samedi 28 août 2021

courriel à Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence de la République

 

Le 28/08/2021 à 09:41, Bertrand Fessard de Foucault a écrit au secrétaire général de l’Elysée :

notre ambassadeur , non plus en Afghanistan mais pour l'Afghanistan, et y faisant vraiment la France


Monsieur le Secrétaire général,

quelle formidable surprise que ce  "gentlemen agreement" entre notre ambassadeur et les talibans !

Le devoir est d'aider tous ceux (en famille, critère de sincérité) veulent quitter un pays où ils ont à craindre. Nous ne l'accomplissions pas, parce que figés ou fascinés  dans une obédience pratique aux Américains, pour cet aéroport aussi névralgique et probatoire que le fut Tempelhof en 1947. S'entendre non avec les Américains, mais avec les autorités de fait est la vraie solution. Courage et imagination de notre ambassadeur.

La secrétaire d'Etat Beaune (?) et surtout la porte-parole ou je la confonds avec la journaliste accrédité et donnant, devant le Quai, l'ambiance, ne doivent plus exister, au risque de tout gâcher. Les talibans, malgré l'occupation soviétique, malgré les vingt ans de guerre OTAN (rien que ce fait-là mérite qu'enfin on écrive une tout autre Charte que l'Atlantique, et que ce soit, où qu'ils se trouvent des Etats et des peuples  démocratiques), sont demeurés sinon représentatifs, du moins la seule autorité durable sans soutien extérieur déclaré. Ne nous embarrassons pas de théorie de la reconnaissance d'un Etat par un autre et réciproquement. Le devoir immédiat et donc les tâches futures - puisque la sincérité des talibans va être mise à l'épreuve, et que si elle existe, elle peut mener à du bien par le nouveau régime - commandent une innovation : tout simplement, notre ambassadeur rejoindra, ces heures-ci, sa base locale et matérielle. On ne fera pas de papiers et l'on fonctionnera de facto. La parole, pas le papier

L'avenir est à l'imagination et au mouvement. Pour être efficace, ne pas être embarrassé de solitude ou d'alliance, mais n'être soucieux que de la connaissance de l'autre, donc du contact, donc de "l'entrisme". Les meilleures volontés chez l'adversaire, reconnu comme partenaire, s'éveilleront alors. Notre ignorance de ce qui se vit dans les appareils de dictature et dans la vie quotidienne des peuples soumis est notre principal handicap. ... Chine, Russie, Birmanie, etc... et sans doute même les Européens ne se sachant pas européens (parce que le projet est devenu si émollient relativement aux attentes, dynamiques et espérances années 1950 et 1960) sont à cultiver de cette manière aussi : le pratique et le spirituel, qui sont tellement autres que le formel. Hongrie... Pologne... avec ces deux pays exemplaires, nous combiner avec le Vatican.

Les Etats-Unis, depuis la démonstration ou la révélation Trump de possibles et dramatiques déviances, ont une capacité autant de construire (naguère) que de détruire (VietNam, Afghanistan, Irak, Syrie). A nous de les pénétrer aussi de ce qu'ils peuvent être ou doivent redevenir : les élites spirituelles, mentales, intellectuelles américaines doivent être appelées et espérées par nous. Au solo Trump, succède un solo Biden : ce qu'il se passe à la frontière mexicaine est peut-être pire que le mur. Les promesses de vengeance : toute la dialectique de tuer Ben Laden a fait la guerre d'Afghanistan, et les promesses de "punition" des instigateurs des attentats autour de l'aéroport de Kaboul, peuvent conduire aux mêmes aveuglements.

La révélation est aussi les guerres de clan et de sectes entre les diverses prétentions radicales islamistes. Des évolutions vont forcément se produire, elles seront naturelles. Nos guerres ou nos lois les empêchent ou les rendent factices.

C'est nous qui faisons la puissance des dictatures chinoise et russe. Route de la soie et déshérence de partenaires européens de nature et d'esprit qui sont nôtres, et que nous laissons se dépatouiller Grèce depuis 2012, Monténégro-Serbe... Portugal... simplisme de l'investissement salué à Douai, il est encore plus dangereux à terme que l'entrée de Mittal chez Arcelor.

Evidemment, le Sahel. Ce n'est pas la frontière de sécurité européenne, c'est le test que nous ne savons pas nous y prendre. Des absences de gouvernement (Mali) ou des dictatures (Tchad), et si nous restons, quelle ignorance de la géographie la plus simple que d'évacuer Tessalit tandis qu'à Gao où nous étions en force, les maisons et les rues étaient à l'adversaire.

Il est temps de connaître ce que nous voulons, ce que nous faisons et quel est l'esprit de nos actions extérieures, et même sinon surtout de nos représentations à l'étranger. Encore bravo pour notre ambassadeur "afghan".

Pouvez-vous faire connaître ces lignes au Président ?

Je vous en suis par avance très reconnaissant.


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