vendredi 17 février 2012

Inquiétude & Certitudes - vendredi 17 février 2012


Vendredi 17 Février 2012

La distance physique, la séparation – pas celle de la mort qui rend le disparu intérieur et disponible à nous-mêmes, malgré l’évanescence et la précarité de tout souvenir quand il est global et non d’un seul fait ou d’une parole – montrent que l’amour a besoin de la présence physique. Séparé de ma femme et de ma fille, quoique nous communiquions par téléphone, je ressens avec peine la moindre communion : la solitude ne me pèse pas du tout, mais l’absence de contact avec qui j’aime. Même si parfois, souvent cela rape ou ne correspond pas à l’idéal ou à mes pulsions, c’est ce contact qui est décisif et qui augmente tout sans cesse… La « trouvaille » divine, l’incarnation du Fils de Dieu a cette dilension psychologique pour ce que nous en vivons. Le chrétien ne vit pas assez, je ne vis pas vraiment la dimension sacramentelle de son mouvement religieux, spirituel. – Prier… [1] l’extrait d’évangile proposé aujourd’hui semble disparate, le choix de Dieu, le choix du Christ est absolu, sa venue – alors même qu’il s’adresse à ses disciples et leur est présent, partage leur existence comme eux partagent la sienne – n’est pas datée. Celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera… si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles… le Fils de l’homme aussi aura honte de lui… Propos adressés à la foule que Jésus appelle explicitement – le suivre, mais à quel prix, d’autant que le Christ ne manque pas une occasion de prophétiser sa passion et sa mort, même si c’est pour affirmer sa résurrection et donc la nôtre, également à venir – propos adressés à cette génération adultère et pécheresse tandis que nous, moi dans ma vie, je souffre davantage de moi-même, des circonstances, des accidents de parcours, du fonctionnement de notre société que vraiment pour l’Evangile, son annonce et ma foi au Christ. Alors… Tu vois bien que sa foi était à l’œuvre avec ses actes, et ses actes ont rendu sa foi parfaite… L’homme de bien a pitié, il partage ; il mène ses affaires avec droiture. [2] Réponse, ainsi, peut-être à ma question : faire le bien, me conduire… celui qui n’agit pas, sa foi est bel et bien morte. Ora et labora.

matin

Couriellé à Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel.

