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à jour au 21 juin 2019 à 16:31
Écarts de
températures par rapport à la normale lors de canicule estivale de
2003 sur l'Europe occidentale.
Localisation
Pays
|
---|
Caractéristiques
Type
|
Canicule
estivale
|
---|---|
Températures
|
maxi 47,8 °C (au Portugal)
|
Date de formation
|
|
Date de dissipation
|
Conséquences
Nombre de morts
|
~ 70 000 en Europe (20 000 en
France)
|
---|
La canicule
européenne
de 2003 est un événement climatique
d'ampleur exceptionnelle survenu de juin à août 2003 et qui a été
marqué par de nombreux records
de température au
cours de la première quinzaine du mois d'août. Cette canicule a
suivi un printemps
exceptionnellement chaud et sec où les températures atteignent à
certains endroits déjà 30 °C fin avril. Cette canicule
importante associée à une sécheresse record rappelle la vague
de chaleur de l'été 1947 en Europe
et la sécheresse
de 1976.
Dans certains pays, comme la
France
ou le Portugal,
les conséquences sur les écosystèmes,
la population,
et les infrastructures
sont importantes et provoquent une crise
politique. Dans la
plupart des stations météorologiques, le mercure a atteint ou
dépassé 40 °C.
Sommaire
Carte des températures
maximales relevées en France le 12 août 2003 (jour le plus chaud
de l'année) d'après Météo-France.
Carte des températures minimales relevées en
France le 12 août 2003 (jour le plus chaud de l'année) d'après
Météo-France.
Le continent européen est diversement affecté.
Les pays du sud sont particulièrement touchés : la France
(et plus particulièrement sa moitié-sud) l'Italie
(le nord surtout), l'Espagne
et le Portugal.
Dans l'Alentejo,
au sud du Portugal, la température historique record de 47,3 °C
est atteinte le 1er août.
Causes
La canicule exceptionnelle de 2003 a été causée par un long bloc
Oméga, soit une circulation atmosphérique
d'altitude complètement bloquée. Ainsi, un anticyclone
a été détaché du flux zonal, circulant normalement d'ouest en
est par un puissant flux ininterrompu d'air très chaud et très sec
remontant directement du Maghreb
et d'Afrique
du Nord sur l'Europe,
ce qui a occasionné des températures estivales exceptionnellement
élevées sur la plupart de l'Europe
de l'Ouest1,2.
Deux systèmes
dépressionnaires pratiquement immobiles
encadraient l'anticyclone. Les hautes pressions ont empêché
pendant cette longue période la formation de nuages et il en est
résulté un fort déficit pluviométrique. Le courant-jet
était positionné beaucoup plus au nord que d'habitude, ce qui a
empêché l'air plus frais de pénétrer sur l'Europe et les ondes
planétaires qui le composaient étaient quasiment stationnaires dû
à un manque d'air.
La canicule fait suite, ou s'accompagne d'autres
paramètres météorologiques, qui bien que non-exceptionnels, en
amplifient les conséquences, comme une sécheresse printanière et
de début d'été importante, en particulier en France, la plupart
des départements subissant un fort déficit hydrique. Ainsi, la
pluviométrie de février à août est partout déficitaire par
rapport aux moyennes, notamment dans le
Centre-Est[précision nécessaire]
et la Corse
où le déficit dépasse les 50 %.
Par ailleurs, la première quinzaine d'août, le
11
et le 12
août en particulier, a été caractérisée
par des vents très faibles, ce qui a eu pour conséquence de
limiter le renouvellement de l'air, et donc d'amplifier des pics de
pollution
à l'ozone (habituels à cette période de
l'année). Ce faible renouvellement de l'air est par ailleurs à
l'origine d'un pic
de pollution au dioxyde
d'azote.
Statistiques
L'Andalousie
(46,2 °C à Cordoue,
45,2 °C à Séville
et 45,1 °C à Jerez)
et l'Estrémadure
(45,0 °C à Badajoz)
mises à part, c'est en France
que les records de températures
et la durée de la vague de chaleur sont les plus exceptionnels,
d'après les relevés établis depuis 1950.
La canicule touche le
sud du Royaume-Uni,
le Benelux,
la Suisse,
les régions de l'ouest et du sud de l'Allemagne,
ainsi que le Danemark.
Des températures records sont enregistrées comme 38,5 °C à
Faversham
au Royaume-Uni,
32 °C au Danemark3.
Dans ces pays, comme en Belgique,
l'intensité du phénomène est moins sensible qu'au sud de
l'Europe.
France
Selon Météo-France,
des températures supérieures à 35 °C sont relevées dans
les deux tiers des stations. Des températures supérieures à 40 °C
sont relevées dans 15 % des villes. La Bretagne
connaît son record de température, dépassant 40 °C.
Toujours selon Météo-France, « cette période de canicule
dépasse de très loin tout ce qui a été connu depuis 1873 par son
intensité et sa longueur tant au niveau des températures
minimales, maximales que moyennes ».
Le record absolu de l'épisode, concernant
l'ensemble des stations est de 44,1 °C à Conqueyrac
et à Saint-Christol-lès-Alès
dans le Gard
le 12 août 2003.
À Auxerre,
il y a eu 7 jours avec une température supérieure à 40 °C,
6 jours à Romorantin
et Montélimar,
5 jours Gourdon
et Orange,
et 4 jours à Mont-de-Marsan,
Bergerac,
Auch
et Toulouse.
Il a fait 43,1 °C à Decize
dans la Nièvre,
43,9 °C à Saint-Géry
dans le Lot,
43,2 °C à Donnezac
en Gironde,
ainsi que 43 °C à Thouars
dans les Deux-Sèvres
À Paris,
la température a dépassé les 39 °C, avec 9 jours de
températures supérieures à 35 °C. Les records de
températures estivales moyennes de
1947 et 1976
sont battus. La température record depuis les premiers relevés
datant de 1873
est atteinte à Paris dans la nuit du 10
au 11
août : 25,5 °C.
Liste des records mensuels ou absolus de
températures maximales battus durant la canicule d'août 20034,5,6.
Conséquences de la canicule
Population
En Allemagne
En Allemagne,
la température record de 40,4 °C est atteinte à Roth,
en Bavière[réf. souhaitée].
Toutefois, certains experts supposent que les températures les plus
élevées se situaient dans la plaine du Rhin
Supérieur, connue pour ses températures
élevées. Dans quelques stations privées comme à Mannheim
ou Frankenthal
des températures dépassant 41 °C ont été relevées,
toutefois non reconnues par les statistiques officielles. Les taux
des précipitations
étant diminués de moitié par rapport à la moyenne, les rivières
ont été à leur niveau le plus bas du siècle[réf. souhaitée],
et les navires
de commerce n'ont pu emprunter l'Elbe
et le Danube.
Environ 7 000 personnes sont décédées en Allemagne
durant la canicule.
Au Luxembourg
L'administration des services techniques de
l'agriculture a enregistré le 8
août
2003
une température maximale de 41,5 °C pour la station
d'Oberkorn, qui se situe dans une localité proche de la frontière
franco-luxembourgeoise à côté de Hussigny-Godbrange (Meurthe et
Moselle). Des températures supérieures à 40 °C ont
également été mesurées le long de la Moselle
au Luxembourg. Ce sont jusqu'à présent les températures les plus
hautes jamais mesurées au Grand-Duché de Luxembourg.
Des
statistiques précises sur le nombre de morts liées à la canicule
de 2003 n'existent pas pour le Luxembourg. Une estimation, fondée
sur l'analyse de la série mensuelle des décès, corrigée des
variations saisonnières et faite par l'Observatoire démographique
européen (ODE), estime à 55 le nombre de décès provoqués par la
canicule en août 2003. Cela représenterait une surmortalité de
16,6 %7.
En Belgique
En Belgique, les
statistiques font état de 99 décès durant la période de la
canicule8.
Ces décès sont dus aux fortes chaleurs, mais aussi aux fortes
concentrations en ozone.
En Espagne
Il y a eu 141 morts en Espagne.
Les records de températures ont été dépassés dans plusieurs
villes dont 45,1 °C à Jerez9,
45 °C à Badajoz9,
43,4 °C à Huelva9.
Cette vague de chaleur s'est fait plus sentir dans le nord de
l'Espagne, habituellement plus frais. C'est pourquoi des records de
températures ont été atteints à Gérone
avec 41 °C10.
38,8 °C à Burgos9,
38,6 °C à Saint-Sébastien9,
36 °C à Pontevedra11
et 36 °C à Barcelone12.
Dans d'autres villes, les températures ont été très élevées
comme à Cordoue
avec 46,2 °C et Séville
avec 45,2 °C mais ce n'était pas le record historique.
En France
Affichage municipal à Paris avec le numéro de
téléphone gratuit pour connaître le nom des personnes décédées
à cause de la canicule.
Différentes sources (Inserm,
Insee,
INED)
convergent aujourd'hui vers une estimation d'environ 15 000
décès en excès durant les deux premières décades d'août 2003.
Ce chiffre est établi en comparant le nombre de
décès observé à un nombre de décès attendu calculé sur la
base assez stable des nombres de décès observés à une période
de la saison comparable lors des années précédentes.
Cet excès de décès a été observé très
majoritairement chez les personnes âgées, représentant déjà la
majeure partie des décès en période habituelle (hors vague de
chaleur). Le groupe d'âge le plus atteint est celui des plus de 75
ans.
Il est également notable qu'à âge égal, les
femmes ont connu une plus forte augmentation de leur mortalité
durant cette période.
Dans l'urgence de cette situation de crise
sanitaire, le nombre exact de décès directement liés aux fortes
chaleurs a été sujet à controverses ; le gouvernement a
d'abord annoncé 3 000, puis 5 000 décès, et les
projections élaborées par les entreprises de pompes funèbres ont
fait état d'une surmortalité de 10 400 morts susceptibles
d'être imputables à cette canicule.
Selon une première estimation de l'Institut
de veille sanitaire (InVS) remise au ministre
de la Santé Jean-François
Mattei, la canicule a fait 11 435 morts
du 1er au 15
août.
Une étude de l'Inserm
publiée le 25 septembre fait état de 14 802 morts13
(période du 1er
au 20 août) soit une surmortalité de 55 %.
Les 11
et 12
août sont les plus meurtriers. Ceci pourrait
être dû à un effet d'accumulation des jours chauds précédents,
à des températures nocturnes très élevées ou à l'absence de
vent,
le manque de ventilation engendrant des pics de taux de dioxyde
d'azote qui s'ajoutent à la pollution
par l'ozone.
Cependant, la relation entre le couple climat-pollution et la
mortalité étant encore mal connue, aucune explication définitive
n'a pour l'instant été donnée.
Les chambres mortuaires sont rapidement saturées,
la chaleur importante ne permettant pas de conserver les dépouilles
dans une pièce non réfrigérée. Un hangar réfrigéré du marché
international de Rungis, centre logistique de
transport
de marchandises agro-alimentaires dans la banlieue
parisienne, est mis à disposition afin d'y entreposer
temporairement les dépouilles. À la date du 24
août, en région
parisienne, ce sont encore 300 corps non
réclamés par les familles qui attendent une inhumation à Rungis
et dans des camions frigorifiés à Ivry-sur-Seine.
Alors que les services de l'État s'étaient mobilisés au mois de
juillet sur la question des incendies de forêts, ceux-ci tardent à
prendre conscience du drame humain que la canicule est en train de
provoquer. Les premières alarmes sont lancées par le président du
Conseil National de l'Air (Jean-Félix
Bernard14)
et par les responsables des services d'urgence (dont Patrick
Pelloux15)
dans les hôpitaux qui se voient débordés. Alors que la canicule
s'estompe après le 15
août, les autorités françaises sont
pointées du doigt pour la lenteur de la mise en route du plan
d'urgence : le plan
blanc. Le directeur général de la santé,
Lucien Abenhaïm, démissionne. Le président de la République,
Jacques
Chirac, dont le silence est critiqué par
l'opposition de gauche16
et d'extrême
droite17,
s'exprime deux semaines après la fin de la crise, à son retour de
vacances. Il nie la responsabilité
de l'exécutif
dans la tragédie et souligne le manque de solidarité
entre citoyens, déplorant la dégradation du lien
social, notamment envers les personnes âgées.
Le président annonce notamment une révision des services de
prévention
et d'alerte, ainsi que des services de secours et d'urgence.
Le 3
septembre
2003,
Jacques Chirac et le maire de Paris Bertrand
Delanoë assistent à la cérémonie
d'inhumation au cimetière
parisien de Thiais (Val-de-Marne)
des 57 victimes parisiennes de la vague de chaleur exceptionnelle de
début août dont les dépouilles n'ont pas été réclamées par
des proches.
L'ampleur tragique des événements de l'été
2003 pose des interrogations sur la société française qui, en
Europe,
a la deuxième mortalité la plus importante pour les personnes
âgées après l'Italie (record italien de 20 000 morts qui a
été caché jusqu'en 2005).
Plusieurs dizaines de
décès sont également dus aux incendies de forêt. Ainsi, le 12
août, au moins 24 morts sont à
déplorer18.
L'espérance
de vie à la naissance en France recule cette
année-là de 1,2 mois pour les femmes. C'est le premier recul
enregistré depuis le début des Trente
Glorieuses. L'espérance de vie des femmes à
70 ans et plus recule de plus de 2 mois (2,4 mois pour l'espérance
de vie à 85 ans). L'accroissement de l'espérance de vie à la
naissance des hommes en 2003 est positif, mais très faible (1,2
mois). À partir de 70 ans, l'espérance de vie des hommes recule (2
mois à 95 ans)19.
La mortalité
observée sur l'ensemble de l'année 2003 (en incluant l'hiver qui a
suivi la canicule) a également été en excès de 15 000 décès
par rapport à la mortalité attendue. L'excès de décès pendant
la canicule n'a donc été ni compensé par une sous mortalité dans
les 4 mois qui ont suivi, ni suivi d'une surmortalité persistante
qui aurait pu résulter d'une fragilité accrue de la population.
Cependant, l'espérance de vie à la naissance en 2004 connaîtra un
rebond exceptionnel (10,6 mois pour les hommes, 11 mois
pour les femmes)19.
Selon un communiqué du
22 mars 2007 de l'Inserm, le nombre de décès du fait de la
canicule 2003 s'élève à 19 490 en France et à
20 089 en Italie ; pour l'ensemble de l'Europe, il
est de l'ordre de 70 00020.
Le chiffre de 25 000 morts des conséquences de la
canicule est avancé par les syndicats des urgentistes de France.
De plus, la canicule en
France en 2003 montre comment les conséquences d'une vague de
chaleur résultent de l'imbrication de causes naturelles et de
facteurs socio-politiques. Bien que les possibles conséquences
sanitaires d'une vague de chaleur soient connues et décrites dans
la littérature scientifique avant 2003, peu de mesures préventives
étaient prévues et l'impact des épisodes précédents sur la
mortalité (par exemple 1976) était resté inaperçu. Jusqu'aux
événements de 2003, les vagues de chaleur étaient un risque
fortement sous-estimé dans le contexte français, ce qui explique
en partie le nombre élevé de victimes21.
En Italie
Le 27
juin
2005,
l'Institut
national des statistiques d'Italie annonce que
18 000 décès supplémentaires par rapport à l'année
précédente ont eu lieu durant la période de juin à septembre
2003. La précédente estimation, datant de l'automne
2003, était de 8 000 décès.
Une estimation,
fondée sur l'analyse de la série mensuelle des décès, corrigée
des variations saisonnières, et faite par l'Observatoire
démographique européen (ODE), estime à 5 680 le nombre de
décès provoqués par la canicule en août 2003 et à
12 860 l'excédent des décès, toutes causes confondues,
de juin à août. Cela représenterait une surmortalité de 11,9 %
en août7.
La surmortalité italienne est à prendre avec précautions parce
que les vrais chiffres n'ont été dévoilés que deux ans après la
canicule de 2003, de plus elle n'a pas été significative en
Italie.
Au Luxembourg
L'administration des services techniques de
l'agriculture a enregistré le 8
août
2003
une température maximale de 41,5 °C pour la station
d'Oberkorn, qui se situe dans une localité proche de la frontière
franco-luxembourgeoise à côté de Hussigny-Godbrange (Meurthe et
Moselle). Des températures supérieures à 40 °C ont
également été mesurées le long de la Moselle
au Luxembourg. Ce sont jusqu'à présent les températures les plus
hautes jamais mesurées au Grand-Duché de Luxembourg.
Des
statistiques précises sur le nombre de morts liées à la canicule
de 2003 n'existent pas pour le Luxembourg. Une estimation, fondée
sur l'analyse de la série mensuelle des décès, corrigée des
variations saisonnières et faite par l'Observatoire démographique
européen (ODE), estime à 55 le nombre de décès provoqués
par la canicule en août 2003. Cela représenterait une surmortalité
de 16,6 %7.
Au Portugal
Le même calcul que pour la France indique que la
longue vague de chaleur aurait provoqué la mort de 1 316 personnes
entre la fin juillet et le 12
août, dont plus de la moitié avait plus de
75 ans. Le nombre de morts est cependant moins élevé qu'en
1981
(1 900 morts), grâce au déclenchement de mesures
d'urgence. Le bilan de la surmortalité en 2003
selon les critères de l'OMS
est revu en forte baisse (9 % à la date du 10
septembre).
Une estimation,
fondée sur l'analyse de la série mensuelle des décès, corrigée
des variations saisonnières, et faite par l'Observatoire
démographique européen (ODE), estime à 2 310 le nombre
de décès provoqués par la canicule en août 2003. Cela
représenterait une surmortalité de 25,9 %7.
