et avoir la main sur les médias du groupe25. Il est désigné comme « l'homme le plus influent de France » par la rédaction de L'Obs en 201526.

En août 2016, Vanity Fair publie un long article fouillé « Les Tontons Flingueurs : Jean-Pierre Elkabbach et Ramzi Khiroun : un duo uni par le pouvoir », qui révèle ses parts d'ombre ( menaces et pressions exercées sur des journalistes notamment ) et se termine par la citation de Baltasar Gracián : « Quand le mensonge va toujours le premier, la vérité ne trouve plus de place »27.[pertinence contestée]

Le 30 janvier 2017, face aux baisses d’audience d’Europe 1, Ramzi Khiroun, porte-parole de la gérance, fait connaitre la position d’Arnaud Lagardère en déclarant : « Arnaud Lagardère n’a pas l’habitude de se voiler la face, les résultats d’Europe 1 sont à l’évidence un échec ». Les salariés d'Europe 1 s'émeuvent de cette charge28,29,30.

Le 25 février 2020, Ramzi Khiroun crée la SAS Agence française de promotion d'événements internationaux31,32.

Le 30 juin, il annonce sa démission de Lagardère pour l'ensemble de ses fonctions33.

Décoration

Notes et références

Notes

Références


  • Sophie des Déserts, « Les professionnels », Vanity Fair no 38, août 2016, pages 66-75 et 134-135.

  • Odile Benyahia-Kouider et Christophe Nobili, « Un "serial killer" chez Lagardère », Le Canard enchaîné, 24 février 2016, p. 3.

  • Vanity Fair, « Jean-Pierre Elkabbach et Ramzi Khiroun : un duo uni par le pouvoir », Vanity Fair,‎ août 2016 (lire en ligne [archive], consulté le 12 janvier 2017)

  • Marc Baudriller, « Les salariés d'Europe 1 surpris par la charge anti-Olivennes », Challenges,‎ 31 janvier 2017 (lire en ligne [archive], consulté le 13 février 2017)

  • Chloé Woitier et Enguérand Renault, « Arnaud Lagardère se fâche contre la direction d'Europe 1 », Le Figaro,‎ 30 janvier 2017 (ISSN 0182-5852, lire en ligne [archive], consulté le 13 février 2017)


Jamal Khashoggi - 13 Octobre 1958 + journaliste d'opposition au régime saoudien, assassiné dans le consulat de son pays à Istanbul, le 2 Octobre 2018

 



Jamal Khashoggi
جمال خاشقجي

Image illustrative de l’article Jamal Khashoggi
Jamal Khashoggi en mars 2018.


Nom de naissance

Jamal Abdallah Ahmed Khashoggi
جمال عبدالله أحمد خاشقجي

Naissance

13 octobre 1958
Médine (Arabie saoudite)

Décès

2 octobre 2018 (à 59 ans)
Istanbul (Turquie)

Nationalité

Saoudienne

Profession

Journaliste

Spécialité

Politique

Médias actuels

Fonction principale

Rédacteur en chef
Chroniqueur

Historique

Presse écrite

Arab News
Al-Watan
The Washington Post

Télévision

Al-Arab News

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Jamal Khashoggi (en arabe : جمال خاشقجي (Jamāl Khāshuqjī) [ ʒaˈmaːl χaːˈʃoɡʒi]), né le 13 octobre 1958 à Médine (Arabie saoudite) et mort assassiné le 2 octobre 2018 au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul (Turquie)1, est un journaliste saoudien2, ayant notamment été directeur général de la chaîne Al-Arab News3. Il a également été rédacteur au journal saoudien Al Watan, qu'il a transformé en plateforme progressiste4. Des années 1980 aux années 2000, il a régulièrement servi le prince Turki ben Fayçal, ancien directeur des services de renseignement saoudiens5.

Initialement proche du pouvoir saoudien, il entre en dissidence à partir de 2017, à la suite de l'avènement de Mohammed ben Salmane au statut de prince héritier et de dirigeant de fait du pays. Il fuit l'Arabie saoudite en septembre 2017. Il déclare alors que le gouvernement saoudien l'a « banni de Twitter »6 et écrit ensuite des articles de presse critiques vis-à-vis du régime saoudien. Extrêmement critique à l'égard du prince héritier, Mohammed ben Salmane, et du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud7, Khashoggi s'oppose fermement à l'intervention au Yémen8.

Khashoggi entre dans le consulat d'Arabie saoudite en Turquie le 2 octobre 2018 et y est assassiné par un commando saoudien. Le prince héritier est soupçonné d'avoir commandité l'opération. Après avoir initialement nié sa mort, affirmant que Khashoggi avait quitté le consulat vivant, l'Arabie saoudite finit par reconnaître le 20 octobre que Jamal Khashoggi a été tué à l'intérieur du consulat9, mais donne successivement plusieurs versions contradictoires des circonstances de son décès avant d'admettre que le meurtre était prémédité, tout en épargnant le prince héritier.

Le 26 février 2021, dans un rapport rendu public à la demande du président Joe Biden, la direction du renseignement américain accuse Mohammed ben Salmane d’avoir « approuvé » l’opération contre Jamal Khashoggi10.

Biographie

Famille et jeunesse

Jamal Khashoggi naît le 13 octobre 195811 dans une famille de Kayseri aux origines ottomanes2. Il est issu d'une grande famille de la ville portuaire de Djeddah très liée à la famille royale. Son grand-père, Mohammed Khashoggi, qui a épousé une Saoudienne12, était par ailleurs le médecin personnel du roi Ibn Séoud, le fondateur du royaume d'Arabie saoudite13. Il est le neveu14 d'Adnan Khashoggi, qui était considéré comme l'homme le plus riche du monde au début des années 1980 grâce aux ventes d'armes15, et le cousin germain de Dodi Al-Fayed, tué à Paris dans un accident de voiture aux côtés de Diana, princesse de Galles16.

À la fin des années 1970, comme beaucoup de jeunes Saoudiens, il soutient la résistance afghane contre les Soviétiques, tout comme le pouvoir saoudien de l'époque et la CIA. Il se rend lui-même en Afghanistan, et pose à l'époque en photo avec une kalachnikov : ses amis assurent cependant qu'il aurait peu combattu et que, bien qu'étant un musulman conservateur, il n'avait rien d'un extrémiste. C'est également en Afghanistan qu'il réalise ses premières interviews d'Oussama ben Laden, un autre jeune Saoudien originaire de Djeddah, qui combat alors les Soviétiques : les familles Khashoggi et ben Laden sont par ailleurs amies de longue date. Dans l'édition de mai 1988 de l'hebdomadaire saoudien Al Majalla, il publie ainsi un long reportage à la gloire de ces jihadistes d'Afghanistan5 qu'il a côtoyés sur place. Il entretient à partir de là des relations personnelles avec Oussama ben Laden, et, à ce titre, organise en 1993 à Khartoum au Soudan sa première interview par un journaliste occidental, le reporter britannique Robert Fisk5, comme celui-ci l'a raconté17. Après son passage dans ce pays, il étudie aux États-Unis puis, de retour en Arabie saoudite, rejoint les Frères musulmans, courant mal vu à Riyad18.

Carrière de journaliste

Jamal Khashoggi en 2010.

Diplômé en administration de l'université d'État d'Indiana (1982), Jamal Khashoggi commence sa carrière en tant que directeur régional de la librairie Tihama Bookstores de 1983 à 198419. Il débute ensuite une carrière de journaliste dans différents quotidiens et hebdomadaires saoudiens, dont Saudi Gazette2, avant d'être nommé rédacteur en chef de Al Madina, en 199220. De 1991 à 1999, il est correspondant à l'étranger (Afghanistan, Algérie, Koweït, Soudan), puis devient rédacteur en chef adjoint de Arab News, le principal journal en anglais d'Arabie saoudite (1999-2003)[réf. nécessaire].

Outre son travail de journaliste, il entretient des liens avec les services de renseignements saoudiens, dont le chef, le prince Turki ben Fayçal, le considère longtemps comme un protégé. Dans les années 1990, il est chargé par les services secrets de contacter Oussama ben Laden pour le persuader de renoncer à la clandestinité et de rentrer au pays. Il échoue cependant à convaincre son ami18. Khashoggi prend ensuite ses distances avec ben Laden qui bascule dans le terrorisme contre l'Occident21 ; en 2011, à la mort de ben Laden, il écrit à propos de ce dernier « Tu étais magnifique et plein de bravoure aux beaux jours de l'Afghanistan, avant que tu succombes à la haine et à la passion18. »

Avec les années, Khashoggi se fait le promoteur de la démocratie dans le monde arabe, critiquant les pouvoirs corrompus et plaidant pour un accroissement de la participation politique, y compris au sein des monarchies du Golfe18. En 2003, il est très brièvement rédacteur en chef d'Al-Watan mais, jugé trop progressiste, il est licencié par le ministre saoudien de l'Information après avoir publié plusieurs commentaires à propos de l'influence du pouvoir religieux en Arabie saoudite22. Il s'exile quelque temps à Londres, puis, au cours des années suivantes, il devient un conseiller très proche de Turki Al-Faycal2 et un adversaire de Mohammed ben Salmane13.

En 2007, il est à nouveau nommé à la tête de la rédaction de Al-Watan. Il quitte le journal en 2010 après avoir critiqué les salafistes23 et est nommé directeur de Al-Arab News à Bahreïn, collaborant aussi à différents médias internationaux comme commentateur politique spécialiste du Moyen-Orient2.

Demeuré en lien avec les Frères musulmans — ce qu'il reconnaît ou nie en fonction de ses interlocuteurs —[réf. nécessaire]Jamal Khashoggi soutient en 2011 les printemps arabes en jouant la carte de l'islam politique. Mais l'échec de ces révolutions vient s'ajouter à la liste de ses déceptions, après les dérives du « djihad » afghan et de ben Laden18.

Il compte parmi les journalistes chargés de défendre la politique du royaume saoudien auprès de la presse étrangère. Il présente notamment la guerre menée par l'Arabie saoudite au Yémen comme étant dirigée contre l’Iran, qu’il compare à l’Allemagne nazie24,25.

Disgrâce et exil

Initialement proche de Mohammed ben Salmane, en qui il voit au départ un réformateur, il rompt peu après avec lui26. En décembre 2016, Khashoggi est puni par son pays pour avoir ouvertement critiqué Donald Trump et il lui est interdit d'exercer son métier27.

En septembre 2017, il s'exile aux États-Unis, où il tient une chronique au Washington Post. Il s'oppose alors de plus en plus ouvertement au prince héritier, Mohammed ben Salmane28.

À la fin de sa vie, il souffre de diabète et d'hypertension29.

Assassinat

Article détaillé : Assassinat de Jamal Khashoggi.

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Faits

Le 2 octobre 2018, Jamal Khashoggi, à la demande de l'ambassade d'Arabie saoudite à Washington D.C.30, entre au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul pour obtenir un certificat de célibat nécessaire à son remariage, prévu pour le lendemain31, avec sa fiancée une journaliste turque, Hatice Cengiz, rencontrée peu auparavant32. Le journaliste s'était rendu une première fois au consulat le 28 septembre pour obtenir l'attestation de divorce indispensable à son remariage33,34. Il y rencontre alors un diplomate, qui l'adresse à un autre interlocuteur. Celui-ci s'avère être membre des services de renseignement saoudiens. Il indique à Jamal Khashoggi que le consulat n'est pas en mesure de lui fournir le document immédiatement, mais qu'il peut venir le récupérer la semaine suivante35.

Selon la police turque, le 2 octobre, Jamal Khashoggi y est séquestré, torturé et assassiné par des forces spéciales saoudiennes, puis son corps est démembré et transporté hors du consulat en direction d'un autre pays36,37.

Khashoggi dénonçait depuis un certain temps la politique conduite par le prince Mohammed ben Salmane dans le royaume et le désastre de la guerre du Yémen38,39.

Dans son édition du 5 octobre, The Washington Post laisse une colonne blanche sous la photo de Khashoggi et le titre A Missing Voice40.

Le 8 octobre, le gouvernement turc demande aux Saoudiens l'autorisation de fouiller le consulat41. Le jour même, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, appelle les autorités saoudiennes à prouver que le journaliste a bien quitté le consulat comme ils l'affirment38. Le 9 octobre, la Turquie est autorisée à fouiller le consulat, tandis que la chaîne de radio-télévision turque TRT World affirme que les autorités turques soupçonnent que des individus entrés dans l'ambassade au moment de la disparition auraient emporté avec eux les images de vidéosurveillance42, que les autorités saoudiennes affirment ne pas posséder43.

Le 12 octobre, The New York Times affirme que le commando du consulat transportait une scie à os44. The Washington Post ajoute pour sa part que la Turquie possède des enregistrements audio et vidéo qui prouvent que le journaliste a été interrogé, torturé, assassiné puis démembré45. Le journaliste porterait également sur lui une montre connectée, qui aurait enregistré une dispute46, ce qui serait corroboré par l'enregistrement47. L'appareil, de type Apple Watch, aurait été ainsi relié à son iPhone, qu'il avait laissé à sa fiancée, mais dont certains enregistrements auraient été supprimés après sa mort48. Ces dernières informations ne seraient pas compatibles avec les capacités techniques des produits Apple49. Selon The Guardian, les enregistrements pourraient en fait avoir été recueillis grâce à des appareils de surveillance implantés dans le consulat à l'insu du gouvernement saoudien50.

Le 13 octobre, Mevlüt Çavuşoğlu, ministre turc des Affaires étrangères, demande à Riyad d'autoriser les enquêteurs à perquisitionner le consulat d'Arabie saoudite à Istanbul. Une demande à laquelle les autorités saoudiennes ne répondent pas immédiatement51, avant finalement d'autoriser la fouille qui a lieu le 15 octobre52. Les autorités turques souhaitent appliquer du luminol sur les murs pour détecter d'éventuelles traces de sang, ce que Riyad refuse53. La police turque emporte alors des échantillons de la terre du jardin du consulat54. Elle découvre également que des parois du consulat ont été fraîchement repeintes55.

Le 15 octobre, CNN affirme que le régime saoudien serait sur le point d'admettre la mort du journaliste à la suite d'un interrogatoire qui aurait mal tourné56. Le jour même, le consul saoudien est limogé57.

Le dissident saoudien Omar Abdulaziz (en) affirme que son téléphone a été piraté alors qu'il aurait discuté à plusieurs reprises avec Khashoggi de sujets sensibles58. Un analyste turc affirme pour sa part que Khashoggi aurait prévenu des membres des Frères musulmans13 qu'ils étaient espionnés par le pouvoir saoudien59.

La police turque fouille la résidence du consul général saoudien60,61 le 17 octobre62. Le même jour, le consulat est fouillé à nouveau63.

Le 17 octobre, The New York Times rapporte qu'un proche du prince héritier a participé à l'assassinat64. Le Yeni Şafak, qui dit avoir eu accès à des enregistrements, affirme que le journaliste a eu les doigts coupés puis a été décapité64. Pour sa part, le Middle East Eye, qui affirme avoir également eu accès aux enregistrements, ajoute que le journaliste n'a pas été interrogé mais torturé puis démembré vif tandis que son bourreau — qui serait un médecin — écoutait de la musique64,65.

Le 18 octobre, l'un des membres du commando décède, officiellement dans un accident de voiture66. Par ailleurs, la presse du régime saoudien présente les membres du commando comme de « simples touristes »67. Pour sa part, le New York Times affirme que les autorités saoudiennes comptent faire porter la responsabilité de l'opération au général Ahmed Assiri68 haut responsable du renseignement afin de dédouaner Mohammed ben Salmane69. Par ailleurs, la police turque procède à des fouilles dans la forêt de Belgrad, à Marmara68.

Le 20 octobre, l'Arabie saoudite confirme la mort de Jamal Khashoggi le 2 octobre dans le consulat d'Istanbul et limoge le général Ahmed Assiri70 conseiller de haut rang à la cour royale ainsi que Saoud al-Qahtani, responsable média et homme clé de l'entourage du prince héritier69. 18 personnes sont arrêtées au même moment par le royaume : les 15 personnes du commando arrivées de Riyad et 3 employés du consulat71. Ali Shihabi, proche des cercles du pouvoir saoudien, estime que la mort a eu lieu par « étranglement et pas à une rixe à coups de poing »72. Les autorités saoudiennes affirment ne pas savoir ce qu'il est advenu du corps, ajoutant qu'il a été confié à un « opérateur local »73.

Le même jour, Ömer Çelik, ministre des Affaires européennes du gouvernement turc, fait la première déclaration officielle turque : « Nous ne blâmons personne de manière préemptive mais nous n'autoriserons pas non plus une dissimulation »74.

Le 21 octobre, l'Arabie saoudite change de version et affirme que la mort aurait eu lieu alors qu'une discussion visait à « négocier de façon pacifique » le retour au pays de Jamal Khashoggi et aurait « mal tourné »75. Le jour même, Hatice Cengiz est placée sous protection policière76.

Le 22 octobre, le Yeni Şafak affirme que Mohammed ben Salmane aurait parlé au téléphone avec Khashoggi, peu avant son exécution et alors qu'il était détenu au consulat77. Un des membres du commando a également quitté le consulat en portant les habits de la victime78. Le jour même, un véhicule diplomatique saoudien est retrouvé abandonné sur un parking79.

Le 23 octobre, Sky News affirme que des restes du corps auraient été retrouvés dans le jardin du consulat80. Le jour même, Reuters affirme que Saoud al-Qahtani, conseiller de Mohammed ben Salmane, aurait supervisé les opérations via Skype et aurait demandé aux membres du commando de lui apporter la tête de Khashoggi81.

Le 25 octobre, l'Arabie saoudite admet que le meurtre de Jamal Khashoggi était prémédité82.

Le 26 octobre, le parquet turc lance une procédure d'extradition des 18 suspects saoudiens83. Le lendemain, Adel al-Joubeir, ministre saoudien des Affaires étrangères, refuse cette demande84.

Le 31 octobre, le procureur général turc affirme que le journaliste a été étranglé puis son corps démembré85. Le jour même, la presse turque révèle que des employés consulaires auraient détruit des documents le lendemain de l'assassinat86.

Le 1er novembre, citant un responsable turc anonyme, The New York Times affirme que le corps aurait pu être dissout dans de l'acide87.

Le 5 novembre, des responsables turcs et le quotidien Sabah révèlent qu'une équipe de nettoyage de deux personnes, dont un chimiste, aurait détruit les preuves entre le 12 et le 17 octobre88. La police turque ne recevra finalement la permission d'investiguer le consulat avec l'accord des autorités saoudiennes que les 15 et 16 octobre, et la résidence du consul que le 17 octobre89.

Le 8 novembre, une source policière révèle que de l'acide fluorhydrique a été utilisé pour dissoudre le corps90. Le 10 novembre, Sabah affirme que le corps dissout aurait été jeté dans les canalisations91.

Le 13 novembre, The Daily Sabah affirme que le commando transportait des scalpels, des ciseaux, des instruments servant à donner des chocs électriques92, des agrafeuses, des seringues dans leurs bagages tandis que The New York Times affirme que des sources du renseignement américain estiment que l'un des membres du commando téléphone à une personne, en lui demandant de prévenir son « patron », qui serait MBS, du succès de l'opération93.

Le 15 novembre, le parquet saoudien affirme que le journaliste a été drogué avant d'être tué94. Dédouanant le prince héritier de tout rôle, le procureur général saoudien requiert la peine de mort à l'encontre de cinq accusés (dont les noms ne sont pas communiqués)95. La diplomatie turque juge les explications « insuffisantes »96.

Le 16 novembre, selon le quotidien turc Hürriyet, un journal proche du pouvoir turc, il existe des enregistrements qui contredisent les conclusions de la justice saoudienne. Notamment 15 minutes de conversations avant le meurtre démontrant la préméditation, et des appels téléphoniques internationaux passés par le commando97.

Le 17 novembre, The Washington Post affirme que la CIA a conclu que le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane Al Saoud était le commanditaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi à Istanbul98. La CIA est parvenue à ces conclusions en se fondant sur le renseignement, notamment des appels téléphoniques entre le frère du prince héritier, Khaled ben Salmane, ambassadeur d'Arabie saoudite aux États-Unis, et Jamal Khashoggi99,100.

Le 21 novembre, le journal turc Hürriyet affirme que la CIA posséderait un enregistrement qui montre que le prince héritier aurait demandé à « faire taire » le journaliste101.

Le 22 novembre, Régis Le Sommier, directeur adjoint de Paris Match, affirme avoir eu accès à des photos extraites de l'enregistrement qui montreraient le corps sur un chariot élévateur pendant son démembrement102.

Le 27 novembre, The Washington Post avance que l'équipe de frappe saoudienne qui a assassiné Jamal Khashoggi fait partie d'une force d'action rapide dirigée par la cour du royaume ; celle-ci est déjà constituée depuis 18 mois pour chasser et kidnapper les dissidents du royaume à l'étranger et en Arabie saoudite103. Nombreux sont ceux qui restent détenus dans les prisons secrètes du royaume pour y être interrogés.

Le 5 décembre, un procureur turc émet deux mandats d’arrêt contre deux responsables saoudiens, proches de Mohammed ben Salmane, Ahmed Assiri et Saud al-Qahtani impliqués dans le meurtre de l'éditorialiste saoudien104,105.

Le 26 janvier 2019, l'ONU ouvre une enquête sur l'assassinat du journaliste dont les conclusions et préconisations seront présentées au Conseil des droits de l'homme de l'ONU lors de la session de juin 2019106. Le 28 janvier, la rapporteure spéciale des Nations unies, Agnès Callamard, arrive en Turquie107. Le 7 février, elle accuse des officiels saoudiens d'avoir commis l'assassinat108.

Le 14 février, les médias turcs révèlent qu'un complice turc aurait aidé à se débarrasser du corps, qui aurait été brûlé109.

Le 15 mars, l'Arabie saoudite rejette des appels internationaux à une enquête internationale110.

Le 18 mars, The New York Times révèle que le chef du commando aurait réclamé une « prime de performance » à ses supérieurs111. Le prince héritier aurait également avalisé une campagne d'enlèvement, de torture et d'assassinat d'opposants112.

Le 28 mars, Callamard recommande à l'Arabie saoudite des procès publics pour les accusés pour des raisons de transparence113.

Le 29 mars, le Washington Post révèle que les membres du commando saoudien qui a exécuté Jamel Khashoggi avaient participé à une formation aux États-Unis114,115.

Le 2 avril, The Washington Post révèle que le régime saoudien aurait indemnisé la famille du journaliste sous forme de maisons et de plusieurs millions de dollars116.

Le 4 avril, on apprend que des diplomates français, américains, britanniques, russes et turcs assistent aux procès117. Assiri a comparu mais pas Qahtani118.

Le 19 avril, deux personnes accusées d'espionnage au profit des Émirats arabes unis et de complicité dans l'assassinat sont arrêtés en Turquie119. L'un d'eux se suicide le 29 avril en prison120.

Liste des membres du commando saoudien

Les presses turque et américaine publient la liste des quinze membres du commando saoudien accusé d'avoir perpétré l'assassinat121,122,123 :

  • Maher Abdelaziz Mutreb (47 ans) (arabe : ماهر عبد العزيز مطرب) : agent de Mohammed ben Salmane, visible sur plusieurs photos avec ce dernier, il serait le chef du commando124 ;

  • Salah Mohammed Al-Tubaigy (47 ans) (arabe : صلاح محمد الطبيقي) : médecin légiste, responsable de la médecine légale au département de la sécurité générale d'Arabie saoudite, président de l'ordre saoudien des médecins légistes et membre de l'association saoudienne de médecine légale, celui qui aurait démembré le journaliste ;

  • Abdelaziz Mohammed Al-Hasawi (31 ans) (arabe : عبد العزيز محمد الحساوي) : membre de la garde royale ;

  • Thaer Ghaleb Al-Harbi (39 ans) (arabe : ثائر غالب الحربي) : membre de la garde royale, promu l'année passée au rang de lieutenant pour sa bravoure dans la défense du palais du prince Mohammed ben Nayef à Djeddah 125 ;

  • Mohammed Saad Al-Zahrani (30 ans) (arabe : محمد سعد الزهراني) : membre de la garde royale ;

  • Meshal Saad Al-Bostani (31 ans) (arabe : مشعل سعد البستاني) : membre de l'armée de l'air, décédé dans un accident de voiture le 18 octobre66 ;

  • Naif Hassan Al-Arifi (32 ans) (arabe : نايف حسن العريفي) : membre des forces spéciales ;

  • Moustapha Mohammed Al-Madani (57 ans) (arabe : مصطفى محمد المدني) : officier des services secrets, doublure physique de Jamal Khashoggi quittant le consulat saoudien par la porte de derrière, habillé avec les vêtements de Khashoggi, ses lunettes, portant une fausse barbe et une paire de chaussures différentes. Le même homme est filmé à la Mosquée bleue afin d'essayer de montrer que Jamal Khashoggi aurait quitté le consulat vivant126,127,128 ;

  • Mansûr Othmân Abahussein (46 ans) (arabe : منصور عثمان أباحسين) : militaire, membre des services secrets ;

  • Waleed Abdallah Al-Shehri (38 ans) (arabe : وليد عبد الله الشهري) : membre de l'armée de l'air ;

  • Tourki Moucharraf Al-Shehri (36 ans) (arabe : تركي مشرف الشهري) : pas d'information ;

  • Fahad Shabib Al-Balawi (33 ans) (arabe : فهد شبيب البلوي) : membre de la garde royale ;

  • Saïf Saad Al-Qahtani (45 ans) (arabe : سيف سعد القحطاني) : agent de Mohammed ben Salmane ;

  • Khaled Aedh Al-Taibi (30 ans) (arabe : خالد عايض الطيبي) : membre de la garde royale ;

  • Bader Lafi Al-Otaibi (45 ans) (arabe : بدر لافي العتيبي) : pas d'information.

Le 23 décembre 2019, cinq d'entre eux sont condamnés à mort129. Le 7 septembre 2020, leur peine est commuée en vingt ans de prison130. Un total de huit personnes liées au meurtre ont été condamnées à la prison. Leurs peines allant de 7 à 20 ans. L'Arabie saoudite n'a pas divulgué leurs noms.

En décembre 2021, un ancien membre de la Garde royale d’Arabie saoudite, Khalid al-Otaibi, soupçonné d'implication dans le meurtre de Khashoggi, est arrêté à l'aéroport Charles de Gaulle à Paris131.

Dans le consulat

Un enregistrement audio d'écoute d'une durée de 15 minutes est réalisé au consulat, un quart d'heure avant l'arrivée de Jamal Khashoggi dans l'établissement. Il décrirait comment l'équipe saoudienne va procéder à l'exécution. Celle-ci est minutieusement agencée. Chacun se voit rappeler sa mission respective lors de la réunion préparatoire (origine : renseignement turc)132. «Nous lui dirons que nous allons l'emmener à Riyad. S'il refuse, nous le tuerons ici et nous nous débarrasserons du corps », selon l'enregistrement des propos de Maher Mutreb à Muhammed al-Tubaigy, deux des principaux responsables de l'escouade[réf. nécessaire].

Un enregistrement audio d'écoute réalisé dans l'enceinte diplomatique à l'arrivée de Jamal Khashoggi. Il témoigne que le journaliste est appréhendé immédiatement après son entrée dans l'édifice par 4 membres de l'unité A de l'équipe de choc. Une querelle survient dans le département visas du consulat gravée durant 7 minutes d'enregistrement. Le journaliste est alors conduit par les assaillants vers l'unité B, qui l'attend dans le département administratif ; des bruits de querelle verbale, de lutte physique, de coups et de torture sont alors perceptibles dans la suite de l'enregistrement d'une durée de 4 minutes. Jamal Khashoggi est enfin conduit dans l'unité C, le bureau du consul, localisé au deuxième étage. Il lui est demandé d'envoyer un message à son fils Salah : "Mon fils, je suis à Istanbul. Ne t'inquiète pas si tu ne reçois pas de mes nouvelles pendant quelque temps".[réf. nécessaire] Jamal Khashogi refuse. Les tueurs couvrent alors la tête de Jamal Khashoggi d'un sac plastique jusqu'à ce qu'il décède quelques minutes plus tard (première bande audio - origine : renseignement turc)132,133. La bande son enregistre ensuite des bruits de scie qui confirment que le corps du journaliste a été démembré134. La transcription de l'enregistrement indique en clair qu'il ne s'agit pas d'une tentative d'appréhender Jamal Khashoggi qui aurait mal tourné, mais bien de l'exécution d'un plan prémédité pour exécuter le journaliste, où Riyad est tenu informé à chaque étape de son déroulement135. Cet enregistrement audio d'une durée totale de 11 minutes sera suivi d'un silence d'une heure et quart, au cours duquel les services de renseignement turcs suspectent le recours à des brouilleurs de fréquences par l'équipe de frappe saoudienne . On entend alors trois fonctionnaires saoudiens descendre les escaliers, l’un d’eux verrouiller la porte de l’unité A et l’autre effacer les images de la caméra de sécurité avant de retirer les disques durs133.

L'enregistrement des appels internationaux donnés par l'équipe de choc pendant le meurtre de Jamal Khashoggi afin de décrire le déroulement durant l'opération très violente134 : 19 appels sont émis depuis le bureau du consul, le premier a lieu seulement 13 minutes après l'entrée de Khashoggi dans l'enceinte diplomatique. Il a pour origine Mutreb, le leader de l'équipe de frappe du consulat. Celui-ci appelle Saoud al-Qahtani en Arabie saoudite (seconde bande audio - origine : renseignement turc)132. Qahtani s'est servi du Centre d'études et de relations avec les médias de la cour royale (CSMARC), le département des médias de la cour, pour organiser le meurtre (origine : document CIA)136.

En Arabie saoudite

La détection d'au moins onze messages envoyés par le prince héritier Mohammed ben Salmane à son proche conseiller Saoud al-Qahtani, qui supervise l'opération turque, dans les heures qui précèdent et celles qui suivent l'assassinat (origine : CIA)137. La CIA déclare ignorer le contenu des messages, mais affirme avec un degré de certitude « moyen à élevé » que le prince « ciblait personnellement » Khashoggi et « a probablement ordonné sa mort »138,139.

La suite de l'enquête révélera que les services de renseignement saoudiens ont aussi procédé à des écoutes, dès les mois qui précèdent l'assassinat de Jamal Khashoggi. Les messages privés de l'opposant sur WhatsApp devaient être lus en direct par les services de renseignement du royaume. L'examen du téléphone portable du dissident saoudien Omar Abdulaziz résident au Canada, avec lequel Jamal Khashoggi a échangé durant l'année précédant son élimination, montre qu'il a été piraté par un logiciel espion de niveau militaire, c'est-à-dire considéré comme une arme en raison de ses capacités très intrusives, dénommé Pegasus. Ce logiciel espion est développé depuis 2010 par la société israélienne NSO Group140. Le mouchard informatique a été déployé à la demande du gouvernement saoudien, affirme Bill Marczak, chercheur du Citizen Lab de l'Université de Toronto141,142. Ce seront près de 400 messages échangés entre Omar Abdulaziz et Jamal Khashoggi qui seront interceptés. À la lecture des messages, Jamal Khashoggi débat sur un ton beaucoup moins retenu que lors de ses interventions publiques. Mohammed ben Salmane y est décrit comme une « bête », un « Pac-Man » qui dévore tout sur son passage, y compris ses partisans. Le contenu des échanges porté à la connaissance des services saoudiens pourrait avoir été un mobile du meurtre, en particulier l'intention du duo de créer un mouvement de protestation en ligne de la jeunesse saoudienne, une « armée électronique ». Ce mouvement devait faciliter la dénonciation sur les réseaux sociaux des exactions, atteintes aux droits de l'homme du royaume, et contrer la propagande d'État143,141. Le programme du duo prévoyait l'envoi de cartes SIM étrangères aux dissidents retournant en Arabie saoudite, afin qu'ils puissent tweeter sans être repérés ; il devait être assorti d'un soutien financier avec l'argent collecté auprès de riches donateurs. Ils apprendront la mise au jour de leur plan par les officiels saoudiens au début du mois d'août 2018, mais sans en connaître l'origine de façon certaine. À cette époque, ils témoignaient déjà de leur préoccupation141. En 2017, l'Arabie saoudite aura dépensé 55 millions d'USD pour l'utilisation du logiciel de cyberespionnage selon des sources journalistiques israéliennes. Cette somme aura été utilisée tant pour combattre l'extrémisme que les dissidents du Royaume à l'image de Khashoggi140,144.

Réactions

Dessin de l'agence de presse iranienne Fars news.

Les réactions des pays occidentaux sont mesurées afin de préserver leurs relations économiques et militaires avec le royaume saoudien145. Certains médias soulignent le contraste entre l'ampleur des réactions des puissances occidentales dans l’affaire Skripal, qui a conduit à la plus grande expulsion de diplomates russes de l’Occident depuis la fin de la guerre froide et leur retenue vis-à-vis de l'Arabie saoudite à propos du cas « plus choquant et prouvable » du journaliste assassiné Jamal Khashoggi146.

Le 12 octobre, Donald Trump, le président américain, fait savoir qu'il estime que l'Arabie saoudite serait impliquée dans la disparition du journaliste. Il annonce également que si cela est prouvé, les États-Unis réagiraient en « infligeant un châtiment sévère » aux autorités saoudiennes, mais exclut toute limitation des ventes d’armes au royaume wahhabite147,148. Le 15 octobre, celui-ci formule l'hypothèse de tueurs hors de contrôle149. Le 20 octobre, il dit juger les explications saoudiennes crédibles et déclare « préférer que nous n'utilisions pas, comme représailles, l'annulation de l'équivalent de 110 milliards de dollars de travail, ce qui veut dire 600 000 emplois »150.

Le 16 octobre 2018 à Riyad, rencontre entre le secrétaire d'État américain Mike Pompeo et le prince saoudien Mohammed ben Salmane pour discuter du cas Khashoggi.

Plusieurs manifestations de protestation ont lieu, notamment le 10 octobre devant l'ambassade d'Arabie saoudite aux États-Unis151.

Le 23 octobre, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, confirme l'essentiel des révélations de la presse, ajoute que l'assassinat était « politique, était planifié », et appelle à juger les coupables en Turquie152. Le 24 octobre, le prince Mohammed ben Salmane qualifie les faits de « crime haineux qui ne peut être justifié »153.

Le 26 octobre, Hatice Cengiz, la fiancée de Khashoggi, appelle à punir les responsables154.

Avenue Khashoggi improvisée devant la Maison-Blanche.

Le 14 novembre, la Turquie réclame une enquête internationale155, prérogative qui revient à l'un ou l'autre des deux pays. L'Arabie saoudite refuse une telle enquête156. Le 16 novembre, une prière funéraire rassemblant des dizaines de milliers de fidèles a lieu en son honneur à Istanbul157.

Le 20 novembre 2018, Donald Trump reconnait qu'il « se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique – peut-être et peut-être pas »158. Cependant, un peu plus tard, il affirme que la CIA n'a « rien trouvé d'absolument certain »159. Il affirme que même si le prince héritier était au courant du meurtre de Jamal Khashoggi, cela ne remettrait pas en cause l'alliance entre Washington et Ryad. À la question d’un journaliste qui lui demandait jeudi qui, selon lui, devrait être tenu pour responsable de la mort de Khashoggi, il répond : « Peut-être que le monde devrait être tenu pour responsable, parce que le monde est un endroit féroce »160.

Le 23 novembre, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, accuse Trump de vouloir « fermer les yeux » au sujet de l'affaire161.

Le 11 décembre, le magazine américain Time nomme personnalité de l'année 2018 plusieurs journalistes tués ou emprisonnés durant l'année 2018 dont Jamal Khashoggi162.

En Arabie saoudite, l’assassinat de Jamal Khashoggi est peu évoqué, le pouvoir rappelant que le fait de « répandre des rumeurs » et des « fake news » est passible de cinq ans de prison. La version officielle présente la disparition de Khashoggi comme étant soit une opération de « l’État profond » turc, soit un stratagème visant à salir la réputation de la monarchie, soit encore une conspiration des Frères musulmans163.

Le 30 décembre 2018, un livre est publié sur l'assassinat de Jamal Khashoggi par deux journalistes turcs du Daily Sabah, intitulé « Diplomatic Atrocity: The Dark Secrets of the Khashoggi Murder »164,165.

En juin 2019, l'ONU indique avoir des « preuves crédibles » impliquant le prince héritier saoudien au meurtre de Jamal Khashoggi166. Le rapport de l'ONU, mené par la Rapporteure spécial des Nations unies Agnès Callamard, conclut à la responsabilité de l'Arabie saoudite, en tant qu'État, dans l'assassinat de Jamal Khashoggi, et appelle la communauté internationale à mettre le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman sous sanctions, en gelant notamment ses avoirs personnels à l'étranger167. Selon Agnès Callamard : « L'opération contre M. Khashoggi doit être comprise en relation avec une campagne organisée et coordonnée contre des journalistes, des femmes activistes, des princes et des hommes d’affaires. Au minimum, le prince héritier a cautionné ce comportement et permis la répétition et l’escalade de ces crimes. Il n’a pris aucune mesure pour prévenir ou punir les responsables. Le prince héritier a volontairement pris le risque que d’autres crimes, tels que l’assassinat de M. Khashoggi, soient commis, qu’il ait ou non ordonné directement le crime en question »167. Le 25 juin, celle-ci participe à une table ronde avec la fiancée du journaliste et réclame une enquête internationale168.

Le 26 septembre 2019, la chaîne PBS a dévoilé un extrait d'un documentaire dans lequel Mohammed ben Salmane a, pour la première fois, assumé la responsabilité du meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en disant : « C'est arrivé sous ma direction. J'assume toute la responsabilité, parce que c'est arrivé sous ma direction ». Le documentaire complet sera diffusé le 1er octobre, la veille du premier anniversaire de la mort de Khashoggi, sur PBS169.

En hommage à Jamal Khashoggi, une stèle a été installée en face du consulat saoudien d'Istanbul170.

Analyses

Selon la journaliste Christine Ockrent, cet assassinat « porte la marque de MBS », ce qui concorderait avec son tempérament et ses méthodes brutales171.

Pour Karim Sader, spécialiste des pays du Golfe, « cette affaire témoigne de la nervosité et de l’agressivité du prince héritier ainsi que de la brutalité de ses méthodes, et un tel excès de confiance ne peut venir que du sentiment d’impunité que lui procure le blanc-seing américain172 ».

Selon David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l'Institut français d'analyse stratégique (IFAS), « les personnes qui ont été destituées sont des gages qui sont donnés à l'administration Trump pour proposer une version crédible. Ceux qui sont formellement incriminés sont juste en dessous du prince héritier »173.

D’après Daniel Shapiro, membre de l'Institut israélien d'études stratégiques, l'assassinat de Khashoggi serait « un désastre pour Israël ». Selon lui, « ce meurtre, au-delà de son immoralité, montre le manque de fiabilité de l'Arabie saoudite dirigée par MBS (Mohammed ben Salmane) en tant que partenaire stratégique ». Il ajoute qu’Israël est confrontée à une nouvelle réalité : l'Arabie saoudite est devenue le maillon faible de la coalition régionale anti-Iran en raison de l’impulsivité, de l’imprudence et du manque de fiabilité du prince héritier, son dirigeant de facto174.

Un grand nombre de journaux rappellent les affaires embarrassantes qui jettent une ombre sur la personnalité du prince ben Salmane, allant de la guerre au Yémen à l’assassinat d’un journaliste, en passant par la « prison dorée » du Ritz-Carlton, sans oublier la détention du président du Conseil libanais Saad Hariri175,176.

De nombreux journaux177, comme le quotidien espagnol El Mundo et l'écrivain et poète marocain Tahar Ben Jelloun, font la comparaison entre la disparition de Jamal Khashoggi et celle du Marocain Mehdi Ben Barka, homme politique marocain, enlevé et disparu en 1965 dans des conditions très mystérieuses178,179.

