dimanche 30 juin 2019

Inquiétude & Certitudes - dimanche 30 juin 2019

sauvetage en Méditerranée - le Sea-Watch

wikipédia à jour au 29 juin 2019




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Le Sea-Watch 2 à Hamburg en 2016
Sea Watch est une ONG allemande qui participe au recueil des migrants en Méditerranée, en particulier en affrétant des navires de sauvetage. En juin 2019, le Sea-Watch 3 est le seul navire humanitaire au large de la Libye.

Les navires

Le Sea-Watch est un ancien navire de pêche, acquis en 2015, utilisé comme bateau de sauvetage en Méditerranée jusqu'à son transfert à l'association.
Le Sea-Watch 2 est un ancien navire de recherche sur la pêche, utilisé pour des opérations de sauvetage de 14 jours entre la côte libyenne et l'île de Malte dans le sillage du Sea-Watch entre 2016 et 2017, puis vendu à l'association Lifeline.
Le Sea-Watch 3 était auparavant exploité par l’organisation non gouvernementale Médecins sans frontières.

2017

Le 6 novembre 2017, les marins du navire[Quoi ?] arrivent à secourir cinquante-huit personnes au cours d'une opération partiellement empêchée par la marine libyenne, pendant laquelle vingt migrants se noient1,2,3. Des images vidéo démontrant la responsabilité des gardes-côtes libyens sont utilisées pour une action en justice contre l’Italie auprès de la Cour européenne des droits de l’homme4.
Le navire reprend la mer en novembre 20185,6,7, après avoir été bloqué à Malte entre juillet et octobre8.

2019

Début janvier 2019, le Sea-Watch 3 transporte une trentaine de rescapés mais ne peut accoster ni à Malte ni en Italie9, ni en Espagne10. Le 3 janvier, la France, l'Allemagne et les Pays Bas proposent d'accueillir une partie des 49 migrants bloqués au large de Malte « dans le cadre d’un effort collectif de répartition »10,8. Selon Mina Andreeva, porte-parole adjointe de la Commission européenne, il faut « plus de solidarité » et des « solutions prévisibles et durables pour le débarquement et la relocalisation en Méditerranée », citant le commissaire chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos11.
Deux semaines après le sauvetage, 49 migrants sont toujours bloqués au large de Malte sur le Sea-Watch 3 et le Sea-Eye12, malgré l'appel du pape François13. Le mercredi 10 janvier, ils peuvent enfin débarquer à Malte, après qu'un accord a été trouvé pour les répartir dans huit autres pays européens14,15. Fin janvier, alors que le bateau transporte 47 migrants dont l'Italie refuse le débarquement, le gouvernement italien se retourne contre le gouvernement hollandais16 et Sea-Watch saisit la Cour européenne des droits de l’homme17. Le 29 janvier, l’Italie, l’Allemagne, la France, Malte, le Portugal et la Roumanie et le Luxembourg s'accorde sur la répartition des 47 migrants secourus le 19 janvier par le Sea-Watch 318. Matteo Salvini demande sa mise sous séquestre18, mais le navire amaré à Catane pour débarquer les réfugiés est bloqué par l'armée italienne en raison d'une « série de non-conformités » ; l'ONG dénonce une pression politique19. Le 13 avril 2019, 62 migrants secourus le 3 avril par le navire « Alan-Kurdi » (qui prend le nom du Syrien de 3 ans retrouvé noyé sur une plage turque20) sont débarqués à Malte, et répartis entre l'Allemagne, la France, le Portugal et le Luxembourg21,22. Le dimanche 19 mai, la saisie du navire SeaWatch 3 par la police italienne entraîne le débarquement à Lampedusa de 47 migrants recueillis le 15 mai23,24, provoquant la colère de Matteo Salvini qui s'opposait au débarquement24,25. En juin 2019, le navire est à nouveau bloqué avec 53 migrants à bord, secourus le 12 juin au large de la Libye26. L'Italie n'accepte le débarquement que de 11 personnes particulièrement vulnérables; la situation se tend le 25 lorsque la capitaine du navire menace d'accoster à Lampedusa malgré l'interdiction27, puis entre dans les eaux territoriales italiennes, selon l'ONG « pas par provocation, mais par nécessité, par responsabilité »28,29,30. Dans son éditorial, Le Monde estime que la capitaine Carola Rackete ne fait que « rappeler à tous l’existence de conventions internationales [comme celle qui énonce que] le sauvetage en mer s’impose à tous »31. Dans une tribune, 700 personnalités prennent la défense des réfugiés, s'opposant à Matteo Salvini32. Selon une sondage publié dans le quotidien italien conservateur Il Giornale, 61 % des Italiens sont contre le fait que le Sea Watch accoste au port de Lampedusa33. Le navire est placé sous séquestre après avoir accosté dans la nuit du 28 au 29 juin, et Carola Rackete est arrêtée pour aide à l’immigration clandestine34.

Notes et références

Notes

(ca) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en catalan intitulé « Sea Watch » (voir la liste des auteurs).

Références 

  1. « Des chercheurs retracent le « sauvetage » désastreux de 150 migrants en Méditerranée », Le Monde.fr,‎ 3 janvier 2019 (ISSN 1950-6244, lire en ligne [archive], consulté le 3 janvier 2019)
  2. (en-US) Charles Heller, Lorenzo Pezzani, Itamar Mann et Violeta Moreno-Lax, « It’s an Act of Murder’: How Europe Outsources Suffering as Migrants Drown (Opinion) », The New York Times,‎ 26 décembre 2018 (ISSN 0362-4331, lire en ligne [archive], consulté le 3 janvier 2019)
  3. « Enquête. Comment l’Europe et la Libye laissent mourir les migrants en mer » [archive], sur Courrier international, 2 janvier 2019 (consulté le 3 janvier 2019)
  4. « Trois ONG lancent une opération de sauvetage au large de la Libye », Le Monde.fr,‎ 23 novembre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 23 décembre 2018)
  5. « « Aquarius » : « La non-assistance à personnes en danger est revenue en force en Méditerranée » », Le Monde.fr,‎ 7 décembre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 23 décembre 2018)
  6. « Migrants : « Il existe une politique de criminalisation des sauvetages en mer » », Le Monde.fr,‎ 24 novembre 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 23 décembre 2018)
  7. a et b « Les ONG de sauvetage de migrants sont de retour en Méditerranée », Le Monde,‎ 4 janvier 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 4 janvier 2019)
  8. « Migrants en Méditerranée : l’appel de la ligue des droits de l’homme Corse » [archive], sur France Bleu, 2 janvier 2019 (consulté le 2 janvier 2019)
  9. a et b « La France prête à accueillir des migrants bloqués au large de Malte », Le Monde.fr,‎ 3 janvier 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 3 janvier 2019)
  10. « Migrants : les navires Sea-Watch et Sea-Eye toujours bloqués en mer » [archive], sur TV5MONDE, 6 janvier 2019 (consulté le 7 janvier 2019)
  11. « Migrants bloqués au large de Malte : le pape lance un appel à la solidarité européenne », Le Monde,‎ 7 janvier 2019 (lire en ligne [archive])
  12. « Italy vows to sue NGO over migrant rescue boat » [archive], sur www.aljazeera.com (consulté le 28 janvier 2019)
  13. « Migrants : l’ONG Sea-Watch saisit la CEDH contre l’Italie », Le Monde,‎ 29 janvier 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 29 janvier 2019)
  14. a et b « L’Italie parvient à un accord sur les 47 migrants du « Sea-Watch » », Le Monde,‎ 31 janvier 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 31 janvier 2019)
  15. « Le navire « Sea-Watch » bloqué en Sicile par les gardes-côtes italiens », Le Monde,‎ 1er février 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 1er février 2019)
  16. « Pourquoi migrer tue », Le Monde,‎ 12 avril 2018 (lire en ligne [archive], consulté le 14 avril 2019)
  17. « Quatre pays d’Europe acceptent d’accueillir les migrants bloqués depuis dix jours en mer au large de Malte », Le Monde,‎ 13 avril 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 14 avril 2019)
  18. Le Point magazine, « Les migrants de Sea-Eye arrivent à Malte avant d'être répartis en Europe » [archive], sur Le Point, 13 avril 2019 (consulté le 14 avril 2019)
  19. « Le ministre de l’intérieur italien Salvini furieux de voir des migrants arriver à Lampedusa », Le Monde,‎ 20 mai 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 20 mai 2019)
  20. « Réunis à Malte, les pays d’Europe du Sud, dont la France, restent en désaccord sur l’accueil des migrants », Le Monde,‎ 15 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 15 juin 2019)
  21. « La tension monte autour du « Sea-Watch », bloqué en mer avec 42 migrants », Le Monde,‎ 25 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 25 juin 2019)
  22. « Treize jours après avoir secouru plus de 50 migrants, le « Sea-Watch 3 » force le blocus des eaux italiennes », Le Monde,‎ 26 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 26 juin 2019)
  23. « Sea-Watch 3, l'honneur de désobéir » [archive], sur France Culture (consulté le 27 juin 2019)
  24. « Migrants : les leçons à l’Europe de la capitaine du « Sea-Watch 3 » », Le Monde,‎ 27 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 27 juin 2019)
  25. « « Sea-Watch 3 » : « C’est maintenant qu’il faut inverser la destruction du droit et de l’humanité » », Le Monde,‎ 27 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 27 juin 2019)
  26. « Migrants en Méditerranée : le « Sea-Watch 3 » accoste à Lampedusa malgré le refus du gouvernement, sa capitaine arrêtée », Le Monde,‎ 29 juin 2019 (lire en ligne [archive], consulté le 29 juin 2019)