Au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni,
un nouveau record de 38,5 °C est enregistré à Brogdale
Orchards situé à un mile
au sud-est de Faversham
dans le Kent,
le 10
août
2003.
Le record précédent était 37,1 °C, enregistré à
Cheltenham22.
Une analyse
rétrospective en 2005 montre que la vague de chaleur a causé
2 139 morts supplémentaires au Royaume-Uni pour la
période du 4 au 13 août 200323.
En Suisse
En Suisse, la
température la plus élevée est mesurée à Grono,
41,5 °C le 11 août, établissant un nouveau record
national24.
Le 24
mai
2005,
le directeur de l'Office
fédéral de la santé publique a indiqué que
la canicule de 2003 avait fait 975 victimes en Suisse, soit une
surmortalité de 7 % entre juin et août25.
Cependant, il ne faut pas comparer directement ce chiffre avec celui
estimé pour la France car le chiffre de 55 % d'excès de
mortalité est pour la période du 1er août
au 20 août. Pour comparer les données entre les deux pays, il faut
faire plutôt la comparaison suivante. Si on compare avec la
surmortalité en France sur la même période en utilisant
l'estimation haute donnée plus haut (20 000 morts) avec
une population de 60 144 000 habitants26,
on obtient un excès d'environ 3,33 morts pour
10 000 habitants. En faisant la même comparaison pour la
partie de la Suisse touchée par la canicule (Suisse romande et
canton de Bâle essentiellement qui comptent environ
2 320 000 habitants en 200627)
et le nombre de décès en excès en Suisse, on obtient 4,2 morts
pour 10 000 habitants. Les chiffres sont du même ordre de
grandeur dans la Suisse touchée par la canicule et en France. Les
villes les plus touchées ont été Bâle,
Genève
et Lausanne.
Sur le moment, les autorités ont sous-estimé l'ampleur de
l'hécatombe, parlant alors de 300 victimes. La surmortalité
officielle de 7 % entre juin et août ne doit pas être
comparée avec le chiffre français de 55 % donné sur la
période la plus critique de la canicule.
Une estimation,
fondée sur l'analyse de la série mensuelle des décès, corrigée
des variations saisonnières et faite par l'Observatoire
démographique européen (ODE), estime à 480 décès provoqués
par la canicule en août 2003. Cela représenterait une surmortalité
de 9,2 %7.
Écosystèmes
Le Gardon
à sec, mi-août 2003.
Les conséquences sont multiples, mais ne
découlent pas nécessairement de la seule canicule. En juillet
2003, la situation écologique était déjà
inhabituelle dans de nombreux départements français, ceci en
raison d'un début d'hiver assez doux, suivi d'une brutale chute de
température début janvier 2003 et de très basses températures au
cours du printemps, expliquant déjà des dégâts importants dans
certaines régions (tels que gels de nombreux arbres fruitiers, gel
du colza
dans le centre de la France). Des températures plus élevées que
la normale et un déficit hydrique sur la majorité des départements
ont affaibli de nombreux écosystèmes (par exemple, réserve en eau
des sols au plus bas, végétation déjà sèche début août).
Forêts
Les dégâts sur les forêts sont de deux types :
Feux de forêts
D'une part, de nombreux incendies sont à
l'origine de la destruction de grands pans de forêt,
d'autre part, au-delà de la simple disparition d'un écosystème,
les espèces
végétales constituant la biocénose
sont endommagées. Certaines chaînes
alimentaires pouvant être rompues, il est
probable qu'il en résulte des dommages sur le reste des êtres
vivants faisant part de ce système
naturel et plus généralement une perte de
biodiversité
dans les écorégions
méditerranéennes.
Des incendies
de forêts
importants se produisent dans le sud de la France, en Espagne et au
Portugal.
En particulier, les incendies ont ravagé 40 %
de la superficie totale des forêts portugaises et provoqué la mort
de 18 personnes. En Espagne, 300 km2
de forêt ont disparu, dont plus de 13 km2
au nord-est, en Catalogne.
Insectes, stress hydrique
La forêt française, déjà atteinte lors de la
tempête
de 1999, est touchée par la canicule. En plus
des incendies, de nombreux arbres ont séché sur pied. Dans l'est
de la France, la canicule a favorisé l'invasion des plantations
d'épicéas
par les bostryches,
ce qui corrobore les observations récentes des entomologistes
de la présence de plus en plus importante (ou même de
l'apparition) d'insectes vers les régions septentrionales
jusqu'alors habituellement présents au sud.
La sécheresse engendrant un stress
hydrique se cumulant à l'effet du
ralentissement photosynthétique
de la végétation
provoqué par la canicule, les conséquences sur la flore
sont considérables.
Agrosystèmes et économie rurale
La production agricole française est touchée
par la canicule, et ce d'autant plus que celle-ci suit un hiver au
cours duquel une brutale chute de température avait endommagé de
nombreuses cultures, et un printemps exceptionnellement sec dans la
majorité des régions : la moisson est avancée et les
rendements diminuent fortement.
Les récoltes d'automne (ensilage
de maïs,
moisson de tournesol,
soja,
maïs, vendanges)
se déroulent un peu partout avec un mois d'avance. Dans plusieurs
départements, des phénomènes de grêle
ont suivi la canicule, endommageant certaines cultures (maïs et
vigne en particulier). Une production vinicole d'excellente qualité
est cependant attendue, en raison des fortes températures ayant
accéléré la maturation des grains.
Le foin
et l'ensilage
sont très touchés, provoquant une grave pénurie de fourrage pour
le bétail
dans de nombreux départements français.
Conséquence directe de la canicule, plusieurs
millions de volailles
meurent dans les poulaillers industriels non climatisés.
Les conséquences économiques de la sécheresse
et de la canicule sont estimées par les syndicats
agricoles à 4 milliards d'euros de pertes de
chiffre d'affaires ; 59 départements
français demandent la mise en place du fonds
d'aide calamités agricoles. Selon l'INRA,
les pertes occasionnées par les effets de la canicule peuvent
atteindre 50 % dans certaines régions et pour certaines
cultures ou récoltes fourragères. Les régions les plus touchées
sont le Massif
central, le sud-ouest et l'est de la France.
« La sécheresse
favorise la hausse des cours des céréales », au point que
durant la canicule il a dépassé le prix atteint en 2000.
Le prix du blé par tonne est ainsi passé de 100 € (en
mars),
à 130 € (en septembre)28.
Autres conséquences
Bilan hydrographique
Le Danube
atteint un de ses niveaux les plus bas, et laisse apparaître des
bateaux coulés par les Allemands durant la Seconde
Guerre mondiale.
Ressources électriques
En France, la société nationale EDF
demande à ses gros clients de se préparer à une diminution de
leur consommation
en énergie, dès le début de juillet. C'est
la première fois qu'elle prend de telles mesures en été.
Elle prend également en charge les pertes qui résultent de cette
réduction forcée de la consommation
pour ces entreprises. De plus, elle rachète l'énergie
que certains de ses clients produisent en surplus de leurs besoins
(production endogène de ces clients), ainsi que l'énergie produite
par d'autres compagnies étrangères.
La Société
nationale d'électricité et de thermique
(SNET) doit relancer ses quatre centrales
thermiques au charbon — comme au plus froid
de l'hiver — en raison de la baisse de la production hydraulique
et nucléaire.
Pour faire face à une pénurie d'électricité
due à une surconsommation de 5 à 10 % par la population, une
dérogation spéciale est accordée à certaines centrales pour
rejeter des eaux du circuit de refroidissement à une température
excédant de 1 °C la norme maximale, alors que la température
des eaux des fleuves est déjà, avant les rejets, de 5 °C
supérieure à la valeur moyenne observée au cours des 25 dernières
années ; en Allemagne, le manque de vent pénalise la
production d'origine éolienne
et des dérogations similaires sont accordées.
Le système de distribution d'EDF, et
particulièrement son réseau enterré, souffre des températures
élevées. En octobre, l'entreprise publique estime à 300 millions
d'euros la surcharge financière due à la canicule. Ce chiffre ne
prend pas en compte ses effets à venir notamment dus à la réserve
en eau très faible des barrages.
Dans de nombreux pays, des centrales
thermiques (à l'énergie
nucléaire, au pétrole,
au charbon,
ou autres, ces différents types de centrales étant soumises aux
mêmes contraintes) doivent stopper momentanément leur production.
Le Danemark,
pays majoritairement entouré par la mer, profite du manque d'eau de
la Norvège,
de la Suède
et en Europe centrale, et dépasse ses records d'exportation
d'électricité, principalement produite par des centrales à
charbon, les lacs ayant un niveau trop faible en raison de faibles
précipitations au printemps.
Infrastructures et bâtiments
Dans de nombreux départements, à la suite du
retrait (crevasses) de certains types de sols à forte teneur en
argile,
des fissures apparaissent dans les constructions : une
modification des normes de construction est prévue pour 2004.
Certaines infrastructures voient leurs
contraintes augmenter, comme celles de la SNCF,
le réseau
routier, ou les voies
navigables (fermeture de canaux à la
circulation). La SNCF a connu des incidents de rupture de caténaires
liés à la dilatation
des fils de contact, en revanche les voies
posées en LRS
n'ont pas souffert. Il y a eu aussi quelques incidents dus à des
disjonctions automatiques de la climatisation,
celle-ci n'étant pas prévue pour fonctionner à des températures
élevées (au-delà de 35 °C) sur certaines rames Corail
construites vers la fin des années 1970.
Il est envisagé de construire des tours de
réfrigération comparables à celles de l'industrie nucléaire près
des zones les plus vulnérables (cuvette et à forte densité
humaine).
Mesures prises à la suite de cette canicule
En France
Plan national canicule
Mis en place à la suite de la canicule de 2003,
le Plan national canicule (PNC) a pour objectifs de prévenir
l'arrivée d'une canicule et de coordonner les moyens mis en place
aux niveaux local et national pour limiter les effets sanitaires de
celle-ci.
Il contient quatre niveaux, en coordination avec
les niveaux de vigilance
météorologique de Météo France, qui
entraînent des actions graduées :
-
le niveau 1, « veille saisonnière », est automatique : il s'active sur l'ensemble du territoire, chaque année du 1er juin au 31 août ;
-
le niveau 2, « avertissement chaleur », fait écho au passage au niveau jaune de vigilance météorologique : l'Institut de veille sanitaire alerte le ministre qui alerte les préfets des départements concernés ;
-
le niveau 3, « alerte canicule », fait écho au passage au niveau orange de vigilance météorologique : au niveau national, entrée en action du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) ; au niveau local, les préfets déclenchent les plans blancs (hôpitaux), Orsec (service de secours ; ex-Plan rouge) et vermeil (personnes vulnérables) ;
-
le niveau 4, « mobilisation maximale », fait écho au passage au niveau rouge de vigilance météorologique : la crise devient intersectorielle et nécessite une coordination maximale de la réponse de l'État ; le Premier ministre peut confier la conduite opérationnelle de la crise à un ministre et ainsi activer la Cellule interministérielle de crise. Ceci peut se traduire par un renforcement des plans, le déploiement de l'armée ou la réquisition des médias par exemple.
Le ministère chargé
de la santé, Jean-François
Mattei, et les Agences
régionales de santé publient sur leurs sites
internet la version en vigueur pour l'année du Plan national
canicule29.
Journée de solidarité
Article détaillé : Journée
de solidarité envers les personnes âgées.
Une partie des bénéfices de cette journée est
prélevée par l'État, cet argent devait au départ être destiné
aux personnes handicapées, et a été étendu à l'aide envers les
personnes âgées, après la canicule de l'été 2003.
-
Depuis le 1er juillet 2004, les employeurs versent à l'État une cotisation dite « de solidarité autonomie » (0,3 % des salaires soumis à cotisations URSSAF), destinée initialement à financer les mesures préventives,
-
en contrepartie du droit de faire travailler leurs salariés une journée supplémentaire par an, qui est par défaut le lundi de Pentecôte, qui reste un jour férié mais d'un type particulier,
-
Le bénéfice résultant de l'écart entre les deux versements profite donc à l'entreprise[pas clair].
Cette mesure a été plutôt bien appréciée par l'opinion
publique au moment où elle a été annoncée
(septembre 2003). Mais rapidement, l'opinion s'est inversée,
notamment grâce aux travaux du CAL, Collectif des Amis du Lundi30,
et au vu du « grand bazar » causé chaque année par ce
jour qui était devenu mi-chômé mi-travaillé. En effet, un grand
nombre de sociétés avaient offert cette journée à leurs salariés
ou avaient préféré maintenir le lundi de Pentecôte
chômé contre un jour de congé. On estime qu'en 2007, seulement 4
français sur 10 étaient au travail31.
Le dernier gouvernement de
Villepin, avait prévu de revoir cette loi,
en laissant plus de flexibilité aux entreprises
et aux salariés
quant à cette journée de solidarité. Début 2008, le gouvernement
Fillon
a annoncé qu'il laisserait le choix de la date aux entreprises,
mesure qui avait été demandée par le CAL.
