Quand – par quelques-uns préférant les schémas à la subtilité et aux contingences de toutes tentatives de typer les opinions chez nous – les Français sont distribués en catégories de pensée et d’appartenance, la droite et la gauche se veulent mutuellement inaptes à l’intelligence, à la liberté de pensée. Ceux précisément qui y sont le plus sujet accusent les autres d’être prisonniers d’une idéologie. Ce qui revient à les considérer, et surtout à les désigner pour les électeurs, comme des irréalistes et des gens de système. Tout programme, toute critique – alors que l’on fait semblant en campagne d’en attendre de l’adversaire pour que le débat, le vrai censément, naisse et instruise tout le pays, l’entraîne à y participer – deviennent alors illégitimes parce que sans projection sur l’avenir, sans étude précise du présent. L’idéologie, c’est le passé, c’est la prison, c’est l’échec, c’est le déni de l’homme et de la liberté. La résurgence du communisme. Ainsi ont été taxées les principales dispositions, notamment sociales, des programmes d’opposition de gauche. Le prétendant à la succession du président sortant a tous les défauts de caractère et de psychologie que ses concurrents pour la primaire socialiste ont fait trouver à la droite, et – maintenant qu’il est en selle – point n’est besoin d’analyser ce qu’il propose et sera peut-être la politique du prochain gouvernement pendant plusieurs années : c’est de l’idéologie, de l’aveuglement.
L’idéologie – si c’est un péché ? – n’a pas toujours été à gauche. Celle-ci était le rêve, l’idéal, les « lendemains qui chantent », la doctrine, ainsi les analyses, invectives et grands textes de Charles Maurras, était une idéologie. Un cadre, des structures pour penser et agir (ce que ne sut pas faire Charles Maurras). Vichy eut un corps de doctrine dont l’élaboration n’a pas encore été étudiée dans son émergence et son écriture complètes si soudaines. Et il a été dit que le gaullisme était la doctrine des circonstances (Olivier Guichard pendant le quinquennat de Georges Pompidou). L’idéologie semblait tellement l’apanage de la droite politique dans les années 1970 que la gauche, en tout cas le parti communiste, affectionnait ce concept de « l’idéologie dominante » – j’en ai eu de longues conversations avec René Andrieu, alors rédacteur en chef de l’Humanité, débatteur, enthousiaste et intransigeant s’il en fut.
L’idéologie est alors une ambiance, un ensemble de dogmes ou d’analyses tellement répandus qu’il est considéré plus fort que la réalité qu’on ne voit plus qu’à travers. Nous y sommes aujourd’hui et depuis plusieurs décennies. C’est la rtyrannie intellectuelle du libéralisme économique et financier, rendant compte de la réalité et la façonnant. Si c’est le cas, ce n’est possible que par le consentement des personnes, pas seulement celles qui dirigent ou qui commentent, évaluent et encensent le système même si les applications sont contingentes, mais aussi celles qui subissent, nous. Or, s’agit-il d’un corps de pensée ? L’histoire des politiques économiques coincide-t-elle avec celle des doctrines économiques ? Hors les systèmes communistes – en principe fondés sur une théorie économique et sociale autant que sur une considération dynamique de l’histoire humaine – et les éphémères totalitarismes des années 20 et 30 combinant embrigadement du grand nombre et alliance des gros groupes industriels et financiers, l’économie a été surtout la rencontre, que la société et le salariat impose, entre l’entreprise, son initiative, ses investissements et la puissance publique avec ses corollaires contemporains de légalité, de démocratie, d’élection. L’idéologie dominante aujourd’hui n’est pas celle d’une droite d’hier découvrant l’économie, dérèglementant mais gardant le modèle planiste et concertant, elle est une entreprise de démantèlement de la puissance publique, (donc) de la démocratie, de l’élection.
L’invective consistant à considérer l’opposition actuelle comme celles d’idéologues, cf. les trente-cinq heures de Martine Aubry et les 60.000 emplois à créer pour l’éducation nationale, couvre la véritable idéologie qui n’est d’ailleurs pas le fait des politiciens de la droite française, version parlementaire seulement.
