Afghanistan : Joe Biden défend « fermement » le retrait des Etats-Unis
« Les Américains ne doivent pas mourir pour une guerre que les Afghans ne veulent pas mener pour eux-mêmes », a dit en substance le président américain lors de sa première apparition depuis la prise de Kaboul par les talibans.
Joe Biden a rappelé que les objectifs de la guerre - neutraliser Oussama ben Laden et réduire l'influence d'Al Qaida- avaient été atteints depuis longtemps. (Brendan Smialowski/AFP)
Publié le 16 août 2021 à 23:15Mis à jour le 17 août 2021 à 08:09
Droit dans ses bottes. Joe Biden a défendu « fermement », lundi, le retrait des Etats-Unis d'Afghanistan, malgré la prise éclair du pouvoir par les talibans. Les images sont « déchirantes », a convenu le président américain face aux scènes de chaos à l'aéroport, à la peur des habitants et au désarroi des femmes, mais « la mission des Etats-Unis n'a jamais été de rebâtir le pays », a-t-il expliqué lors d'une allocution d'une vingtaine de minutes depuis la Maison-Blanche.
Joe Biden, qui s'exprimait pour la première fois depuis la prise de Kaboul par les talibans, a rappelé que les objectifs de la guerre - neutraliser Oussama ben Laden et réduire l'influence d'Al Qaida- avaient été atteints depuis longtemps. Dès lors, suivant l'accord négocié par Donald Trump avec les talibans début 2020, il assume le départ des Etats-Unis. « Il n'y a jamais de bon moment, c'est pour cela qu'on y est toujours. Mais j'ai toujours promis », a-t-il rappelé. L'alternative aurait été d'envoyer bien davantage de troupes pour reprendre une guerre - « les Chinois et les Russes n'aimeraient rien tant qu'on continue à dépenser des milliards en Afghanistan » - une option à laquelle il a totalement fermé la porte.
« Plus rapide que nous pensions »
Joe Biden a seulement reconnu que l'offensive talibane « a été plus rapide que nous pensions ». Mais il en a rejeté la faute sur des Afghans à qui les Etats-Unis avaient pourtant donné « tout » pour se battre. « Les dirigeants ont abandonné et fui le pays, l'armée s'est effondrée », a-t-il souligné. « Les Américains ne doivent pas mourir pour une guerre que les Afghans ne veulent pas mener pour eux-mêmes », a-t-il résumé en substance. Le président (en fuite) Ashraf Ghani « disait que les troupes se battraient, il avait tort », a taclé le président américain.
Pour répondre à ceux - notamment les républicains - qui redoutent une menace terroriste amplifiée sur les Etats-Unis avec le retour des talibans, Joe Biden a sorti la carte du contre-terrorisme. En Somalie, en Syrie ou en Irak, « nous menons des efforts efficaces de contre-terrorisme sans avoir de forte présence militaire. On fera s'il le faut la même chose en Afghanistan », a-t-il assuré.
Disert sur la justification du retrait américain, Joe Biden l'a moins été sur la suite des événements. Il a, comme dans son communiqué samedi, promis une réponse « rapide et forte » si les talibans entravaient les opérations d'évacuation. Si celles-ci n'ont pas été davantage anticipées, c'est parce que « certains ne voulaient pas partir, ils avaient encore de l'espoir », a-t-il par ailleurs justifié.
Les Afghans qui ont aidé le pouvoir américain, leurs familles et les personnes à risque ciblées par les talibans seront évacuées, mais la Maison-Blanche n'a pas donné de nouvelle précision sur leur nombre. Et n'a pas évoqué de collaboration avec les Européens sur les risques de nouvelles migrations régionales. Tandis que la communauté internationale redoute les conséquences du retour des talibans, notamment pour les femmes, « on continuera à pousser pour de la diplomatie régionale, à parler pour les droits des femmes », a seulement promis le président américain.
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