vendredi 14 octobre 2011

Inquiétude & Certitudes - vendredi 14 octobre 2011

Vendredi 14 Octobre 2011


ce matin, avant de "prendre" la route

Prier…
[1] Comme la foule s’était rassemblée, par dizaines de milliers au point qu’on s’écrasait, Jésus se mit à dire, en s’adressant d’abord à ses disciples… Tous les degrés et toutes les forms phsyiques du dialogue dans cette vie intense, l’intimité familiale, les longues marches et les repos avec les disciples, la suite des femmes, les foules, les dialogues nocturnes, la prière solitaire. Peu de dialogue, seul à seul sinon ceux avec Nicodème. Pierre en provoque quelques-uns mais pour des échanges malheureux. Je vous le dis à vous, mes amis. Ce qu’il destine aux disciples, l’annonce de leur martyre (ne craignez pas ceux qui tuent le corps et après cela ne peuvent rien faire de plus), est audible de tous. Parabole erga omnes : même vos cheveux sont comptés. Discours de Paul sur le pardon, la rédemption, le salut totalement indépendamment de nos propres jugements. Seule, la foi laquelle nous est donnée, dialogue par excellence, sans mot dire. Si quelqu’un, sans rien accomplir, a foi en ce Dieu qui rend juste l’homme coupable, Dieu estime qu’une telle foi fait de lui un juste. Toutes les circonstances des miracles opérés par le Christ l’attestent. Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts. J’ai dit : « Je rendrai grâce au Segneur en confessant mes péchés ». Prolongement du dialogue hier soir avec notre fille sur le prochain sacrement auquel nous commençns de la préparer. Sa vie quotidienne, à l’école plus encore qu’avec nous, l’a familiarisée avec la demande du pardon, il lui coûte si c’est en public, et ce l’est toujours, sous al forme d’excuse. Partant de là, l’inverse… être pardonnée. Elle ne le sent pas encore assez, l’a-t-elle été, la joie et le bonheur, l’acte d’amour mutuel par excellence, chemin… L’intervention du prêtre ne l’arrête pas (pour le moment), elle est bien dans l’énigme et la difficulté de la démarche, la sienne. Il est vrai qu’une vie entière ne suffit pas pour éprouver la grâce de la rédemption. Elle est bien dans le fait et en quoi elle est totalement impliquée par le fait.

en fin d'après-midi

... une messe à la mémoire récente de la mère – prévenante, délicate, racée de cœur sans ostentation ni prétention – d’une des principales figures de ma vie, la jeune fille si jeune, jolie, sensuelle, naturelle surtout qui m’apprit il y a trente-cinq ans qu’il y avait plus jeune que moi et valant attention, expérience à mes trente-deux de la vieillesse relative que nous avons à tout âge et en même temps le rachat par l’amour, la beauté, le partage souhaité mais pas assuré, m’apprenant la surprise avant l’espérance, me donnant la beauté à voir et la grâce à ressentir de correspondre à qui n’était qu’éventuelle capture peu d’heures auparavant. Une fidélité, non consacrée, mais chaleureuse, en naquit, une histoire aussi avec ruptures et foi, distances de couple et vies parallèles. D’autres distances pas intimes mais que le temps impose en passant pas distrait, l’intimité étonnante et autre que celle d’autrefois avec beaucoup des présents surtout quand ce sont des veufs ou des veuves que je fréquentais en couple et nous entre-estiimions. La messe est célébrée, selon les textes du jour, par le frère du veuf, aumônier lontemps d’une prison de femmes ; il donne aussi l’homélie. La foi ou les œuvres ? La foi est une relation, non une idée dans la tête : créés à l’image de Dieu, nous sommes faits pour des relations d’alliance, l’humanité tout entière et une alliance personnelle. Alliance qui est confiance. Méfiance, défiance, confiance. Si Dieu n’est que miséricorde, la foi sans les œuvres, à quoi bon faire quelque chose ? Heureux l’homme dont le péché est enlevé, la faute pardonnée. Pardonner : donner par-dessus tout. Donner à Dieu quelque chose à pardonner. Rapport d’alliance, ce souci d’une rencontre à chaque instant avec Dieu. Arriver à son terme, dans cette union totale avec Celui de Qui nous venons et vers Qui nous allons. Cherchant au prix d’un détour, une rampe d’escalier pour avoir raison des degrés de l’autel surélevé dans une église lourde mais simple, portant quatre-vingt ans ou plus, il avait commencé par questionner – nous comme les prisonnières, ses paroissiennes : pourquoi sommes-nous vivants ? quel est le sens de la vie ? quelle est la finalité de la vie ? Si vous répondez à ces questions… les filles, les femmes prisonnières pour longtemps ou presque toujours… rien ne vous arrêtera. Souriaient-elles ? s’appliquaient-elles la vive affirmation : Dieu n’est pas miséricordieux, il est la miséricorde. La sœur de la défunte me dit qu’une demi-heure avant sa mort, elle lui téléphonait pour convenir d’un dîner ensemble, et pourtant mon amie, sa fille faisait part d’une mort qui était venue doucement. Accompagner tranquillement sa propre mort ! signe pour les tiers d'une foi et de cette alliance. J'écris en message sur le registre le portrait d'âme autant que je la ressentais de cette femme qui mit au monde cette jeune fille. Celle-ci en souriant met en garde sa propre fille à mon endroit : nous n'avons pas souri exactement en même temps ni de la même manière, en fait mon amie d'autrefois proposant que nous reparlions des moments ensemble avec sa mère inventait ce qui ne fut pas, et me disant à sa fille modifiait notre histoire révolue qui n'avait pas été drague mais rencontre. Elle et moi aboutissant à des mariages, des enfantements autant qu'à des deuils, communion devenue de coeur libre après le désir qui dicte presque tout. Et ce prêtre âgé, sa foi, une vie entière sans rechange… évidence qu'il a fait face, qu'il a témoigné et regardé. On n'aime pas de l'extérieur, ni durablement seulement l'extérieur. Dans les hauteurs, l'organiste médiocre accompagne une voix admirable et sûre, Jésus que ma joie demeure. En bas où je suis avec tous, je vois bien que l'émotion qu'on emprisonnait par pudeur quand elle n'était que nue, durant la liturgie, a trouvé l'ouverture de la vanne et le prétexte plus anonyme de larmes, enfin.

Dans Paris, toujours plus splendide et complet, à quelque moment et de quelque côté qu’on l’aborde – en voiture, cette fin d’après-midi-ci par la N 118 : Vélizy et la porte de Saint-Cloud, avec une première vue de la Défense, puis – alignés – la Tour Eiffel et Montmartre…Martine Aubry, affiche : la volonté de changement ! la photo est bonne, la bataille sans doute perdue. Pour beaucoup, à gauche, tandis que l’U.M.P. hésite entre le sarcasme et le silence, cette primaire socialiste est vécue comme la présidentielle-même : le candidat investi sera le prochain président de la République… Autant qu’on puisse pronostiquer entre souhait, raisonnement et intuition, je suis presque sûr du contraire. Quoiqu’à bout de promesses (non tenues), d’attitudes choquantes et extrémistes, dég… (le fichage des enfants… tentative qui fera sûrement long feu), et de la pantomine sans effet de la présidence annuelle du monde (G 8 et G 20), Sarkozy appuiera son boniment d’une voix sourde de caïd en cour de récré. des évidences véhiculées par la majorité de ce qui pense, publie et raconte : on ne peut aller contre ce qui existe et renchérit, fut-ce mortel, depuis une vingtaine d’années… mortel pour les pays d’Europe et le nôtre. Le nôtre, un des rares pays, qui pourrait s’opposer… et dire l’alternative, le rechange.

Arnaud Montebourg fait annoncer qu’il votera à titre personnel pour Hollande, son principal lieutenant en dit autant, mais que ce n’est pas une consigne de vote pour ses « électeurs », les guillemets valent plus encore pour le possessif et il a l’honnêteté et le réalisme de le reconnaître. Il ajoute que les deux « candidats » ont des programmes qui diffèrent peu. Très peu. Mais il prend à son compte l’argument de Ségolène Royal – bien plus politique et fine qu’on ne la brocarde (et j’aime ce cumul des larmes sous le coup de la défaite puis de l’habileté pour reprendre ensuite la main. Car son ralliement à son ex-compagnon aura été finalement bien plus commenté que celui de Montebourg, alors qu’elle a à peine plus que le tiers de son score. Mais l’argument ne me plaît pas : rassemblement. C’est exactement ce qui est ressassé depuis la fondation du R.P.R. en 1976, ce qui est répété à l’U.M.P. Bref, le sarkozysme continue de dominer la politique française, de même que les thèses du Front national – du fait de Sarkozy plus que de l’habileté de la famille Le Pen – dominent le vocabulaire et les postures de toute la droite. Rassemblement, cela veut dire : silence dans les rangs, péjoration des débats d’idées, celui qui y tient est ringard ou irréaliste, quand il est de l’autre camp, politicien et ambitieux, quand il est du même camp. Bref, fermez vos g… peut-être est-ce valable en interne, chaque camp a sa discipline, mais à la veille du second tour socialiste le clivage est peut-être là : la manière, le rassemblement qui ne gage nullement un gouvernement collégial et d’équipe, et qui propose un chef au lieu d’un débat, d’un tranquille examen – contradictoire – de nos situations, et il y a à examiner, au lieu de courir frontalement au réalisme soi-disant du compromis avec l’existant. Aubry me paraît non seulement plus européenne, ce qui importe décisivement pour moi, et par tempérament (elle l’a montré à la tête du PS) plus encline à la collégialité.

Autrement dit, la France, sous l’influence de ses politiques et de ses commentateurs, complètement oublieux du général de Gaulle, de ses démissions de 1946 et de 1969, a la culture du chef, du simplisme donc, au lieu d’une réflexion et d’une réorganisation en profondeur. Chef d’œuvre inattendu de Chirac – dans ses années de prétention au trône – le Parti socialiste qui contesta François Mitterrand sans cesse, y compris quand ce dernier fut enfin mais durablement le président de la République, a pris le pire des épigones du « gaullisme », cette culture abominable du rassemblement. Bien évidemment, c’est tout sauf le terreau des talents, des personnalités. C’est la redondance des disciplines au Parlement, au rebours des votes de conscience. C’est peut-être les pentes vers la dictature.

Car à voir par exemple en Espagne ou en Grèce que la seule médication, une fois acquises, d’un point de vue gouvernemental, la pression fiscale maximum, les diminutions de salaires et bientôt de retraite – cette logique nous atteindra si « la droite repasse »… est la privatisation à tout va. Ce qui veut dire le bradage du patrimoine comme la vente aux enchères des biens propres du débiteur. C’est encore davantage dépouiller les citoyens. Et économiquement, il est immanquable que ces privatisations entraîneront des licenciements et des hausses de tarifs : on l’a vu chez nous pour Gaz de France, on va le voir avec la soi-disant concurrence ferroviaire. En Espagne, c’est la tentative désespérée du PSOE d’épargner un peu l’amour-propre et le bien public : résistance aux privatisations des aéroports et de la loterie nationale.

Or, bien évidemment, privilégier la dette à rembourser, seulement son entretien parce qu’on ne paye que des intérêts, que l’amortissement ne semble pas même un sujet, c’est maintenir et solidifier encore plus le système qui nous tue. Ma chère femme – banquier et salle des marchés en expérience professionnelle – interroge donc : l’amortissement certes, mais pourquoi pas le moratoire. Au moins des intérêts. Rien de cela n’a été débattu finalement entre socialistes, et dès lundi le débat droite/gauche sera de personnes. Avec en sus le vice du quinquennat, l’U.M.P. en est déjà à 2017 : Coppé et Fillon… Ce qui veut dire que la bataille de 2012 se fera par défaut. Qui sera le plus divisé alors que la rengaine sera au rassemblement ? l’U.M.P. continuant à s’interroger sur les chances, mais non sur la personnalité et le bilan de Sarkozy, et déjà l’appareil se répartissant entre les deux candidats pour 2017, et le Parti socialiste ramant pour faire le plein de toutes les tendances et mouvements autres que lui-même, mais aussi sans doute divisé face à l’exercice prochain du pouvoir et à la répartion des places, des postes…

Je ne suis pas la vie politique allemande et le regrette… les élections aux Länder sont autrement importantes que nos régionales, elles tranchent toutes contre la CDU. Quant à l’Angleterre, elle est aussi répressive – maintenant – que Sarkozy et Guéant pour l’immigration, et prendre un de ses ministres en train e vider des papiers dans des corbeilles publiques, tout en ayant son portable à l’oreille est bien typique de la légèreté de tous quand « ils font de la politique » et ont enfin décroché la timbale : le titre de ministre… papiers non sensibles, assure-t-on dans l’entourage. Or leur intitulé l’est.

[1] - Paul aux Romains IV 1 à 8 ; psaume XXXII ; évangile selon saint Luc XII 1 à 7

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