en Méditerranée - Aquarius (navire de sauvetage)

wikipédia à jour au 28 juin 2019







Aquarius

L'Aquarius en 2012, dans le port de Cuxhaven.

Surnom
Bateau citoyen
Fonction
Garde-côtes puis humanitaire
Histoire
Chantier naval
Lürssen, Brême, Allemagne
Commission
1977
Caractéristiques techniques
Longueur
77,01 m
Maître-bau
11,75 m
Tirant d'eau
5,78 m
Puissance
2 300 kW
Carrière
Propriétaire
Jasmund Shipping
Pavillon
Allemagne (Meerkatze : 1977-2008)
Gibraltar (Aquarius : ?-2018)1
Panama (Aquarius2 : 2018)2
Libéria (Aquarius Dignitus : 2018-?)3
IMO
7600574
L'Aquarius est un navire affrété entre février 2016 et décembre 2018 par l'association SOS Méditerranée. Il a secouru 30 000 migrants en mer Méditerranée, avant d'être immobilisé pour des raisons administratives et judiciaires.

Présentation

Le navire Aquarius est un ancien garde-côte allemand construit en 1977, qui s'appelait alors la Meerkatze. Il appartient et est géré par la compagnie maritime allemande Jasmund Shipping4,5. Parfois surnommé dans la presse le « bateau citoyen »6,7,8,9,10,11, le navire est affrété par SOS Méditerranée depuis janvier 2016 et financé principalement par des dons privés6. Dans Le Monde, Nicolas Hulot salue quelques mois après le départ du navire « la magnifique initiative civile et européenne de l’ONG SOS Méditerranée »12.
Le contrat d'affrètement a débuté en janvier 2016, pour un lancement de mission fin février 2016, en partenariat avec Médecins du monde jusqu'en avril 2016, puis avec Médecins sans frontières (section Amsterdam) depuis mai 201613. SOS Méditerranée est chargé des opérations de sauvetage en mer. Médecins sans frontières a pour responsabilité de prendre soin des rescapés une fois à bord de l'Aquarius.
Le navire est long de 77 mètres pour 12 mètres de large. Il possède trois canots de sauvetage et a une vitesse de croisière de onze nœuds. Environ trente-cinq personnes travaillent ou sont bénévoles à bord14,15,16,17. Des photographes18,19,20 et journalistes21,22 sont embarqués sur chaque mission. Il peut accueillir à bord jusqu'à 550 personnes en sécurité ; le nombre de personnes a atteint 1 032 en juin 2017 dans des circonstances exceptionnelles. Ce nombre est défini en fonction de critères tels que l'espace, la stabilité du navire, la sécurité incendie et abandon, les capacités médicales, les capacités alimentaires et les capacités en ressources humaines de l'équipage, pour la gestion de foule et la distribution des repas.
Dans un entretien accordé en 2018 sur France Culture, et consacré aux années 1930, Daniel Schneidermann propose une analogie entre l'Aquarius et le paquebot Saint Louis, navire au bord duquel 938 Juifs allemands quittèrent l'Allemagne nazie durant le printemps 1939, et qui fut refoulé aux États-Unis par le président Roosevelt23. Mathieu Bock-Côté réfute cependant cette analogie en indiquant que « L'Aquarius est le symbole, par ailleurs, d'une vague migratoire bien plus vaste [que celle des Juifs allemands de 1939]». Selon lui, « l'Aquarius est devenu le symbole [...] de la paralysie du politique devant une certaine conception du droit, l'Aquarius est devenu le symbole d'une forme de capitulation politique de l'Europe devant l'argument humanitaire ». Pour Daniel Schneidermann, la couverture médiatique de l'Aquarius et des migrants en 2018 tendrait à déshumaniser ces derniers, ce qui constituerait, à ses yeux, un parallèle avec la situation des Juifs en 193924. Edgar Morin a aussi fait un rapprochement entre la situation de l'Aquarius, et celle d'Exodus 1947, un navire transportant des rescapés de la Shoah empêché par la marine britannique d'accoster en Palestine25.

Chronologie des interventions

2016

En mars, le navire embarque le journaliste Jean-Paul Mari qui tiendra pendant trois semaines un journal de bord publié dans Libération22. Deux mois après son départ, l'Aquarius annonce un premier bilan avec six sauvetages et le sauvetage de 917 personnes6.
Le 3 juillet 2016, le navire quitte la Sicile pour aller patrouiller près des côtes libyennes26, en embarquant des journalistes du Monde27. En trois jours, il embarque 448 migrants28 érythréens29, ivoiriens, camerounais30, gambiens31, et guinéens. Les passagers sont débarqués à Messine (Sicile) le jeudi 7 juillet32 et le navire rejoint les côtes libyennes le 10 juillet33. Cent sept hommes africains sont sauvés le 11 juillet34 et transférés vers un navire des gardes-côtes romains35. Le 18 juillet, l’Aquarius vient au secours de 136 migrants paniqués et malades, entassés sur un canot pneumatique36,37. Le 20 juillet, après une opération de sauvetage, il fait route vers la Sicile avec 209 rescapés et les cadavres de 22 migrants38, principalement des femmes39, qui seront enterrées à Trapani40. Le 4 octobre, le navire porte secours à 720 personnes41.

2017

Plus de 1 750 migrants, qui étaient à bord de treize embarcations de fortune, sont secourus mercredi 1 et jeudi 2 février 2017 au large de la Libye, une centaine d’entre eux montent sur l’Aquarius. 220 migrants sont morts ou ont disparu en mer en janvier, selon l’ONU42. À partir du 21 mai, les débarquements de réfugiés en Sicile sont interrompus, alors que plus de 50 000 personnes ont été secourues depuis le début de l’année. L’Aquarius, transportant 1 004 réfugiés, est contraint de débarquer à Salerne (Campanie). Au même moment, le Prudence de MSF et ses 1449 réfugiés à bord étaient dirigés vers Naples, et d’autres navires vers la Calabre. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) évoque le chiffre de 1254 migrants déjà décédés en 201743. Le 23 mai 2017, un patrouilleur libyen perturbe un sauvetage mené par l'Aquarius44. Mardi 27 et mercredi 28 juin, 12 000 personnes sont recueillies dans les eaux internationales. Le 1er juillet, l’Aquarius débarque en Calabre 1033 réfugiés, dont 205 mineurs. Le gouvernement italien menace de refuser d’ouvrir ses ports aux navires des ONG non italiennes45. Mercredi 1er août, l’Aquarius récupère huit cadavres, ainsi que dix-sept Libyens et 255 Erythréens, et les transfère à bord du Vos Hestia, de l’ONG Save The Children. Depuis le début de l’année, au moins 2 300 personnes sont mortes en Méditerranée, selon le HCR46. En juin, le navire anti-migrant C-star entrave illégalement les déplacements de l’Aquarius47,48,49. Le 14 août, après l'abandon des ONG Médecins sans frontières, Save the Children et Sea Eye, l’Aquarius est le seul navire de sauvetage restant en Méditerranée50; il est rejoint en septembre par le navire de l’ONG espagnole Pro Activa, Open Arms51. Les 15 et 16 décembre, l'Aquarius sauve 320 personnes au large des côtes libyennes52. Le 26 décembre, l’Aquarius embarque 134 personnes, dont sept enfants, vers Pozzallo, en Sicile53.

