mardi 23 février 2010

Inquiétude & Certitudes - mardi 23 février 2010


Mardi 23 Février 2010

Les deux impostures de ces dix ans. Bernard Henri Lévy, à l’affiche des kiosques dans tout Paris : un nouveau périodique dont il est la vedette inaugurale, Transfuges, et il est présenté comme « le dernier engagé ». réclame pour son livre Papiers d’identité. En librairie, c’est une galerie de portraits et de thèmes, dont Obama, Sarkozy, le génie du judaïsme…En colonnes publicitaies, les anciennes colonnes Wallace, Arielle Dombasle, en toutes lettres, video-show, pose de l’affiche Brigitte Bardot exposition rétrospective de Boulogne-Billancourt, aisselle épilée, les cheveux hissés à bout de bras. La promotion en couple. Alain Minc, un vieux numéro de l’Express : 9 Octobre 2008, à huit jours de la faillite de Lehman Brothers, répond à Jacques Attali : « je suis nettement plus ptimiste qu’au mois de juillet, quand la stagflation menaçait. La stagflation, c’est un chewing gum qui colle aux doigts pendant de nombreuses années ! ». Notre fille regarde un des Astérix : Le devin qui embobine Bonnemine. Force des bonimenteurs : la psychologie des gogos.

Un de nos plus éminents politistes, plus chrétien-démocrate et pratiquant l’analyse sociologique en disciple intime de Raymond Aron, me rappelle qu’il n’est pas gaulliste. Les démocrates-chrétiens, gaullistes à 100% pendant la guerre mais plus ensuite : Pierre-Henri Teitgen à 40%, Joseph Fontanet 30%, François de Menthon à 20%. Ils ont reproché à de Gaulle sa position sur l’Europe et la CED, et au fond le jugent maurrassien. Réédition de l’hostilité de Maritain envers Maurras. Qu’avez-vous trouvé à François Mitterrand, me demande-t-il. Je ne vous donne pas une réponse politique, qui serait subjective – Couve de Murville : la politique est affaire de sentiments ! – mais personnelle, l’homme intéressant et attachant à écouter, en tête-à-tête et autrement. Il opine vivement… des qualités alors que Nicolas Sarkozy n’en a aucune. Nous brodons, le père et l’identité nationale : paradoxe que ses adversaires Bayrou soit un béarnais et Ségolène une lorraine, on ne peut plus français chacun, et que ce soit lui qui ouvre ce débat absurde. Aucun respect pour les institutions. Il me suit sur la tactique : le culot, qui suppose l’autre mis en poche, et aujourd’hui l’ensemble des Français en maison de tolérance. J’en ai rajouté sur sa sortie contre les bêtes à concours et les diplômes, puis discouru sur les élites tandis que lui observe (ce serait la thèse d’Alain Besançon) que les périodes d’affaissement du pays ne sont pas propices à des élites au autorités morales : ainsi de 1830 à 1870, jusqu’à Taine et Renan, il objecte Tocqueville mais pas écoûté, Taine son héririer intellectuel, il est vrai. Soit, mais la Quatrième, si faible, a comme grands contemporains, à leur sommet d’influence et de notoriété : Sartre, Mauriac, et d’autres, Camus. Que nous arrive-t-il maintenant ?

Dans le train d’aller à Paris, dialogue à la cantonade avec un électeur d’Olivier Besancenot. Je l’interroge sur la candidate portant le voile dans le midi, il hausse les épaules, mais je comprends soudain : cette femme candidate du « nouveau parti anti-capitaliste » est forcément « libérée » au sens convenu du terme. On n’est plus du temps dans une dialectique : voile = dictature masculine ou familiale séquestrant mentalement une jeune femme, mais au contraire dans la liberté d’expression et d’opinion. Ce que peut être aussi le voile… Le rapport liberté/voile… pas évident, et Besancenot pas forcément mal inspiré.

La radio. en voiture pour le retour. Les nominations au Conseil constitutionnel. Michel Charasse, comme attendu depuis dix-huit mois… avec Migaud, à la Cour des comptes, l’argument de propagande : toute la place dûe à l’opposition, l’esprit d’ouverture, etc… Claude Aigneret, de cosmonaute au Palais-Royal… et jacques Barrot, le vétéran, gnome à la voix cassée, à Bruxelles rien de particulier, il restera comme l’un des multiples promotionnaires d’un type de prêt au logement me semble-t-il. Quand je tentais d’être élu dans le Haut-Doubs lors de la succession d’Edgr Faure, un Marcel Pochard fit les popottes en prometant tout puisqu’il était à son cabinet. Cela lui réussit, il devient, faute d’investitude à la députation, directeur des services de la région que présidait encore Edgar Faure et de là, avec quelques rebonds, directeur général de la Fonction publique – je vins alors lui demander de faire partie du jury d’entrée à l’E.N.A. : ce qui excédait son pouvoir, et je le pense maintenant au Conseil d’Etat c’est-à-dire avec un rabiot de carrière de quelques années après ses 65 ans.

Le bras de fer Total-CGT : qui gagne puisque les engagements de Total de ne fermer, délocaliser ni débaucher ne couvrent pas Dunkerque. Près de 10 milliards de bénéfices cette année, pour Margerie. J’entendais il ya quelques jours que Loïc Le Floch-Prigent devait retourner en prison sauf d’avoir pu payer je ne sais quelle amende ou quels frais afférant à sa condamnation. Entre les deux, j’ai choisi depuis longtemps. En sus, l’Etat a perdu un moyen d’influence réellement à sa discrétion, alors que Total est une supranationale avec comme culture – à la Michelin – la détestation de l’Etat. Et évidemment, la fusion n’a pas fait 1 + 1 = 2, mais un gros 1.

Aucun commentaire: