lundi 29 janvier 2018

" un crime d'Etat " - France 5 . rediffusion ... l'asssinat de Robert Boulin


télé7jours

Crime d'état (France 5) - François Berléand : "J'ai toujours eu la conviction que Robert Boulin a été assassiné"

29/01/2018 - 16h24

ARCHIVE. En 2012 François Berléand endossait le costume de l'ancien ministre du travail de 1979, Robert Boulin, dans ce téléfilm qui retrace l'une des affaires les plus sombres de la Ve République. A l'occasion de sa rediffusion ce soir sur France 5, nous vous proposons de relire l'interview que l'acteur nous avait accordé à l'époque.
© © Jean-Philippe BALTEL / FTV / GMT
 
Vous incarnez Robert Boulin, ministre du Travail et de la Participation sous le gouvernement Barre, retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans un étang de Rambouillet. Que saviez-vous de cette affaire ?
François Berléand : Je me souviens du titre de Libération  : "Mort dans 50 cm d'eau". Il avait des hématomes sur le visage et des fractures. L'enquête a pourtant conclu à un suicide, une thèse qui paraissait aberrante. Comme sa famille, j'ai toujours eu la conviction qu'il s'agissait d'un assassinat. Quand j'ai su que le scénario allait dans ce sens, j'ai foncé. On est au-delà du beau rôle, presque dans un acte civique. Cela peut aider à établir  la vérité, toujours inconnue à ce jour.
Qui était Robert Boulin ?
Un honnête homme, gaulliste de gauche, proche de Chaban-Delmas, qui fut trahi par Chirac en 1974. Je n'ai pas cherché à lui ressembler, car c'est tout ce qui se passe autour de lui qui compte. Dans la lutte qui oppose alors Giscard à Chirac, Boulin n'est qu'un pion cerné par des hommes malhonnêtes, et qui se retrouve au coeur d'un scandale politico-financier. Détenteur de secrets inavouables sur le financement du RPR, il paiera le prix fort.
Le tournage a-t-il été difficile ?
J'ai aimé jouer le ministre, pas le mort ! J'ai trouvé la scène de l'étang éprouvante mais la pire, pour moi qui suis claustro, reste celle du cercueil. J'espère qu'à ma mort, on me mettra dans un truc plus large !
Crime d'état est diffusé lundi 29 janvier à 20h55 sur France 5.
Emmanuelle Touraine
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Publié le 27/10/2017 à 17:34 | Le Point.fr

Les indices qui montrent que Robert Boulin a été tué

"Envoyé spécial", diffusé jeudi sur France 2, explique pourquoi la thèse officielle du suicide de l'ancien ministre de Giscard d'Estaing doit être écartée.

Robert Boulin, secrétaire d'État au Budget, pose dans son bureau en septembre 1963. 
Robert Boulin, secrétaire d'État au Budget, pose dans son bureau en septembre 1963.  © AFP











L'enquête de Benoît Collombat, Bernard Nicolas et Arnaud Mansir diffusée jeudi soir dans Envoyé spécial sur France 2 est diablement efficace. Si elle ne nous apprend pas le nom des véritables commanditaires du meurtre de Robert Boulin, ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing au moment de sa mort, elle confirme ce que la thèse officielle n'a jamais accepté : Robert Boulin ne s'est pas suicidé. La démonstration est à ce point pertinente que même Bernard Pons, fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac et ancien secrétaire général du RPR, dit sa « quasi-certitude », dans un témoignage inédit, « qu'il s'agit d'un assassinat ».
La mort du politique remonte au 30 octobre 1979. La nouvelle tombe aux infos du matin : « Le ministre du Travail s'est vraisemblablement suicidé. » À 8 h 40, des gendarmes ont découvert le corps dans un étang des Yvelines, à moitié couché sur le ventre à six ou sept mètres du rivage, dans... soixante centimètres d'eau. L'autopsie n'a pas encore eu lieu que la thèse du suicide se répand partout. « Il se serait bourré de barbituriques », affirme la journaliste Danièle Breem. Première contre-vérité : on ne retrouvera dans son sang – et pas dans son estomac – qu'une dose de Valium.

