Vendredi 31 Juillet 2009
Trois jours sans ordinateur, sans écriture, sans connexion, sans journal, mais la vie et ses mêmes acteurs qui me passionnent, ma chère femme, notre fille, le paysage français dominé par la tolérance de tous à un mode d’exercice du pouvoir qui n’a pas de prise sur les choses mais sur des esprits fascinés, abasourdis, hypnotisés et convaincus de leur impuissance, le paysage de cette Mauritanie qui m’est si chère, dont la crise m’a apporté tant d’amis nouveaux, où une pression, un vent installés au dehors régissent les démocrates au point de les contraindre à la démocratie avec ceux-là même qui trichent. Ici, là, je ne sais trop comment mais selon les mêmes règles, une ambiance collective apparaît et interdit soudain la cohérence, la marche selon des repères et des valeurs. Elle produit le même résultat : le mensonge, l’irréalité des démagogies contemporaines, le gaspillage des individualités et des ersonnalités. Ce ne sont plus les idéologies dominantes d’antant, totalitaires ou capitalistes, des dogmes qui s’énonçaient et se démontaient au besoin, ce sont des mécanismes de quelques malins, de quelques habiles et cyniques qui réintroduisent partout le pouvoir de quelques-uns, l’accaparement des chances et des enchainements en sorte qu’il y a les apparences et la réalité pour ce qui régit la vie des hommes en collectivité. On fait croire à l’universalité de ce qui n’a plus aucune dialectique que la libido de quelques-uns dans le pouvoir d’Etat ou de l’argent, les deux se mêlant chez nous, ailleurs, partout. La réalité étant d’ailleurs que ces profiteurs ne dirigent rien mais sont les seuls à bénéficier du moment politique ou économique. Une fantasmagorie de l’injustice et de la laideur. En regard, un anniversaire, le jeu des bougies pour l’enfant et sa mère, un nouveau venu dans la famille, regard et sourire angéliques, mais se heurtant aux conventions, aux racismes, à l’atrocité de la solitude où il va être poussé du fait de son amour. Même fraicheur chez les gens du cirque et leurs animaux, le calme et la concentration de l’acrobate-athlète fait du rapport avec ses chevaux dans l’autre registre de ses animaux. Je vois des chefs d’œuvre et des authenticités – là, et non sur les scènes politiques et médiatiques imperturbables dans leur répétivité, leurs grimaces et leurs assurances de marionettes. Ces bonheurs dont je sais la fragilité me paraissent des chefs d’œuvre, limpides. Et là poussent l’amitié, la confiance, la chaleur de la réciprocité, à des niveaux sociaux ou culturels et selon des registres totalement différentes, se rencontre le même point d’humanité. Je crois que cela tient aussi à cette unicité, à une franchise, parfois pas immédiatement perceptible, qui ne s’avoue et ne se vérifie que si nous arrivons, vierge d’attente et de désir, simple comme Job au bout de sa course. Ce point où il n’y plus race, culture, métier, âge ou expérience, sexe même, où il y a la personne humaine, notre communauté de glaise et de souffle divin. Vêcu cela en famille, au bord de l’océan, au cirque le soir avec auparavant la ménagerie et les ruminants, vêcu cela quand arrive cet ange noir d’un fin fond qui nous apprend immensément et avec lequel nous nous sommes trouvés de plain-pied.
Trois jours sans ordinateur, sans écriture, sans connexion, sans journal, mais la vie et ses mêmes acteurs qui me passionnent, ma chère femme, notre fille, le paysage français dominé par la tolérance de tous à un mode d’exercice du pouvoir qui n’a pas de prise sur les choses mais sur des esprits fascinés, abasourdis, hypnotisés et convaincus de leur impuissance, le paysage de cette Mauritanie qui m’est si chère, dont la crise m’a apporté tant d’amis nouveaux, où une pression, un vent installés au dehors régissent les démocrates au point de les contraindre à la démocratie avec ceux-là même qui trichent. Ici, là, je ne sais trop comment mais selon les mêmes règles, une ambiance collective apparaît et interdit soudain la cohérence, la marche selon des repères et des valeurs. Elle produit le même résultat : le mensonge, l’irréalité des démagogies contemporaines, le gaspillage des individualités et des ersonnalités. Ce ne sont plus les idéologies dominantes d’antant, totalitaires ou capitalistes, des dogmes qui s’énonçaient et se démontaient au besoin, ce sont des mécanismes de quelques malins, de quelques habiles et cyniques qui réintroduisent partout le pouvoir de quelques-uns, l’accaparement des chances et des enchainements en sorte qu’il y a les apparences et la réalité pour ce qui régit la vie des hommes en collectivité. On fait croire à l’universalité de ce qui n’a plus aucune dialectique que la libido de quelques-uns dans le pouvoir d’Etat ou de l’argent, les deux se mêlant chez nous, ailleurs, partout. La réalité étant d’ailleurs que ces profiteurs ne dirigent rien mais sont les seuls à bénéficier du moment politique ou économique. Une fantasmagorie de l’injustice et de la laideur. En regard, un anniversaire, le jeu des bougies pour l’enfant et sa mère, un nouveau venu dans la famille, regard et sourire angéliques, mais se heurtant aux conventions, aux racismes, à l’atrocité de la solitude où il va être poussé du fait de son amour. Même fraicheur chez les gens du cirque et leurs animaux, le calme et la concentration de l’acrobate-athlète fait du rapport avec ses chevaux dans l’autre registre de ses animaux. Je vois des chefs d’œuvre et des authenticités – là, et non sur les scènes politiques et médiatiques imperturbables dans leur répétivité, leurs grimaces et leurs assurances de marionettes. Ces bonheurs dont je sais la fragilité me paraissent des chefs d’œuvre, limpides. Et là poussent l’amitié, la confiance, la chaleur de la réciprocité, à des niveaux sociaux ou culturels et selon des registres totalement différentes, se rencontre le même point d’humanité. Je crois que cela tient aussi à cette unicité, à une franchise, parfois pas immédiatement perceptible, qui ne s’avoue et ne se vérifie que si nous arrivons, vierge d’attente et de désir, simple comme Job au bout de sa course. Ce point où il n’y plus race, culture, métier, âge ou expérience, sexe même, où il y a la personne humaine, notre communauté de glaise et de souffle divin. Vêcu cela en famille, au bord de l’océan, au cirque le soir avec auparavant la ménagerie et les ruminants, vêcu cela quand arrive cet ange noir d’un fin fond qui nous apprend immensément et avec lequel nous nous sommes trouvés de plain-pied.
– Prier donc maintenant, ces trois jours en rassemblement, le cœur, l’âme et les mains en coupe. Marie-Madeleine commémorée la semaine dernière, Marthe avant-hier [1]. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Marthe regarde ainsi celui qu’elle implore pour son frère mort. Apparemment, un rôle étonnamment critiqué quand elle et sa sœur reçoivent Jésus, mais explicitement le grand rôle de la foi quand Celui-ci arrive à Béthanie. Oui, Seigneur, je le crois… tu es … Ce regard, c’est le sien. Marie, contemplative, écoute de l’intérieur, elle ne regarde pas, elle confondra Jésus et le jardinier. Marthe, pratique, active, affective, puissante, raisonne, rétorque et placée dans la bonne situation, les derniers retranchements de la foi, fait face à Dieu, répond et triomphe, elle voit. Si humaine, elle ne sera pas au tombeau du Seigneur, mais elle est au tombeau de son frère. Le Royaume a tant de places, une par une pour nous un par un. Parabole des poissons triés, donnée hier [2] et que la foule accueille, dans un rare unisson, alors que le jugement est probablement le nœud le plus secret de notre foi, et de toute religion, liberté, prédestination, tous les paramètres de la contradiction et donc du doute humain sont là, mais aussi ceux de Dieu tel que nous croyons Le cerner : tout de bonté, ou bien impavide, inacessible, hors de nos vies ? Avez-vous compris tout cela ? – Oui, lui répondent-ils. C’est alors que tout commence : tout scribe devenu disciple est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. Ailleurs, Jésus les dit incompatibles, et combien de scribes se convertissent-ils ? Nicodème ? C’est pourtant la conclusion de l’enseignement, il passe le relais, puis il s’éloigna de là. Souveraineté tranquille de ce Christ plaçant l’humanité devant des choix, mais restant à sa portée. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes. Jésus tellement avec nous qu’il alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement : ‘ D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il aps le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors d’où lui vient tout cela ? ’ Tellement homme, tellement situé, incarné, et pourtant les dialogues avec Marthe, avec la Samaritaine. A l’apogée de la puissance et du charisme sur la population de Jérusalem, se faire arrêter et crucifier. C’est l’évangile qui donne à l’Ancien Testament, aux commandements, à l’Exode et à la sortie d’Egypte, leur sens. Cela crève les yeux à la lecture et dans la méditation. Là est l’explication de chacun de nos jours, là la force de la suite, là la foi que le regard d’autrui sur nous, le nôtre sur lui ne sont pas vains. Nous ne sommes pas entre êtres perdus ou de perdition, nous sommes entre fils adoptifs de Dieu et par cela avons le droit d’être exigeants les uns vis-à-vis des autres, et nous tous vis-à-vis de nous-mêmes. Nazareth n’est pas à la hauteur, les fils d’Israël sortant d’Egypte ne le sont que rameutés par Yahvé, je conçois ainsi le pouvoir politique ou le dialogue de couple. Avancer par confiance mutuelle, échange et partage de forces. C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait monter d’Egypte. [3]
Entendre le PDG d’E D F… il a réclamé 20% d’augmentation des tarifs, il y a quelques semaines et ne recevra que l’inflation… dire qu’il est heureux et fier à son poste, et de démontrer que les investissements à l’étranger « tirent les résultats vers le haut » : en fait des rachats de réseaux et d’entreprises que payent le contribuable et le consommateur français.