Mesures préventives au travail
-
Le ministère du Travail a diffusé une circulaire le 15 juin 2004 énonçant les principales obligations légales et réglementaires des employeurs en cas de fortes chaleurs.
-
La canicule de l'été 2003 ayant entraîné plusieurs accidents du travail, dont certains mortels, l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) met à disposition sur son site un dossier d'information intitulé Travailler par de fortes chaleurs en été32.
Notes et références
-
↑ « Prévisions, Climatologie de la région de Bordeaux (Yvrac, Mérignac, Floirac) » [archive], Meteo Climat de Bordeaux, sur Bordeaux.fr (consulté le 6 octobre 2013).
-
↑ Associated Press, « Canicule: quel bilan en Europe? » [archive], sur Canoe.com, 21 août 2003 (consulté le 6 octobre 2013).
-
↑ « Bulletin climatique » [archive] [PDF], sur Météo-France, décembre 1999 (consulté le 16 mars 2015).
-
↑ Pierre Bousselin, « Aspects méthodologiques et historiques des tempêtes et des chablis » [archive] [PDF] (consulté le 16 mars 2015).
-
↑ (en) « History for Girona, Spain » [archive], sur Weather Underground, 13 août 2003 (consulté le 6 octobre 2013).
-
↑ (en) « History for Vigo, Spain » [archive], sur Weather Underground, août 2003 (consulté le 6 octobre 2013).
-
↑ (en) « History for Barcelona, Spain » [archive], sur Weather Underground, 13 août 2003 (consulté le 6 octobre 2013).
-
↑ Les records de pollution à l'ozone sont battus dans toutes les régions, Le Monde, 8 août 2003, et La canicule fait le bonheur de Paris-Plage [archive], leparisien.fr du 3 août 2003, consulté le 6 juin 2019.
-
↑ La canicule serait à l'origine d'une cinquantaine de décès [archive], ina.fr du 11 août 2003, consulté le 6 juin 2019.
-
↑ (fr + en) « Canicule : Chirac entre compassion et promesses » [archive], Le Nouvel Observateur, 23 août 2003 (consulté le 22 août 2012).
-
↑ (fr + en) « Discours de Marine Le Pen le 8 novembre 2003 » [archive], Vie-publique.fr, 8 novembre 2003 (consulté le 22 août 2012).
-
↑ a et b Insee La situation démographique en 2011 [archive], Tableau 69 - Tables de mortalité abrégées [archive], juillet 2013.
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↑ (en) Poumadère, M., Mays, C., Le Mer, S. and Blong, R. (2005), The 2003 Heat Wave in France: Dangerous Climate Change Here and Now. Risk Analysis, 25: 1483–1494. doi: 10.1111/j.1539-6924.2005.00694.x.
-
↑ "The impact of the 2003 heat wave on daily mortality in England and Wales and the use of rapid weekly mortality estimates" MedLine: Euro Surveill 2005;10(7):168-171 lire en ligne [archive].
-
↑ [PDF] Hausse attendue pour les prix des aliments composés [archive], Agreste, conjoncture, octobre 2003.
-
↑ « Instruction interministérielle relative au Plan national canicule 2013 » [archive], sur sante.gouv.fr (site du ministère de la Santé), 10 avril 2013 (consulté le 5 janvier 2014).
-
↑ « Travailler par de fortes chaleurs en été » [archive], sur le site de l'INRS (consulté le 4 janvier 2014).
Voir aussi
Sur les autres projets Wikimedia :
-
Canicule européenne de 2003, sur Wikimedia Commons
Articles connexes
Liens externes
-
« Retour sur la canicule d'août 2003 » [archive], Bilans climatiques, sur Météo-France, 20 août 2003 (consulté le 26 septembre 2013)
-
« Pollution record en France » [archive], Communiqué de presse, sur ADEME, 13 août 2003 (consulté le 26 septembre 2013)
-
« La crise sanitaire et sociale déclenchée par la canicule » [archive], Rapport parlementaire, Assemblée nationale française, 24 septembre 2003 (consulté le 26 septembre 2013)
-
Denis Hémon et Éric Jouglas, Surmortalité liée à la canicule d'août 2003 : Suivi de la mortalité et causes médicales des décès, INSERM, coll. « Rapport final remis au ministre de la Santé et de la Protection sociale », 26 octobre 2004 (lire en ligne [archive] [PDF])
-
Jean-Michel Annequin, « L’agriculture en 2003 en Europe et en France : Les grands pays agricoles affectés par la sécheresse », INSEE Première, Insee, no 974, juin 2004 (lire en ligne [archive])
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