« Ce n'est pas la noyade qui l'a rendu comme ça »

Les incohérences s'enchaînent ensuite. Au premier plan de la vie politique depuis des décennies, « premier ministrable » comme le veut la formule, Robert Boulin est un homme qui dérange. Les dernières semaines avant sa mort, il vit une campagne de dénigrement dans la presse. Et répond aux accusations sur le plateau d'Europe 1, suggérant qu'il sait qui est à l'origine de cette campagne et qu'il a des dossiers compromettants sur eux... Une menace de trop ? C'est la thèse de ses proches.
Dans le documentaire, témoigne ainsi ce médecin du Samu, premier à découvrir le corps le matin du 30 octobre et qui voit ce visage « à deux tiers hors de l'eau plein d'ecchymoses », « très traumatisé ». Ses membres paraissent presque désarticulés. « Un pompier me dit : Tiens, on dirait qu'il sort d'une malle, relate le médecin. Avant d'ajouter : « Ce n'est pas la noyade qui l'a rendu comme ça. Ce sont les coups. »

Pas d'examen du crâne

Quelques minutes plus tard, c'est un plongeur, interrogé par le journaliste, qui remarque que les chaussures du mort sont propres. Les chaussons des plongeurs, venus récupérer la dépouille, sont, eux, souillés de boue. Les pompiers ayant assisté à la scène reçoivent l'ordre de ne rien raconter à leur famille, encore moins aux journalistes. L'autopsie, bâclée, ne livre guère de réponses. « L'examen du crâne n'est pas effectué sur directives du procureur de la République », peut-on lire dans le rapport d'autopsie, alors même que le visage de Boulin est largement tuméfié.
La demande émane du procureur, mais également de Marcel Cats, chef de cabinet du ministre, qui demande à ce que la dépouille ne soit pas mutilée. Il prétend parler au nom des Boulin. Ces derniers n'ont jamais fait une telle demande, assure Envoyé spécial. On ne vérifie pas non plus, pour accréditer la noyade, si de l'eau de l'étang se trouve bien dans les poumons. Dernière « anomalie flagrante » : les légistes écrivent que les lividités cadavériques, à savoir les marbrures qui apparaissent sur un corps une douzaine d'heures après la mort, se situent sur le dos de la victime. Or c'est impossible : Robert Boulin a été retrouvé sur le ventre, ce qui indique un déplacement du corps... La thèse du suicide s'effondre.

Le jour de la disparition

C'est ensuite les conditions dans lesquelles le corps a été découvert qui intriguent. Les gendarmes – par la suite dessaisis du dossier – l'ont officiellement trouvé à 8 h 40, le 30 octobre au matin. Les plus hautes autorités de l'État, elles, ont été averties de la mort du ministre dans la nuit, vers 2 heures... Comment est-ce possible ? Revenons légèrement en arrière. La veille, Robert Boulin a annulé tous ses rendez-vous, sauf un avec Gaston Flosse à 15 heures. Il s'est ensuite rendu avec plusieurs dossiers à son domicile, avant de partir en voiture dans les Yvelines vers 17 heures.
Un témoin affirme l'avoir croisé à 17 h 30 à Montfort-l'Amaury tandis qu'il était assis sur le siège passager, conduit par un chauffeur, et avec une tierce personne à l'arrière. Selon le rapport d'autopsie, il meurt probablement en toute fin d'après-midi. Dès le début de soirée, et alors que la nouvelle ne s'est absolument pas répandue, Guy Aubert, un proche du ministre et du RPR, rend visite à la famille, paniqué, et leur annonce qu'il craint que Robert n'ait été « enlevé ».

Un mauvais en-tête sur la lettre de suicide

Vers 20 heures, trois autres visiteurs, très nerveux, arrivent au domicile du ministre. Et se rendent à plusieurs reprises dans le bureau de Robert Boulin. Lorsqu'ils en partent, son gendre, Éric Burgeat, trouve une lettre à en-tête du ministère, soi-disant signée de Robert Boulin, par laquelle il annonce son suicide. L'homme est catégorique : cette lettre ne figurait pas dans la corbeille à papier avant le passage des trois hommes. Eux nient ardemment l'y avoir mise.
Interrogée sur cette lettre, la secrétaire particulière de Robert Boulin tique : le seul « ministère du Travail » apparaît en en-tête du papier. Or, à l'époque des faits, l'intitulé exact est le suivant : « Ministère du Travail et de la Participation ». Des hommes ont-ils récupéré du vieux papier pour fabriquer un faux ? Mystère.

La découverte du corps en pleine nuit

Yann Gaillard, directeur de cabinet de Boulin, est convoqué en pleine nuit chez les directeurs de cabinet du Premier ministre, Raymond Barre. Alors que les plus hauts personnages publics de l'État sont au courant dès 2 heures du matin, comment expliquer que des recherches soient officiellement lancées à 6 h 25 pour « retrouver une haute personnalité » ?
Et ce, d'autant plus que Louis-Bruno Chalret, procureur général près la cour d'appel de Versailles, réputé très proche du SAC et des réseaux Foccart, se serait rendu à 2 heures du matin auprès du corps du ministre. C'est en tout cas ce que confie à Envoyé spécial une de ses proches de l'époque, réveillée en pleine nuit : « Bruno m'a appelé à 2 heures du matin. Il me téléphone et il me dit : On vient de me prévenir et de me dire qu'on avait trouvé Boulin dans le bois de machin... Chalret se lève et va directement dans les bois. » Que s'est-il passé exactement ? L'information judiciaire rouverte le 4 août 2015 à Versailles pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivis de mort ou assassinat » le dira peut-être. Le temps presse : de nombreux témoins-clés sont déjà décédés.
24 Commentaires

Par sergio46 le 29/10/2017 à 17:51
@Flexi : Il n'y a pas eu l'enquête qui aurait dû être demandée par VGE !
C'est tout ce que je voulais dire sans mettre en cause VGE, car tout converge vers une mise en cause du SAC, qui devait se rendre tristement célèbre à Auriol !
Mais peut-être VGE a-t-il craint pour sa vie ?
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Par Flexi le 29/10/2017 à 09:20
Rien à voir
@sergio46
VGE n‘a rien à voir là-dedans, il avait d‘ailleurs envisagé de nommer Boulin premier ministre quand Chirac a démissionné...
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Par Flexi le 29/10/2017 à 09:17
Sac à main ou mise à sac...
@Happyfew
Ce fut une mise à... Sac !
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Par Ambroudiane le 28/10/2017 à 20:50
On vous dira tout
On vous dira tout pour la énième fois à savoir que R. Boulin a été assassiné mais on vous dira surtout pas qui a donné les ordres et qui fut le bras armé.
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Par Le sanglier de Génolhac le 28/10/2017 à 20:07
C'est ça...
Robert Boulin s'est suicidé. Et pour Kennedy, Oswald a agi seul.
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Par Hal le 28/10/2017 à 17:36
Pourquoi Giscard ne dit-il rien ?
On a peine à imaginer qu'il ne sache rien de cette triste affaire.

A-t-il honte de n'avoir rien dit, avait-il peur à l'époque des représailles s'il parlait.