Le débat tourne forcément court si l’on discute ainsi d’ambiance pesant sur une époque, de mode intellectuelle sans analyser les mécanismes qui la rendent dominante, qui ont fait perdre au salariat sa conscience de classe (alors que celle des dominants de tous les pays est certaine, avec une solidarité vérifiable) et aux commentateurs comme aux politiques le fil conducteur des événements contemporains qui est plus qu’autrefois encore, s’il est possible, une lutte de classes, un choc d’impérialismes et donc une dialectique historique. Comme les noms propres ont changé, que les pays en pointe ne sont plus les mêmes, que les objets de la stratégie sont autres, il n’est plus fait application de ce qui, il y a encore peu, allait de soi pour comprendre et combattre. C’est visible au niveau des entreprises, dans le comportement des jeunes générations. Le pouvoir que l’élection présidentielle met enfin en cause a collaboré à ce désarmement intellectuel et social, précisément en ancrant l’idée que la modernité et l’efficacité ne sont plus dans la solidarité, la lutte des hommes contre la mécanique la pire, pas celle qui est matérielle, mais celle qui est intellectuelle.
Pour reconstruire, pour soulever la chape de cette idéologie dominante contemporaine – incomplètement appelée : libéralisme, mot qui avait sa grandeur politique tout au long du XIXème siècle, autant que celui de nationalisme, et en bien plus pacifiant – il faut sans doute repartir des personnes, et donc opposer à une pensée collective, reçue d’un système qui est en train d’échouer, précisément parce qu’il fut systématique – la dérèglementation, l’abaissement de toute barrière, de tout cadre, de tout empêchement, de toute discussion et de tout délai de réflexion, de tout recul – les concvictions de chacun. Sans doute est-ce le bon sens populaire, la « brève de comptoir » qui fait une bonne part d’un mouvement d’opinion. Mais la conviction, dominant les instincts et les paresses, faite de repères, d’expérience, de discussion et d’épreuve face à la réalité, face aux surprises de l’histoire quand elle se fait ou se reprend, est la structure d’un être humain si celui-ci s’engage, reçoit ou prend une responsabilité. C’est composé d’espérance et de foi, ce doit être une charité en ce sens qu’une conviction – pour la cité – qui ne serait qu’égotiste manquerait vite d’éclairage. Une conviction est un centre, un point de vue – au sens topographique du terme – et elle s’enrichit sans cesse. Les grands faiseurs de notre histoire nationale, nos révolutionnaires, nos principaux soldats et légistes, nos martyrs (hommes et femmes, enfants) de guerre ou de résistance, nos saints sont chacun des cheminants et d’un moment particulier de leur vie, d’une découverte ou d’une intuition globales, d’un accueil de l’événement ou d’un héritage, ils ont reconnu en eux le germe d’une explication, d’une vie. La conviction fait la vocation.
Il est atterrant d’entendre si fréquemment des acteurs de la vie publique évoquer leur passion pour la politique, naguère c’était pour la France, ce peut être pour l’Europe en appelant à un patriotisme d’un genre, d’un esprit nouveaux. Le débat d’idées s’il est un concours d’ambition pour des places épéhèmères auxquelles se cramponner par tous moyens d’allégeance ou de tricherie, est stérile. L’imagination ne peut sourdre que d’une intelligence ouverte par le cœur. Alors, chacun peut respecter l’autre et dans le débat français – qui peut inspirer celui d’autres pays choisissant ces temps, eux aussi, leurs prochains dirigeants, qui peut anticiper la matrice d’une toute nouvelle entreprise européenne – la rencontre de plusieurs expériences et de plusieurs convictions, leur combinaison sont fécondes. Du niveau des personnes, le passage à un mouvement d’ensemble – le mouvement social, dans l’enthousiasme ou dans la constestation et la réclamation – devrait se fort. La jurisprudence de notre histoire contemporaine depuis Novembre et Décembre 1995 montre que le débat d’idées s’il est irrespectueux et clivé d’avance, empêche la manifestation de rue et la mobilisation efficace. Le débat sur les retraites fut tellement faux sur une scène officielle, arrangée par des rencontres sans ordre du jour ni conclusion à l’Elysée, et incarné par un ministre dont le hasard – ou la providence – montra d’entrée de jeu qu’il n’était digne ni de proposer ni d’arbitrer, qu’il était incapable d’écouter puisqu’il lui fallait sauver sa carrière, que sept ou huit manifestations nationales ne furent que des échanges citoyens dans des rues encore estivales. La grève générale, le blocage par les chauffeurs routiers de nos grands axes de communication ne furent pas même envisagés. Ce dont la droite a seulement peur quand elle est du tonneau actuel, constitué sans doute entre 1981 et 1986 (la haine des soi-disant gaullistes groupés pour la revanche avec Jacques Chirac changea de cible, de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand et trouva le caractère et l’intensité aveuglantes qui se constate encore aujourd’hui), c’est ce mouvement social. Le malheur de la gauche depuis les grèves post-électorales de Juin 1936 est – régulièrement – de ne pas accompagner ce mouvement, de le combattre souvent et de ne pas le considérer comme son plus fort atout, à l’égal des urnes. Dans notre pays, la droite est majoritaire, toujours : elle n’est minoritaire dans les urnes qu’à condition que son champion du moment par un exercice maladroit ou autiste du pouvoir en exaspère une partie : Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy perdant ainsi les modérés de leur camp. Pour gouverner, la gauche ne peut pas durablement compter sur les suffrages, leur nombre va diminuant tandis qu’elle dure nominalement au pouvoir. Il lui faut l’appui de ses bnénéficiaires. Ce qui suppose qu’elle tienne ses promesses, surtout les plus radicales, en appelle sereinement au peuple puisque de Gaulle lui en a laissé la possibilité constitutionnelle, et qu’elle suscite au besoin le mouvement social. Les troupes de la droite sont peu nombreuses mais puissantes, pas déclarées. La politique est un combat quand elle veut fonder. L’art du général de Gaulle fut de répondre de la droite pour faire ce que la gauche – notamment le parti communiste pour surtout ce qui fut la politique étrangère – devrait faire ou aurait souhaité faire. Il n’est pas étonnant que François Mitterrand ait eu le prestige et l’allure si proches de celui dont il fut « l’adversaire le plus fidèle ». C’est alors que la conviction ne change pas, mais qu’elle trouve sa racine la plus profonde. On n’est pas loin de ce qui permet le consensus, c’est-à-dire l’unité nationale. Ni une incantation, ni des politiques sectorielles, mais l’âme nationale en chacun des Français rejointe par la conviction reconnue chez ceux qui dirigent un moment. Le prochain, peut-être.
L’âme qui n’est pas la tripe ou le ventre auquel font appel – probablement à leurs dépens électoraux – à l’identité nationale ou à des croisades contre l’ennemi théologique et les mœurs dissonantes. L’âme qui n’est pas dispersée en autant d’esprits qu’il y aurait d’origines, de parcours, d’appellations dans une nation si composite que nos rois gouvernaient des peuples, et que le peuple n’apparut en réalité puis en concept que pour les renverser. Sans considérer d’ailleurs que nos Capétiens et les sans-culottes étaient chacun patriotes, possibles à concilier si précisément – déjà – ne s’étaient heurtées des idéologies, c’est-à-dire en fait des intérêts. Car l’idéologie masque l’intérêt et autorise le discours anonyme, dispense d’avouer une conviction peu belle ou pas réaliste.
L’idéologie – si c’est un péché ? – n’a pas toujours été à gauche. Celle-ci était le rêve, l’idéal, les « lendemains qui chantent », la doctrine, ainsi les analyses, invectives et grands textes de Charles Maurras, était une idéologie. Un cadre, des structures pour penser et agir (ce que ne sut pas faire Charles Maurras). Vichy eut un corps de doctrine dont l’élaboration n’a pas encore été étudiée dans son émergence et son écriture complètes si soudaines. Et il a été dit que le gaullisme était la doctrine des circonstances (Olivier Guichard pendant le quinquennat de Georges Pompidou). L’idéologie semblait tellement l’apanage de la droite politique dans les années 1970 que la gauche, en tout cas le parti communiste, affectionnait ce concept de « l’idéologie dominante » – j’en ai eu de longues conversations avec René Andrieu, alors rédacteur en chef de l’Humanité, débatteur, enthousiaste et intransigeant s’il en fut.
L’idéologie est alors une ambiance, un ensemble de dogmes ou d’analyses tellement répandus qu’il est considéré plus fort que la réalité qu’on ne voit plus qu’à travers. Nous y sommes aujourd’hui et depuis plusieurs décennies. C’est la rtyrannie intellectuelle du libéralisme économique et financier, rendant compte de la réalité et la façonnant. Si c’est le cas, ce n’est possible que par le consentement des personnes, pas seulement celles qui dirigent ou qui commentent, évaluent et encensent le système même si les applications sont contingentes, mais aussi celles qui subissent, nous. Or, s’agit-il d’un corps de pensée ? L’histoire des politiques économiques coincide-t-elle avec celle des doctrines économiques ? Hors les systèmes communistes – en principe fondés sur une théorie économique et sociale autant que sur une considération dynamique de l’histoire humaine – et les éphémères totalitarismes des années 20 et 30 combinant embrigadement du grand nombre et alliance des gros groupes industriels et financiers, l’économie a été surtout la rencontre, que la société et le salariat impose, entre l’entreprise, son initiative, ses investissements et la puissance publique avec ses corollaires contemporains de légalité, de démocratie, d’élection. L’idéologie dominante aujourd’hui n’est pas celle d’une droite d’hier découvrant l’économie, dérèglementant mais gardant le modèle planiste et concertant, elle est une entreprise de démantèlement de la puissance publique, (donc) de la démocratie, de l’élection.
L’invective consistant à considérer l’opposition actuelle comme celles d’idéologues, cf. les trente-cinq heures de Martine Aubry et les 60.000 emplois à créer pour l’éducation nationale, couvre la véritable idéologie qui n’est d’ailleurs pas le fait des politiciens de la droite française, version parlementaire seulement.
Le débat tourne forcément court si l’on discute ainsi d’ambiance pesant sur une époque, de mode intellectuelle sans analyser les mécanismes qui la rendent dominante, qui ont fait perdre au salariat sa conscience de classe (alors que celle des dominants de tous les pays est certaine, avec une solidarité vérifiable) et aux commentateurs comme aux politiques le fil conducteur des événements contemporains qui est plus qu’autrefois encore, s’il est possible, une lutte de classes, un choc d’impérialismes et donc une dialectique historique. Comme les noms propres ont changé, que les pays en pointe ne sont plus les mêmes, que les objets de la stratégie sont autres, il n’est plus fait application de ce qui, il y a encore peu, allait de soi pour comprendre et combattre. C’est visible au niveau des entreprises, dans le comportement des jeunes générations. Le pouvoir que l’élection présidentielle met enfin en cause a collaboré à ce désarmement intellectuel et social, précisément en ancrant l’idée que la modernité et l’efficacité ne sont plus dans la solidarité, la lutte des hommes contre la mécanique la pire, pas celle qui est matérielle, mais celle qui est intellectuelle.
Pour reconstruire, pour soulever la chape de cette idéologie dominante contemporaine – incomplètement appelée : libéralisme, mot qui avait sa grandeur politique tout au long du XIXème siècle, autant que celui de nationalisme, et en bien plus pacifiant – il faut sans doute repartir des personnes, et donc opposer à une pensée collective, reçue d’un système qui est en train d’échouer, précisément parce qu’il fut systématique – la dérèglementation, l’abaissement de toute barrière, de tout cadre, de tout empêchement, de toute discussion et de tout délai de réflexion, de tout recul – les concvictions de chacun. Sans doute est-ce le bon sens populaire, la « brève de comptoir » qui fait une bonne part d’un mouvement d’opinion. Mais la conviction, dominant les instincts et les paresses, faite de repères, d’expérience, de discussion et d’épreuve face à la réalité, face aux surprises de l’histoire quand elle se fait ou se reprend, est la structure d’un être humain si celui-ci s’engage, reçoit ou prend une responsabilité. C’est composé d’espérance et de foi, ce doit être une charité en ce sens qu’une conviction – pour la cité – qui ne serait qu’égotiste manquerait vite d’éclairage. Une conviction est un centre, un point de vue – au sens topographique du terme – et elle s’enrichit sans cesse. Les grands faiseurs de notre histoire nationale, nos révolutionnaires, nos principaux soldats et légistes, nos martyrs (hommes et femmes, enfants) de guerre ou de résistance, nos saints sont chacun des cheminants et d’un moment particulier de leur vie, d’une découverte ou d’une intuition globales, d’un accueil de l’événement ou d’un héritage, ils ont reconnu en eux le germe d’une explication, d’une vie. La conviction fait la vocation.
