Mardi 20Décembre 2011
La femme, les femmes, rien de sui generis mais se vérifiant chez beaucoup de celles que j’ai rencontrées in vivo, de lecture, de prière car Marie l’est aussi, oui, maîtresses de vie plus par grâce et en fait par amour, que par nature. Sans doute, sont-elles plus perméables à Dieu quoique, souvent, l’exprimant très différemment de ce à quoi l’homme, moi en l’espèce, presque chaque jour, s’attend. Marguerite et ma femme, deux versions. Leçon répétée si souvent mais le présent est sans mémoire qui nous fait chaque fois tressaillir de bien plus que de joie : de vie. Les paysages intérieurs, si successifs, si oppressants quand – comme la nuée – on en est, de l’intérieur, enveloppés ou plutôt gonflés à se perdre ou éclater. De la déprime aux suggestions de la machinalité, quelque chose nous meut, souvent très concret, du manuel, un agencement dont le bon sens et les évidences ne frappent qu’ensuite : et l’on se trouve dans un autre paysage, porté, tranquille, allant. Encore un autre enseignement, c’est en les fixant au mur, faute de place pour les disposer comme toujours, que je m’aperçois que ces sortes de trémis en lianes ou herbes très fines d’Amazonie ont un envers tricolore de bruns, jaunes et noirs alors que les regardant toujours à l’endroit sans jamais les avoir retournées depuis 1986, je les croyais monocolores.Dernier quartier de lune, ciel couvert d’humidité, ni chouettes ni oiseaux, la nuit encore totale.
La joie de notre cœur vient de lui, notre confiance est dans son nom très saint [1]. Prier ainsi : nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier [2]. Ce n’est pas la prière qui me prépare à la vie, à l’accueil du jour, de ses devoirs, programmes et apparents hasards. C’est la nuit, notre endormissement, notre communion mutuelle, l’énième et toujours nouvelle reconnaissance de nos personnalités, de nos chemins et de nos rencontres qui nous prépare humainement à la prière et nous fait avancer vers elle et son moment. Et comme si souvent ce que j’ai vécu est retrouvé dans les textes du matin. Montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix, car ta voix est douce, et ton visage est beau. Réponse du bien-aimé qui vient ! à la colombe, blottie dans le rocher, cachée dans la falaise, gangue de la vie, course de l’amour, certitude d’une consécration mutuelle, d’une alliance, préparation ultime de notre fille à « sa » première communion : ne laisse pas tes mains défaillir ! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour. Combien souvent et comme beaucoup de nous, et moi parfois, nous nous croyons, je me crois agtessés par les circonstanes, par autrui, lui-même mû par le système et les malfaçons de nos agencements de vie ensemble : société, économie, politique. La réalité est qu’en-deçà ou au-delà de ces agressions, il y a l’initiative dont nous sommes le sujet, la venue d’autrui, la présence extérieure qui me révèle la vie et la capacité de bonheur en moi. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth. Or, quand Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Elle a entendu avant de voir. Alors, Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint. Cette plénitude d’être est plénitude d’habitation : je suis habité pas par mon ronron… Le roi d’Israël, le Seigneur est en toi : tu n’as plus à craindre le malheur. … Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Réponse de la foi, en toute certitude. Cette très jeune cousine, cette enfant encore, une femme mûre, enceinte contre toute prévision et possibilité, en a discerné, contemplé le secret, la destinée, la vérité. Les deux parentes vont partager les derniers mois de l’une et les premiers de l’autre. Le Magnificat, qui vient, est une réponse de la cadette à l’aînée et d’une conscience de soi, qui est reconnaissance de l’œuvre divine, chantera une récapitulation de l’Histoire. Mon bien-aimé a parlé, il m’a dit : « Lève-toi, mon amie, viens, ma toute belle. Car voici que l’hiver a passé. Ainsi soit-il.
Cherchant le psaume dans son commentaire rabbinique, je m’aperçois que j’ai anticipé d’un jour ma lecture, je conserve l’inversion pour mes co-parcourants et prendrai demain ceux d’aujourd’hui. Je ne compile pas, je ne commente pas, je n’ai pas en vue une publication ou une diffsuion, je vis, et suis parfois reçu dans ce cadre qu’est la prière. Je propose en partage, ce n’est que proposition et je comprends davantage ceux qui refusent de me lire que ceux qui y viennent selon leur propre…
fin d’après-midi
Evidemment, la coincidence des nécrologies : Vaclav Havel, l’héroïsme par l’art tel que la politique l’appelle, les circonstances tchécoslovaques faisant d’ailleurs de ce pays (dont je regrette et dont il faut regretter la partition) un exemple historique de la responsabilité collective en Europe depuis deux siècles (l’erreur de François Joseph de n’avoir pas voulu une « triple monarchie » au lieu du seul compromis de 1867 avec la Hongrie, ce qu’allait réparer François Ferdinand… notre lâchage à Munich en 1938… la contagion en pire et en meilleur des changements de 1948 et de 1968) et une évolution plus maîtrisée collectivement pour changer de régime en 1991 qu’ensuite dans des éphémérides intérieurs médiocres. La dynastie des tyrans en Corée du nord, l’appétence héréditaire des conservateurs : Gabon, Togo, Sénégal, Egyte, Tunisie, Syrie… mais aussi dans la vie politique française, une hérédité qui n’est pas nobiliaire et qui n’engendre pas une tradition de devoir et de dévouement… on profite en politique comme au cinéma et dans certains médias d’un nom « déjà fait ».
