Mercredi 27 Avril 2011
Prier… [1] ce matin, autour du corps, de la bière que mon ami avait décrite d’avance, on a lu dans l’Apocalypse, l’évocation de la cité sainte, parée comme une fiancée pour son époux, où il n’y aura plus de pleurs [2], puis l’assurance donnée aux Philippiens [3] par Paul que le Seigneur Jésus Christ transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, avec cette force qu’il a de pouvoir même se soumettre toutes choses. Image et promesses que tout vivant, puisque nous sommes mortels, prend à son compte. Je ne reviens ce soir qu’ à la marche des disciples d’Emmaüs depuis Jérusalem, le jour-même de Pâques. Comment ne pas voir ce que l’on entend : tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha et il marchait avec eux. Jésus fait repartir tout à zéro. Les Ecritures, l’expérience qu’ont eue ses disciples de son ministère public et de sa prédication. A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Jésus les écoute. Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! La leçon d’intelligence spirituelle du Christ ne suffit pas, pas plus d’ailleurs que l’émotion qu’il suscite et dont les compagnons qu’il s’est donnés, au soir de sa résurrection, de LA Résurrection, n’ont pas eux-mêmes pleine conscience et ne s’expliquent pas. Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures ? Sans doute, mais ce qui détermine tout, c’est quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Autrement dit, le geste le plus significatif pour les disciples est celui de la dernière Cène – geste d’ailleurs annoncé et anticipé par les multiplications des pains. Or, ce geste nous est – dans la foi et selon l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe – aussi contemporain qu’il le fut dans l’auberge d’Emmaüs pour deux jeunes gens familiers de Jésus. L’Eglise et le signe dont elle a la charge, les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : ‘ c’est vrai ! le Seigneur est ressuscité, il est apparu à Simon-Pierre ’. Foi de Pierre valant pour tous tandis que les disciples d’Emmaüs ne donnent que leur expérience : ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain. Les sacrements, les Ecritures, le sacerdoce, la vie religieuse, la chrétienté quotidienne, la suite…
sur la route, le matin
soir
Désastre annoncé. L’anti-européisme – alors que de Gaulle fut mis en ballotage parce que soi-disant il s’opposait à l’Europe et ne la faisait pas, et que toute la fin de son « règne » fut endommagé par cet échec électoral – l’anti-européisme est devenu tel qu’il est non seulement le fonds de commerce des souverainistes : Nicolas Dupont-Aignan, par ailleurs honnête et vrai, Jean-Pierre Chevènement qui songe à se représenter, que Marine Le Pen en profite car cela donne une cohérence et une dimension de projet international à sa récrimination anti-parlementaire et anti-immigration, mais qu’il est maintenant la doctrine gouvernementale (cf. les entretiens de Rome pour défaire les accords de Schengen et attenter à une liberté essentielle pour l’Union européenne : la liberté de circulation des personnes et pas seulement des capitaux et des marchandises) et même l’ambiance de presse : le Triard du Figaro commente une campagne anti-fessée ou giffle à la maison, avec l’argument (hostile) décisif, c’est un mot d’ordre de Bruxelles. Bref, plus personne n’est pour l’Europe. Or, cela c’est une attitude la pire. Pas du tout parce que cela fera revenir à quelque arrière que ce soit, mais parce que nos manœuvres successives pour abroger ou rendre lettre morte telle disposition des traités, ou telle habitude communautaire pèseront bien moins que le manque à gagner d’une France n’ayant plus d’imaginer que pour freiner. Déjà, à Maastricht, nous avons été plus récapitulatifs qu’inventifs, déjà la Constitution quoique de fabrication française comme les grands traités de 1951 et de 1957 était hésitante (avec cependant, à mon sens, suffisamment d’éléments positifs pour rendre les avancées possibles ensuite). A Lisbonne, nous avons été mauvais, et surtout menteurs : la soi-disant promotion du service public. Aujourd’hui, ce qui manque à l’Europe, c’est la proximité avec les citoyens et une réelle dépendance démocratique des institutions délibératives et exécutives.
Hollande est à côté de la plaque dans son démarrage. Le « meeting » d’hier en Seine-Saint-Denis n’a aucune portée médiatique, la mise en scène déplorable a appelé des photos entre contre-plongée le montrant agité sans texte, son changement d’aspect physique est également une erreur au moins politique. On n’entend rien surtout qui soit une opposition radicale au présent et un programme abrupt pour l’an prochain : notamment des nationalisations, du service public qui seraient d’ailleurs autant de garanties contre des empiètements européens, tant que l’Europe n’est que le fourrier et l’exécutante du mondialisme et du libéralisme. Ma thèse est que seule une Europe existante et forte, ayant ses références en propre, peut nous faire sortir et faire sortir la planète de ces dogmes dont aucune personne physique ne veut. Conflit de fait entre personnes physiques et personnes morales.
A gauche, toujours, si c’est la gauche : bonne nouvelle le soutien de Jack Lang, obligé de Sarkozy (la place de « défenseur des droits ») et cheville ouvrière du présidentialisme par le succès de la révision constitutionnelle, quelle qu’en ait été la lettre (inappliquée), plombe Strauss-Kahn et l’ancre dans la complaisance vis-à-vis des manières de Sarkozy et du double discours qui fait la fortune du libéralisme. Et à force de se concerter avec Strauss-Kahn, sous prétexte des sondages, Aubry y perd de son authenticité.
[1] - Actes des Apôtres III 1 à 10 ; psaume CV ; évangile selon saint Luc XXIV 13 à 35
[2] - Apocalypse de saint Jean XXI 1 à 7 passim
[3] - Paul aux Philippiens III 20.21
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