dimanche 29 mai 2016

Mai 68 - selon www.politique.net/annees-de-gaulle/mai-68/htm


 


Un pouvoir vieillissant

Le quartier latin en mai 1968

Elu en 1965, De Gaulle confirme Georges Pompidou au poste de premier ministre. La politique économique et sociale, centrée sur le concept de participation des salariés au capital des entreprises, ne trouve pas un grand écho auprès de la population. Malgré la croissance des Trente Glorieuses, un malaise social s'installe, exploité par l'émergence des forces de gauche. Le pouvoir apparaît lointain. Un premier signe d'alerte est donné lors des élections législatives de 1967 au cours desquelles les Gaullistes perdent de nombreux sièges à l'Assemblée nationale. Mais ce décalage entre le pouvoir et la société apparaît au grand jour avec la révolte étudiante de mai 1968.

La révolte étudiante

Dans les années 1960, au sein d'une partie de la jeunesse, les idées maoistes et la lutte menée par Che Guevara deviennent des références. La politique réactionnaire du général De Gaulle est montrée du doigt par une partie de la jeunesse. Par ailleurs, le système éducatif est à bout de souffle. Les établissements scolaires voient l'arrivée massive de la génération du babyboom sans que des moyens supplémentaires ne leur soient alloués. Ainsi, dans l'enseignement supérieur, on comptait environ 200 000 étudiants en 1958, chiffre qui a presque triplé dix ans plus tard, en 1968 sans aucun budget supplémentaire.
La révolte étudiante débute en mars 1968 dans la nouvelle université de Nanterre, créée pour désengorger la Sorbonne. Daniel Cohn-Bendit, étudiant en sociologie et militant anarchiste révolutionnaire, est à l'origine du « Mouvement du 22 mars » qui entend protester contre l'arrestation de militants communistes, membres du comité Viêt Nam international. Avec ses partisans, il occupe les locaux jusqu'à la fermeture de la faculté en mai 1968 devant l'instabilité de la situation sur place.
Dès lors, le mouvement se déplace à la Sorbonne et s'élargit : diverses revendications apparaissent et le pouvoir gaulliste est pris pour cible. Le 3 mai, la Sorbonne est fermée à son tour. Des affrontements ont lieu entre étudiants et forces de l'ordre : le 10 mai, des barricades sont érigées et de nombreux blessés sont à déplorer de part et d'autre. Mais les étudiants obtiennent le soutien des syndicats et un climat révolutionnaire s'instaure. Le gouvernement est complètement dépassé.

La grève générale

Le mouvement de mai 1968 prend une nouvelle tournure le 13 mai. De nombreux syndicats parmi lesquels la CGT et la CFDT appellent à la grève générale et organisent une grande manifestation de soutien aux étudiants contre la répression policière dont ils font l'objet. Ce jour-là, on dénombre pas moins de 200 000 manifestants. Deux jours plus tard, les grèves et les occupations d'usine se généralisent en province.
Le 25 mai, le premier ministre Georges Pompidou entame des négociations avec les syndicats, notamment pour répondre aux revendications salariales. Ces négociations aboutissent aux « accords de Grenelle » : tous les salaires sont augmentés de 10%, le SMIG de plus de 30% et les jours de grève sont payés à hauteur de 50% du salaire. Mais la crise ne faiblit pas pour autant.

La crise politique et ses conséquences

Les partis de gauche profitent des revendications pour se présenter comme une alternative crédible au général De Gaulle. D'abord étudiante, puis s'étendant à tout le corps social, la crise prend alors une tournure politique. Le 29 mai 1968, De Gaulle part secrètement en Allemagne, à Baden-Baden, pour s'assurer du soutien des militaires. Ce départ précipité suscite l'inquiétude dans les plus hautes sphères de l'Etat, Pompidou lui-même n'était pas au courant, et parmi la population qui s'interroge sur cette vacance du pouvoir. Le lendemain, De Gaulle annonce la dissolution de l'Assemblée nationale et appelle à manifester pour sauver la République. Moins d'une heure après son allocution, les Champs Elysées sont envahis par plus de 500 000 manifestants qui affichent leur soutien à De Gaulle. Face à la crainte d'une situation proche de l'anarchie, les élections législatives anticipées de juin 1968 se soldent par une nette victoire des Gaullistes.
Le bilan de mai 1968 est donc contrasté : politiquement, c'est un échec puisque les Gaullistes ont été confirmés au pouvoir. Socialement, mai 1968 a constitué un formidable accélérateur : les accords de Grenelle marquent des avancées significatives pour les salariés. Quant aux étudiants, ils obtiennent une réforme du système éducatif et un renouvellement des méthodes d'enseignement.
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