Il est atterrant d’entendre si fréquemment des acteurs de la vie publique évoquer leur passion pour la politique, naguère c’était pour la France, ce peut être pour l’Europe en appelant à un patriotisme d’un genre, d’un esprit nouveaux. Le débat d’idées s’il est un concours d’ambition pour des places épéhèmères auxquelles se cramponner par tous moyens d’allégeance ou de tricherie, est stérile. L’imagination ne peut sourdre que d’une intelligence ouverte par le cœur. Alors, chacun peut respecter l’autre et dans le débat français – qui peut inspirer celui d’autres pays choisissant ces temps, eux aussi, leurs prochains dirigeants, qui peut anticiper la matrice d’une toute nouvelle entreprise européenne – la rencontre de plusieurs expériences et de plusieurs convictions, leur combinaison sont fécondes. Du niveau des personnes, le passage à un mouvement d’ensemble – le mouvement social, dans l’enthousiasme ou dans la constestation et la réclamation – devrait se fort. La jurisprudence de notre histoire contemporaine depuis Novembre et Décembre 1995 montre que le débat d’idées s’il est irrespectueux et clivé d’avance, empêche la manifestation de rue et la mobilisation efficace. Le débat sur les retraites fut tellement faux sur une scène officielle, arrangée par des rencontres sans ordre du jour ni conclusion à l’Elysée, et incarné par un ministre dont le hasard – ou la providence – montra d’entrée de jeu qu’il n’était digne ni de proposer ni d’arbitrer, qu’il était incapable d’écouter puisqu’il lui fallait sauver sa carrière, que sept ou huit manifestations nationales ne furent que des échanges citoyens dans des rues encore estivales. La grève générale, le blocage par les chauffeurs routiers de nos grands axes de communication ne furent pas même envisagés. Ce dont la droite a seulement peur quand elle est du tonneau actuel, constitué sans doute entre 1981 et 1986 (la haine des soi-disant gaullistes groupés pour la revanche avec Jacques Chirac changea de cible, de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand et trouva le caractère et l’intensité aveuglantes qui se constate encore aujourd’hui), c’est ce mouvement social. Le malheur de la gauche depuis les grèves post-électorales de Juin 1936 est – régulièrement – de ne pas accompagner ce mouvement, de le combattre souvent et de ne pas le considérer comme son plus fort atout, à l’égal des urnes. Dans notre pays, la droite est majoritaire, toujours : elle n’est minoritaire dans les urnes qu’à condition que son champion du moment par un exercice maladroit ou autiste du pouvoir en exaspère une partie : Valéry Giscard d’Estaing et Nicolas Sarkozy perdant ainsi les modérés de leur camp. Pour gouverner, la gauche ne peut pas durablement compter sur les suffrages, leur nombre va diminuant tandis qu’elle dure nominalement au pouvoir. Il lui faut l’appui de ses bnénéficiaires. Ce qui suppose qu’elle tienne ses promesses, surtout les plus radicales, en appelle sereinement au peuple puisque de Gaulle lui en a laissé la possibilité constitutionnelle, et qu’elle suscite au besoin le mouvement social. Les troupes de la droite sont peu nombreuses mais puissantes, pas déclarées. La politique est un combat quand elle veut fonder. L’art du général de Gaulle fut de répondre de la droite pour faire ce que la gauche – notamment le parti communiste pour surtout ce qui fut la politique étrangère – devrait faire ou aurait souhaité faire. Il n’est pas étonnant que François Mitterrand ait eu le prestige et l’allure si proches de celui dont il fut « l’adversaire le plus fidèle ». C’est alors que la conviction ne change pas, mais qu’elle trouve sa racine la plus profonde. On n’est pas loin de ce qui permet le consensus, c’est-à-dire l’unité nationale. Ni une incantation, ni des politiques sectorielles, mais l’âme nationale en chacun des Français rejointe par la conviction reconnue chez ceux qui dirigent un moment. Le prochain, peut-être.
L’âme qui n’est pas la tripe ou le ventre auquel font appel – probablement à leurs dépens électoraux – à l’identité nationale ou à des croisades contre l’ennemi théologique et les mœurs dissonantes. L’âme qui n’est pas dispersée en autant d’esprits qu’il y aurait d’origines, de parcours, d’appellations dans une nation si composite que nos rois gouvernaient des peuples, et que le peuple n’apparut en réalité puis en concept que pour les renverser. Sans considérer d’ailleurs que nos Capétiens et les sans-culottes étaient chacun patriotes, possibles à concilier si précisément – déjà – ne s’étaient heurtées des idéologies, c’est-à-dire en fait des intérêts. Car l’idéologie masque l’intérêt et autorise le discours anonyme, dispense d’avouer une conviction peu belle ou pas réaliste.
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