lundi 29 janvier 2018

l'incarnation de la "françafrique" --- Robert Bourgi


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Robert Bourgi
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Biographie
Naissance
4 avril 1945Voir et modifier les données sur Wikidata (72 ans)
DakarVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jaffar BourgiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Autres informations
Directeur de thèse
Distinction
Robert Bourgi, né le 4 avril 1945 à Dakar, est un avocat et conseiller politique français.
Spécialiste des questions africaines, personnage controversé, il est considéré comme un représentant de la « Françafrique ».

Sommaire

Biographie

Famille

Né le 4 avril 1945 à Dakar, au Sénégal, Jaffar (dit Robert1) Bourgi appartient à une fratrie de 13 enfants, issus d'une dynastie libano-sénégalaise. Fils de Mahmoud Bourgi, un riche négociant en textile, qui a choisi d'émigrer du Liban en 19182. Il est le frère du professeur d'Université agrégé de droit public Albert Bourgi3,4.
Marié le 7 décembre 1972 à l'avocate Catherine Vittori, il a trois enfants5,6.

Formation

Après des études au lycée Van-Vollenhoven à Dakar et des études de droit à l'université de Nice et à l'université Paris-I, il devient docteur d'État en droit public en 1978, son sujet de thèse porte sur « De Gaulle et l'Afrique »7, et diplômé d'études supérieures en science politique5.
Bien qu'il ait prêté serment en 1993, Robert Bourgi est un avocat qui n'a jamais plaidé2.