Entendre le PDG d’E D F… il a réclamé 20% d’augmentation des tarifs, il y a quelques semaines et ne recevra que l’inflation… dire qu’il est heureux et fier à son poste, et de démontrer que les investissements à l’étranger « tirent les résultats vers le haut » : en fait des rachats de réseaux et d’entreprises que payent le contribuable et le consommateur français.
Dans cette crise – maintenant appelée telle alors que tous les ingrédients sont réunis depuis deux décennies au moins, en France en tous cas et sans considérer le drame des pays décolonisés et exploités-trompés – je suis frappé de prises de conscience seulement en comportement des profiteurs ou des dirigeants, mais pas du tout en énoncé doctrinal. Ni ce capitalisme, maintenant empêtré dans ses presque ultimes conséquences, ni les opposants ne parviennent à s’énoncer en synthèse et en dialectique idéologique. Le capitalisme quand on était dans la dogmatique héritée des « trente glorieuses », la « dérégulation » (pourquoi pas dire la dérèglementation ?), puis la mondialisation, affichait ses théorèmes, continuer la privatisation partout, détruire toute protection de quelque ordre que ce soit était bénéfique. On ne disait plus à qui ? les vieilles équations : concurrence = baisse des prix, dérèglementation du travail = embauche plus abondante parce que moins risquée, n’étaient plus écrites, on ne regardait pas les pratiques et dysfonctionnements multipliant les cas de dumpings fiscaux ou sociaux. On ne justifiait plus rien, la critique était irréaliste et pêchait par absence de proposition alternative. L’alternative en elle-même était récusée. Aujourd’hui, il apparaît qu’aucun des gouvernements des pays censément libéraux pas seulement en économie mais en politique, donc en expression publique, ne songe à remettre en cause – en tant que tel – l’ancien ordre. Il s’agit de le restaurer au plus vite ou à terme. Les politiques gouvernementales, ou plutôt les discours ne varient que sur les délais, et donc sur les pronostics de reprise des anciens automatismes, moyennant ponction des contribuables, payant des renflouements ou des nationalisations provisoires.
J’étais déjà étonné que dans les années 1990, il n’y ait pas eu une critique historique fondée sur Marx pour rendre compte de la dégénérescence de l’Union soviétique – ce qui, à main levée, me paraissait tout à fait possible face au flot de conseils apitoyés de tous les experts en privatisation qui avaient envahi les pays de l’Europe centrale de l’Est, nos banques en fait – et, maintenant, qu’il n’y ait pas la reprise par quelque parti ou quelque personnalité de l’outil marxiste pour étudier la crise actuelle, ses causes, ses conséquences. Rien ! du moins à ma connaissance. Pourtant à simplement lire les bibliographies de Karl Marx, sa préoccupation fondamentale (et fondatrice) pour les salaires et la considération du facteur travail, l’outil est là. Rencontre de l’éthique – la dignité de l’homme – et de la dialectique économique : salaires, prix, concentration. Travaux dans une tout autre époque mais où tout naît et d’abord la doctrine : les années 1830 à 1850. Dès la misère de la philosophie, vient un discours sur le libre-échange… puis travail salarié et capital…pas beaucoup après : salaire, prix et plus-value. Et surtout de la critique historique : révolution et contre-révolution en Europe et surtout les luttes de classe en France 1848 à 1850. Davantage un journaliste qu’un faiseur de livres, un philosophe et un historien qu’un théoricien de politique économique. La pensée et la critique comme outil de la vérité ou de l’idéal ou de la révolution.
J’étais déjà étonné que dans les années 1990, il n’y ait pas eu une critique historique fondée sur Marx pour rendre compte de la dégénérescence de l’Union soviétique – ce qui, à main levée, me paraissait tout à fait possible face au flot de conseils apitoyés de tous les experts en privatisation qui avaient envahi les pays de l’Europe centrale de l’Est, nos banques en fait – et, maintenant, qu’il n’y ait pas la reprise par quelque parti ou quelque personnalité de l’outil marxiste pour étudier la crise actuelle, ses causes, ses conséquences. Rien ! du moins à ma connaissance. Pourtant à simplement lire les bibliographies de Karl Marx, sa préoccupation fondamentale (et fondatrice) pour les salaires et la considération du facteur travail, l’outil est là. Rencontre de l’éthique – la dignité de l’homme – et de la dialectique économique : salaires, prix, concentration. Travaux dans une tout autre époque mais où tout naît et d’abord la doctrine : les années 1830 à 1850. Dès la misère de la philosophie, vient un discours sur le libre-échange… puis travail salarié et capital…pas beaucoup après : salaire, prix et plus-value. Et surtout de la critique historique : révolution et contre-révolution en Europe et surtout les luttes de classe en France 1848 à 1850. Davantage un journaliste qu’un faiseur de livres, un philosophe et un historien qu’un théoricien de politique économique. La pensée et la critique comme outil de la vérité ou de l’idéal ou de la révolution.
[1] - Paul aux Romains XII 9 à 13 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc X 38 à 42
[2] - Exode XL 16 à 38 ; psaume LXXXIV ; évangile selon saint Matthieu XIII 47 à 53
[3] - Lévites XXIII 1 à 37 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Matthieu XIII 54 à 58
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire