pourquoi
avoir parlé à Versailles et non à Antalya ? à nos élus à qui le
gouvernement peut dès maintenant proposer quelques additions à un arsenal
juridique déjà si copieux et non au pays en lui rapportant ce qu’en son nom
vous auriez à vos pairs réunis – justement – à propos de la Syrie et de l’ensemble
de cette région et de ce que nos cécités en « Occident » ont laissé
s’éveiller et s’organiser depuis quinze ans ? ou cinquante ans ? ce
que vous auriez imposé, parce que notre sang sur vous, notre représentant,
aurait fait taire analyses, calculs et atermoiements. Plus que le combat ou la
résistance, retenus et combinés, un esprit nouveau susciter le plus audacieux
comme ce fut le cas face aux totalitaires pendant la Seconde guerre
mondiale : la guerre déjà était spirituelle.
Thèmes,
lieux, ton et auditeurs-même d’une parole qu’exigent les circonstances et
l’agression, combien je les ai regrettés en vous écoutant à la radio, tout à
l’heure : je rentrais d’avoir donné à Nantes un cours en université sur le
droit de l’économie numérique.
Combien j’ai
regretté que vous confirmiez le cours ordinaire de nos politiques et des
carrières et habitudes qui vont avec en confirmant le Premier ministre et les
principaux ministres dans leur rôle de faiseur de textes et d’inspection des
forces de sécurité, au lieu de dépasser les banales suggestions que vous avez
entendues tout dimanche de la part des principaux chefs de mouvements. Au lieu
d’imposer l’union nationale en forçant la désignation d’un Premier ministre et
d’un gouvernement de consensus.
Il s’agit de
force d’âme et ce qui nous menace n’est pas tant le terrorisme que l’abandon
par une majorité des Français de tout ce dont la politique devrait répondre. Ni
la peur ni le dégoût : l’éloignement.
Cette union
totale, manifestée par un gouvernement de psychologie nationale, dirigé par une
autorité morale reconnue, quoique ceux qui en porte une soient devenus rares,
ou plutôt très difficile à trouver puisque toute notre vie publique étouffe la
spontanéité, l’imagination et le vote de conscience, la participation- même.
J’ai pensé au président Valéry Giscard d’Estaing, mais vous-même et le pays – à
réfléchir en ce sens – pouvez trouver d’autres noms, voire un quasi-inconnu,
peut-être même quelqu’un ayant l’habitude et le métier de la chose militaire.
Entretenant
des moyens votre Secrétaire général, à qui je confie la lettre que je vous
écrivais à l’anniversaire de l’armistice de 1918, notre immense victoire, et
maintenant celle-ci, j’ai simplement recommandé tout ce qui peut ouvrir à une
représentation sincère du pays et donc exorciser les faux débats dont les
scores supposés du Front national résument l’ensemble. Ce mouvement comme tous
les autres, convié à un gouvernement d’union. L’exigence désormais d’un quorum
de participation pour que soit valide n’importe quel scrutin public, en
enceinte délibérative ou en élection et referendum au niveau national ou local.
L’instauration du vote blanc pour que ceux – la majorité d’entre nous – qui ne
veulent aucun des trois candidats, jusqu’à présent certains, pour la bataille de
2017, passéiste au possible si elle n’oppose que vous, votre prédécesseur et
celle que vous espérez tous deux être votre faire valoir, puissent se
manifester librement et explicitement. Et dans l’élan et la nécessité des
circonstances affreuses de vendredi 13, dans le souffle d’un gouvernement très
peu nombreux (les directeurs d’administrations centrales dirigés collégialement
par les quelques ministres que vous aurait inspiré le consensus, peuvent mieux
commander en votre nom nos moyens d’Etat qu’une flopée de sous-secrétaires
d’Etat), la représentation proportionnelle peut s’instaurer et son pari
signifier la confiance en nous-mêmes d’une votation de maturité. La question du
Front national comme nos débats sur la garde des frontières intérieures dans l’Union
européenne et toutes les phobies, tous les racismes, toutes les minuscules
provocations en droit du travail, en économie du commerce, en gestions sociales
tripartites peuvent se dissoudre si le pays – à l’appel de son principal élu,
vous – est réorganisé politiquement comme il le souhaite et en a besoin.
L’union
nationale évidente enfin par une ouverture à tous du gouvernement et de
l’élection, la table faite rase des gestuelles politiques, un plan débattu et
adopté pour le moyen terme à la manière de ceux qui nous firent reprendre
possession de notre économie et de notre société de la Libération à la fin du
siècle dernier, la France – présidée par vous jusqu’au printemps de 2017- peut
imposer des évidences à ses partenaires de l’Union européenne : la
démocratie et la visibilité de qui l’incarne par la désignation d’un président
au suffrage direct de tous les Européens, une défense commune et indépendante
en moyens et en stratégie, y compris pour l’arme nucléaire. L’élection
présudentielle chez nous, dans plus très longtemps, et les délibérations
européennes prendraient un autre cours. Ce serait un esprit nouveau qui serait
constaté et ratifié, plutôt que de jouer des rôles convenus dans les rencontres
« au sommet » ou à la roulette russe aux élections nationales.
Le monde a
besoin de repères. Vous avez évoqué notre rayonnement et notre magistère. Ce
n’est pas à nous de le proclamer mais aux autres d’y faire appel ou de le
reconnaître. Le méritons-nous actuellement, selon l’apparence que nous donne
notre « vie politique » ?
Je pleure –
comme nous tous et comme vous – nos morts en opérations à l’extérieur et au
cœur de notre capitale, victimes les uns du devoir, les autres tout simplement
de leur vie et de leurs loisirs habituels. Mais je pleure plus encore que votre
réflexion et votre bonne volonté ne vous fassent toujours pas voir ce qu’il
faut – vitalement – que vous instauriez : un gouvernement et une action
correspondant à une époque aussi périlleuse et complexe, à un délitement de ce
qui traditionnellement nous a constitués, nous Français, et ce que voulaient
les initiateurs de l’entreprise européenne dans tout notre Vieux Monde.
La jeunesse
n’a pas d’âge, elle est partout conviée à ne pas être et à ne rien produire.
Il est si
utile et tellement possible que le pays, et par lui, et par-dessus les
gouvernants et toutes habitudes ou craintes, l’ensemble de nos partenaires
européens, viennent enfin à l’urgence : changer totalement les ambiances
de nos vies publiques et internationales. La résolution ne serait plus du côté
des assassins, des fous, des autistes, elle serait nous. Possédés de justice et
d’idéal. Les répressions et les précautions puisqu’il en faut, iraient de soi.
Quant à la ressource humaine, désignée par cette ardeur d’âme recouvrée, elle
n’est pas les réservistes, mais la nation mobilisée par l’instauration d’un
service national universel, garçons et filles, qui sera autant militaire que
civique, vécu autant chez nous qu’avec les autres peuples européens, et chez
eux, toute une génération ensemble en un brassage et selon un esprit de défense
commune, sans précédent historique.
De fortes
manifestations du changement de cours sont à votre portée et attendent votre
initiative. Réfléchissant comme vous l’avez dit à nos élus nationaux, puissiez-vous
accueillir ma contribution. Je crois qu’elle exprime le souhaitable, le
possible. Voir et vivre grand, nous le voulons, vous le pouvez. Ne nous bridez
pas.
(2ème livre des Maccabées VI 18 à 31) : il laissa ainsi, non seulement à la jeunesse mais à
l'ensemble de son peuple, un exemple de noblesse et un mémorial de vertu.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire