Permettez-moi, cher ami, Monsieur le Secrétaire
général, d'opiner sur le discours du chef de l'Etat. J'ai pu l'entendre
en direct à la radio à partir de 16 heures 14, sortant juste d'un cours
en université à Nantes. J'avais d'ailleurs testé sur "mes" étudiants
l'analyse et les mesures que mon dernier courriel évoquait pour vous et
donc pour le Président.
Un discours de guerre doit être court et il doit caractériser le conflit
et ses enjeux. La France a eu l'honneur d'en donner le genre. Et le 22
Avril 1961 les quelques minutes qui eurent raison du putsch étaient bien du même "tonneau" grand crû que le 18 Juin 1940.
Des formules certes ont été heureuses, mais le texte a mélangé des
mesures qu'un communiqué de l'Elysée, ou concluant un nouveau conseil
des ministres dans la journée d'hier, aurait suffi à exposer. Un projet
de révision constitutionnelle se justifie par l'exposé de ses motifs, il
pouvait se déposer demain sur le bureau de l'Assemblée, le Conseil
d'Etat ayant eu la journée d'aujourd'hui pour l'examiner.
A qui s'adressait le Président ? Aux parlementaires ? - j'ai combattu
(comme le groupe socialiste) la révision constitutionnelle de 2008,
arguant notamment qu'on allait vers une énième dérive de notre régime :
le Président dans l'enceinte des élus et son intervention suivie d'un
débat, ce que depuis Thiers la logique d'une séparation des fonctions
présidentielle et gouvernementale imposait, et le Président déclarant
assumer personnellement des choix budgétaires (au demeurant louables). A
nos partenaires étrangers ? notamment en invoquant les devoirs de
solidarité imposés aussi bien par le traité de Lisbonne (2007)que par
celui de Washington (1949), mais alors de quel poids aurions-nous pesé,
et quelle emprise en logique et en émotion aurait exercée le Président
sur ses pairs si - au lieu d'une séance versaillaise tout à fait
facultative - il était allé à Antalya et sur place avait imposé au grand
aréopage cette coalition concrète à souder immédiatement pour marcher
avec tous moyens sur l'Etat islamique. Tous ils étaient là, les
attentats du 13 nous donnaient la présidence morale, l'initiative de
l'union et la responsabilité du suivi. Coincidence, là-bas, Obama
discourait en même que nous écoutions Versailles par nos médias.
Une diplomatie efficace ne dit pas à l'avance urbi et orbi ses
objectifs, encore moins ses demandes, notamment de nouvelles tolérances
en matière budgétaire à Bruxelles.
Je constate que la pétition du rassemblement et de l'unité n'est qu'une
incantation. Le Premier ministre, les ministres de la Défense, de
l'Intérieur et de la Justice ont été confirmés es qualités et ont reçu
leur tâche. Pas d'allusion aux consultations d'hier et aux suggestions
alors reçues. Où est la rupture montrant au pays que les politiques ont
compris le danger qui est bien moins le terrorisme que le détachement
citoyen de notre vie collective si elle reste encadrée et parlée comme
elle l'est depuis des années, et de plus en plus. " La vie politique
doit reprendre ses droits ", la formule m'attriste : revenons à nos us
et coûtumes.
Bien plus qu'une occasion qui se manque - plaise à Dieu qu'il ne s'en présente pas de nouvelles - c'est une analyse de la situation psychologique du pays et des Français qui me semble manquée.
Accessoirement, il est avéré que l'armement de l'Etat islamique s'est
fait sur stocks américains en quelques semaines. Est-il inimaginable
qu'un jour ? avant peu ? nos Rafale voient voler contre eux d'autres Rafale
"piqués" à nos acheteurs qui jouent tous double jeu. Ce dont Israël
donne l'exemple paradoxal : ravitaillé par du pétrole venant des
territoires de l'Etat islamique et acheté donc à prix cassé.
Stratégiquement, je regrette que le courage, la constance et l'identité
nationale des Kurdes ne soient pas salués. Car la coincidence a été
totale entre la défaite de Daech au Sindjar et les attaques dans Paris.
La ressource humaine ? bien davantage que les réservistes, le service
universel garçons et filles institué par nous et demandé à l'ensemble de
nos partenaire de l'Union avec amalgame des nationalités pour une
partie de la durée de ce service.
Mais tant que le Président exerce les fonctions que son élection lui a conférées, le changement reste possible. Je ne cesse de le souhaiter et - avec déférence - d'en suggérer les termes.
Chaleureuses pensées.
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