mardi 5 avril 2016

" Panama papers " - Le Monde.fr avec 109 médias étrangers


Le Monde, en partenariat avec 109 médias étrangers et le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a eu accès à une très grande masse d'informations inédites : 11 millions de fichiers provenant des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore. Les données, qui constituent le plus gros "leak" de l'histoire, s'étalent de 1977 à 2015. Elles révèlent que des chefs d'Etat, des milliardaires, des grands patrons, des figures du sport, de la culture, de l'économie recourent, avec l'aide de certaines banques, à des montages de sociétés afin de dissimuler leurs avoirs.


article sélectionné dans la matinale du 04/04/2016 Découvrir l’application

Chefs d’Etat, sportifs, milliardaires : premières révélations des « Panama papers » sur le système offshore mondial

LE MONDE | 03.04.2016 à 19h58 • Mis à jour le 04.04.2016 à 12h16 | Par Joan Tilouine, Simon Piel, Maxime Vaudano, Jérémie Baruch et Anne Michel
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Les « Panama papers » en trois points

  • Le Monde et 108 autres rédactions dans 76 pays, coordonnées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), ont eu accès à une masse d’informations inédites qui jettent une lumière crue sur le monde opaque de la finance offshore et des paradis fiscaux.
  • Les 11,5 millions de fichiers proviennent des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.
  • Les « Panama papers » révèlent qu’outre des milliers d’anonymes de nombreux chefs d’Etat, des milliardaires, des grands noms du sport, des célébrités ou des personnalités sous le coup de sanctions internationales ont recouru à des montages offshore pour dissimuler leurs actifs.

C’est la fuite de données la plus importante de l’histoire du journalisme. C’est aussi la percée la plus spectaculaire jamais effectuée dans le monde obscur de la finance offshore.

Le Monde, associé au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) de Washington et au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, destinataire de la fuite, a eu accès aux 11,5 millions de documents qui révèlent les avoirs cachés, dans des paradis fiscaux opaques, de leaders politiques mondiaux, de réseaux criminels, de stars du football ou de milliardaires.
Parmi eux figurent des proches du président de la Russie, Vladimir Poutine, ou le premier ministre de l’Islande, Sigmundur David Gunnlaugsson, mais aussi de nombreux autres noms de chefs d’Etat ou de personnalités politiques. On y retrouve aussi le footballeur argentin Lionel Messi et le président suspendu de l’UEFA, Michel Platini, parmi nombre de personnalités dont nous évoquerons les cas tout au long de la semaine. Ces documents secrets, extrêmement récents, courent jusqu’à la fin de 2015.

1 500 fois WikiLeaks

Plus de 2 600 gigaoctets de données secrètes ont été découverts, étudiés et analysés par Le Monde et 108 médias partenaires, pendant près d’un an, mobilisant 376 journalistes dans le monde entier.
Au cœur de cette nouvelle enquête, ces « Panama papers », il y a une firme, Mossack Fonseca, un des champions mondiaux de la domiciliation de sociétés-écrans dans les juridictions offshore. Ces entités sont conçues pour dissimuler l’identité de leurs propriétaires réels, et verrouillées de l’intérieur. Mossack Fonseca est établi au Panama, l’un des centres financiers les plus opaques de la planète, considéré comme une plaque tournante du blanchiment, où vient se recycler l’argent du crime et de la fraude.

Un « registre du commerce » offshore

image : http://s2.lemde.fr/image/2016/04/03/534x0/4894812_6_7661_2016-04-02-54f0125-6945-1dxdu6h_789da95467f1fe7668d03fccf45a7ffd.png
Les « Panama papers », une enquête mondiale sur les paradis fiscaux.
Les « Panama papers » mettent en lumière un incroyable tableau : plus de 214 000 entités offshore créées ou administrées par Mossack Fonseca, depuis sa fondation, en 1977, et jusqu’en 2015, dans 21 paradis fiscaux et pour des clients issus de plus de 200 pays et territoires.
Un périple planétaire, donc, qui embrasse les continents et les océans, du Luxembourg au Panama, de la Suisse aux îles Vierges britanniques, des îles Samoa aux Seychelles, de Monaco aux Bahamas.
Il n’est plus ici seulement question des cas particuliers d’une seule banque, comme lors des SwissLeaks de HSBC (2015) ou des UBSLeaks (2016), ni du rôle joué par une seule place financière dans un schéma organisé d’optimisation fiscale pour les multinationales, comme dans les LuxLeaks (2014). Les « Panama papers » offrent une cartographie, presque en temps réel, d’un pan entier de la finance mondiale, jusqu’alors à l’abri des regards.
Toutes ces informations seraient restées secrètes sans l’intervention d’une source anonyme, qui a commencé, au début de 2015, à transmettre cette mine d’or aux journalistes du Süddeutsche Zeitung. Ils avaient alors entrepris d’enquêter sur le rôle de Mossack Fonseca dans les accusations de fraude fiscale visant la Commerzbank, la deuxième plus grosse banque d’Luxembourg. Devant l’ampleur des données, le quotidien allemand a décidé de faire appel à l’ICIJ et ses partenaires habituels, afin de partager ses informations, au regard de la précieuse expérience acquise par le consortium en matière d’investigations financières transnationales.
L’authenticité des documents, qui ne faisait guère de doute au regard de leur nombre, a pu être vérifiée à deux reprises, par le journal munichois et Le Monde. Elle a été confirmée par plusieurs lettres envoyées en mars par Mossack Fonseca à ses clients et consultées par Le Monde, mentionnant « un accès non autorisé à [son] serveur de messagerie électronique grâce auquel certaines informations ont été glanées par des tierces personnes ».

Argent gris, noir et sale

Toutes les sociétés offshores des « Panama papers » ne sont pas illégales ou opaques, certaines ont une activité économique véritable et déclarée ou ont été spécialement créées pour faciliter des investissements internationaux. Mais une grande majorité d’entre elles sont utilisées comme sociétés-écrans, pour dissimuler des avoirs grâce au recours à des prête-noms.
C’est ainsi que chez Mossack Fonseca, l’argent propre côtoie l’argent sale, que l’argent gris (celui de la fraude fiscale) côtoie l’argent noir (celui de la corruption et du crime organisé), que les grandes fortunes et les stars du football côtoient les réseaux criminels et les chefs d’Etat corrompus.
Après plusieurs mois de cette enquête hors norme, l’ICIJ et ses partenaires ont pu établir qu’étaient impliqués dans des sociétés offshore 12 chefs d’Etat et de gouvernement (dont six en activité), 128 responsables politiques et hauts fonctionnaires de premier plan du monde entier et 29 membres du classement Forbes des 500 personnalités les plus riches de la planète.
Image : http://s1.lemde.fr/image/2016/04/03/534x0/4894814_6_ddf9_qui-utilise-les-societes-offshore-des_542bb02aab2784bedd8b8a64f2348b0f.png
Qui utilise les sociétés offshore des « Panama papers » ?
Les clients qui désirent se dissimuler et rendre leurs avoirs intraçables sont protégés par trois ou quatre sociétés successives, créées aux quatre coins de la planète, qui s’emboîtent comme des poupées russes pour compliquer le travail des autorités fiscales et judiciaires, et il est souvent ardu, voire impossible, de remonter leur piste.
Les milliers d’échanges internes entre les employés de Mossack Fonseca passés au crible par Le Monde et ses partenaires confirment que les artisans de l’offshore parviennent toujours à conserver un coup d’avance sur les tentatives de régulation mondiales.
Ainsi quand, en 2011, les îles Vierges britanniques sont contraintes, sous la pression internationale, d’abandonner le système des actions au porteur anonymes, un mouvement de balancier s’opère au profit du Panama ou des Seychelles, où de telles pratiques sont encore autorisées.
C’est par ces rebonds d’un paradis fiscal à l’autre, et en exploitant les failles de la régulation par des montages toujours plus complexes, que Mossack Fonseca et ses intermédiaires tiennent en respect les autorités de contrôle.

« Une usine de voitures est-elle responsable du comportement des conducteurs ? »

Interrogé sur son rôle et ses responsabilités, Mossack Fonseca se défend d’avoir offert directement ces services à ces clients, et renvoie la responsabilité vers les quelque 14 000 intermédiaires (grandes banques mondiales, cabinets d’avocats, fiduciaires et autres sociétés de gestion de fortune) qui assurent l’interface avec les bénéficiaires finaux.
Dans un récent entretien accordé à la télévision panaméenne, le cofondateur du cabinet Ramon Fonseca l’a comparé à une « usine de voitures », qui n’est pas responsable des forfaits commis par des voleurs à l’aide des véhicules qu’elle a produits. Dans la plupart des juridictions, la firme a pourtant l’obligation de se renseigner sur les ayants droit des sociétés qu’elle administre, et, si elle faillit parfois à cette obligation, ses correspondances internes montrent qu’elle a souvent connaissance de leur identité.

Quelles solutions ?

Le Panama, centre financier toxique, refuse de coopérer avec les Etats étrangers dans la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, et a engagé un bras de fer avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui coordonne la lutte. Considérant que le problème devenait hautement politique et risquait de compromettre l’efficacité de la lutte contre le blanchiment, l’OCDE a alerté les ministres des finances du G20 (le groupe des vingt pays les plus riches), réunis le 27 février à Shanghaï, en Chine.
Ce que prouvent les « Panama papers », c’est avant tout qu’à l’heure de la mondialisation financière, et malgré les révélations successives et la volonté affichée des Etats à réguler les paradis fiscaux, il demeure toujours aisé pour les banques et leurs clients de se jouer des réglementations nationales. Ce ne sont pas les lois contre le blanchiment qui manquent, mais le contrôle de leur application qui doit être renforcé, partout dans le monde. Le système financier dans son ensemble se doit de réguler le grand Meccano de l’offshore. Il a tout à y gagner.
#PanamaPapers Le lexique de l’offshore

Actionnaire(s)

Ce sont les propriétaires déclarés des sociétés offshore. Certains possèdent réellement le capital de ces sociétés, d’autres ne sont que des prête-noms.

Actions au porteur

A la différence des actions nominatives, ces actions anonymes permettent aux propriétaires réels des sociétés offshore de dissimuler leur identité. Ce type de titres, qui organise une opacité totale sur l’actionnariat, est en train de disparaître. Le Panama est l’un des derniers pays à les proposer.

Actions nominatives

C’est l’inverse des actions au porteur : l’identité des personnes physiques ou morales qui les détiennent est révélée. C’est ce type d’actions qu’émettent les entreprises des pays transparents.

Administrateurs

Ce sont les personnes qui dirigent les sociétés et peuvent être indifféremment directeurs ou membres du conseil d’administration. Dans les sociétés offshore, cela n’implique pas de gérer une activité, mais d’assumer la responsabilité légale et d’assumer la responsabilité légale.

Agent de domiciliation de sociétés offshore

C’est l’une des activités principales du cabinet d’avocats Mossack Fonseca : l’enregistrement de sociétés dans des paradis fiscaux pour le compte de ses clients, un métier qui implique une solide connaissance du droit. En appui, la firme propose d’autres services : la location de prête-noms, des services bancaires...

Ayant droit ou bénéficiaire économique

Personne qui tire les véritables bénéfices d’une société, même si elle n’apparaît pas officiellement comme actionnaire ou administratrice.

Blanchiment d’argent

Il consiste à dissimuler des fonds de provenance illicite (trafic de drogue, vente d’armes, fraude fiscale...) pour les réinvestir dans des activités légales et donc les recycler. Les sociétés offshore sont parfois utilisées pour blanchir de l’argent.

Certificat d’actions

Document certifiant qu’une personne est actionnaire d’une société ou qu’elle détient un nombre d’actions donné. Si le certificat est émis « au porteur », et non pas à une personne ou à une entité nommément désignée, il s’agit d’un certificat d’action au porteur.

« Compliance »

C’est l’ensemble des procédures de « vérification de conformité » qu’un cabinet comme Mossack Fonseca a l’obligation de mener auprès de ses clients. Il vérifie notamment que ceux-ci n’ont pas d’antécédents judiciaires, qu’ils ne figurent pas sur une liste de sanctions internationales ou ne sont pas des « personnalités politiquement exposées » (présentant un risque).

Échange automatique de données

Cette procédure sera mise en place à compter de 2017 ou 2018 et consistera, pour les Etats, à s’échanger entre eux, de façon systématique, les informations bancaires sur les contribuables (comptes bancaires ouverts à l’étranger, parts de société etc.).
Les pays du G20 ont appelé à la généralisation de l’échange automatique, perçu comme le meilleur outil pour lutter contre la fraude fiscale. Les paradis fiscaux sont invités à mettre en place ce standard pour sortir des listes noires des pays non-coopératifs.

Évasion/optimisation fiscale

Utilisation de moyens légaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Elle suppose une bonne connaissance des lois et de ses failles.