----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel
Sent: Friday, February 17, 2012 7:44 AM
Subject:
publication de la liste des présentateurs de chacune des candidatures à l'élection présidentielle prochaine
Monsieur le Président, cher Jean-Louis Debré fils du vénéré fondateur Michel Debré,
je me permets d'accompagner votre réflexion et celle du Conseil Constitutionnel à propos de la question des empêchements de candidature à la prochaine élection présidentielle, qui proviendraient de la publication des listes de "parrainage", intégralement ou par tirage au sort si les "présentateurs" sont plus nombreux que cinq cent. Les dispositions en vigueur datent de la loi organique du 18 Juin (!)1976.
J'ai regardé ce qu'en avait réfléchi le comité Balladur - dans un contexte très différent de celui de 1974-1976 qui avait poussé François Goguel à faire demander par le Conseil en tant que tel un "durcissement" des conditions de candidature. Comme vous le savez sans doute, Georges Pompidou avait l'intention de nommer président de votre haute institution, François Goguel, déjà membre du Conseil depuis 1971. Le "culot" de Roger Frey, débarquant d'Afrique sur demande en Février 1974 et déclarant aux journalistes le pourquoi de son retour précicipité, l'en empêcha. François Goguel - qui me fit l'honneur de son amitié et de ses analyses en tête à tête de 1970 à sa mort, et même de ses conseils pour chacun des papiers d'ordre constitutionnel que je proposais alors au journal Le Monde - , démocrate et sociologue des élections, voulait surtout empêcher que les élections présidentielles perdent de leur netteté. Une candidature comme celle du richissime Duchâtel lui avait paru sans objet. Il n'aurait jamais envisagé que le dispositif - issu de la déclaration du Conseil du 24 Mai 1974 - soit un empêchement de s'exprimer infligé à une partie du peuple.
Dans ce qu'a publié le comité Balladur, je lis notamment :
• Encore que le risque se concrétise rarement, la loi en vigueur peut avoir pour effet d’exclure de la compétition présidentielle certains courants d’opinion qui trouvent un écho dans la vie de la nation mais qui sont marginalement représentés au sein du collège des présentateurs. Y a-t-il là une anomalie démocratique, ou l’incapacité à obtenir 500 signatures parmi 42000 élus, soit 1.2% du collège, est-elle un critère légitime d’élimination ?
• Quel est le sens de la « présentation » : soutien politique ? reconnaissance de la légitimité démocratique ? simple manière de prendre acte de la nécessité d’une participation au débat ?
• Conviendrait-il d’augmenter le nombre de parrainages nécessaires ?
• Y a-t-il moyen d’éviter l’instrumentalisation stratégique de la procédure et les manoeuvres diverses auxquelles donne lieu la collecte des signatures, soit pour empêcher l’émergence d’une candidature, soit pour la favoriser ?
• Une telle mesure devrait-elle s’accompagner de l’introduction d’un parrainage par les citoyens eux-mêmes, à titre cumulatif ou à titre alternatif ? Un mécanisme de cette nature se heurterait-il à des obstacles techniques (notamment en cas d’élection anticipée) ? Surtout, n’y aurait-il pas un risque de décalage entre « candidats des élus » et « candidats des citoyens » et de transformation de la procédure de parrainage en premier tour de l’élection présidentielle ? Les intérêts corporatistes y trouveraient-ils un terrain favorable ?
• Les règles relatives à la publicité des présentations sont-elles satisfaisantes en termes d’efficacité et de lisibilité ? Faut-il envisager d’en revenir au secret pour libérer les élus des pressions extérieures, au risque de les soustraire au contrôle de leurs administrés ? Doit-on au contraire privilégier le principe simple de la publication intégrale ?
• Faudrait-il plutôt changer de logique en modifiant la composition du collège des parrains, soit en le limitant aux parlementaires, soit au contraire en l’élargissant ? Dans cette dernière hypothèse, la recherche des signatures des intéressés resterait-elle une procédure appropriée ?
Le comité Balladur a donc bien posé et vu le problème, mais il ne l'a pas traité.
Il est aujourd'hui très grave puisqu'une candidate créditée de quelques 15% d'intentions de vote risque de ne pouvoir se présenter, ce qui bénéficierait au président sortant dont toutes les analyses électorales depuis dix ans concluent à la nécessité d'avoir au premier tour les voix du Front national, quitte à faire application des thèses de celui-ci pendant toute la durée du mandat par là obtenu... Le résultat est une politique en bonne partie immorale et sectaire - les fioretti de Claude Guéant sont postérieures au discours de Grenoble et à la circulaire visant les Roms - et une contradiction avec l'iédal démocratique. La réélection de Jacques Chirac en 2002, alors que - président sortant - il avait à peine recueilli 20% des suffrages au premier tour, ne l'a pas légitimé. L'élection de 2012 risque, elle aussi, d'être fondamentalement contestable surtout si le président sortant et la droite parlementaire sont reconduits du fait de l'absence du Front national en tant que tel. Sans doute, la démonstration de l'empêchement de se présenter infligé à des candidats ne soulevant pas les objections qui pèsent sur Marine Le Pen, eût-elle été plus claire sans que Christine Boutin renonce à une canidature à laquelle elle semblait tant tenir. Mais il y a des candidats, injustement qualifiés "petits", qui sont de très grande valeur, et même de notre famille d'esprit, d'une fidélité au général de Gaulle et d'une très intelligente compréhension de son legs.
Dès l'instant que le Conseil a déclaré recevable ces recours et considéré que le système de 1976 donne prétexte à des pressions voire davantage sur les "parrains" potentiels - le mot est maintenant chargé d'une connotation péjorative qu'il n'avait sans doute pas dans les années 1960 - il me semble qu'il peut aller en-dehors de la loi organique et se fonder
1° sur une exception d'inconstitutionnalité (l'égalité des citoyens pour se présenter dès lors qu'ils sont personnellement éligibles, la démocratie) qui ne pouvait se faire valoir auparavant et dont le motif (l'empêchement de fait) doit se constater pratiquement
2° sur le mouvement même du constituant aujourd'hui puisque la révision de 2008 a entendu étendre la participation populaire directe à la décision politique (la possible initiative populaire pour provoquer le referendum)
3° sur les propos-mêmes - ces jours-ci - du président sortant entendant multiplier les occasions de cette participation directe
et surtout faire cesser ces affichages mensongers de "démocratie irréprochable", affichages dont précisément la révision de 2008 donne un bon exemple puisque les articles 88 version Mars 2005 et 11 version initiale ont été retouchés pour que le Parlement puisse faire éviter la saisine référendaire malgré l'initiative populaire, en traitant lui-même le sujet dans l'année.
Le Conseil, gardien de la démocratie et pas seulement d'une légalité d'application très différente de l'esprit dans laquelle elle avait été proposée, rédigée puis adoptée... le Conseil constitutionnel gardien de la République et de la principale de ses valeurs, puisqu'à ce mot, il y a maintenant une telle référence.
En souvenir, en espérance, comme aimait conclure Pierre Messmer.
Sentiments bien amicaux et confiants, cher Jean-Louis Debré, Monsieur le Président.
Je ne connais pas les attendus du ou des recours qui vous sont soumis.


A un ami, général à deux étoiles et élu local, connaisseur du renseignement et des alternatives stratégiques, je courielle :

----- Original Message -----
From:
Bertrand Fessard de Foucault
To:
Sent: Friday, February 17, 2012 9:25 AM
Subject: ce que je tente et vis

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la solution et la dynamique de la crise nationale et européenne, sinon mondiale, ne sont ni dites ni choisies par les candidats, et notamment les quatre "principaux" : FH, NS, Bayrou et Le Pen. C'est l'Europe, solidaire, fédérale, démocratique. j'ai beaucoup évolué depuis de Gaulle et Jobert. Faute de France, l'Europe, et l'Europe parce qu'on y est et qu'on en est, et parce que ce qu'il arrive à l'un arrive aux autres.

Quant aux relations avec les gens de pouvoir, je n'en ai plus. Je vous adresse d'ici ce soir ce qui part en mouture plus complète chez les éditeurs : la compilation de mes adresses au pouvoir et parfois à l'opposition. Hormis quelques fois et quelques sujets, silence de l'Elysée - cela depuis 1995. Auparavant - jeunesse ? articles du Monde, ou autre qualité des gouvernants ? - j'étais reçu, j'avais réponse, et parfois même de l'influence. Anonyme, je n'ai jamais revendiqué la "gloire". Mais l'utilité et l'efficacité. Nous avons vécu ensemble selon cette maxime en 1992-1995.

La partie se joue actuellement sur la possibilité ou pas de Marine Le Pen d'être candidate. Si elle ne l'est pas, on entre dans l'imprévisible, mais pas forcément l'explosif. Il y a eu une telle tolérance populaire depuis cinq ans.

Ormuz et Iran. La probabilité est qu'Israël frappera. La leçon de Suez est donc ignorée, comme les actuels rapports de force : les exportations de pétrole iranien concernent principalement la Chine et le Japon. Ils ne laisseront pas les "Occidentaux" les mettre en péril. Quant au Conseil de sécurité, il sera bloqué par la Russie cf. la Syrie... la Russie qui aura de nouveau Poutine, alors même qu'elle fait sentir son envie de démocratie, nonobstant les humiliations que nous lui avons infligée depuis 1992 et qui font le lit des Staline contemporains. Israël a l'habitude (et l'amour) de la solitude, donc du risque.

Je guette le retour de Gratchev en France. La Russie de demain est de son genre, c'est-à-dire non seulement intelligente, mais fine, démocrate (les débuts des arbitrages internationaux et des juridictions qui vont avec : cour de La Haye, sont des initiatives de Nicolas II au moment des grandes crises anglo-russes, russo-japonaises, franco-allemandes d'avant 14).
. . .


[1] - lettre de Jacques II 14 à 26 ; psaume CXII ;évangile selon saint Marc VIII 34 à IX 1

[2] - Ce psaume est entièrement voué à l’éloge de celui qui craint Dieu et qui respecte ses commandements. Il jouit de la considération de toute sa génération, fera fortune et se maintiendra toujours sur sa bonne voie. Le craignant Dieu est celui aussi qui fait du bien autour de lui, a pitié d’autrui et prête de l’argent à celui qui est dans le besoin. Il ne craindra pas l’avenir et restera confiant en Dieu. Après la fortune, il acquerra les honneurs tandis qu’à l’opposé, les impies vivront dans l’irritation et perdront tout espoir. – Rabbin Claude BRAHAMI, op. cit.

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