Jeudi 21 Avril 2011
Prier… commencé hier soir d’interroger Jean et les synoptiques sur le complot, étonnement aux différences de traitement d’une même dialectique et d’enregistrement ou d’omission des mêmes faits : cela a certainement un sens, nos grands témoins sont davantage impressionnés par le reniement de Pierre et par la trahison de Judas que par l’appel à témoins quand s’ouvre, devant le Sanhédrin le procès de Jésus. Or, le complot est, à mon sens, bien plus décisif que l’accessoire des comportements de deux disciples. Jésus est d’ailleurs bouleversé par le destin de Judas mais pas par la perspective du reniement de Pierre. Les textes d’aujourd’hui ne seront lus et prêchés que ce soir. Je me souviens d’une messe de ce jour à Notre-Dame de Paris, célébrée (on ne disait pas encore : présidée…) par le cardinal Marty : j’ai rarement vécu quelque chose de plus proche de la dernière Cène ni ressenti qu’un prélat à ce point au milieu de ses prêtres et du peuple. Jean Paul II, disant sa « messe privée » faisait curé de campagne, pas du tout chef et père, comme ce soir-là l’archevêque de Paris, symboliquement mort à un passage à niveau (la mort du croyant : passage à niveau !) était-ce en 2 CV ? sa voiture emblématique de Mai 68. Yahvé pour la première Pâque, Jésus donnant à ses disciples l’adresse où préparer sa dernière Pâque à lui… [1] Les images de repas ou de mariage qui plaisent tant à notre fille de six ans quand elle préfère ces soirs-ci quelque chose tirée des évangiles illustrés pour son âge aux histoires de ses livres habituels. Elle remarque surtout les sandales dispersées pour le lavement des pieds. Plus Jésus s’humilie apparemment, plus il apparaît aux siens et à nous pour ce qu’Il est : souverain. Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Jésus, sa divinité, son autorité sont une question de fait. La foi n’est pas l’adhésion à une idée, ni directement à une personne, elle est l’acceptation tranquille de faits pour ce qu’ils sont : des faits. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. Quel est le cheminement de ce geste ? Le texte, mot à mot, et non plus de mémoire, éclaire. Cela se passe au cours du repas, alors que le démon avait déjà inspiré à Judas iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer. Judas est parti, on est à table, on mange et l’on boit déjà et depuis quelque temps. Impulsion, mouvement intime… Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. La chaîne d’amour, tout humain, tout manifesté, commence de Jésus à ses disciples. Pas d’explication, silence (stupéfait ?) des disiciples. Pierre n’est pas le premier à qui Jésus lave les pieds : il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. On est assis, on est tranquille, si l’on se rapproprie les pieds, ce n’est pas pour se lever et partir dans l’instant. Calme. Il arrive devant Simon-Pierre. Dialogue connu et chaleureux. Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. Le motif du geste n’est pas une marque d’affection ni même de prévenance, elle est un envoi en participation de la passion, de la mort et de la résurrection, une solidarité de destin, et c’est un comportement d’humilité qui le signifie aux disciples. Judas, donc, n’est pas encore parti : il savait bien qui allait le livrer, et c’est pourquoi il disait : ‘Vous n’êtes pas tous purs’. Pourtant Judas ne pèche que par projet ou intention, rien de fait encore. Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Les disciples ne répondent pas, le Christ enchaîne. Jean seul à rapporter ce moment du dernier soir, tandis que Luc évoque une ultime discussion entre les disciples sur le point de savoir qui est le plus grand : est-ce pour couper court à cela que Jésus a ce geste ? et moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert ! [2]. La Cène est essentiellement relationnelle : les dialogues, les gestes, le partage du pain et du vin, et ce que nous vivons et commémorons en liturgie, est relationnel, pas du tout individuel, tacite ou recroquevillé. Moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur. … Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est une loi perpétuelle : d’âge en âge, vous la fêterez. Ainsi faisons-nous.
matin
Dépouillant Le Monde pour me mettre à jour sur les endettements des Etats, je constate que je connais à peu près tous les dirigeants grecs, sauf l’actuel Premier ministre, le système de dynasties d’une part et un recrutement par discernement : ainsi Kostas Simitis, que j’avais repéré comme excellent ministre de l’Agriculture, a été à la tête du gouvernement socialiste. De même Théodore Pangalos, à mon époque, sous-ministre aux Affaires étrangères semble l’alter ego de Georges Papandreou junior (petit-fils de celui dont la détestation par les militaires, fut à l’origine des sept ans de dictature des colonels.
Je vois aussi la qualité des journalistes de « mon » journal. C’est cette qualité qui empêche – dans le détail – d’éventuels diktat du capital à la rédaction.
midi
Cela castagne à nouveau en Côte d’Ivoire. En fait, l’on s’aperçoit que cela ne s’est jamais arrêté. La faute initiale est de n’avoir pas soutenu Konan Bédié quand il fut renversé par ses militaires : nos ambassadeurs de carrière se succédaient là-bas, nommés pour la sinécure et sans plus aucune empathie avec le pays après Raphaël-Leygues et Dupuch, prtès de trente ans bout à bout avec « le Vieux ». Perte du contact démontré à la conférence-pantalonnade de Marcoussis, bien analysée par Pierre Messmer. Redondance de la pantalonnade : Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, là-bas et pour se faire caillasser. Enlisement est désormais un mot faible…
[1] - Exode XII 1 à 14 ; psaume CXVI ; 1ère lettre de Paul aux Corinthiens XI 23 à 26 ; évangile selon saint Jean XIII 1 à 15
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