Aujourd'hui, il n'a rien à perdre, tout à gagner en révélant ce qu'il sait. S'il a fait preuve de faiblesses, l'histoire lui pardonnera. Il doit aux victimes, la vérité, même s'il n'en connaît qu'une petite part.
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Par logiques le 28/10/2017 à 13:47
Oui la thèse de l’assassinat est évidente !
Mais les coupables sont certainement nombreux, et la presse de l’époque savait qui était derrière, certains juges aussi...
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Par MC33 le 28/10/2017 à 11:40
Le procureur, encore lui...
Je lis que le procureur a joué un rôle actif dans la mascarade qui a suivi la mort de R. Boulin. Notamment, il donne ordre de ne pas examiner le crâne, ce qui est inutile pour un noyé (!). Normal, il est soucieux de l'économie des deniers publics. Et, apparemment, ceci ne déclenche aucun scandale. Ah, la justice indépendante et la presse libre ! J'attends que cette émission d'investigation investigue sur le déferlement de haine qu'a subi R. B avant son assassinat, et fasse une revue de presse sur les commentaires qui ont été publiés ensuite.
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Par FLYTOXX le 28/10/2017 à 11:02
Il s’en passe parfois de drôles
Dans les cercles proches du pouvoir.
L’affaire Boulin en est une parmi d’autres. Ainsi, les « suicides » du brave Bérégovoy et de François de Grossouvre m’ont toujours paru très suspects.
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Par Happyfew le 28/10/2017 à 10:38
Le silence assourdissant de Giscard au moment mais aussi après et aujourd'hui !
Nous avions tous bien compris depuis longtemps qui était "le Grand" et il est facile d'imaginer le nom de son compère dans cette affaire. Mais ce qui choque le plus sans que l'on puisse comprendre pourquoi, c'est le silence assourdissant de Giscard qui travaillait avec Boulin depuis des lustres et qui plus est, ne s'est même pas rendu à ses obsèques alors qu'il ne ménageait pas ses efforts pour diner avec un peu partout avec des Français. C'est une vrai question. Bien sur je n'imagine pas une seconde une quelconque implication mais quel est la cause de ce silence assourdissant? Qui "le tenait par les c... " pourrez-t-on se demander ?
Cécile Jaurès , le 29/01/2018 à 5h55
François Berléand (à dr.) incarne Robert Boulin. / J.-P. Baltel/FTV/GMT
Crime d’État
Lundi 29 janvier, à 20 h 50 sur France 5
L’affaire Boulin n’a pas fini de faire couler de l’encre. Bientôt quarante ans après la découverte du corps de l’ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing dans un étang en forêt de Rambouillet, les circonstances troubles de sa mort sont toujours débattues.
En octobre était diffusé sur France 2 Révélations sur un crime d’État, documentaire du journaliste Benoît Collombat qui travaille depuis une quinzaine d’années sur cette affaire, notamment auteur d’une large enquête parue en 2007 : Un homme à abattre (Fayard).
France 5 propose lundi 29 janvier la rediffusion d’un téléfilm réalisé en 2012 par Pierre Aknine, Crime d’État, qui, lui aussi, suit la thèse de l’assassinat politique défendue par la fille de Robert Boulin, Fabienne Boulin-Burgeat, dans son livre paru en 2010, Le Dormeur du Val (Éd. Don Quichotte).

Une enquête pleine « d’incohérence »

« Elle nous a beaucoup aidés, mais j’ai également rencontré de nombreux protagonistes de l’époque et lu tous les livres sur le sujet. Les incohérences de l’enquête sont stupéfiantes », affirmait Pierre Aknine à la sortie initiale de son film. « Je n’ai jamais cru au suicide », déclarait de son côté le producteur Jean-Pierre Guérin.
Selon lui, « seule la fiction peut aujourd’hui éclairer les zones d’ombre », quitte à concéder « quelques aménagements avec la réalité pour mieux faire passer l’émotion ». Le rôle de Robert Boulin est magnifiquement porté par le comédien François Berléand, entouré notamment de Philippe Torreton (le promoteur Henri Tournet) et André Marcon (l’homme politique et fondateur du SAC Jacques Foccart).
Audacieux dans sa mise en scène et son parti pris, le film fait notamment parler le personnage Robert Boulin après sa disparition, et remet ce « crime d’État » supposé dans le contexte de la mort suspecte de quatre autres personnalités. Les « libertés » du film en font un polar brillant, dense, haletant, mais qui ne mettra pas tout le monde d’accord.
Cécile Jaurès


Cécile Jaurès , le 29/01/2018 à 5h55
François Berléand (à dr.) incarne Robert Boulin. / J.-P. Baltel/FTV/GMT
Crime d’État
Lundi 29 janvier, à 20 h 50 sur France 5
L’affaire Boulin n’a pas fini de faire couler de l’encre. Bientôt quarante ans après la découverte du corps de l’ancien ministre de Valéry Giscard d’Estaing dans un étang en forêt de Rambouillet, les circonstances troubles de sa mort sont toujours débattues.
En octobre était diffusé sur France 2 Révélations sur un crime d’État, documentaire du journaliste Benoît Collombat qui travaille depuis une quinzaine d’années sur cette affaire, notamment auteur d’une large enquête parue en 2007 : Un homme à abattre (Fayard).
France 5 propose lundi 29 janvier la rediffusion d’un téléfilm réalisé en 2012 par Pierre Aknine, Crime d’État, qui, lui aussi, suit la thèse de l’assassinat politique défendue par la fille de Robert Boulin, Fabienne Boulin-Burgeat, dans son livre paru en 2010, Le Dormeur du Val (Éd. Don Quichotte).

