lundi 6 février 2017

ce que je pense des propos de François Fillon, en conférence de presse




Ce que je pense… D’abord, c’est un des discours de politique intérieure le plus important de la Cinquième République. Simplement par le fait que c’est la tentative de réplique d’un candidat jusques là « favorisé » par les sondages, que déstabilisent des révélations à moins de trois mois du premier tour de scrutin. Je constate aussi l’extrême maîtrise de soi et la forme physique et mentale d’un homme, mettant sur le compte de son abattement toute la semaine dernière, d’éventuelles imprécisions ou variations de langage, antérieures à l’exercice. Maîtrise appliquée au maintien de la stratégie initiale : 1° je n’ai rien fait d’illégal, 2° il y a volonté de m’abattre, non en personne mais parce que je suis le candidat de la droite. Il en ressort que l’affirmation  d’un travail justement rémunéré ; celui de sa femme, celui de ses enfants, ne peut donner lieu à remboursement. Censément adressé aux Français et non à un tribunal médiatique à nouveau fermement récusé (avec menace contre Médiapart : un redressement fiscal soit pour l’entreprise soit pour son chef ?), le discours est en réalité destiné à l’appareil du parti. 1° pas de rechange de candidat pur deux raisons, a) parce que je suis investi par quatre millions de Français, b) parce que je suis seul à présenter un programme de redressement du pays. L’ensemble conclut : voulez-vous, « mes amis » et vous les Français droite (première fois dans l’histoire de la Cinquième République qu’on catégorise « les Français de droite » pour en tirer argument qu’en tant que tels ils ont droit à être au second tour, par leur champion, et en somme qu’ils ont même droit à ce que la présidence leur revienne…), voulez-vous donc, par mon renversement ou mon désistement, n’être pas présents au second tour ? L’argument est percutant, à ceci près que celui qui a mis le parti dit «  les Républicains », dans ce dilemme, c’est lui et lui seul, en prêtant précisément et factuellement le flanc à ces révélations et critiques.
Curieusement, il maintient l’accusation directe du pouvoir en place qui a suscité ces révélations et surtout l’intervention si rapide des enquêteurs et du parquet. Elément de procédure nouveau : ses avocats récuseraient le parquet pour incompétence en la matière. De manière frappante, il énumère les qualités de sa femme du point de vue de son exercice professionnel, et ne la nomme comme son épouse qu’à propos de son entretien de 2007 en anglais : elle est assistante, coéquipière, etc…Il n’a pas été interrogé sur la Revue des deux mondes ni sur la décoration de complaisance du propriétaire de celle-ci. Il donne déjà le ton sur ses adversaires. Le candidat du PS ne mérite aucune évocation, MACRON compte, il est présenté comme le successeur de FH.
Le nouveau est seulement dans l’enveloppe. L’opinion des Français a évolué et ce qui était et reste légal n’est plus accepté par elle. Il va donc, une fois élu, donner au statut aux parlementaires, et d’ailleurs pour les payer mieux en réduire le nombre. Il n’a pas compris ce désaveu croissant des Français pour ces pratiques, il s’excuse d’avoir été si lent à le comprendre. La pose est finalement la seule possible : sa détermination à rester montre, dans son camp, les élus et dirigeants de son parti, qu’il est le seul à ne pas hésiter, tandis que les autres flottent. Un seul mot bien  trouvé : « le plan B c’est la Bérézina ». La suite est apparemment programmée, comme si de rien n’était désormais : effets d’optique sur le soutien de tous, dès ce soir, programmes de déplacements. Mais la suite est en réalité fonction d’une mise en examen ou pas, et de nouvelles révélations.
Pour ma part, je le crois candidat jusqu’au bout, mais pas présent au second tour : ce ne seront pas les affaires qui détourneront principalement de lui, mais son programme, même s’il le place in fine en mode incantatoire comme nous en avons eu tout à l’heure en avant-goût, ce ne sont pas des efforts que je demande aux Français mais je leur propose de… fin du chômage, fierté, etc… Positionnement actuel hors FF ? MACRON est si flou et esthétique qu’il ne donne prise à personne, et MLP a un fond de commerce qui vient de s’enrichir. HAMON peut donc se révéler à tous les Français. Reste la question : qui a disposé puis allumé la mèche. Pas tant la révélation des faits archi-simples mais renfermés dans les cartons des deux chambres, que l’allumage au moment le plus destructeur. A l’automne, c‘était seulement faire élire JUPPE. La question de démocratie n’est pas qu’un candidat soit attaqué, mais qu’on en sache si peu sur certains des candidats : NS n’a pas sur pris mais FH totalement, et maintenant FF. Quant à moi, j’expérimente à quel point la candidature et l’accès aux moyens publics d’une campagne sont fermés à la fois par les textes (les conditions actuelles n’ont plus rien à voir avec celles de 1965, et notamment la publication intégrale des signatures) et aussi par l’état d’esprit et les modes de considération des grands électeurs…
Reprise du terme que j’ai choisi il y a plus d’un an pour ma propre tentative : l’ordalie.

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