Vendredi 22 Avril 2011
Prier… hier soir, l’office de la dernière Cène, la nuit rend l’intérieur des églises lumineux et blanc, le blanc-ivoire des ornements sacerdotaux et la ronde des prêtres et du diacre, la bonne cinquantaine des enfants accourant pour la communion puis processionnant pour le reposoir soulignaient cette totalité de l’humanité : vie et mort confondues dans la prière et la réflexion de chacun. Je l’ai ressenti comme jamais, plus mon vieillissement m’avertit quotidiennement de la mort réelle et personnelle, plus grandit et frémit, si gratifiante en moi, la foi en ce dialogue et cet accompagnement de tout homme quand nous passons par la mort, aidés ou pas par nos semblables. Avoir, moi-même, accompagné ce cher… il y a seize mois, et en avoir à son dernier souffle reçu l’assentiment, est un concours inestimable. L’autre est la récapitulation de ma vie, j’ai été et je suis aimé, bien mieux, bien plus et efficacement que je n’ai su et ne saurai jamais aimer. Je ne peux maintenant retenir que les lectures du prophète et de l’apôtre, précédant ce soir celle de la passion selon saint Jean [1]. Je relis par ailleurs, avec la question précise du complot, et aussi celle de l’appréciation des variantes, insistances ou omissions relatives, les quatre évangiles, concluant d’ici demain soir. Question-réponse cependant qui résume tout le destin spirituel de l’humanité : Qui cherchez-vous ? – Jésus le Nazaréen. – C’est moi… Quand Jésus leur répondit : ‘C’est moi’, ils reculèrent, et ils tombèrent par terre. Jésus répond souverainement et complètement de sa personne, et il assume une solitude totale : il l’ordonne. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. – Coincidence qu’une télévision nationale et laïque ne pouvait ou n’a pas eu l’esprit de souligner : hier soir, la diffusion d’extraits d’un procès contemporain devenu rétrospectivement marquant et initiateur d’un nouveau cours, d’un nouveau regard, celui d’Adolf EICHMANN. Les procès sont toujours humains, les prophètes et psalmistes insistent au contraire sur ce que Dieu ne s’y attache pas et n’en entretient pas avec sa créature. – Le Christ, pendant les jours de savie mortelle, a présenté avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé. Je ne suis pas à l’aise dans cette logique, ce lien de cause à effet, encore moins avec cette assertion : Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion. Je ne conçois pas l’apprentissage du Christ par le fouet… ni ce constat : ainsi conduit à sa perfection, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel. Non, Dieu fait homme ne se perfectionne pas par son humanité, il est d’emblée parfait. Il coincide de tout éternité avec le dessein rédempteur du Père, il en est le Verbe et l’outil. Nous ne sommes pas liés à lui par l’obéissance mais par l’amour et la grâce. En revanche, le Christ effectivement nous ouvre tout, précisément parce qu’il est homme et parce qu’il est homme parfait : en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, y compris celle de la tentation, en début de sa vie publique et en conclusion. Chaque fois dans un tourment et dans des dialogues intenses, quoique sans témoin, mais dont il a rapporté la substance à ses disciples pour que les évangiles l’aient retenue. Nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Relation du Christ au Père, notre relation au Christ. On peut appeler cela la mort, et espérer vivre notre mort ainsi. Parce qu’il a connu la soufrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés. Jésus, notre serviteur, bien autrement que de Dieu, puisqu’il est Dieu lui-même, le Christ. Soyez forts, prenez courage, vous tous qui espérez le Seigneur !
matin
Jamais entendu un débat-commentaire aussi à côté que celui de maintenant sur France-Infos. Safran pour Marianne et Triard pour le Figaro, réagissant aux dires d’un Alex Taylor, correspondant à Londres. L’intérêt des Français (ou de leurs médias) pour le mariage royal en Angleterre. – Il ne me paraît pas du tout. – Les Français seraient paradoxaux, coupé la tête du roi mais nostalgie et penchants monarchistes. A preuve, de Gaulle l’a compris et a fait de la Cinquième République, ce qui en est le plus proche. Coupé la tête du roi, mais conservé l’esprit. De Gaulle évidemment, mais François Mitterrand, dit le monarque, ou Jacques Chirac, traité de roi fainéant par son futur successeur. Celui fait la rupture, désacralise, est proche du peuple « cass’toi, pov’con » alors que ses prédécesseurs ne voyaient personne et ne se faisaient voir ou entendre que très rarement. Ce changement, joué franc jeu, est ce que la droite encore plus que la gauche, reproche le plus à Sarkozy, car d’accord sur sa politique mais pas sur son style.
Je regrette de n’avoir pas été à l’antenne. Factuellement, jamais un président français n’a été plus loin du peuple, incapable de parler en plein air, faisant vider les villes quand il est en visite, déplaçant des milliers de CRS pour que soient loin les manifestants et sifflets. Aucun n’a eu la prétention du sang, caser son fils à l’IPAD, puis à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine. Confusion entre monarchie et monocratie. Prendre un excès quotidien de communication pour une proximité. Le fond de notre ancien régime était simple, et ressenti comme tel : l’hérédité, la responsabilité devant Dieu en conscience. Nous n’avons plus cela. L’attente des Français ? la justice, l’équité, l’égalité, saint Louis sous son chêne, image si justement rappelée en conclusion de son livre posthume par Georges Pompidou, écrivant Le nœud gordien entre Matignon et l’Elysée. Ce qu’a transcrit notre lettre constitutionnelle : il assure par son arbitrage… La demande est là, personnelle : le recours. Quant au reste, c’est la demande, justifiée, à l’Etat dont le président est le chef.
De tels contresens qui continuent d’être véhiculés, la confusion entre monarchie et apparat sont un désastre pour l’esprit français, pour le civisme, pour la compréhension et donc le fonctionnement démocratique (participatif pour les citoyens, responsable par possibilité de sanction des dirigeants).
[1] - Isaïe LII 13 à LIII 12 ; psaume XXXI ; lettre aux Hébreux IV 14 à 16 & V 7 à 9 ; passion selon saint Jean XVIII 1 à XIX 42
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire