jeudi 14 avril 2016

adressé à l'Elysée - appréciation du "dialogue citoyen"

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

j'ai écouté et regardé.

Si le Président voulait dire quelque chose de substantiel sur lui-même, sa fonction et les quatre ans d'exercice de son mandat, ce devait être l'affaire de dix minutes seul à l'écran, face aux Français. La communication du général de Gaulle. Certainement pas celle de Nicolas Sarzkozy : les dialogues avec des "citoyens", cela a déjà été fait, les petites tables, le passage du Président de l'une à l'autre, prouvant, expliquant, promettant.

S'il s'agissait de convaincre les Français mécontents ou dubitatifs, cela ne pouvait être qu'arranger pour que cela surtout vise tout le monde et contente en gros. Georges Pompidou ralliant Jacques Duhamel et les centristes en direct au micro d'Europe 1.

Si ce devait être un "dialogue citoyen", alors il fallait donner la vedette auxdits citoyens (ne pas oublier l'agriculteur, non plus). Ceux-ci arrivés les premiers, se présentant eux-mêmes entre eux et aux télé spectateurs, pratiquement pas de journalistes faisant les intermédiaires, les animateurs. Les mêmes citoyens accueillant alors le Président, se présentant et tout le monde se mettant d'accord sur l'ordre du jour et les règles du jeu, toujours sans professionnel. Et ensuite la dynamique de groupe, entre Français et gens de bonne volonté. Mot du Président à la fin du moment de ce soir : pas de décision en solitaire, mais la société (comme si d'ailleurs il n'y avait pas de règles constitutionnelles ni de procédures implicites en démocratie).

Notre fille de onze ans : un discours de lui, il n'y a qu'à prendre ceux de Nicolas Sarkozy et copier-coller. C'est textuellement peu exact, mais c'est le sentiment des Français.

Le Président a parlé comme d'habitude et souvent comme s'il ne faisait qu'arriver "aux affaires" ou bien comme s'il avait six ans devant lui. Faire partager aux téléspectateurs l'apitoiement que suscite en lui - en la récitant à son tour, après l'exposant ou le plaignant - un portrait ou une situation attristante.

Bien entendu, il était hors de sa fonction de se laisser mener à l'explication du vote d'autrui ou de dire ce qu'il pense des dires ou parcours du Premier ministre ou du ministre de l'Economie.

Ce que je vous ai couriellé - durement - hier après-midi a été aujourd'hui le chorus de la presse quotidienne.

Des conseillers en X choses ayant trait à la communication sont écoutés et mensualisés. Résultat... Un homme politique parvenu à maîtriser son parti, à le maintenir uni derrière lui malgré qu'il mène une politique déplaisant foncièrement aux militants et aux électeurs de ce parti, est bien moins éloquent que les citoyens sélectionnés pour l'échantillon. Ce sont eux qui ont convaincu - chacune, chacun - à l'écran et représentent ces 80% de Français qui ne souhaitent pas - non pas la réélection, mais surtout la re-candidature, indiquant par là ce qui est attendu du Président. La renonciation (avec sa motivation) : Benoît XVI jamais mieux compris et plus populaire, entendu mondialement qu'en Février 2013. La démission d'un président parce qu'en conscience il admet avoir trahi l'espérance de ses électeurs, ou alors parce qu'il a vécu selon les circonstances ou selon son propre fait, des empêchements qu'il explique. Alors, il est fondateur. Benoît XVI a inauguré quelque chose dans la vie et les institutions de l'Eglise. Le Président inaugurerait qu'un président sortant comparaisse vraiment, non à peine de n'être pas réélu, mais pour être jugé. C'est le civisme, racine et esprit de la démocratie.

Dommage. Une communication qui aurait pu être tout autre et vraiment choisie. Quatre ans qui auraient dû être tout autre : presque toutes les questions réglées en démocratie, y compris les politiques de l'emprunt et de la nationalisation.

Pensée et voeu. Vous savez lequel : l'intelligence suprême de la conversion.

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