2018

Samedi 27 janvier l'Aquarius sauve 83 migrants lors d’une opération en Méditerranée, mais deux femmes décèdent et « de nombreuses personnes sont portées disparues et présumées noyées »54. Cette rotation est décrite comme étant l'une des plus difficiles17,55.
La nuit du 8 juin, les marins de l'Aquarius sauvent 229 naufragés et embarquent 400 autres personnes, une situation apocalyptique que décrit Ludovic Duguépéroux56,57,58. Le gouvernement italien et Malte refusent d'accueillir le navire bondé (« Il y a 630 personnes à bord, le bateau fait 77 mètres de long par 13 de large, c’est le métro aux heures de pointe, on ne peut pas marcher sur le bateau, on doit prendre soin des gens, s’assurer que tout le monde a accès aux toilettes, à la nourriture56 »), utilisant l'argument que le navire ferait le jeu des passeurs et des trafiquants d'êtres humains59,60. Le ton monte entre l'Italie et la France61,62: Emmanuel Macron dénonce « le cynisme et l’irresponsabilité du gouvernement italien » qui refuse de laisser accoster le navire et ses 630 migrants63, et Gabriel Attal, porte-parole LRM, estime que la position de l’Italie est « à vomir »64. A Emmanuel Macron qui évoque la « lèpre qui monte », Matteo Salvini répond que la France devrait accueillir des migrants avant de faire la leçon65. Le navire est finalement accueilli en Espagne66,67, puis fait escale à Marseille68. 78 réfugiés sont accueillis en France, dont 42 à Lille69,70.
Mi-août, après plusieurs jours d'intenses négociations internationales, l'Aquarius débarque à Malte 141 migrants qui seront répartis entre cinq pays de l’Union européenne, dont la France71. En août 2018, Gibraltar retire à l'Aquarius son pavillon, sous prétexte que le navire, enregistré en tant que navire de recherche, a une mission exclusive de sauvetage1.
Le navire repart de Marseille le 15 septembre72 avec un pavillon panaméen2 et en embarquant des journalistes du journal Le Monde73,74, en direction des côtes libyennes75 où onze personnes sont secourues le 20 septembre76. Le navire refuse de transférer les personnes aux gardes-côtes libyens, et se tourne vers les autorités maltaises et italiennes qui refusent de l’accueillir77. Sous la pression de l’Italie qui reproche à l’Aquarius de ne pas ramener les réfugiés vers leur pays d'origine, le Panama engage le processus de retrait du pavillon du navire2,78 au motif que l'équipage ne respecte pas les procédures maritimes internationales de secours79; Francis Vallat, le président de SOS Méditerranée France80, lance alors « un appel solennel aux autorités européennes » pour aider à retrouver un pavillon81. Le 23 septembre, malgré l'opposition des gardes côte libyens, 47 personnes supplémentaires sont secourues et embarquent à bord du navire13; Julia Pascual raconte l’opération dans Le Monde82, qui qualifie la situation d'indigne83, aucun pays ne coordonnant plus les efforts de sauvetage au large des côtes libyennes84. Le navire demande aux autorités françaises de débarquer les rescapés à Marseille, la France répond qu'elle cherche « une solution européenne »85 puis demande le 25 septembre au navire d'accoster à Malte86, qui accepte de transborder sur un navire dans les eaux internationales87 les cinquante-huit migrants qui seront ensuite répartis entre le Portugal, la France, l’Espagne et l’Allemagne88,89. En attendant une mer clémente, le navire stationne près de Malte90,91, qui ne veut pas le faire rentrer dans ses eaux territoriales92. À l'antenne de France Culture le 29 septembre, Ludovic Duguépéroux, marin à bord de l'Aquarius, décrit la vie à bord du navire qui patiente à 25 km de Malte, l'émotion que provoquent les sauvetages (« les enfants dans les bras de leurs parents qui sont en train de se noyer (...) les regards, les mains qui se tendent », puis « les enfants qui courent sur le pont, qui ne sont pas sages »), la honte qu'il éprouve devant la façon avec laquelle on déshumanise ceux et celles qu'on appelle migrants92. Pour Complément d'enquête, l'un des sauveteurs décrit « des gens qui fuient l'horreur [et qui, une fois sauvés disent] qu'ils renaissent. Parce que pour la première fois depuis bien longtemps, ils ne sont pas en danger de mort, et ils ont un petit temps de repos et d'attention, avant de passer à une autre étape du voyage »93. Le 30 septembre, après une semaine d’attente au large, les 58 migrants sont transférées sur un navire maltais et débarqués à Malte94. Ils y sont interrogés dans un centre fermé95, leurs téléphones sont confisqués par la police, leur sélection par les États qui vont les accueillir est faite de façon opaque96; 17 d'entre eux arriveront en France le 9 octobre97. Pendant ce temps l'Aquarius se dirige vers Marseille, pour s’y amarrer le temps de renouveler son pavillon89,98, en laissant la Méditerranée centrale sans aucun navire humanitaire87, l'Open Arms s'étant déplacé vers le Maroc et l'Espagne99. Une dizaine de navires humanitaires de sauvetage étaient en Méditerranée centrale un an auparavant97. Trois navires redémarrent les opérations de sauvetage au large de la Libye le 23 novembre 2018100.

