Cher ami, Monsieur le Secrétaire
général,
en Octobre-Novembre 1995 (les régimes spéciaux
de retraite, les craintes pour la sauvegarde du service public,
le charcutage de la S.N.C.F. et de l'E.D.F. en X fonctions
promues entreprises autonomes), trois millions de Françaises
et de Français dans la rue, les manifestations, la grève
générale, la convivialité entre automobilistes : Alain Juppé,
Premier ministre, "droit dans ses bottes" faisait rechercher
par le directeur de son cabinet, Gourdaud-Montagne, comment
Joseph Laniel en Juin 1953 avait desserré l'étreinte du
mouvement social, alors que Pierre Mendès-France manquait de
peu l'investiture qu'il n'obtiendrait qu'un an plus tard et à
la suite de Dien-Bien-Phu... En 1995, les textes passèrent et
la dissolution en Avril 1997, pour confort gouvernemental,
ramena la gauche à la majorité législative. ce dont celle-ci
fit peu de choses, son chef se réservant pour l'élection
présidentielle, qu'il perdit, n'ayant su maintenir l'unité ni
décider sur les difficultés ni désembourber à Nice une Union
européenne démesurément élargie et de plus en plus mal
représentée et organisée.
Désigner un fauteur de troubles pour les
blocages de nos distributions d'énergie, puis de nos
transports en commun : la C.G.T., pas encore les communistes
mais bientôt.. Faire remarquer que participent aux piquets de
grève des chômeurs, des militants, que des "minorités", et que
les manifestations de rue sont un appel aux casseurs, jusqu'il
y a quelques jours, et à l'extrême gauche maintenant est une
propagande non une stratégie.
Les forces de sécurité, certes prises à
partie dans certains moments et lieux, mettant alors en cause
des décisions de justice qui leur paraissent mal fondées et
même provocatrices à la veille de nouveaux mouvements, ne
seront sans doute pas inconditionnellement ni perpétuellement
dociles à des ordres que souvent elles ne comprennent pas,
même "techniqueent" pour la maintien de l'ordre et la
protection des propriétés. Il pourrait arriver qu'en revanche,
elles comprennent les déçus du 7 Mai 2012, les militants qui
ne payent plus leurs cotisations et ce qui fait saccager les
permanences d'un parti, demeuré incapable de rester représentatif
au Parlement des espérances d'antan.
Paradoxalement, ce qui est très
improprement appelé le "couple exécutif" - car le Président dans
notre Constitution n'est à confondre avec aucun pouvoir, qu'il
est l'arbitre entre eux et que sa prérogative majeure, c'est de
faire trancher le peuple en dernier ressort, compréhension
perdue de nos textes et du legs du général de Gaulle -, ce
"couple", l'actuel, est en train de ressusciter la gauche, face
à une droite fière de l'être, qui n'a ni représentant, ni
programme, ni bilan, ni compte-rendu de ses dix ans de pouvoir
absolu, ni projet argumenté et partagé entre toutes tendances -
la gauche avait su le faire de 1971 à 1981, le programme commun
de gouvernement et la candidature de " l'adversaire le plus
fidèle " à de Gaulle, François Mitterrand (le mot est du
conseiller judiciaire de Valéry Giscard d'Estaing). En effet, le
Parti socialiste ayant accepté la dérive de ces quatre ans, la
floraison de textes catalogues et mal f... tous provocants et ne
changeant rien aux circonstances de notre économie, à la
braderie de notre patrimoine industriel et intellectuel, a perdu
sa raison d'être, donc ses militants et ses électeurs. De
contestation de jeunes dégoûtés de l'évolution de la société
centré sur l'individuel et l'argent, il a commencé de n'y avoir
que deux exutoires : l'émigration ou le djihad. Cohésion
nationale par l'argent-roi ? Ces jours-ci depuis le 49-3 pour
une loi aussi improvisée et rédigée à huis clos solitaire, aussi
fourre-tout que la loi Macron, la place se fait pour une gauche
authentique, certainement plurielle, les re-fondateurs du P.S.
et surtout la résurgence d'un Parti communiste dialectique,
recrutant, appuyé par la C.G.T. et s'appuyant sur elle. C'est
excellent pour que la politique en France redevienne mouvement
et analyse, donc projets. Le pays en a besoin pour se retrouver
à l'âge adulte et quitter la maison de tolérance. Déjà, ces
jours-ci se constate aux pompes à carburant notamment, une
comportement nouveau de solidarité. Les usagers acceptent la
limitation de leur prélèvement, comprennent le mouvement de
révolte qui frémit et remarque le sans-gêne et l'égoisme de ceux
qui pourraient se priver en ce moment et ne pas remplir non
seulement leur réservoir mais des bidons : les retraités
notamment.
Le pays bouge. Il en est temps pour lui-même et pour une Europe
à qui nous manquons depuis que le referendum négatif de Mai 2005
n'a pas été saisi par nos gouvernements successifs pour une
relance totale - à la Schuman en Mai 1950 - de tout le processus
européen.
Le fond de nos situations politiques et morales actuelles, c'est
la question de légitimité. Tout est légal chez nous, y compris
les flash balls. Tout est régulièrement voté, état d'urgence
compris et prolongé. Mais le Président n'est plus représentatif
de l'espérance et du vote de 2012, les parlementaires
socialistes acceptant de voter contre leur conscience et sous la
contrainte (d'on ne sait quoi d'ailleurs car leur réélection ne
dépendra pas de leur docilité de quatre ou cinq ans, mais de la
logique du prochain scrutin présidentiel) ne sont plus
représentatifs. Leur légitimité - président de la République,
élus à gauche - est en question.
On peut ergoter sur le bien commun plus impérieux à réaliser que
de recueillir le consensus, et que l'impopularité est signe
d'exemplarité de ce que l'on fait et s'obstine à faire (citation
depuis Juppé et peut-être avant lui de la position du cardinal
de Richelieu dans l'opinion de son temps et dans l'Histoire qui
aurait jugé au contraire). On ne peut pas discuter qu'aucune
politique n'est à la longue efficace si elle n'est consentie, et
même souhaitée.
Pensées.
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