Le dissident saoudien Omar Abdulaziz, réfugié au Canada et avec lequel Jamal Khashoggi a correspondu régulièrement pendant une année, pense devoir la vie sauve au fait d'avoir écouté le conseil de prudence de Jamal Khashoggi. Faute de le respecter lui-même, il lui en coûtera la vie141. Au cours de la visite de deux émissaires du gouvernement saoudien au Canada en mai 2018, Omar Abdulaziz rapporte que ceux-ci ont tenté de le persuader de retourner au Royaume. Ils ont aussi insisté pour qu'il se rende à l'ambassade saoudienne d'Ottawa pour y récupérer des documents. Sur les remarques de Jamal Khashoggi, il n'en fera rien : « ll m'a dit de ne pas y aller et de ne les rencontrer que dans des lieux publics ». Le 2 octobre, Jamal Khashoggi franchissait la porte de son consulat d'Istanbul pour un funeste destin.

Le 9 février 2019, l'opacité entretenue par les autorités saoudiennes autour du procès devant une cour pénale à Riyad des 11 suspects du commando d'Istanbul fait craindre qu'elles se refusent à éclaircir le scandale, et à mettre en place des mesures qui empêcheraient une répétition de faits semblables180. La date des audiences n'est pas divulguée, elles sont à huis-clos, le bureau du procureur général ne publie pas de communiqué après l'audience180. Par ailleurs les noms des onze suspects dont cinq sont passibles de la peine capitale à la requête du procureur général saoudien n'ont jamais été divulgués, ni même ceux de leurs avocats181. On ignore si les suspects sont détenus durant leur procès et à quel endroit ils seraient détenus.

Postérité

En 2020, un documentaire sur l'assassinat de Khashoggi et le rôle joué par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a été réalisé par un réalisateur et producteur oscarisé, Bryan Fogel. Cependant, il a fallu huit mois à Fogel pour trouver un service de streaming pour The Dissident, qui a été diffusé par une société indépendante.

Références

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  • « Turkey says journalist Khashoggi 'killed at Saudi consulate' », France 24,‎ 7 octobre 2018 (lire en ligne [archive]).

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  • (en) Abu-Nasr Donna, « Who Was Jamal Khashoggi? A Saudi Insider Who Became an Exiled Critic », Bloomberg,‎ 10 octobre 2018 (lire en ligne [archive]).

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  • « Khashoggi: la police va également fouiller la résidence du consul saoudien », Al HuffPost Maghreb,‎ 16 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 16 octobre 2018).

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  • (en) Gul Tuysuz, Salma Abdelaziz, Ghazi Balkiz, Ingrid Formanek et Clarissa Ward, « Surveillance footage shows Saudi 'body double' in Khashoggi's clothes after he was killed, Turkish source says », CNN, Istanbul,‎ 23 octobre 2018 (lire en ligne [archive du 23 octobre 2018], consulté le 23 octobre 2018).

  • (en) Clarissa Ward, « Who are the Saudi suspects in the Khashoggi case », CNN/Youtube,‎ 22 octobre 2018 (lire en ligne [archive]).

  • « Affaire classée », Courrier International, no 1558,‎ 16 septembre 2020, p. 7

  • « Khashoggi: des messages renforcent les soupçons sur le rôle du prince | Moyen-Orient », La Presse,‎ 1er décembre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 3 décembre 2018).

  • « Les Occidentaux prudents sur l'affaire Khashoggi pour ménager Riyad », L'Orient-Le Jour,‎ 12 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 14 octobre 2018).

  • « Khashoggi: Trump promet un "châtiment sévère" si Ryad est responsable », Al HuffPost Maghreb,‎ 13 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 14 octobre 2018).

  • « Affaire Khashoggi : Riyad nie toute intention de « tuer » ; Trump promet un « châtiment sévère » », Le Monde,‎ 12 octobre 2018 (lire en ligne [archive]).

  • « Mort de Jamal Khashoggi : Trump dit juger les explications saoudiennes crédibles », L’Orient le Jour,‎ 22 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 22 octobre 2018).

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  • Hélène Coutard, « Le feu d'Hatice », Society n°146, décembre 2020 - janvier 2021, p. 44-48.

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  • « Guerre au Yémen, "prison dorée", journaliste tué… les encombrants dossiers de Mohammed ben Salmane », Sud Ouest,‎ 20 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 22 octobre 2018).

  • « Tahar Ben Jelloun compare la disparition de Jamal Khashoggi à celle de Mehdi Ben Barka », Al HuffPost Maghreb,‎ 15 octobre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 17 octobre 2018).

  1. « Jamal Khashoggi case: All the latest updates » [archive], sur www.aljazeera.com (consulté le 9 février 2019).

Bibliographie

  • (tr) Hatice Cengiz, Cemal Kaşıkçı, éditions Kopernik, 2019.

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Adnan Khashoggi

Homme d'affaires





Adnan bin Mohammed bin Khalid Khashoggi, né le 25 juillet 1935 à La Mecque et mort le 6 juin 2017 à Lambeth, est un homme d'affaires saoudien d’origine turque et syrienne. Il a été célèbre pour son style de vie flamboyant et ses contrats d'armement qui lui rapportèrent de confortables commissions. Wikipédia

Date/Lieu de naissance : 25 juillet 1935, La Mecque, Arabie saoudite

Date de décès : 6 juin 2017, Devonshire Diagnostic Centre, Londres, Royaume-Uni

Épouse : Soraya Khashoggi (m. 1961–1974)

Enfants : Nabila Khashoggi, Omar Khashoggi, Hussein Khashoggi, Ali Khashoggi, Khalid Khashoggi, Mohammed Khashoggi

Petit-enfant : Spartan Daggenhurst

Parents : Muhammad Khashoggi, Samiha Ahmed

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