Opposition

Les activités de sauvetage de l'Aquarius et des autres ONG en général ont été l'objet de critiques de la part de l'administration judiciaire italienne, de gouvernements et de politiciens européens ainsi que de l'agence européenne Frontex. Selon ces critiques, les ONG seraient complices des passeurs et provoqueraient un appel d'air chez les migrants. Ces affirmations sont contestées par certains chercheurs et par les ONG. Parmi les critiques figurent notamment Mateo Salvini, Luigi Di Maio pour qui les organisations humanitaires sont des « taxis de la Méditerranée » qui « font mine de ne pas voir le business de l’immigration », Marine Le Pen qui estime que les ONG sont « complices des mafias de passeurs », ou encore Emmanuel Macron qui dénonce le « cynisme terrible » des ONG101,102,103. Nick Romaniuk, coordonnateur de recherche à bord de l’Aquarius, répond que « les politiciens d’extrême droite et autres chefs d’Etat (...) entravent les secours en mer (...) tout en attribuant aux missions humanitaires la responsabilité des maux de ce monde »104.
Le gouvernement italien reproche également aux ONG de ne pas ramener les migrants en Libye105. Ni le responsable de SOS Méditerranée106 ni l’Organisation des Nations Unies107,108,109 ne considèrent la Libye comme un pays sûr de débarquement des rescapés.
Début juillet 2018, les tensions sont vives entre l'Aquarius et les garde-côte libyens, qui ont interdit au navire de s'approcher des côtes. Selon le porte-parole de la marine libyenne, les navires humanitaires « s'approch[ent] de plus en plus » des eaux libyennes110. D'après Julia Pascual, journaliste embarquée pour Le Monde, l’Aquarius n’entre pas dans les eaux territoriales libyennes, mais ce sont les gardes-côtes qui interviennent au-delà de leurs eaux territoriales111.

Sondages

Un sondage en juin 2018 montrent que 56 % des Français refusent que la France accueille l'Aquarius112. En septembre 2018, ils sont 74 % à saluer la décision d'Emmanuel Macron de refuser d’accueillir l’Aquarius113, tout en étant une courte majorité à avoir une bonne opinion des ONG qui aident les migrants: selon le président de l'institut de sondage Odoxa, cela montre que les Français sont « totalement paradoxaux voire schizophrènes sur cette question de l'accueil des migrants »114.

Fin des activités

Une partie de l'équipage de l'Aquarius à Marseille, le 6 octobre 2018.
À partir de la fin de l'été 2018, les appels se multiplient, sans succès, pour demander à la France115,116,117,118, la Suisse119,120,121 ou n'importe quel autre pays européen122 de donner un pavillon à l’Aquarius, qui accoste à Marseille le jeudi 4 octobre, interdit de naviguer123,124. La Suisse refuse d'accorder son pavillon, considérant qu'elle n'est « pas en mesure d’appliquer la clause d’exception de la loi sur la navigation maritime au navire Aquarius » tant qu'une « solution européenne viable » n'est pas trouvée125. Le samedi 6 octobre des dizaines de milliers de personnes, selon l'association SOS Méditerranée, manifestent en soutien à l'Aquarius dans une cinquantaine de villes françaises126, et à Madrid, Bruxelles, Berlin et Palerme127,128,129.