Exilé fiscal

Se dit d’une personne qui, pour échapper à un impôt qu’elle considère trop important, déménage dans un pays à la fiscalité plus légère.

Fondation

Une entité légale qui agit comme une société offshore mais garantit plus d’opacité. Les fondations ne sont soumises à aucune forme d’imposition au Panama. Les noms des bénéficiaires ne sont pas divulgués. Les fondations n’ont pas à produire de rapports financiers.

Fraude fiscale

Utilisation de moyens illégaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Le fait de déplacer des capitaux dans des juridictions étrangères sans en avertir le fisc constitue une forme de fraude fiscale.

Holding

Généralement, une société dont la seule activité est de prendre des participations dans d’autres sociétés. Nombreux sont ceux qui créent des holdings au Luxembourg pour gérer leurs affaires, car l’imposition y est très faible.

Intermédiaire financier

Personne ou institution qui fait le lien entre le bénéficiaire réel d’une société offshore ou un compte et l’agent de domiciliation, comme Mossack Fonseca, qui va effectivement l’ouvrir. Cet intermédiaire peut être un avocat fiscaliste, un gestionnaire de fonds ou une banque.

Paradis fiscal

Pays ou territoire où certains impôts sont très bas voire inexistants, et qui cultive une certaine opacité sur les titulaires des comptes et des sociétés. Leur définition varie selon l’époque et l’organisation qui établit la liste des paradis fiscaux.

Port franc/zone franche

Zone où l’on peut entreposer des biens sans qu’ils soient soumis aux taxes douanières. De nombreuses œuvres d’art sont par exemple stockées dans le port franc de Genève.

Prête-nom(s)

Personne qui agit au nom d’une autre comme actionnaire ou administratrice d’une société. L’utilisation de prête-noms permet de dissimuler l’identité du bénéficiaire réel.

Procuration

Autorisation donnée à une personne, physique ou morale, pour représenter une société offshore. La procuration confère des droits, dont la gestion sans restriction de la société, la signature de contrats, l’achat de produits financiers ou encore la possibilité d’emprunter ou de prêter de l’argent. Chaque autorisation spécifie quels pouvoirs sont donnés à la personne qui agit au nom de la société.

Société coquille

Société déjà créée qui ne détient pas ou peu d’actifs (comme un œuf vide) et qui n’exerce pas d’activité économique réelle. Elle peut servir à détenir discrètement des comptes en banque, des participations ou des investissements.

Société écran

Société fictive créée dans le but d’opacifier les transactions financières d’autres sociétés.

Société offshore

Littéralement, « offshore » signifie « extraterritorial ». Une société offshore est enregistrée dans un pays non pour y exercer une activités mais pour disposer d’une boîte à lettres – souvent pour profiter des avantages fiscaux ou règlementaires du paradis fiscal choisi.

Trust/fiducie/fiduciaire

Une fiduciaire (du latin fiducia, confiance) est la personne physique ou la société qui détient temporairement de l’argent ou des biens pour le compte d’un tiers (le fiduciant). A charge pour la fiduciaire de gérer les fonds ou les mandats qui lui ont été transférés. Le trust, ou fiducie, est le contrat qui lie ces deux parties. Quant aux sociétés fiduciaires, ce sont des structures spécialisées dans ces opérations.

Actionnaire(s)

Ce sont les propriétaires déclarés des sociétés offshore. Certains possèdent réellement le capital de ces sociétés, d’autres ne sont que des prête-noms.

Actions au porteur

A la différence des actions nominatives, ces actions anonymes permettent aux propriétaires réels des sociétés offshore de dissimuler leur identité. Ce type de titres, qui organise une opacité totale sur l’actionnariat, est en train de disparaître. Le Panama est l’un des derniers pays à les proposer.

Actions nominatives

C’est l’inverse des actions au porteur : l’identité des personnes physiques ou morales qui les détiennent est révélée. C’est ce type d’actions qu’émettent les entreprises des pays transparents.

Administrateurs

Ce sont les personnes qui dirigent les sociétés et peuvent être indifféremment directeurs ou membres du conseil d’administration. Dans les sociétés offshore, cela n’implique pas de gérer une activité, mais d’assumer la responsabilité légale et d’assumer la responsabilité légale.

Agent de domiciliation de sociétés offshore

C’est l’une des activités principales du cabinet d’avocats Mossack Fonseca : l’enregistrement de sociétés dans des paradis fiscaux pour le compte de ses clients, un métier qui implique une solide connaissance du droit. En appui, la firme propose d’autres services : la location de prête-noms, des services bancaires...

Ayant-droit ou bénéficiaire économique

Personne qui tire les véritables bénéfices d’une société, même si elle n’apparaît pas officiellement comme actionnaire ou administratrice.

Blanchiment d’argent

Il consiste à dissimuler des fonds de provenance illicite (trafic de drogue, vente d’armes, fraude fiscale...) pour les réinvestir dans des activités légales et donc les recycler. Les sociétés offshore sont parfois utilisées pour blanchir de l’argent.

Certificat d’actions

Document certifiant qu’une personne est actionnaire d’une société ou qu’elle détient un nombre d’actions donné. Si le certificat est émis « au porteur », et non pas à une personne ou à une entité nommément désignée, il s’agit d’un certificat d’action au porteur.

« Compliance »

C’est l’ensemble des procédures de « vérification de conformité » qu’un cabinet comme Mossack Fonseca a l’obligation de mener auprès de ses clients. Il vérifie notamment que ceux-ci n’ont pas d’antécédents judiciaires, qu’ils ne figurent pas sur une liste de sanctions internationales ou ne sont pas des « personnalités politiquement exposées » (présentant un risque).

Echange automatique de données

Cette procédure sera mise en place à compter de 2017 ou 2018 et consistera, pour les Etats, à s’échanger entre eux, de façon systématique, les informations bancaires sur les contribuables (comptes bancaires ouverts à l’étranger, parts de société etc.).
Les pays du G20 ont appelé à la généralisation de l’échange automatique, perçu comme le meilleur outil pour lutter contre la fraude fiscale. Les paradis fiscaux sont invités à mettre en place ce standard pour sortir des listes noires des pays non-coopératifs.

Évasion/optimisation fiscale

Utilisation de moyens légaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Elle suppose une bonne connaissance des lois et de ses failles.

Exilé fiscal

Se dit d’une personne qui, pour échapper à un impôt qu’elle considère trop important, déménage dans un pays à la fiscalité plus légère.

Fondation

Une entité légale qui agit comme une société offshore mais garantit plus d’opacité. Les fondations ne sont soumises à aucune forme d’imposition au Panama. Les noms des bénéficiaires ne sont pas divulgués. Les fondations n’ont pas à produire de rapports financiers.

Fraude fiscale

Utilisation de moyens illégaux pour baisser le montant de son imposition, voire y échapper. Le fait de déplacer des capitaux dans des juridictions étrangères sans en avertir le fisc constitue une forme de fraude fiscale.

Holding

Généralement, une société dont la seule activité est de prendre des participations dans d’autres sociétés. Nombreux sont ceux qui créent des holdings au Luxembourg pour gérer leurs affaires, car l’imposition y est très faible.

Intermédiaire financier

Personne ou institution qui fait le lien entre le bénéficiaire réel d’une société offshore ou un compte et l’agent de domiciliation, comme Mossack Fonseca, qui va effectivement l’ouvrir. Cet intermédiaire peut être un avocat fiscaliste, un gestionnaire de fonds ou une banque.

Paradis fiscal

Pays ou territoire où certains impôts sont très bas voire inexistants, et qui cultive une certaine opacité sur les titulaires des comptes et des sociétés. Leur définition varie selon l’époque et l’organisation qui établit la liste des paradis fiscaux.

Port franc/zone franche

Zone où l’on peut entreposer des biens sans qu’ils soient soumis aux taxes douanières. De nombreuses œuvres d’art sont par exemple stockées dans le port franc de Genève.

Prête-nom(s)

Personne qui agit au nom d’une autre comme actionnaire ou administratrice d’une société. L’utilisation de prête-noms permet de dissimuler l’identité du bénéficiaire réel.

Procuration

Autorisation donnée à une personne, physique ou morale, pour représenter une société offshore. La procuration confère des droits, dont la gestion sans restriction de la société, la signature de contrats, l’achat de produits financiers ou encore la possibilité d’emprunter ou de prêter de l’argent. Chaque autorisation spécifie quels pouvoirs sont donnés à la personne qui agit au nom de la société.

Société coquille

Société déjà créée qui ne détient pas ou peu d’actifs (comme un œuf vide) et qui n’exerce pas d’activité économique réelle. Elle peut servir à détenir discrètement des comptes en banque, des participations ou des investissements.

Société écran

Société fictive créée dans le but d’opacifier les transactions financières d’autres sociétés.

Société offshore

Littéralement, « offshore » signifie « extraterritorial ». Une société offshore est enregistrée dans un pays non pour y exercer une activités mais pour disposer d’une boîte à lettres – souvent pour profiter des avantages fiscaux ou règlementaires du paradis fiscal choisi.

Trust/fiducie/fiduciaire

Une fiduciaire (du latin fiducia, confiance) est la personne physique ou la société qui détient temporairement de l’argent ou des biens pour le compte d’un tiers (le fiduciant). A charge pour la fiduciaire de gérer les fonds ou les mandats qui lui ont été transférés. Le trust, ou fiducie, est le contrat qui lie ces deux parties. Quant aux sociétés fiduciaires, ce sont des structures spécialisées dans ces opérations.
  • Joan Tilouine
    Journaliste au Monde
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« Panama papers » : comment les chefs d’Etat mis en cause ont réagi (ou pas)

LE MONDE | 04.04.2016 à 19h44 • Mis à jour le 05.04.2016 à 07h09
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Depuis dimanche 3 avril au soir, les chefs d’Etat concernés par les révélations des « Panama papers », qui dévoilent les dessous financers de sociétés offshore, se posent la même question : faut-il réagir ? Et si oui, comment ? Certains démentent tandis que d’autres gardent le silence. Quelques-uns même assument leurs sociétés offshore, expliquant n’avoir pas enfreint le droit international.

Ceux qui ont réagi directement

  • Sigmundur David Gunnlaugsson, premier ministre islandais
image: http://s2.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895625_6_2e08_le-premier-ministre-islandais-sigmundur-david_0817a18bd5da23138e76167008aa78d5.jpg
Le premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson, a exclu de démissionner.
Le premier ministre islandais et son épouse détenaient secrètement la société Wintris Inc, établie dans les îles Vierges britanniques jusqu’en décembre 2009. Dans une interview réalisée le 11 mars par l’ICIJ, Sigmundur David Gunnlaugsson a nié posséder une société offshore. Interrogé au sujet de Wintris, il assure que cette société est déclarée au fisc, et coupe l’entretien.
La pétition exigeant sa démission comptait vingt mille signatures lundi matin, mais le chef du gouvernement a déclaré à la chaîne Stöd 2 : « Je n’ai pas envisagé de démissionner à cause de cela et je ne démissionnerai pas à cause de cela. »
  • Petro Porochenko, président ukrainien
Le 21 août 2014, moins de deux mois après le début de son mandat, le président et milliardaire ukrainien a enregistré la société Prime Asset Partners auprès du cabinet Mossack Fonseca. Le même jour, le pays vivait l’une des journées les plus sanglantes du conflit. Le « roi du chocolat », unique actionnaire de cette société, n’a pas vendu ses actions comme il le promettait en 2015.
Le chef d’Etat a réagi cet après-midi sur sa page Facebook : « Je pense qu’il est possible que je sois le premier responsable officiel de très haut rang en Ukraine qui gère de manière très sérieuse la déclaration de ses actifs, le paiement de ses impôts et les problèmes de conflit d’intérêts, et ce dans le respect total du droit privé ukrainien et international. »

