Ce
que je pense… D’abord, c’est un des discours de politique intérieure le plus
important de la Cinquième République. Simplement par le fait que c’est la
tentative de réplique d’un candidat jusques là « favorisé » par les
sondages, que déstabilisent des révélations à moins de trois mois du premier
tour de scrutin. Je constate aussi l’extrême maîtrise de soi et la forme
physique et mentale d’un homme, mettant sur le compte de son abattement toute
la semaine dernière, d’éventuelles imprécisions ou variations de langage,
antérieures à l’exercice. Maîtrise appliquée au maintien de la stratégie
initiale : 1° je n’ai rien fait d’illégal, 2° il y a volonté de m’abattre,
non en personne mais parce que je suis le candidat de la droite. Il en ressort
que l’affirmation d’un travail justement
rémunéré ; celui de sa femme, celui de ses enfants, ne peut donner lieu à
remboursement. Censément adressé aux Français et non à un tribunal médiatique à
nouveau fermement récusé (avec menace contre Médiapart : un redressement
fiscal soit pour l’entreprise soit pour son chef ?), le discours est en
réalité destiné à l’appareil du parti. 1° pas de rechange de candidat pur deux
raisons, a) parce que je suis investi par quatre millions de Français, b) parce
que je suis seul à présenter un programme de redressement du pays. L’ensemble
conclut : voulez-vous, « mes amis » et vous les Français droite
(première fois dans l’histoire de la Cinquième République qu’on catégorise « les
Français de droite » pour en tirer argument qu’en tant que tels ils ont
droit à être au second tour, par leur champion, et en somme qu’ils ont même droit
à ce que la présidence leur revienne…), voulez-vous donc, par mon renversement
ou mon désistement, n’être pas présents au second tour ? L’argument est
percutant, à ceci près que celui qui a mis le parti dit « les
Républicains », dans ce dilemme, c’est lui et lui seul, en prêtant
précisément et factuellement le flanc à ces révélations et critiques.
Curieusement,
il maintient l’accusation directe du pouvoir en place qui a suscité ces
révélations et surtout l’intervention si rapide des enquêteurs et du parquet. Elément
de procédure nouveau : ses avocats récuseraient le parquet pour
incompétence en la matière. De manière frappante, il énumère les qualités de sa
femme du point de vue de son exercice professionnel, et ne la nomme comme son
épouse qu’à propos de son entretien de 2007 en anglais : elle est
assistante, coéquipière, etc…Il n’a pas été interrogé sur la Revue des deux mondes ni sur la décoration de complaisance du propriétaire de celle-ci. Il
donne déjà le ton sur ses adversaires. Le candidat du PS ne mérite aucune
évocation, MACRON compte, il est présenté comme le successeur de FH.
Le
nouveau est seulement dans l’enveloppe. L’opinion des Français a évolué et ce
qui était et reste légal n’est plus accepté par elle. Il va donc, une fois élu,
donner au statut aux parlementaires, et d’ailleurs pour les payer mieux en
réduire le nombre. Il n’a pas compris ce désaveu croissant des Français pour
ces pratiques, il s’excuse d’avoir été si lent à le comprendre. La pose est finalement
la seule possible : sa détermination à rester montre, dans son camp, les
élus et dirigeants de son parti, qu’il est le seul à ne pas hésiter, tandis que
les autres flottent. Un seul mot bien
trouvé : « le plan B c’est la Bérézina ». La suite est
apparemment programmée, comme si de rien n’était désormais : effets d’optique
sur le soutien de tous, dès ce soir, programmes de déplacements. Mais la suite
est en réalité fonction d’une mise en examen ou pas, et de nouvelles révélations.
Pour
ma part, je le crois candidat jusqu’au bout, mais pas présent au second tour :
ce ne seront pas les affaires qui détourneront principalement de lui, mais
son programme, même s’il le place in fine en mode incantatoire comme nous en avons
eu tout à l’heure en avant-goût, ce ne sont pas des efforts que je demande aux Français
mais je leur propose de… fin du chômage, fierté, etc… Positionnement actuel
hors FF ? MACRON est si flou et esthétique qu’il ne donne prise à
personne, et MLP a un fond de commerce qui vient de s’enrichir. HAMON peut donc
se révéler à tous les Français. Reste la question : qui a disposé puis
allumé la mèche. Pas tant la révélation des faits archi-simples mais renfermés
dans les cartons des deux chambres, que l’allumage au moment le plus
destructeur. A l’automne, c‘était seulement faire élire JUPPE. La question de
démocratie n’est pas qu’un candidat soit attaqué, mais qu’on en sache si peu
sur certains des candidats : NS n’a pas sur pris mais FH totalement, et
maintenant FF. Quant à moi, j’expérimente à quel point la candidature et l’accès
aux moyens publics d’une campagne sont fermés à la fois par les textes (les
conditions actuelles n’ont plus rien à voir avec celles de 1965, et notamment
la publication intégrale des signatures) et aussi par l’état d’esprit et les
modes de considération des grands électeurs…
Reprise
du terme que j’ai choisi il y a plus d’un an pour ma propre tentative : l’ordalie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire