Hongrie : un appel à informer sans discriminer dans les bibliothèques
Ce 25 août, Gerald Leitner, secrétaire général de la International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA), s’est exprimé sur la situation actuelle en Hongrie. Suite aux récents développements législatifs sur la représentation de l’homosexualité ou changement de sexe dans les livres pour enfants, en juin dernier, l’association a pointé les dangers de la législation entrée en vigueur.
Publié le :
28/08/2021 à 09:21
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Depuis le 15 juin, une proposition de loi destinée à assurer « la protection des enfants » a été adoptée par l’Assemblée nationale hongroise. Bien que présentée comme un outil pour « la protection des enfants », cette législation a pour réelle fonction de contrôler la diffusion de contenus évoquant l'homosexualité ou les personnes transgenres. Une menace pour la liberté de publication, mais aussi pour celle d’expression.
De la même manière, cette loi s’étend sur le droit des bibliothèques à fournir de tels ouvrages, avec une réduction de l’accès à la lecture pour les plus jeunes. La question se pose : dans une telle situation, qu’advient-il de la responsabilité et de la faculté des bibliothèques à remplir leur mission : garantir un libre accès à l’information pour tous ?
L'IFLA a annoncé ne pas changer de positionnement sur la question : tout comme il était déjà écrit dans la Déclaration sur la liberté intellectuelle (1999), « les collections des bibliothèques doivent refléter la pluralité et la diversité de la société, et la sélection et la disponibilité des documents doivent être régies par des considérations professionnelles et non par des opinions politiques, morales et religieuses ». Une pluralité sociale, donc, qui ne peut véritablement s'accomplir si le gouvernement s’oppose ainsi aux identités sexuelles et de genre qui iraient à l’encontre d’une certaine « normalité ».
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Tout comme le Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires (CEATL) le mois dernier, l’IFLA s’indigne face à cette législation. L’association souligne que « les
bibliothèques ne devraient pas être confrontées à des règles qui les
empêchent de donner accès à des œuvres qui reflètent l'expérience de
toute partie des communautés qu'elles servent — y compris les
utilisateurs LGBTQ+ et leurs familles ». Ainsi, cet accès
circonscrit, qui ne permet pas d’atteindre un large lectorat, touchera
les jeunes lecteurs, en particulier. Ils se voient à présent limités
dans leurs choix de lecture, par la stigmatisation de certaines oeuvres,
souligne l'IFLA.
De plus, l'organisation rappelle le message du Manifeste IFLA-UNESCO (1999) pour les bibliothèques publiques : la nécessité de fournir des informations à tous, reflétant leurs besoins et les évolutions de la société. En effet, « les collections et les services ne doivent faire l'objet d'aucune forme de censure idéologique, politique ou religieuse, ni de pressions commerciales ». Des mesures qui ont pour conséquence de limiter les bibliothécaires dans l'exercice de leur métier.
Le communiqué se conclut sur un soutien « aux éditeurs, auteurs et libraires qui sont tombés sous le coup de ces nouvelles dispositions », ainsi que d’un appel à la suppression de telles restrictions, en Hongrie comme partout ailleurs.
Crédits photo : Jamie Taylor / Unsplash
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