Le pouvoir égyptien se confirme : il a eu ses génies de charisme ou d’intelligence, Nasser et Sadate. Depuis vendredi, les manifestants d’Al Tahir traités comme ceux de Syrie. Belle chose. Ne reste que la Tunisie, et – jugement suspendu – le processus au Maroc (un « islamiste de Sa Majesté » ou un véritable élu politique, comme Premier ministre).
Le gâchis, lamentable. Strauss-Kahn qui devrait faire retraite, puis posément préparer un ou deux livres : l’international et la France à publier selon les résultats de 2012, va en Chine, grassement payé sans doute, et compare la zone euro à la Méduse (qu’il ne nomme pas faute de culture générale), fait la propagande de l’anglophonie et daube le couple franco-allemand avec justesse, mais cela ne se dit pas, surtout à l’étranger, surtout chez notre principal adversaire du moment. Montebourg n’est pas meilleur, il pouvait être un des principaux du prochain cours, il aura le destin – gâché par méchanceté d’âme plus encore que par ambition – de Mélenchon.
François Fillon réenfonce le clou – avec de bons arguments – pour le nucléaire. Mais quelle est la légitimité du pouvoir actuel, à si brève échéance de son renouvellement ? et tout propos, comme tout voyage en province du président sortant sont évidemment des banderoles électorales, des mises en scène, telles qu’elles vont être comptabilisées en temps de parole et en frais de campagne.
[1] - Le psaume 33 célèbre Dieu en tant qu’être providentiel pour m’humanité entière et pour Israël en particulier. A travers les 22 versets du psaume correspondant aux 22 lettres de l’alphabet, le poète montre que cette providence se manifeste selon sept principes : 1 – justice et droit (verset 5), 2 – création du monde (verset 6), 3 – la parole divine se réalise toujours (verset 11), 4 – élection d’Israël (verset 12), 5 – Dieu connaît tous les hommes (verset 13), 6 – mensonge, que la force humaine (verset 17), 7 – Dieu sauve (verset 9). Sforna (Obadia ben Yakov Sforno, exégète et physicien italien 1470-1550) souligne que Dieu a bien créé l’homme à son image, de telle sorte que toute l’expèce humaine soit spontanément encline à l’adoration de Dieu, mais que l’idolâtrie a étouffé cette tendance. C’est pour remédier à cette tendance que Dieu a choisi le peuple d’Israël et lui a confié la mission de ramener l’humanité au monothéisme ; c’est donc tout naturellement à travers Israël que se manifeste la providence divine. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.
Si quelques maux nous sont envoyés par Dieu, nous les supportons avec patience : Vous avez appris la patience de Job ». Semblablement, nous sommes dans l’attente de ses promesses. Il attend donc celui qui punit et celui qui promet. Et il y a une double raison à cela. L’une est dîe à l’expérience des bienfaits passés ; mais l’autre est dûe à l’espérance des bienfaits futurs. L’expérience des bienfaits est ans l’élévation aux biens. De même, dans la protection des maux. Mais nous espértons la joie future, cest-à-dire sans sa vision. Rt cette joie est ici-bas imparfaite, mais là, c’est—dire dans la Patrie, elle est parfaite. Et cela parce qu’ « en son saint nom, nous avons espéré ». Son saint nom est le nom de sa miésricorde, ce qui revient à dire, nous nous réjouirons dans sa bonté, ou dans sa miséricorde, et non dans nos mérites. – Thomas d’Aquin, Sur les psaumes . traduction par Jean-Eric Stroobant de Saint-Eloy, OSB, préface de Mark D. Jordan (Cerf .Septembre 1996 . 796 pages) – ce tome ne présente que les psaumes 1 à 54 – p. 397
[2] - Cantique des Cantiques II 8 à 14 ; Sophonie III 14 à 18 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Luc I 39 à 45
lundi 19 décembre 2011
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