mardi 25 juin 2019

Nantes : Steve, 24 ans, porté disparu depuis la Fête de la musique

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Selon ses proches, le jeune homme était présent sur le quai de Loire à Nantes au moment de l’intervention controversée de la police samedi. Ils redoutent qu’il soit tombé dans le fleuve.

Malgré des recherches dans la Loire ce lundi et un appel à témoins lancé, la famille est toujours sans nouvelle du jeune homme. DR

Par Pierre-Baptiste Vanzini, correspondant à Nantes (Loire-Atlantique)
Le 24 juin 2019 à 21h22, modifié le 25 juin 2019 à 06h16
Le son devait être coupé à 4 heures samedi, comme partout à Nantes (Loire-Atlantique) à l'occasion de la Fête de la musique. Mais l'une des soirées électro a fait de la résistance, quai Wilson, sur l'île de Nantes. Cette prolongation a conduit la police à intervenir et est à l'origine d'échauffourées avec les forces de l'ordre. Plusieurs personnes sont tombées dans la Loire (14 personnes au total pendant toute la soirée, avant et après les heurts) puis ont été secourues. Steve, un des participants, lui, n'est jamais réapparu.
Il est 4h30 sur le quai. Le ton monte, les premiers accrochages ont lieu très rapidement. Quelques pierres et bouteilles volent vers les forces de l'ordre, nombreuses sur place. Elles répliquent à coups de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement. « J'étais avec un ami, on les a vus arriver, raconte Vianney. On n'imaginait pas que ça allait se passer comme ça. En trois ou quatre minutes, tout s'est enchaîné. J'ai compté une quinzaine de grenades, dont une qui est tombée à deux mètres de moi. C'était la grosse panique. On s'est pris du gaz lacrymogène dans la gueule, désolé d'être vulgaire, mais ce sont les mots adéquats… ».

14 personnes sont tombées dans l'eau

Surtout, dans cette cohue générale, Vianney ne parvient pas à retrouver son copain Steve, 24 ans. « Les sons étaient orientés côté Loire, tout le monde s'asseyait au bord de l'eau. J'ai vu Steve quelque dizaine de minutes avant l'intervention de la police, il était en train de dormir au milieu d'un groupe à trois ou quatre mètres de l'eau. J'ai voulu le réveiller, mais ses potes m'ont dit de le laisser », poursuit Vianney, ajoutant qu'il ne l'a pas revu depuis. « Dans le nuage de fumée, tout le monde s'est perdu », résume Mathis, un autre ami de Steve.
C'est dans ce moment de panique que plusieurs personnes se retrouvent dans la Loire. Elles sont repêchées par les pompiers et la SNSM présents sur place, indique la préfecture. Au cours de la soirée (avant et après les heurts), 14 personnes sont tombées dans l'eau. Steve est-il tombé dans le fleuve sans être vu ? C'est la question déchirante que se posent ses proches et sa famille.
« Il ne sait pas nager, explique Johanna, sa sœur. On a attendu tout le week-end, jusqu'à dimanche soir pour voir s'il allait rentrer chez son père, comme d'habitude. Il ne l'a pas fait ». La mère du jeune homme a rempli un formulaire de déclaration de disparition inquiétante, à 20 heures dimanche au commissariat central de Nantes. Une enquête a été ouverte par le parquet de Nantes. Des recherches dans la Loire ont été menées ce lundi et un appel à témoins lancé.

« J'ai un maigre espoir »

En attendant, tous les proches de Steve refont le film. Il devait dormir chez un ami, samedi soir. Le jeune homme n'est jamais venu. Ce dernier est injoignable, téléphone coupé. « Son portable, c'est quelque chose de super précieux pour lui, il est toujours joignable, et là, pas de nouvelles », soupire Mathis. Surtout, Steve ne s'est pas présenté à son travail d'animateur dans une école de la commune du nord de Nantes où il habite. « Il est très assidu au travail, il est tout le temps en avance, il aime s'occuper des enfants », insiste sa sœur.






« Qu'est-ce qui s'est passé, interroge à son tour Oscar, le père du disparu. J'espère qu'il va revenir, mais j'ai un maigre espoir ». Ce maçon de 52 ans n'a pas eu la force d'aller au travail ce lundi matin. « Il va falloir trouver le problème. Il faut mettre des règles pour ces festivités, il y a une erreur quelque part. Il n'y a pas de barrières, pas de protection sur le quai. C'est inadmissible qu'il y ait une charge de policier comme ça, il y a un risque… » ajoute le père.
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Dès lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) sur les conditions d'interventions des forces de l'ordre au cours de la nuit de la fête de la musique à Nantes. Était-il normal d'utiliser du gaz lacrymogène et des grenades à cet endroit et au bout d'une nuit de fête ? « C'est justement le but de l'enquête », répond prudemment la préfecture.

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