mercredi 25 mai 2016

adressé à l'Elysée : observation et réflexions - la question de légitimité désormais posée

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
en Octobre-Novembre 1995 (les régimes spéciaux de retraite, les craintes pour la sauvegarde du service public, le charcutage de la S.N.C.F. et de l'E.D.F. en X fonctions promues entreprises autonomes), trois millions de Françaises et de Français dans la rue, les manifestations, la grève générale, la convivialité entre automobilistes : Alain Juppé, Premier ministre, "droit dans ses bottes" faisait rechercher par le directeur de son cabinet, Gourdaud-Montagne, comment Joseph Laniel en Juin 1953 avait desserré l'étreinte du mouvement social, alors que Pierre Mendès-France manquait de peu l'investiture qu'il n'obtiendrait qu'un an plus tard et à la suite de Dien-Bien-Phu... En 1995, les textes passèrent et la dissolution en Avril 1997, pour confort gouvernemental, ramena la gauche à la majorité législative. ce dont celle-ci fit peu de choses, son chef se réservant pour l'élection présidentielle, qu'il perdit, n'ayant su maintenir l'unité ni décider sur les difficultés ni désembourber à Nice une Union européenne démesurément élargie et de plus en plus mal représentée et organisée.

Désigner un fauteur de troubles pour les blocages de nos distributions d'énergie, puis de nos transports en commun : la C.G.T., pas encore les communistes mais bientôt.. Faire remarquer que participent aux piquets de grève des chômeurs, des militants, que des "minorités", et que les manifestations de rue sont un appel aux casseurs, jusqu'il y a quelques jours, et à l'extrême gauche maintenant est une propagande non une stratégie.

Les forces de sécurité, certes prises à partie dans certains moments et lieux, mettant alors en cause des décisions de justice qui leur paraissent mal fondées et même provocatrices à la veille de nouveaux mouvements, ne seront sans doute pas inconditionnellement ni perpétuellement dociles à des ordres que souvent elles ne comprennent pas, même "techniqueent" pour la maintien de l'ordre et la protection des propriétés. Il pourrait arriver qu'en revanche, elles comprennent les déçus du 7 Mai 2012, les militants qui ne payent plus leurs cotisations et ce qui fait saccager les permanences d'un parti, demeuré incapable de rester représentatif au Parlement des espérances d'antan.
Paradoxalement, ce qui est très improprement appelé le "couple exécutif" - car le Président dans notre Constitution n'est à confondre avec aucun pouvoir, qu'il est l'arbitre entre eux et que sa prérogative majeure, c'est de faire trancher le peuple en dernier ressort, compréhension perdue de nos textes et du legs du général de Gaulle -, ce "couple", l'actuel, est en train de ressusciter la gauche, face à une droite fière de l'être, qui n'a ni représentant, ni programme, ni bilan, ni compte-rendu de ses dix ans de pouvoir absolu, ni projet argumenté et partagé entre toutes tendances - la gauche avait su le faire de 1971 à 1981, le programme commun de gouvernement et la candidature de " l'adversaire le plus fidèle " à de Gaulle, François Mitterrand (le mot est du conseiller judiciaire de Valéry Giscard d'Estaing). En effet, le Parti socialiste ayant accepté la dérive de ces quatre ans, la floraison de textes catalogues et mal f... tous provocants et ne changeant rien aux circonstances de notre économie, à la braderie de notre patrimoine industriel et intellectuel, a perdu sa raison d'être, donc ses militants et ses électeurs. De contestation de jeunes dégoûtés de l'évolution de la société centré sur l'individuel et l'argent, il a commencé de n'y avoir que deux exutoires : l'émigration ou le djihad. Cohésion nationale par l'argent-roi ? Ces jours-ci depuis le 49-3 pour une loi aussi improvisée et rédigée à huis clos solitaire, aussi fourre-tout que la loi Macron,  la place se fait pour une gauche authentique, certainement plurielle, les re-fondateurs du P.S. et surtout la résurgence d'un Parti communiste dialectique, recrutant, appuyé par la C.G.T. et s'appuyant sur elle. C'est excellent pour que la politique en France redevienne mouvement et analyse, donc projets. Le pays en a besoin pour se retrouver à l'âge adulte et quitter la maison de tolérance. Déjà, ces jours-ci se constate aux pompes à carburant notamment, une comportement nouveau de solidarité. Les usagers acceptent la limitation de leur prélèvement, comprennent le mouvement de révolte qui frémit et remarque le sans-gêne et l'égoisme de ceux qui pourraient se priver en ce moment et ne pas remplir non seulement leur réservoir mais des bidons : les retraités notamment.

Le pays bouge. Il en est temps pour lui-même et pour une Europe à qui nous manquons depuis que le referendum négatif de Mai 2005 n'a pas été saisi par nos gouvernements successifs pour une relance totale - à la Schuman en Mai 1950 - de tout le processus européen.

Le fond de nos situations politiques et morales actuelles, c'est la question de légitimité. Tout est légal chez nous, y compris les flash balls. Tout est régulièrement voté, état d'urgence compris et prolongé. Mais le Président n'est plus représentatif de l'espérance et du vote de 2012, les parlementaires socialistes acceptant de voter contre leur conscience et sous la contrainte (d'on ne sait quoi d'ailleurs car leur réélection ne dépendra pas de leur docilité de quatre ou cinq ans, mais de la logique du prochain scrutin présidentiel) ne sont plus représentatifs. Leur légitimité - président de la République, élus à gauche - est en question.

On peut ergoter sur le bien commun plus impérieux à réaliser que de recueillir le consensus, et que l'impopularité est signe d'exemplarité de ce que l'on fait et s'obstine à faire (citation depuis Juppé et peut-être avant lui de la position du cardinal de Richelieu dans l'opinion de son temps et dans l'Histoire qui aurait jugé au contraire).  On ne peut pas discuter qu'aucune politique n'est à la longue efficace si elle n'est consentie, et même souhaitée.

Pensées.



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