Carrière

Robert Bourgi est considéré comme un disciple de Jacques Foccart avec qui son père Mahmoud Bourgi, important commerçant gaulliste, avait noué des relations d'affaires6. Il se dit « musulman chiite »8. Proche du pouvoir, il conseille la poursuite de relations avantageuses entre la France et le continent africain. Jacques Foccart le présente notamment à Omar Bongo6.
D'abord conseiller politique de Michel Aurillac (alors ministre de la Coopération de Jacques Chirac sous la première cohabitation, de 1986 à 1988) puis de Dominique de Villepin (dont il s'est senti méprisé et écarté de son entourage, considérant en même temps ses chances électorales amoindries après le mouvement contre le CPE6), il est passé dans le camp de Nicolas Sarkozy en septembre 2005. Robert Bourgi intègre le Premier Cercle des donateurs de Nicolas Sarkozy, est présent lors de son investiture présidentielle et ce dernier le décore de la Légion d'honneur en septembre 20079,10.
Il a également endossé le rôle de délégué national du Club 89, chargé des pays en développement de 1981 à 1996, en plus d'être chargé de mission du Rassemblement pour la République (RPR), responsable des relations politiques avec les pays africains du Sud du Sahara.
Figure discrète de la « Françafrique », Robert Bourgi était un proche du président gabonais Omar Bongo (en fonction de 1967 à 2009). Il est également proche du président sénégalais Abdoulaye Wade (en fonction de 2000 à 2012), du président congolais Denis Sassou-Nguesso (en fonction depuis 1997)11 et du président ivoirien Laurent Gbagbo (2000-2011). Il participe à gérer des commissions, des fonds secrets, le sort d'opposants, de journalistes, de maîtresses ou encore d'enfants cachés6.
Il a joué, à la demande d'Omar Bongo et de Denis Sassou Nguesso, un rôle décisif dans l'éviction de Jean-Marie Bockel de son poste de secrétaire d'État chargé de la Coopération et de la Francophonie (qui avait promis la fin de « la Françafrique moribonde »)12,13 et de son remplacement par Alain Joyandet6.
D'après Le Monde, « nombre de diplomates craignent que son influence auprès de Nicolas Sarkozy reflète l'idée que le président se fait de l'Afrique, celle d'"un continent qu'on ne tient que par les barbouzes"8. »
Le journaliste Pierre Péan l'utilise régulièrement comme informateur et, grâce à lui, révèle dans Le Monde selon K. (Fayard, 2009), les liens entre Bernard Kouchner et des rapports sur le système de santé gabonais très bien payés par Omar Bongo6.
Robert Bourgi a soutenu ouvertement le futur nouveau président gabonais Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle 2009 : « Au Gabon, la France n'a pas de candidat, mais le candidat de Robert Bourgi, c'est Ali Bongo. Or je suis un ami très écouté de Nicolas Sarkozy. De façon subliminale, l'électeur le comprendra8. » Lors de l'élection présidentielle gabonaise de 2016, il soutient ouvertement Jean Ping, le principal opposant d'Ali Bongo. Lors des événements faisant suite à ce scrutin, il déclare publiquement sur la chaîne France 24 que son soutien à Ali Bongo en 2009 aurait enfanté un monstre.
Robert Bourgi est membre du Comité consultatif international de l'Organisation de la presse africaine (APO), qui assure notamment ses relations presse14.
Le 11 septembre 2011, il explique au Journal du dimanche avoir transporté à de nombreuses reprises dans les années 1990 « des millions d'euros » d'États africains faisant partie de la « Françafrique » au profit de Jacques Chirac, précisant que Dominique de Villepin était au courant de cette situation15,16. Le même jour, Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont fait savoir leur intention de déposer plainte contre l'avocat. Seul Jean-Marie Le Pen porte finalement plainte et l'emporte6.
Le 12 septembre 2011, il est mis en cause par Jean-François Probst, un ex-collaborateur de Jacques Chirac, dans la poursuite de ces opérations occultes : « Robert Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d’États africains lors de la présidentielle de 200717. »
Le même jour, au Grand journal sur Canal+, il indique que la campagne électorale de Jean-Marie Le Pen de 1988 a été financée par ce même système de « valises ». Ces propos lui valent une condamnation pour diffamation par le tribunal correctionnel de Paris le 13 décembre 201218.
Robert Bourgi participe à la libération de Clotilde Reiss. Le 16 mai 2010 l'étudiante française, emprisonnée par les Iraniens à Téhéran depuis 2009, est relâchée, alors que les négociations semblent abandonnées. Jeune Afrique précise son rôle dans des négociations menées « à l’écart des ministères et des ambassades »19. Ce rôle essentiel joué par le Libanais de confession chiite est décrit par d'autres titres de presse. En effet Le Temps rapporte l'utilité de Bourgi ainsi que Le Point20,21,22 . L'International quant à lui s'applique à détailler les principales étapes de l'importance de la médiation sénégalaise, incluant l'avocat natif de Dakar, son ami Karim Wade et le père de celui-ci, Abdoulaye Wade, dans son article du 19 mai 201023.
Il devient un proche de François Fillon alors qu'il est Premier ministre et organise son voyage au Sénégal puis en Côte d'Ivoire en 201324. En 2014, il lui offre un costume Arnys à 5180 euros6.
Il tente d'approcher le président François Hollande, notamment avec l'aide du secrétaire d'État à la Francophonie Jean-Marie Le Guen, mais ses tentatives restent vaines6.
Le 26 août 2015, il participe au meeting de rentrée de Fillon, ce qui provoque la colère de Nicolas Sarkozy. Il déclare : « Je conserve mon estime et mon affection à Nicolas. Mais ses dernières déclarations sur l'islam et l'immigration ne passent pas ». Le 23 janvier 2016, il tente en vain d'approcher Alain Juppé, alors favori des sondages, mais qui lui en veut d'avoir raconté qu'il l'avait emmené au Gabon et au Sénégal après sa condamnation de 2004 (en conséquence, lorsqu'il était devenu ministre des Affaires étrangères, il l'avait écarté de l'investiture du président ivoirien Alassane Ouattara)6. Il déclare finalement début avril 2016 soutenir Nicolas Sarkozy pour la primaire présidentielle des Républicains25, bien que celui-ci ne soit pas encore candidat : « C'est Sarko que j'aime. C'est un bandit mais je l'aime. Il est comme moi : un affectif, un métèque. D'ailleurs, je ne l'ai jamais trahi, je lui racontais tout de mes discussions avec Fillon »6.
En mars 2017, Robert Bourgi est identifié comme la personne ayant offert pour 13 000 euros de costumes au candidat Les Républicains à l'élection présidentielle François Fillon26. Cette information révélée par la presse mène le Parquet national financier à accorder aux juges chargés de l'affaire Fillon l'ouverture d'un réquisitoire supplétif contre X pour « trafic d'influence ». Dans une interview accordée au magazine Vanity Fair, il explique avoir réagi à un commentaire de François Fillon à son sujet, qu'il a considéré comme blessant, et avoir « appuyé sur la gâchette » en révélant son rôle au journaliste Laurent Valdiguié27. L'entourage de François Fillon, qui voulait l'écarter du sujet des affaires africaines au profit du député Bernard Debré, a conduit également à ce que Robert Bourgi fasse ses révélations28. Robert Bourgi affirme que Nicolas Sarkozy lui a dit à propos de François Fillon : « T'as vu Robert : on l'a bien niqué »6.
Alors qu'il envisageait de publier ses mémoires de son vivant, Robert Bourgi a finalement abandonné ce projet : « Trop dangereux. Ce sera pour les Archives nationales après ma mort »6.
En octobre 2017, Robert Bourgi est condamné à 1 mois de prison avec sursis et 2 500 € d'amendes pour avoir donné 7500 € à l'UMP et 7500 € à Force républicaine en 2014 comme en 2015, ces dons atteignant le double du plafond autorisé par la loi de 201329. Une condamnation inédite : selon Mediapart, il est le premier condamné pour dépassement des plafonds depuis la réforme de 2013.

Ouvrage

  • Le Général de Gaulle et l'Afrique noire : 1940-1969, Librairie générale de droit et de jurisprudence, Paris, Nouvelles éditions africaines, Dakar, Abdijan, 1980, 515 p. (ISBN 2-275-01134-X) (texte remanié d'une thèse d'État en droit public).

Notes et références

  1. Jaffar est son prénom musulman chiite.
  2. a et b Jules Pecnard, « Costumes de Fillon: quatre choses à savoir sur Robert Bourgi » [archive], sur lexpress.fr, 17 mars 2017.
  3. Voir sur lemonde.fr . [archive]
  4. « Françafrique / Au cœur de la famille Bourgi : Voici le vrai visage de Robert et Albert », L'intelligent d'Abidjan,‎ 11 octobre 2011 (lire en ligne [archive])
  5. a et b Jacques Lafitte, Stephen Taylor, Qui est qui en France, Jacques Lafitte, 2008, p. 373.
  6. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m et n Sophie des Déserts, « L'homme qui aimait trop Fillon », Vanity Fair n°48, juillet 2017, pages 72-79.
  7. Sous la dir. de Pierre Dabezies, Le Général de Gaulle et l'Afrique noire, 1940-1969 (thèse d'État en droit public), Paris, université Paris-I, 1978 (SUDOC 041007840).
  8. a, b et c « Robert Bourgi, vétéran de la Françafrique » [archive], Le Monde, 29 août 2009.
  9. Discours de Nicolas Sarkozy lors de la décoration de Robert Bourgi [archive].
  10. Thomas Hofnung, Portrait « M. Françafrique » [archive], Libération, 10 juillet 2009.
  11. Philippe Bernard, « Robert Bourgi, vétéran de la Françafrique » [archive], sur lemonde.fr, 17 mars 2017
  12. « Robert Bourgi : "La France n'avait pas de candidat au Gabon" (vidéo) » [archive], RTL, 7 septembre 2009.
  13. Pierre Haski, « Virer un ministre ? C'est simple comme un coup de fil de Bongo » [archive], Rue89, 7 septembre 2009.
  14. « Maître Robert BOURGI dément catégoriquement l'information publiée dimanche sur le site internet de Jeune Afrique » [archive], Afrikeco.com, 26 septembre 2010 : communiqué distribué par l'Organisation de la presse africaine pour Robert Bourgi.
  15. AFP, « Accusés de financement occulte africain, Chirac et Villepin portent plainte », Le Monde,‎ 11 septembre 2011 (lire en ligne [archive]).
  16. Laurent Valdiguié, « Bourgi : "J'ai vu Chirac et Villepin compter les billets" », Le Journal du dimanche,‎ 11 septembre 2011 (lire en ligne [archive]).
  17. « Financement occulte : un témoignage accable Nicolas Sarkozy » [archive], sur letelegramme.com, consulté le 12 septembre 2011.
  18. « Robert Bourgi condamné pour avoir diffamé Jean-Marie Le Pen » [archive], liberation.fr, 13 décembre 2012.
  19. « Bourgi et Wade dans l´ombre de la libération de Clotilde Reiss » [archive], Laurane Provenzano, jeuneafrique.com, 18 mai 2010.
  20. « Clotilde Reiss libre grâce au Sénégal » [archive], lepoint.fr, 16 mai 2010.
  21. Voir sur letemps.ch. [archive]
  22. « Clotilde Reiss, la libération des polémiques », Le Temps,‎ 21 mai 2010 (lire en ligne [archive])
  23. Voir sur linternationalmagazine.com [archive], le 19 mai 2010.
  24. « Un pilier de la "Françafrique" aurait payé les costumes de François Fillon », Radio Television Suisse,‎ 17 mars 2017 (lire en ligne [archive])
  25. Tristan Quinault Maupoil, « Pilier de la Françafrique, Robert Bourgi lâche Fillon pour Sarkozy » [archive], lefigaro.fr, 4 avril 2016.
  26. « L’avocat Robert Bourgi a bien réglé les costumes Arnys de François Fillon » [archive], lemonde.fr, 17 mars 2017.
  27. « L'avocat Robert Bourgi assume avoir remis de l'huile sur le feu dans la campagne de Fillon : "J'ai appuyé sur la gâchette" », La Libre Belgique,‎ 7 juillet 2017 (lire en ligne [archive]).
  28. http://www.20minutes.fr/politique/2091199-20170621-affaires-costumes-robert-bourgi-raconte-comme-coule-campagne-fillon [archive]
  29. « Robert Bourgi, l'homme derrière les costumes de Fillon, condamné pour avoir donné trop d'argent à la droite » [archive], sur europe1.fr, 9 octobre 2017 (consulté le 11 octobre 2017)

Voir aussi

Bibliographie


La dernière modification de cette page a été faite le 30 janvier 2018 à 15:30.

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