En novembre 2018, l'association annonce que la justice italienne a demandé le placement sous séquestre de l'Aquarius et d'un autre navire de MSF, le Vos Prudence (de)130,131. Elle accuse MSF d’avoir présenté comme normaux des déchets (en particulier les vêtements abandonnés sur le navire par les migrants) qui présentaient un risque de contamination. D'après le parquet de Catane (Sicile), habitué des attaques contre les ONG132,133, ces vêtements pourraient être porteurs de virus ou d'agents pathogènes (HIV, méningite, tuberculose)130,134. MSF en Italie dénonce « deux années de campagnes diffamatoires » contre les ONG135. Les vêtements ne transmettent pas le VIH136, mais la directrice du National Aids Trust, Deborah Gold, commente : « les migrants et demandeurs d'asile ont souvent été attaqués en utilisant des mensonges sur la transmission des infections »137,138. La demande sera examinée par la justice française139,140. Une juriste de l’université d'Angers, affirme dans Le Monde que cette nouvelle procédure qualifiée d'« abusive » témoignerait de « l’orchestration d’une politique délibérée de non-assistance à personnes en détresse »141. Médiapart décrit les termes de l'ordonnance de saisie en date du 15 novembre142. Le quotidien italien d'opposition La Repubblica ironise sur le motif de l'accusation du parquet, rappelant que la gestion des déchets est dans certaines parties de l'Italie aux mains de la mafia, et détaille comment cette nouvelle attaque judiciaire s’inscrirait dans une volonté de stigmatiser les ONG et les migrants143. MSF dépose un recours142.
Le 6 décembre 2018, MSF et SOS Méditerranée annoncent mettre un terme aux activités de l'Aquarius144,145,146, après 177 opérations d’aide et 64 opérations de transbordement, ayant permis de sauver 30 000 vies25. Mego Terzian, président de MSF-France, explique au Monde que « la politique de harcèlement judiciaire, administratif, politique [a] eu raison [du navire] » et rappelle que les activités de secours en mer de toutes les ONG doivent constamment faire face aux « ennuis administratifs récurrents, obstacles posés aux escales techniques, interdiction d’accoster en Europe, et poursuites judiciaires », avec pour conséquence que « la généralisation de la non-assistance à personnes en danger est revenue en force en Méditerranée »147. Le ministre de l'intérieur italien Matteo Salvini (Ligue du Nord) s'en réjouit en twittant : « Moins de départs, moins de débarquements, moins de morts. Bien. »148,149. Marine Le Pen (Rassemblement national) salue aussi sur Twitter « la fin d’une imposture pseudo-humanitaire, et véritablement immigrationniste »144. Dans une tribune parue dans Libération, le responsable du programme Protection des populations d'Amnesty International France dénonce au contraire un « sabotage en bande organisée »150, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés s'inquiète de cette diminution des capacités de secours et demande que l'assistance aux migrants cesse d'être criminalisée151. Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée, affirme que l'ONG « explore déjà activement les options pour un nouveau navire et un nouveau pavillon »144,152, mais MSF est plus pessimiste153.
Le navire, rebaptisé « Aquarius Dignitus », acquiert en novembre 2018 un pavillon libérien provisoire, ne lui permettant pas de procéder à des opérations de sauvetage en mer3.

Dans la culture

En 2018 deux compositrices suisses, Heike Fiedler et Marie Schwab, créent un opéra inspiré par l'Aquarius, en se servant d'extraits du journal suisse Le Courrier. Les bénéfices de la représentation du 18 août 2018 sont reversés à l'association SOS Méditerranée, qui affrète le navire154.
François-Xavier Roth dirigera en 2019 la première d'un « oratorio moderne autour des voyages et de la migration [qui inclura] des textes, des témoignages, voire une participation directe de personnes qui ont séjourné sur l’Aquarius »155.
En 2018, à l'occasion de l'Eurovision, le duo francophone Madame Monsieur compose et interprète la chanson Mercy. Ils y racontent la naissance d'un bébé rescapé à bord de l'Aquarius156,157.

Autres navires humanitaires en Méditerranée

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  • le voilier Astral, de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms107,158.
  • Iuventa de l’ONG allemande Jugend Rettet159,160, mis sous séquestre en 2017 dans le cadre d’une enquête pour des comportements favorisant l’immigration illégale161.
  • Lifeline de l'ONG allemande Lifeline, bloqué à La Valette où les autorités contestent sa situation administrative162,163,164.
  • Mare-Ionio, de l’ONG italienne Mediterranea165,100.
  • Open-Arms de l’ONG Proactiva Open Arms100 dont la mise sous séquestre en raison de soupçons d’aide à l’immigration clandestine166 a été annulée167. Le 22 décembre 2018, il secourt plus de 310 migrants au large de la Libye; après un refus de Malte et de l'Italie168, l'Espagne accepte leur débarquement158,169. Il est bloqué à Barcelone depuis janvier 2019164.
  • Professor Albrecht-Penck de l'ONG allemande Sea-Eye, embarquant d'anciens volontaires de l’Aquarius168, en activité début janvier 2019170,171.
  • Sea-Watch de l’ONG Sea-Watch167,100,170,171.
  • Vos Prudence (de)de MSF130,172.

Notes et références

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Bibliographie

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Voir aussi

Articles connexes

Documentaires