jeudi 24 novembre 2016

ce que j'ai pensé du débat François Fillon / Alain Juppé


L’A 2… 20 heures 43 + J’arrive à ce débat « final » avec deux sentiments. Le premier est une observation de la course, FF s’il est primé sera plus facile à battre par la gauche et notamment FH que ne le serait AJ, mais il est gêné par la candidature probable de BAYROU. Le second sentiment est que les points communs entre les deux concurrents sont flagrants : pas de mise en cause du dogme économique dominant et remède à tout, la diminution de l’Etat et de la dépense publique. Or cette diminution a été avant eux, la dialectique même de FH dès le début de son mandat.. Interrogation donc pour la suite, : la place de l’Etat, et donc de la démocratie puisque l’Etat est le seul outil collectif dont les dirigeants soient élus par tous les Français.
Question aussi qui me vient tardivement : état du gaullisme, références ? lesquelles ?D e 15 à 25 ans, j’ai passionnément observé DG, me suis de plus en plus attaché à lui jusqu’à rêver de rencontres avec lui, plusieurs années à la suite de son départ et de sa mort. Ensuite, je n’ai plus observé que la scène sans principal rôle, sauf ma relation épistolaire et d’entretiens tête-à-tête avec FM, son « adversaire le plus fidèle ».
Les journalistes dans le décor avant que ne commence la pièce … Un débat vif, certainement, mais ils seront moins agressifs que depuis dimanche. AJ convaincu dimanche soir que son programme n’est pas connu. Une famille politique qui se veut unie. Des parlementaires et des militants ont trouvé que c’était trop, de sa part, un déballage. … Des passes d’armes…  Photos.  AJ Il ne tiendra pas la route … FF cela me déçoit, je le croyais d’une grande honnêteté intellectuelle. – Parcours similaires, PM. 62 ans FF et 70 ans AJ.
François LANGLET, jamais eu de programme aussi libéral depuis 1986. Pas de différence de nature mais d’intensité. Le nombre de fonctionnaires devenus le critère du réformisme
 20 heure 52 + Arrivée des deux ; la scène multicolore, translucide les deux debout chacun derrière un pupitre. Tout cela fait plexiglas. – Analyse des émotivités, tandis qu’ils se mettent en place.
 21 heures + Rappel des mots de chacun. Je casse la baraque. L’identité heureuse. Il faut y aller à fond si l’on veut. Il se passe quelque chose. 