Ceux qui ont réagi de façon indirecte

  • Vladimir Poutine, président russe
image: http://s1.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895627_6_5506_le-porte-parole-de-vladimir-poutine-a-denonce_e8db0a7f9800650dc0850e51c8170af0.jpg
Le porte-parole de Vladimir Poutine a dénoncé une « Poutinophobie ».
Le président russe n’est pas directement nommé, mais trois de ses proches amis figurent dans la liste. Le premier est Serguei Rodulgin, célèbre violoncelliste et parrain de sa fille, qui détenait trois entreprises servant de coquilles vides.
Les autres sont Arkady et Boris Rotenberg, deux frères milliardaires et amis d’enfance de Vladimir Poutine. Tous deux ont été sanctionnés en mars 2014 par les Etats-Unis, qui les soupçonnent d’avoir fait fortune grâce à la corruption. Ils dirigent au moins sept entreprises dans les îles Vierges britanniques.
Pour Dmitry Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, « il est évident que la principale cible de ces attaques est notre président ». Il dénonce une « Poutinophobie », affirmant que ces publications pleines d’« inventions » et de « falsifications » visent à « déstabiliser le pays » à l’approche des prochaines élections. Le Kremlin soupçonne l’ICIJ, dont les bureaux sont à Washington, d’avoir des liens avec le gouvernement américain et la CIA.
  • Mauricio Macri, président argentin
Le nom du chef d’Etat argentin est cité avec ceux de son père et de son frère en tant que directeur de Fleg Trading Ltd, enregistré aux Bahamas depuis 1998 et dissous en 2009. Selon son porte-parole, si le président ne l’a pas déclaré lorsqu’il était maire de Buenos Aires, c’est parce qu’il ne participait pas au capital de l’entreprise familiale.
  • Bidzina Ivanichvili, premier ministre géorgien de 2012 à 2013
L’ancien premier ministre géorgien, également milliardaire, possède la société Lynden Management Ltd, immatriculée dans les îles Vierges britanniques. En 2011, le cabinet Mossack Fonseca a confirmé auprès de l’autorité financière des îles Vierges que Bidzina Ivanichvili était le bénéficiaire de ce trust monté par Credit Suisse. Le cabinet d’avocats qui représente l’ancien chef de gouvernement dit qu’il « souhaite se montrer transparent » et précise que Credit Suisse propose « systématiquement » des sociétés offshore à ses clients. Un parlementaire de son parti a également déclaré à la télévision géorgienne que Bidzina Ivanichvili n’avait « rien à cacher et qu’il n’a jamais rien caché ».
  • David Cameron, premier ministre britannique
Ian Cameron, le père du chef du gouvernement britannique, a détenu le fonds Blairmore Holdings Inc de 1989 jusqu’à sa mort, en 2010. Six ans plus tard, ce fonds panaméen gère encore plus de 31 millions de dollars. Interrogée par le Guardian sur la présence d’argent familial dans la société offshore, la porte-parole du premier ministre a indiqué qu’il s’agissait « d’une affaire privée », ajoutant qu’il avait « pris une série de mesures pour s’attaquer à l’évasion fiscale ».
  • Nawaz Sharif, premier ministre pakistanais
Mariam, Hasan et Hussain Sharif, les trois enfants du premier ministre pakistanais, ont été propriétaires ou ont eu procuration de plusieurs sociétés enregistrées aux îles Vierges britanniques.
L’ancien chef du gouvernement n’a pas lui-même réagi, mais son fils mis en cause assure que sa famille n’a « rien fait de mal ». Le ministre de l’information pakistanais a déclaré à Reuters : « N’importe qui a le droit de faire ce qu’il veut de ses actifs : les jeter à la mer, les vendre ou les investir dans un trust. Ce n’est un crime ni au Pakistan ni en droit international. »
  • Ayad Allawi, vice-président irakien de 2014 à 2015
L’ancien vice-président irakien possédait des biens immobiliers à Londres par le biais de IMF Holdings Inc et Moonlight Estates Limited, deux sociétés immatriculées au Panama, dont il était l’unique actionnaire. Selon son attaché de presse, interrogé par l’ICIJ, cette manœuvre se justifiait par des questions de sécurité et de légalité, « compte tenu de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet ».

Ceux qui n’ont pas réagi

  • Mohamed VI, roi du Maroc
image: http://s2.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895626_6_e164_l-avocat-du-roi-marocain-mohamed-vi-a-assure_78ca0f34d5a43bc5e3f743cc61e2e171.jpg
L'avocat du roi marocain, Mohamed VI, a assuré que les deux sociétés offshore « ont été créées conformément à la législation ».
Le secrétaire particulier du monarque, Mohamed Mounir Majidi, possède depuis 2006 la société SMCD Ltd,. Cette entreprise lui a permis d’acheter un somptueux trois-mâts qui appartient au roi. Son secrétaire a aussi acheté et rénové un hôtel particulier à Paris via une autre société, elle aussi mise en place par le cabinet panaméen. Les documents issus de Mossack Fonseca établissent que le roi Mohammed VI en était bien le principal bénéficiaire. Ce dernier ne s’est pas exprimé, mais l’avocat de Mounir Majidi a déclaré aux journalistes de l’ICIJ : « Les deux sociétés que vous évoquez ont été créées conformément à la législation en vigueur et leur existence est signalée dans les registres publics. »
  • Salman Al-Saoud, roi d’Arabie saoudite
Le roi saoudien est lié à une société luxembourgeoise opaque, elle-même actionnaire de deux sociétés créées dans les îles Vierges britanniques en 1999 et 2002. La première, Inrow, a contracté un emprunt de 26 millions de dollars en 2009, tandis que l’autre, Verse, a emprunté 8 millions de dollars. Ces deux prêts ont servi à l’achat de résidences dans le centre de Londres et étaient indiqués comme étant « en lien » avec le roi saoudien. Son yacht Erga, dont il est le principal utilisateur, a été immatriculé à Londres par Crassus Limited, une autre société créée en 2004 et domiciliée aux Îles Vierges. Le prince Salman a été plusieurs fois contacté par l’intermédiaire de l’ambassade d’Arabie saoudite aux Etats-Unis, mais elle n’a pas souhaité s’exprimer.
  • Khalifa bin Zayed Al Nahyane, président des Emirats arabes unis
Le président des Emirats arabes unis et émir d’Abou Dabi détient au moins trente sociétés enregistrées dans les îles Vierges britanniques par Mossack Fonseca. A travers celles-ci, il possède des biens immobiliers et résidentiels dans les quartiers chics de Londres pour une valeur totale d’au moins 1,7 milliard de dollars. En décembre 2015, le cabinet Mossack Fonseca détenait la quasi-totalité de ces sociétés, mais le cheikh Khalifa, son épouse et leurs enfants en restaient les bénéficiaires. Le cabinet d’avocats britannique qui le représente a dit « ne pas pouvoir aider » les enquêteurs de l’ICIJ qui les ont contactés par téléphone.
  • Ilham Aliyev, président azerbaïdjanais
La famille du président de l’Azerbaïdjan est plusieurs fois citée dans les documents de Mossack Fonseca. Sa femme figure parmi les gérants d’une société offshore qui elle-même détient le conglomérat AtaHolding, dont le siège est en Azerbaïdjan. Leurs deux filles contrôlent également une firme panaméenne à laquelle appartient une part importante des mines d’or du pays. La sœur du président est l’unique actionnaire d’une société établie aux îles Vierges Britanniques. D’après les enquêteurs de l’ICIJ, la famille Aliyev n’a pas répondu à leurs demandes de précisions.
Quentin Vasseur
Orpheus 05/04/2016 - 12h12
Cela fait des années qu'on signale que des éditeurs volent l'argent des droits, depuis plus de 20 ans et le blanchisse, sans qu'aucun journaliste français ne réagisse. Pourquoi les journalistes français ne sont bons que pour reporter les enquêtes sérieuses des journalistes étrangers. Pourquoi ne contribuent il pas a faire le menage en France: SACEM et Co..Il y a un réseau grave et sérieux au détriment des artistes.
 
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Olivier Jacquemin 05/04/2016 - 11h59
@MC : Vous croyez un seul instant que le peuple russe va se soulever contre Poutine ? Que le roi d'Arabie Saoudite va être chassé par la vindicte populaire ? Que les révélations sur Porochenko vont amener un nouveau Maidan ? Que Messi ne sera plus ballon d'or ? Et que le 1er ministre islandais va démissionner ? Vous êtes de toute évidence plus fort en orthographe qu'en analyse sociologique et géopolitique !
 
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YTour 05/04/2016 - 09h54
C'est dur de lutter la journée contre les croyances dans les Illuminati ou le rejet du darwinisme, et de lire le journal le soir. On va dire quoi aux jeunes, maintenant ? Que les Illuminati habitent au Panama ?
 
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et allez donc ! 05/04/2016 - 08h50
Et c'est pour soutenir un pourri que l'UE , à la remorque des USA ,a lourdement pénalisé ses exportateurs vers la Russie ?
 
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Olivier Jacquemin 05/04/2016 - 11h39
Oui, parce que l'Europe est aussi pourrie que les pourris qu'elle soutient. Qui se ressemble s'assmeble - UE en crise profonde, Ukraine en pleine décomposition.
 
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Dr No 05/04/2016 - 08h09
Je suis effondré par les révélations sur Monsieur Poutine, il aurait du mieux choisir ses amis d'enfance, preuve que tout petit, déjà, il avait choisi le côté obscur. Mais au fait Mr Cahuzac n'était-il pas un proche collaborateur de Mr Hollande, lui-même ami proche de Platini ? (cf le très sérieux site people http://www.staragora.com/star/michel-platini/relations) ? Selon votre méthode d'investigation que doit on en conclure ?
 
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Nico 05/04/2016 - 11h30
Que doit-on en conclure ? Rien. Si vous insinuez que Platini et Cahuzac se sont enrichis grâce à Hollande, en émettant un parallèle douteux avec les méthodes de Poutine, c'est que vous êtes à côté de la plaque !
 
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Olivier Jacquemin 05/04/2016 - 12h08
@Dr No : la façon dont vous épinglez Poutine dans cette longue liste en dit long sur votre objectivité. Vous voilà donc effondré par les révélations sur un chef 'Etat qui aurait mal choisi ses amis d'enfance (quel crime !) mais parfaitement serein vis-à-vis de Porochenko qui tout seul comme un grand a volé une Ukraine déja exsangue, après avoir promis au lendemain des élections de liquider tous ses actifs pour initier une nouelle ère. Mais quelle hypocrisie, chez lui comme chez vous!
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« Panama papers », le récap, épisode 2 : chefs d’Etat, Mossack Fonseca et un jeu

LE MONDE | 04.04.2016 à 19h05 • Mis à jour le 05.04.2016 à 07h09 | Par Les Décodeurs
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Si vous avez raté un épisode, Le Monde et un consortium international de 108 médias ont lancé dimanche 3 avril une série de révélations de grande ampleur sur le monde opaque des paradis fiscaux et ceux qui en profitent.

Pour la journée de dimanche :   « Panama papers » : le récap, épisode 1
Si vous vous sentez un peu perdus, voilà ce qu’il fallait retenir de la journée de lundi dans les « Panama papers ».

1. Douze chefs d’Etat impliqués

image: http://s2.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895602_6_164e_les-chefs-d-etat-et-de-gouvernement-qui-ont_24d7ae1727e2815f2e0f9e4208ee8e79.png
Les chefs d'Etat et de gouvernement qui ont utilisé des sociétés offshore chez Mossack Fonseca.
On vous a déjà parlé dimanche des 2 milliards de Vladimir Poutine et de la société offshore du premier ministre islandais. Mais ils ne sont pas les seuls dirigeants de pays impliqués dans les « Panama papers ». Mohammed VI et Salman, rois du Maroc et de l’Arabie saoudite, ont aussi utilisé des sociétés offshore, en leur nom ou au nom de leur entourage proche. Au Royaume-Uni, c’est le feu père du premier ministre David Cameron, qui utilisait des sociétés offshore. En Ukraine, on retrouve le président ukrainien, Porochenko, avec une société offshore aux îles Vierges britanniques.
Les données des « Panama papers » ont aussi permis d’établir qu’Al-Assad avait contourné les sanctions internationales par le biais de Rami Mahklouf, son cousin germain et argentier du régime.
Elles donnent aussi un nouvel éclairage sur le scandale Petrobras, qui éclabousse la présidente du Brésil, Dilma Rousseff, et son prédécesseur, Lula.

2. Mossack Fonseca, un cabinet au lourd passé

image: http://s1.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895600_6_02fe_la-devanture-de-la-firme-mossack-fonseca-au_f3ef5c7b7bac35f218f3fd02d659e896.jpg
La devanture de la firme Mossack Fonseca, au cœur d'un scandale sur les paradis fiscaux, le 3 avril 2016.
Il faut prononcer son nom pour voir, dans la seconde, se fermer les visages et s’éteindre les voix. Au Panama, Mossack Fonseca est une de ces firmes toutes-puissantes, dont l’activité est intimement liée à l’histoire du pays. Une histoire gangrenée par la corruption et l’argent sale depuis les années de dictature de Manuel Noriega (1984-1990), dont Mossack Fonseca a pris toute sa part.
Mossack Fonseca est une entreprise florissante. Les centaines d’employés, les dizaines de milliers d’entreprises créées, les dizaines de filiales à l’international, les milliers d’interlocuteurs recensés dans les « Panama papers » sont autant d’indices de l’imposante industrie que représente Mossack Fonseca, rouage fondamental des activités du secteur offshore.

3. Si vous n’avez pas tout compris…

… voilà quelques articles des Décodeurs pour répondre à vos questions :

4. Un jeu pour vous détendre un peu

image: http://s2.lemde.fr/image/2016/04/04/534x0/4895601_6_5c4e_bienvenue-dans-le-monde-secret-de-l-offshore_63d9860b7677556614bc060de561db7b.png
Bienvenue dans le monde secret de l’offshore. Devenez star du football, femme politique ou businessman et frayez-vous un chemin dans cet univers parallèle pour cacher votre argent.Bienvenue dans le monde secret de l’offshore. Devenez star du football, femme politique ou businessman et frayez-vous un chemin dans cet univers parallèle pour cacher votre argent. Le Monde
Pour vous permettre de mieux comprendre le système mis au jour par les « Panama papers », on vous a concocté un petit jeu baptisé Stairway to Tax Heaven : mettez-vous dans la peau d’un footballeur richissime, d’une femme politique lestée d’un héritage embarrassant ou d’un homme d’affaires véreux et tentez d’échapper aux autorités.
Sinon, vous pouvez toujours écouter Led Zeppelin.

5. Les réactions aux « Panama papers »

Evidemment, le cabinet Mossack Fonseca ne pouvait pas rester silencieux après les révélations des « Panama papers ». Voilà ce qu’il en dit.
Vladimir Poutine a aussi fustigé la fuite, en dénonçant une opération téléguidée par la CIA ou le département d’Etat américain. En outre, le Kremlin explique que cette fuite ne contient « rien de concret ou de nouveau ».
En Islande, le premier ministre est en grande difficulté à la suite des révélations. Il doit faire face à un début de gronde populaire : de nombreux Islandais étaient dans la rue lundi 4 avril pour demander sa démission alors qu’il avait expliqué ne pas vouloir quitter le pouvoir.
Lionel Messi, l’attaquant star du FC Barcelone, a affirmé que la société panaméenne appartenant à sa famille, citée dans les « Panama papers », n’avait jamais été utilisée à des fins d’évasion fiscale et n’a jamais eu de fonds. Il a réagi avec sa famille dans un communiqué alors que le parquet espagnol annonçait l’ouverture d’une enquête sur les « Panama papers ».
Une enquête préliminaire pour « blanchiment de fraudes fiscales aggravées » a également été lancée par le parquet financier français. Plus tôt dans la journée, le président français, François Hollande, promettait des poursuites judiciaires.

Les « Panama papers » à l’étranger

Nous n’avons pas été les seuls à travailler sur les « Panama papers ». Voici quelques liens à lire chez nos confrères :

A suivre…

Rendez-vous demain pour le prochain épisode. En attendant, vous pouvez suivre toutes nos publications sur les « Panama papers » dans notre rubrique dédiée, sur Facebook ou sur Twitter. Et voilà un teaser pour la journée de demain.
  • Les Décodeurs
    Journaliste au Monde

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Vos réactions (20) Réagir
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FH 05/04/2016 - 13h37
Rien de nouveau sous le soleil. Toutes les sociétés ont recours à l'opacité depuis bien longtemps sans que cela gène les états, qui bien au contraire, ont tout intérèt à laisser perdurer un système favorisant leurs entreprises nationales - une autre forme d'aide déguisée.
 
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Céline MEDJEBER 05/04/2016 - 11h46
Si ces révélations peuvent servir à construire un monde plus équitable, donc plus humain, pourquoi pas?...Ce qui m'interroge, ce sont les grandes figures publiques qui reviennent sur le devant de la scène médiatique: Poutine, Bashar, le ministre islandais....ennemis du monde néocolonial occidental.Et qu'avons-nous en France? Un ex ministre et un député déjà sur le grill....Personne aux Etats-Unis?....Personne d'Israël?....Etonnant.Je m'interroge sur l'objectivité et sur le but de tout ce battage
 
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MdC 05/04/2016 - 10h47
quand on pense que M Balkany siège encore à l'assemblée nationale !
 
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Paul Roux 05/04/2016 - 06h30
On aimerait savoir les noms des dirigeants et armateurs grecs, malheureux pays qui croule sous les dettes contractées par ses ministres au cours des dernières décennies, qui n'ont pas à se soucier de la baisse des retraites et de l'augmentation du coût de la vie...
 



Article sélectionné dans la matinale du 05/04/2016 Découvrir l’application

« Panama papers » : manifestation monstre en Islande contre le premier ministre

LE MONDE | 05.04.2016 à 00h17 • Mis à jour le 05.04.2016 à 11h39 | Par Jean-Baptiste Chastand (Reykjavik, envoyé spécial)
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Les casseroles ont bruyamment fait leur retour dans les rues de Reykjavik. Comme en 2008 après l’effondrement en quelques jours de leur économie, des milliers d’Islandais ont manifesté devant le Parlement, lundi 4 avril, pour demander la démission du premier ministre et de l’ensemble du gouvernement. La police a estimé la foule à 8 000 personnes, les organisateurs à 22 000 : des chiffres considérables pour une île qui compte à peine 329 000 habitants.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » :   « Panama papers » : le tournis, le vertige et la nausée
Pris pour cible par les manifestants, Sigmundur David Gunnlaugsson est accusé d’avoir détenu une société offshore basée aux îles Vierges britanniques sans l’avoir jamais déclaré publiquement. L’existence de cette société, baptisée Wintris et désormais propriété exclusive de sa femme − une riche héritière −, a été révélée dans le cadre des « Panama papers ». Deux de ses ministres, celui des finances et celle de l’intérieur, apparaissent aussi dans les données connectées à des sociétés offshore.
La révélation de ce scandale a été un choc pour de nombreux Islandais qui pensaient que leur pays en avait fini avec les mauvaises pratiques financières des années 2000. A cette époque, l’argent coulait à flots sur la petite île grâce à un secteur bancaire en apparence florissant. Mais celui-ci prospérait en fait sur des prêts douteux entre banques, passant souvent par des paradis fiscaux. En 2008, cette bulle avait brutalement explosé en quelques jours, mettant l’économie du pays au tapis. Les Islandais avaient obtenu la tête de leur premier ministre en descendant massivement dans la rue. Plusieurs banquiers avaient ensuite été condamnés.
Sept ans plus tard, Lilja Magnusdottir, 42 ans, a le sentiment que rien n’a changé. « Après le krach de 2008, on a parlé d’une Islande meilleure, mais on voit que tout va plus mal. Nous avons été trahis par tous ceux qui nous ont dit que ça allait mieux », assure cette assistante maternelle, qui a fait deux heures et demie de route depuis son village de 850 habitants pour venir manifester lundi soir. Il y a dix jours, elle avait déjà lancé une pétition pour réclamer la démission du gouvernement, après que la femme du premier ministre avait publié un communiqué sur Facebook pour tenter de protéger son mari. Cette pétition a connu un succès foudroyant après la diffusion du reportage sur les « Panama papers », dimanche soir à la télévision publique.

Des idéaux trahis

image: http://s1.lemde.fr/image/2016/04/05/534x0/4895831_6_d5d7_les-manifestants-ont-brandi-des-bananes_c05c26e1e686167ac7fed062d8fd23ef.jpg
Les manifestants ont brandi des bananes, censées symboliser les dérives des élites politiques islandaises.
Lundi, les milliers de manifestants ont brandi des bananes, censées symboliser les dérives d’une « république bananière », et lancé du fromage blanc contre la façade du Parlement – un geste de colère traditionnel sur l’île. Certains orateurs ont carrément appelé l’Europe à l’aide. « Nous avons besoin de votre assistance pour défendre notre démocratie », a proclamé, en anglais, l’un d’entre eux. Un geste très fort alors que le premier ministre, nationaliste farouche, a choisi de fermer le dossier de l’adhésion à l’Union européenne en 2015. Les manifestants ont surtout reproché à M. Gunnlaugsson d’avoir trahi ses idéaux en ayant recours à des paradis fiscaux, tout en surfant sur le ressentiment des Islandais contre les créanciers étrangers.
Cette colère suffira-t-elle à faire tomber le gouvernement ? Sigmundur David Gunnlaugsson a en tout cas choisi de l’ignorer. Dans un entretien télévisé, puis devant le Parlement, il a répété qu’il ne démissionnerait pas. « Cette compagnie appartenait à ma femme, et elle a toujours payé des impôts. Ce n’est pas une fraude fiscale », a-t-il répété. Pourquoi n’a-t-il pas mentionné Wintris dans sa déclaration d’intérêt alors qu’elle était créancière de plusieurs banques sur lesquelles le gouvernement devait prendre des décisions ? « Il n’est pas obligatoire de déclarer les propriétés de son épouse », a assuré le chef du gouvernement islandais.
Tout au long de la séance des questions au gouvernement, il s’est montré impassible, dessinant sur une feuille de papier sans un regard pour ses adversaires. Tout juste a-t-il admis « ne pas avoir été très clair » lors de l’entretien avec les reporters du Consortium international des journalistes d’investigation. Devant les caméras, il avait alors préféré mettre fin à l’interview plutôt que de répondre aux questions sur Wintris.

« Tout est choquant dans ce dossier »

image: http://s1.lemde.fr/image/2016/04/05/534x0/4895829_6_e0d4_ce-manifestant-est-habille-comme-le-premier_695d394953c0a42c5a8c067e1792c8ec.jpg
Ce manifestant est habillé comme le premier ministre. Sa pancarte dit  "Quelle femme ?"
Lundi soir, les députés d’opposition ont déposé une motion de censure et une demande de dissolution du Parlement, qui devrait être examinée dans les prochains jours. « Tout est choquant dans ce dossier, il est impossible de le laisser continuer à gérer les intérêts de la nation », fustige auprès du Monde Birgitta Jónsdóttir, la leader du Parti pirate. Créé en 2012 en promettant de faire le ménage dans la finance islandaise et de changer la Constitution, ce parti a le vent en poupe dans les sondages, avec plus de 30 % des intentions de vote.
Si la majorité de droite reste confortable au Parlement, avec sept sièges d’avance, le camp du premier ministre montre des premiers signes de division. Son allié, le Parti de l’indépendance (conservateur), n’hésite plus à le critiquer ouvertement. « Avec sa femme, ils ont été des créanciers des banques alors qu’il a dû mener des négociations sur ce sujet. Ce n’est pas une situation convenable. Seuls ses proches prennent sa défense », lâche un de ses députés, Vilhjálmur Bjarnason. Ministre des finances et leader de ce parti, Bjarni Benediktsson a expliqué, pour sa part, que le premier ministre était « dans une position vulnérable ». Une réunion entre les deux alliés doit avoir lieu mardi matin et pourrait déboucher sur une mise à l’écart de M. Gunnlaugsson. Mais il demeure une difficulté de taille : Bjarni Benediktsson, qui détient dans ses mains l’avenir de la coalition, est lui aussi accusé d’avoir eu une société offshore sans l’avoir déclaré.
Léonledragon 05/04/2016 - 09h05
300.000 habitants ! Ils vont régler cela en famille...et ils ne sont pas marxistes.... Donc pas d'inquiétude. Au fait, les voix des bobos qui soutenaient le combat islandais contre les banques se sont brutalement éteintes.
 
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Véronique G 05/04/2016 - 10h19
C'est marrant car le terme bobo me semble plutôt sympathique, à vous entendre. Vous participez, vous aussi, au pillage de nos démocraties ?
 
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Léonledragon 05/04/2016 - 12h07
Non Véronique, mais je ne hurle pas avec les loups frustrés et les vierges effarouchées qui étaient au courant depuis des lustres. Et puis un bobo cela semble gentil mais cela fait mal - étymologiquement...Et pour finir : j'ai des origines islandaises et là-bas les affaires se déroulent en famille, ce qui n'est pas le cas dans les républiques bananières comme : la France...l'un des pays les plus corrompus d'Europe...
 
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François D'Orlando 05/04/2016 - 08h33
Entre 8000 et 22000 personnes, une manifestation monstre ? Ce n'est pas négligeable à l'échelle de cette petite île, mais je me demande tout de même si vous ne cherchez pas à exagérer l'impact du Panama Papers pour générer de l'activité sur vos sites... Bravo pour votre travail d'ivestigation ceci dit.
 
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Tout de même 05/04/2016 - 11h15
3 à 6% de tous les islandais, soit certainement une proportion double si on ne compte que les adultes. On verra au fil des jours à venir.
 
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Azerty 05/04/2016 - 12h24
Rapporté à la population française, ça donne en gros entre 1,5 et 4 millions, c'est déjà pas mal, non?
 
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Le Thuriféraire 05/04/2016 - 08h23
Ce qui est intéressant de mon point de vue dans cette affaire, c'est que l'on peut constater que la cupidité humaine transcende toute forme d'organisation humaine, de culture ou de religion... Dans d'autres affaires on pourrait en conclure que c'est une spécificité d'un groupe d'humains, mais là ça bave de partout.
 
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mdut 05/04/2016 - 08h17
« il est impossible de le laisser continuer gérer les intérêts de la nation » C'est la nouvelle mode au Monde : on enfile les infinitifs comme des perles ou comme on le ferait dans une phrase en anglais. Journalistes, apprenez le français et relisez-vous !
 
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JP Landr 05/04/2016 - 07h24
Les Islandais sortant du long hivernage ont le sang chaud ,ils ont déjà condamné leur premier ministre sans jugement avant toutes confirmations! Vox populi vox dei ???

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