Une enquête pleine « d’incohérence »

« Elle nous a beaucoup aidés, mais j’ai également rencontré de nombreux protagonistes de l’époque et lu tous les livres sur le sujet. Les incohérences de l’enquête sont stupéfiantes », affirmait Pierre Aknine à la sortie initiale de son film. « Je n’ai jamais cru au suicide », déclarait de son côté le producteur Jean-Pierre Guérin.
Selon lui, « seule la fiction peut aujourd’hui éclairer les zones d’ombre », quitte à concéder « quelques aménagements avec la réalité pour mieux faire passer l’émotion ». Le rôle de Robert Boulin est magnifiquement porté par le comédien François Berléand, entouré notamment de Philippe Torreton (le promoteur Henri Tournet) et André Marcon (l’homme politique et fondateur du SAC Jacques Foccart).
Audacieux dans sa mise en scène et son parti pris, le film fait notamment parler le personnage Robert Boulin après sa disparition, et remet ce « crime d’État » supposé dans le contexte de la mort suspecte de quatre autres personnalités. Les « libertés » du film en font un polar brillant, dense, haletant, mais qui ne mettra pas tout le monde d’accord.
Cécile Jaurès
Et aussi
La thèse du suicide de Robert Boulin (costume sombre) est remise en cause d’un b...
Aude Carasco , le 26/10/2017 à 6h46
La thèse du suicide de Robert Boulin (costume sombre) est remise en cause d’un bout à l’autre. / Envoyé Spécial
Envoyé spécial. Révélations sur un crime d’État
Jeudi 26 octobre, à 20 h 55 sur France 2
Officiellement, l’ancien ministre du travail du gouvernement Raymond Barre a mis fin à ses jours, avalant des barbituriques puis se noyant dans le demi-mètre d’eau d’un étang de la forêt de Rambouillet, dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979. Dans une lettre dactylographiée retrouvée dans son bureau, Robert Boulin indiquait sa décision de mettre fin à ses jours, préférant « la mort » à la « suspicion » d’avoir illégalement acquis une garrigue à Ramatuelle (Var).
Sauf que trente-huit ans plus tard, cette thèse est remise en cause d’un bout à l’autre. Benoît Collombat, journaliste à France Inter, qui enquête depuis une quinzaine d’années sur cette affaire, souhaitait porter à l’écran la somme de documents, éléments factuels et témoignages rassemblés dans son livre de 500 pages, paru en 2007 (Un homme à abattre, Éd. Fayard). Il s’est associé pour cela au journaliste Bernard Nicolas, coauteur d’un documentaire pour Canal + (L’affaire Boulin : le suicide était un crime) qui avait ouvert une brèche dans la version officielle au début des années 2000.

Les nouveaux repentis

Depuis, les langues se sont déliées. Des témoins essentiels ont accepté de leur parler comme le pompier qui a sorti le corps de l’eau (constatant les coups et la position inadéquate), deux médecins l’ayant examiné, un policier dessaisi de l’enquête, un membre du SAC (police parallèle proche du RPR) affirmant avoir été envoyé chercher les documents (lié à la corruption des partis et à la Françafrique) que Robert Boulin menaçait de rendre public.
Parmi les nouveaux repentis, Bernard Pons, 92 ans, ancien secrétaire général du RPR, aujourd’hui convaincu de l’assassinat, souhaite parler au juge et livrer la confidence d’un homme clé… Accablant et très efficacement argumenté, ce documentaire ne cache pas son objectif : ne pas laisser s’enliser ce dossier, rouvert par la justice en 2015, mais qui demeure embarrassant pour la République.
Aude Carasco















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