Ce que je pense de ce débat…  Certainement, l’un des moments de télévision [1] qui m’aura le plus appris de toute ma vie d’observateur de notre existence politique. Les personnages étaient présentés selon le « poids » égal de leur carrière, chacun Premier ministre, sans que leur œuvre respective soit rappelé. Il est évident que JUPPE a marqué à Matignon, et pas FILLON hors son mot, dit en Corse d’ailleurs dès le premier été du quinquennat de NS : la France est en faillite, ce qu’il a d’ailleurs répété, en y ajoutant à deux reprises la menace : les taux pour le remboursement de notre dette vont s’élever. Les deux étaient également présentés selon leurs échanges, assez haineux, depuis dimanche soir et l’inversion des chances de gagner. Implicitement, pour chacun, ce qui n’a pas été dit par les journalistes, ce second tour de « primaire de la droite et du centre » (alors qu’il y a probablement BAYROU si JUPPE ne peut être candidat), qu’il y a DUPONT-AIGNAN et bien entendu le Front National, et probablement d’autres candidats encore), va déterminer l’élection présidentielle de l’un d’eux. C’est une certitude qu’a d’ailleurs exprimée in fine FF. Impasse donc totale sur une gauche en capilotade, divisé pour l’officialité du PS doutant et même rejetant FH, et comptant en dehors du parti dominant des candidatures qui ne sont pas, dans l’état actuel de l’opinion et des sondages, des « outsiders » : MELENCHON, MACRON. je ne compte pas Jacques NIKONOFF, doctrinaire intellectuellement puissant de la « démondialisation » mais dont je ne prévois pas qu’il dispose des cinq cent parrainages…. Le débat m’a au contraire montré que la gauche a plus que des chances, et donc FH, parce qu’il est en possession d’état et plus que capable de faire une bonne campagne, à défaut de la conversion que je lui recommande depuis ces quatre années et demi…
En effet, FF s’est révélé – comme je ne le pressentais absolument pas, d’ailleurs je ne l’ai jamais rencontré en tête-à-tête, qu’entrevu et salué pendant le voyage officiel de FM au Kazakhstan, à Almaty quand j’y officiais, pas deux mots, mais ce fut le cas aussi avec les autres ministres accompagnant le Président, « mon » président, puisque FM faisait l’étape de retour de Corée du sud, explicitement pour moi. Un homme, extraordinairement assuré de lui-même et de sa supériorité à tous égards. L’instant décisif, psychologiquement, selon moi, a été hors débat : quand il est sorti, seul, de sa loge pour aller vers le plateau. Il était crispé et sinistre. Puis il s’est aperçu des cameras, et a revêtu, il s’est passé sur le visage un sourire, un lissage qui ne l’ont plus quitté des presque deux heures de présence en scène. Comme NS, il a un tic (ce dernier une sorte d’haussement d’épaules, réajustant depuis celle-ci, le port de la tête, le vissage de la tête sur un cou pas bien voyant) : il regarde vers le bas, côté droit, et le regard encore plus en bas, avec une pointe physique d’agressivité. Comme s’il maniait sa tête ainsi qu’un outil perforant. C’est étrange, mais c’était répété. Deux visages, en parlant, une légère déformation de la bouche (un reste de paralysie faciale ?) vers la droite, une sorte de sourire ne correspondant pas au texte. Et quand il ne parle pas, c’est-à-dire tandis que son adversaire s’exprime, le sourire est figé, commisération, mépris presque. Voilà un homme que je ne pressentais pas, que je ne connaissais pas et une posture dans l’encadrement de nos récepteurs de télévision, que nous aurions à contempler, peu mobile d’expression, une sorte de divinité énigmatique sans légende. Il me fait peur. Déjà ce que je lisais après un premier moment de relative faveur, et une préférence, dans le relatif, lors du troisième et dernier débat avant le premier tour (lors du premier, c’était Jean-Frédéric POISSON en présence et élocution), m’avait effrayé : la manif.pour tous, des allées et venues sur la bio-éthique et la famille et l’équipe de la part extrême du MEDEF lui travaillant les modules économiques et sociaux de son programme, sans compter l’adoubement de POUTINE : précédent à cet adoubement que personne n’a rappelé, puisqu’encore plus que la moyenne nationale française, les journalistes sont dépourvus de mémoire. Entre les deux tours de 1974, l’ambassadeur soviétique avait rendu plus qu’ostensiblement visite à VGE, rue de Rivoli. Exit FM alors… le PC crédité à l’époque de 20% à lui seul avait pourtant comme en Décembre 1965 contre le Général, accepté la candidature unique, MITTERRAND donc.

En regard, JUPPE est apparu, m’est apparu sympathique, alors qu’il ne me l’avait jamais été en trente-cinq ans de rencontres, il est vrai épisodiques et sans intimité, dont notre tête-à-tête au Quai, moi étant le premier ambassadeur qu’il reçût. Contraste physique évident, l’un est poilu, chevelu, presque émacié, parlant sans geste sauf à pointer la main qu’il n’a pas fine, l’autre est devenu rond, pas seulement le crâne en boule billard, mais le port des épaules, et même le texte qu’il dit beaucoup avec les yeux, volontiers donnés. Tous les deux pourtant, et sans s’être concertés, avaient choisi le costumage des DUPONT et DUPOND : chemise claire, complet bleu marine et surtout cravate rouge, peut-être même d’une seule marque… A l’évidence pourtant, il n’y croit plus, et au bout d’une heure, il était épuisé, le visage parfois hagard, le verbe hésitant et lent : je charge un peu, mais c’est la sensation que j’ai eue de lui. Il prononce TRUMP : trümpe.

