lundi 8 janvier 2018

la mort d François Mitterrand – extraits de mon journal



 
Lundi 8 Janvier 1996

Et bien sûr, l'événement décisif, comme un véritable début pour moi et une détermination plus forte : la mort de MITTERRAND, aussitôt un article, le projet d'un livre que j'avais sur le bout de la langue et à l'esprit depuis des mois. C'est vers 11 heures, un rappel d'Edith, émue, et aussitôt en alerte, qui me l'apprend. Ma religion est faite, d'une grande complémentarité entre lui et de GAULLE. Ce que j'ai aussitôt écrit.


Ibidem, jeudi 11 Janvier 1996

Presque 23 heures - Une autoroute de pluie et de brouillard ce soir, de nuit, de lever de soleil fulgurant, mais dans des paysages constamment plats et monotones ce matin. Le Poitou, les Charentes, la sortie à Saint-Jean-d’Angély, des alignements de maisons le long des rues avec à peine de trottoir, à la vendéenne, des pierres claires de Loire, que la pluie et les ans grisent à peine, mais des sculptures, des fenestrages, des portails, et des grilles qui sont du midi. Dans la campagne parfois,, en collines, les vignes nues, des façons de bastides. C'est donc le pays natal de François MITTERRAND. J'y suis venu, éveil avant 06 heures, avec Edith, force de cette journée pour notre union.
Et tandis qu'arrivé à Jarnac, via Rouillac, c'est-à-dire en ayant pu nous garer à la mairie, et à quelques deux cent mètres de la première place en contrebas de l'église Saint-Pierre, au commencement de la rue Albert Guy, nous attendons, sans savoir si ce sera la venue du cortège et du cercueil vers la dernière messe, ou au contraire la descente vers le cimetière des Grands-Maisons, je suis saisi par mon inconsistance, si je rapporte mon âme, ma vie intérieure, ou ce qui en tient lieu, à cette profonde unité de l'existence terrestre de FM. Une vie intérieure avouée, affichée ; une intelligence, une force intime qui ne se dispersait pas. Edith dit justement qu'il était ordonné, alors que je suis si désorganisé, tant de mes déboires de mes finances jusqu'à l’affaire des archives de mon ambassade, viennent de ce désordre permanent, qui est un manque d'égards vis-à-vis des choses, de moi-même et des autres. Le courrier qui n'est pas ouvert.
Sur les registres en feuilles volantes disposés sous une série de cinq ou six tentes au cimetière, j'écris : Il a rempli ma vie, fait ma carrière, il devient ma leçon de caractère. C'est cela que je ressens aujourd'hui. D'autres ont nominalement déjà accompli leur vie, chargés d'honneurs et de publications, ou fait un véritable parcours, sauront-ils continuer et mourir. Mais lui : c'est encore mieux, cela a confiné très vite au chef d'oeuvre quand il a su réagir avec tant de majesté à sa victoire de 1981, une majesté se révélant innée et grandissante, et avec tant d'habileté, de sagesse, de calme et de sagacité quand apparemment tout fut critiqué et perdu, en 1986 notamment et peut-être même en 1993, quoiqu'il avait désormais l’entrainement de l'âge, de la maladie, et de la fois précédente. Manifestement une densité de sourire, de regard, et en même temps un parcours de parole : écrit, sans technicité autre que d'être vraiment et seulement politique, sans pourtant en être creux, veule ou avide des médias comme l'auront été son prédécesseur et son successeur.
Jarnac est donc une ville au bord de l'eau. Courvoisier est son château de briques, à quai. L'église très restaurée et d'une époque indiscernable, sauf sans doute un transept aux belles colonnades et de voûtes, présente d'admirables vitraux modernes, tous abstraits, sauf un baptême du Christ : fête célébrée à la mort du Président. On ne peut as dire qu'il y a foule, il y a une présence assez dense et décente, assez diverse quoique vraiment pas faite d'illustrations, pour que l’on ait conscience d'un respect populaire. Mais la ville n'est pas vouée à un culte, sauf à la librairie de la zone piétonne faisant vitrine, et ayant sa carte postale de la maison natale. A la sortie de l’église, le cortège est décevant, très famille bourgeoise, deux petits autocars avec la famille-famille. Il faut savoir par la presse et les medias, que c'est le jour d'une sensationnelle mixité : la famille légitime, et puis Mazarine et sa mère, ces deux familles  au coude-à-coude. J'ai reconnu dans la seconde voiture DUMAS superbe et semblable à lui-même, bon et fin, et puis à pied FABIUS, BADINTER, et les familles de l'Elysée CHASSIGNEUX, LAUVERGEON, CHARASSE. Brillent par leur absence BIANCO et ATTALI notamment. Edith voit KIEJMAN. Les medias, comme hier à la messe pour mon cher voisin, ont donné à l’église le mot : reprendre la préface de FM au livre de Marie de HENNEZEL. Trait de génie, encore, du partant. Les maisons de la famille MITTERRAND sont sur la rue, pour celle qui a encore enseigne peinte : fabrique de vinaigres; et sur jardin, protégée d'une haute grille opaque pour celle qui serait de naissance. La tombe est une construction quadrangulaire de quelques deux mètres cinquante de côté ; o n n'y distinguait sous la gerbe de roses emballées de cellophane et montant comme à l'appui d'un futur bûcher, qui eût été d'argent et de pluie mais sans beauté ni allure, si cela avait été ouverte et comment ? Bref, je fus là.

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