mardi 29 mai 2012

François Hollande à France 2 - interrogé par David Pujadas

Mardi 29 Mai 2012


. . .  France 2 – 20 heures… le tremblement de terre en Italie… les entretiens à Matignon de première rencontre avec les syndicats de salariés et du patronat… annoncé en fin de matinée, un entretien avec François HOLANDE. Exercice que je crois inopportun[1], la vedette devait rester au Premier ministre. Le sujet politique c’est les législatives, une allocution solenelle en solitude à l’écran aurait été le mieux. Je resuggère, comme à NS il y a un an ou deux, un entretien entre le président de la République et le Premier ministre … repasse du film de la visite de HOLLANDE à Aulnay, rendez-vous après le 6 Mai, pas encore honoré… François FILLON énumère les signaux à contre-sens donné par le nouveau gouvernement à nos partenaires européens, ce qui va accroître les difficultés de la zone euro… séries de retard SNCF dûs à de nombreux suicides sur les voies… tribune de BHL dans plusieurs journaux européens : une solution sans les Nations Unies, intervenir pour empêcher les bombardiers et les chars de se mettre en peloton d’excéution. Pas mal, et il rajeunit… Michel GAUDIN, préfet de pplice limogé aujourd’hui, et en conseil des ministres demain : PESCHENARD et SQUARCINI.  Sondage : la gauche en tête 37 % + 8% pour le Front de gauche, mais pas de « déferlante ».  Le Modem 2% … le Front national à 15% . François BAYROU « qui rêvait d’être président de la République risque d’être battu chez lui » : l’UMP et le PS se maintiennent de toutes façons au second tour. Folie de NS de ne pas lui avoir laissé la mairie de Pau, folie du PS de ne pas contribuer à son élection. Je vais lui écrire mes encouragements, il est au plus creux mais il n’est pas encore vieux, et la succession de deux quinquennats également décevants peut produire un troisième : le sien.

20 heures 18, François HOLLANDE interrogé par PUJADAS.  Vous sentez-vous pleinement président. Pas eu le temps de me poser la question. Je m’étais préparé, j’ai pris tout de suite… énumération du calendrier depuis le 15 Mai, je n’ai pas tardé à prendre les décisions ni à prendre pleinement mes fonctions.  Vivez-vous les premiers moments du quinquennat comme du bonheur ou un stress. Du bonheur au moment de l’élection, mais les défis je les ai devant moi. Cela fait des mois que je m’étais présenté aux Français, j’étais préparé. Je ne suis pas un président en transition, je suis en pleine action. – Enumération des images. Vous ne connaissiez pas ces milieux et ces gens. Vous disiez que ces sommets étaient inutiles ?  Qu’en pensez-vous maintenant ? – Nous sommes un grand pays, respecté, pas d’intimidation pour un pays, pour celui qui représente un pays tel que le nôtre. Angela MERKEL a pris en compte le vote des Français. OBAMA, les Etats-Unis ont une grande responsabilité dans le monde à condition de les partager. Nous sommes liés : je l’ai fait comprendre au G 8 et au conseil européen informel. – Barack OBAMA a-t-il été convaincu par vos explications sur l’Afghanistan. – L’OTAN prépare le retrait. La décision française est respectée, elle est coordonnées, préparée. – Décision en trompe l’œil, des hommes restent en 2013 ? – Je  vais être précis deant les Français comme devant les hommes en Aghanistan. 2000 rentrent d’ici la fin de l’année, ceux qui restent le sont pour rapatrier le matériel, d’autres resteront : formation, hôpital, aéroport. Plus de troupes combattantes. – Vous décidez comme d’autres capitales de faire partir l’ambassadeur de Syrie. – Venue de POUTINE à Paris vendredi. Conseil de sécurité. A moi et à d’autres de trouver des arguments pour convaincre  la Russie et la Chine : conférence des amis de la Syrie, que l’opposition pas n’importe qui puisse prendre la place.
Images sur la rencontre avec MERKEL. Cessons-nous de nous fonder sur l’unique moteur franco-allemand ? Nécesité d’une amitié avec l’Allemagne qui puisse entrainer les autres. Je veux être respectueux des autres, de nos institutions européennes . Je ne veux pas que l’Europe soit regardée comme l’homme malade, c’est la première puissance économique du monde, elle a sa monnaie.  Les Grecs ont beaucoup donné dans cette dernière période.. Cà s’appelle le respect, je suis pour le respect. Attention à ce que vous décidez.
Le SMIC, la France peut-elle se permettre de donner un coup de pouce ? – Changement de forme, conférence de méthode en Juin, conférence sociale en Juillet que je présiderai. Ce n’est pas parce que j’ai été élu que les estimations économiques sont en baisse. Objectif que je veux réaliser en faisant en sorte que l’Europe soit différente. Je ne vais pas baisser les bras, il y aura un effort. Décisions en Juillet-Août. Respecter le budget. Retraites, l’injustice sera réparée.
La présidence normale. A Bruxelle en train. Rentré en voiture. Gadgets, de l’image ? Avant, deux avions pour aller à Bruxelles. Non pas des économies, faire simple. Je suis devant vous sur le plateau, comme je l’avais dit : je ne vous fais pas venir à l’Elysée. J’ai répondu à vos questions: faire simple, ce n’est pas être banal ou médiocre, mais aussi proche que possible. – Trois des plus hauts fonctionnaires de la police, ce qu’on a reproché à votre prédécesseur, une valse. – Je l’avais annoncé, trois hauts fonctionnaires, de qualité, autres responsabilités. Remplacé pas par des proches, mais par des fonctionnaires de grande qualité aussi. Pas la chasse. Reconnus pour leur qualité et non pour leur proximité avec le pouvoir.
M’impliquer dans la campagne ? non. Je ne suis pas le chef de la majorité, ‘cest le Premier minustre, du PS : c’est Martine AUBRY. Je ne peux tenir mes engagements : le redressement reproductif, l’éducation, la réforme des retraites, plus de démocratie, que si se forme une majorité large solide cohérente.            20 heures 38 + Demain, François FILLON

Ce que j’en pense

23 heures 50 + Toujours aussi mal habillé, engoncé dans un costume noir trop étroit, la cravate trop serrée, la chemise trop dominante et blanche. L’homme est banal physiquement, sans charisme sauf enthousiasme qui vient à sa rencontre : la mécanique de la communion, mais pas le déclenchement. C’est un homme, cf. la Bastille, cf. l’hôpital Percy qui hèle, qui a un regard pour ceux qui sont là même de loin. – Texte, il est bon. L’élocution est nette, elle n’est ni phrasée, ni trop longue, elle est précise. Contenu, un des leit-motive (plaisant) depuis l’élection du dimanche 6, c’est : la France est un grand pays, un pays respecté. Il y ajoute l’Europe. C’est excellent et décisif. Nous ne sommes à la traîne que si nous y consentons. Aucune pique envers personne : partenaires, personnalités. Aucun développement qui engage ou restreigne sa liberté. Reste que le propos n’est pas de combat, qu’il ne peut vraiment correspondre au commun des mortels, aux gens qui attendent – pas seulement un changement d’ambiance générale : on y est depuis le 6 Mai, c’est évident – mais un changement pour eux. Les tests vont être certainement ces 45 ou 48 plans de licenciements sociaux dont THIBAULT avec habileté et très utilement a donné la liste à AYRAULT. Chaque fermeture d’usine – pour le peu qu’il nous en reste – à laquelle le gouvernement n’aura rien pu, tout simplement parce qu’il ne se sera pas donné les outils (nationalisation des banques, protectionnisme européen, emprunt citoyen), sera autant de points de popularité perdue et sans doute irréversiblement. Le gouvernement doit être révolutionnaire, c’est-à-dire ne pas jouer selon les règles de ces vingt ans : ce n’est pas question de forme (le dialogue, NS y a prétendu en recevant à tour de bras) ni même d’écoute, c’est vraiment un jeu tout autre, avec des outils nouveaux. Le dialogue ARTHUIS-SAPIN [2] montre que même si l’Etat n’avait pas abandonné les outils qu’il avait encore il y a vingt ou trente ans, il n’aurait pu pallier les méfaits d’une mondialisation qu’on a voulu presqu’unanimement sans l’identifier et encore moins sans en prévoir les conséquences. C’est vraiment « alien » en économie et en société. La France, par tradition et par l’élection du 6 Mai, est en position de donner le signal de la novation. Le seul signe que nous en prenions la posture est cette remarque fréquente de FH, mais seulement allusive : une autre orientation de l’Europe.


[1] -  ----- Original Message -----
Sent: Tuesday, May 29, 2012 4:10 PM
Subject: pour le communiquer au président de la République, s'il vous plaît
Cher Secrétaire général,
le Président "sur" France 2 ce soir. J'eusse préféré une autre communication que ces dialogues avec journalistes qui furent la trouvaille du général de Gaulle, mais sont devenus si banaux. L'essentiel étant les législatives, un appel au peuple, le Président seul à l'écran à l'issue de la campagne officielle, aurait été le mieux. On a vu le Président beaucoup en campagne et à son inauguration, n'allons pas trop vite à la satiété.
Laisser au Premier ministre la vedette de cette journée eût été également mieux.
Rattrapage possible et novation totale. Sans précédent. Un dialogue ce soir mais entre le Président et le Premier ministre. Ce dernier rendant compte au chef de l'Etat des entretiens sociaux. Le Président évoquant éventuellement l'Afghanistan et confirmant au chef de la majorité qu'est le Premier ministre la nécessité d'une majorité parlementaire.
Sentiments très attentifs et confiants.

[2] - La France peut s’en sortir (L’Archipel . Avril 2012 . 200 pages)

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