L’exercice a confirmé ce qu’a produit la succession des trois premiers débats : faire plancher les candidats selon un canevas et des questions propres aux journalistes qui n’en sont pas peu fiers, ne les met pas en posture de président de la République, ce n’est pas un test de présentation ni de capacité pour la parole nationale. C’est scolaire, partiel et c’est surtout fausser – gravement – la conception déjà le plus souvent erronée depuis NS que les impétrants et les Français ont du rôle du président de la République. Toujours omni-compétent, omni-responsable, pas du tout l’arbitre, l’homme de l’essentiel, du discernement. Il me semble que le même temps toujours donné aux candidats devrait être vraiment à sa seule disposition : un spectacle ou des témoignages ou une conversation ou un discours solo. Mais certainement les bêtes à concours ou le conseil de révision. Les trois quarts de notre temps et de leur temps hier soir ont été de nouveau donnés aux vieilles lunes : la dépense publique avec une unique variable les fonctionnaires, alors que le marché de rédaction et de clauses en sus mal ficelées, du Pentagone à la française, nous coûte plus de 4 milliards, alors que la construction de notre unique porte-avion Charles-de-Gaulle à moitié ratée (longueur de la piste, propulsion) a couté bien plus que prévu et demeure peu opérationnel, que les renflouements d’Areva, de l’E.D.F. résultent d’erreurs stratégiques et de gestion… l’énième réforme des retraites, un examen un peu plus intelligent de nos structures de santé et un café de commerce sur l’enseignement primaire et secondaire. Les grandes options – décisives financièrement et civiquement – que seraient le moratoire des dettes souveraines, l’établissement d’un service national garçons et filles avec module militaire, puis module coopération au développement, proposé d’ailleurs à l’ensemble de nos partenaires européens, ne sont absolument pas dans le champ mental de nos champions . Sont-ils d’ailleurs nos champions, à nous la France ? ou seulement le résultat de mécaniques d’un parti composite, décomposé d’ailleurs car son fondement unique était le culte du chef : JC vingt ans, NS cinq ans, car de doctrine, c’est presque le Front national, façon non avouée d’extirper l’extrêmisme en s’y mettant soi-même presque immergé dedans… Et des erreurs d’appréciation et sans doute de pratique : le numérique, la « révolution numérique ». Pour eux, une réduction des coûts administratifs ce qui est oublier énormément de gens (et de foyers fiscaux) mal à l’aise avec les QCM de l’internet, et n’avoir aucune prescience de la vulnérabilité de l’économie et de la défense d’un pays dont tous les matériels informatiques sont de fabrication et de conception étrangères. C’est inquiétant. Pas de curiosité pour approfondir ce point, ou cette soif de participation, selon eux, mais qui est bien plus : soif de démocratie d’un peuple qui sent bien que c’est sa maturité seule, et non ses dirigeants, qui va le tirer d’affaire. – Aucun des deux n’a eu l’élégance d’évoquer NS

Tels quels les deux programmes se ressemblent, mais celui d’AJ est modestement dit et ne serait pas dogmatique. Celui de FF a pour litanie, cela se fait partout ailleurs et cela réussit aux pays qui le pratique, pourquoi pas chez nous qui sommes actuellement f… Tout est donc novation, paradoxalement chez l’homme que se trouvent les intégristes, mais ceux-ci ne voient que la famille, l’avortement, la filiation et se f… des dommages sociaux « collatéraux », car en sus de la réduction des charges, il apparaît que la norme en sécurité sociale va être le complémentaire, le privé. Pour FF, il n‘y a plus de modèle social, puisqu’il est f… et puisqu’il date. C’est ce dernier argument qui le dévoile : alors qu’AJ a évoqué le gaullisme et le général de GAULLE quatre fois, FF n’a aucune référence de personne, sauf un passage de carrière : Philippe SEGUIN, lequel n’est resté qu’au mode éventuel pour ce qui fut la sienne propre. Tous les deux, mais surtout FF, prétendent comme des novices, qu’en quatre à six mois, toute l’ambiance, tous les paramètres auront changé par leur élection et les « trains » d’ordonnances auxquels ils sont résolus, à la manière de COPE, surtout FF. Celui-ci ajoute du referendum pour l’alignement du public sur le privé en temps de travail et en retraites, Dans tout cela, à la fois dans la pensée des deux acteurs et pour la durée de l’émission, presque plus de place en politique étrangère et en relations extérieures : différence marquée entre FF et AJ à propos de POUTINE et de la Syrie, ce qui ne peut que faire pencher absolument pour AJ, analysant très bien le début de la contestation du régime de Bachar, la jeunesse et les démocrates, tandis que FF argumente sa proximité avec POUTINE par la coincidence chronologique de leurs exercices respectifs des fonctions de Premier ministre ! Oubli total dans les projets de réécriture du Code du travail, que cela a été fait il y a six mois par la loi Travail et dans leur sens : monopole de la négociation en entreprises, au détriment et de la loi et des syndicats. FF avoue que la suppression-même du Code serait naturelle et efficace. L’ambition le fait entrer dans le scenario du bœuf et de la grenouille. Paramètres changés en quelques mois, chômage réduit de moitié pendant le (premier) quinquennat, la France première puissance en Europe dans les dix ans. Voici l’homme, tandis qu’il est « crédité » de la victoire en cette primaire et donc de son entrée à l’Elysée dans six mois ! que sera-t-il quand il y sera ! inatteignable. Je vais pouvoir cesser le flux de mes courriels vers ce palais. Etonnamment, il passe pour maire de Sablé-sur-Sarthe, à vérifier alors qu’il a abandonné la circonscription de Joël LE THEULE, qu’il allait perdre en 2012 (Stéphane LE FOL) pour Paris VIème. Curiosité ! il ne connaît pas l’accord du participe passé au féminin pluriel, au moins deux lourdises : les décisions que j’ai pris.

Oui, cet homme me fait peur. Et la carence de notre pays en chefs ou candidats chefs alliant compassion et discernement de notre temps, de qui nous sommes et voulons être, pouvons être, me paraît totale et sans précédent depuis très longtemps : peut-être le personnel du Second Empire, si falot sauf l’Empereur, MORNY et DURUY. – Si FH est habile, il peut rallier énormément de monde : la plate-forme sociale, sa bonne conduite en Syrie (le réflexe de l’été de 2013 empêché par les parlements anglo-saxons) et au Sahel, ce n’est pas nul. D’ailleurs, ce manifeste contre le « hollande bashing » avec PELLOUX l’urgentiste et Catherine DENEUVE, donne sans doute le signal premier d’un mouvement. Je souhaite ce mouvement. Mais j’ai aussi ma partition, qui n’y est pas contraire : l’ordalie projetée depuis deux ans, et mon livre [2], certes en souffrance, mais que je n’ai plus qu’à transcrire tant je le sens et le lis en moi. Et à plus long terme, selon ma longévité et l’accueil d’un éditeur, voulant « tout de moi », les cinquante ans de témoignage sur l’époque qui a été la mienne et celle de mes amis de différentes étapes ou situations. Mémoire de temps révolus, rise and fall. Je pense que le versant actuel est à l’espérance, et à ses bourgeonnements, évangile pour demain..



[1] - Cela passait sur les deux chaînes TF1 et A2, programmés à 21 heures, en rubrique « magazine » et également tiré « le grand débat de la primaire ». TF1 par Gilles BOULEAU et David PUJADAS, A2 par David PUJADAS et Gilles BOULEAU. Présentation selon TV Grandes chaînes
* TF1 – Le 20 novembre dernier, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Jean-François Copé, Bruno Le Maire, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson soumettaient leur candidature lors du premier tour de la primaire ouverte de la droite et du centre. Les deux candidats ayant obtenu le plus de voix sont invités à débattre ce soir, interrogés par Gilles Bouleau et David Pujadas, avant le second tour du scrutin, dimanche prochain, qui détermlnera lequel entrera en campagne pour l’élection présidentielle.
* 2 – Ils étaient sept candidats à la primaire de la droite et du centre qui a eu lieu le 20 novembre dernier. Ce soir, ils ne sont plus que deux en lice avant le second tour du scrutin, dimanche 27. Les deux personnalités politiques vont devoir abattre eurs fdernières crates pour séduire les électeurs. Ces habitués des campagnes élecorales expliqueront leur programme pour la France et devant faire preuve de sang-froid pour garder leur calme. Ils réoondront également aux questions des journalistes rompus à l’exercice.
[2] - Vous serez réélu, mais par défaut et sans vous être converti . Lettre ouverte à François Hollande.


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