Mercredi 8 Juillet 2009
Prier… [1] nos saints familiers, ceux dont le nom, le visage et la vie nous reviennent, qu’ils soient « officiellement » reconnus ou pas. Dans l’Ancien Testament, ce n’est pas d’officialité reconnue par une quelconque hiérarchie qu’il s’agit, mais d’une vraie généalogie dans la relation avec Dieu. Cette recherche que nous entendons rapporter sous des formes diverses : les conversions dans nos entourages à l’Islam, probablement le même genre de scandale ou d’amicale tolérance que les Juifs puis les « païens » quand le christianisme se propagea. Ce mouvement a sa profondeur, apparemment identitaire et qui peut interroger pour le dehors, il a sa réalité, une répudiation du matérialisme et du mouvement actuel de nos sociétés. Le mot – juste – de Martine Aubry, parce qu’elle est politique, n’a pas été entendu, était-elle d’ailleurs la première à le prononcer : notre époque post-matérialiste. Ce que je recherche dans les signes contradictoires de ce temps, c’est la liberté. Non la mienne, mais celle des autres, nous libérons-nous ? Joseph et son histoire, apparemment politique de bout en bout quand il est le principal ministre de Pharaon pour avoir prévu la disette. La relation en fratrie, ce que chacun de nous a vêcu ou peut vivre, du meilleur, du pire, les jalousies in utero… Joseph reconnaît ses frères mais quoi qu’il dise – l’essentiel : je crains Dieu – les siens ne le reconnaissent pas. Dieu veille sur ceux qui le craignent. Rejoindre l’autre par là, par le point véritablement commun qu’il soit croyant ou incroyant, insolent ou apaisant. Voici les noms des douze Apôtres… allez plutôt vers les brebis perdues. Mouvements divers dans l’évangile mais orientation assurée dans les Actes des apôtres. Aller vers les païens ou rester dans le cercle initial des Juifs et de la synagogue. L’Eglise catholique, au moins en Europe, en est à cette hésitation. Solution ? notre affectivité, les mouvements de pitié du Christ, la supplication de Joseph que ses frères vont assassiner…Joseph se retira pour pleurer.
Je reviens sur cette sensation-pensée de tout à l’heure, le choc des religions qui serait l’acmée du « choc des civilisations », comme il y eut celui des idéologies : communisme, marxisme, fascisme, nazisme. On ne s’en sort, et pour le bien commun de l’humanité, que par l’approfondissement, la reconnaissance des analogies dans les erreurs, les déviations, les comportements (en religion, les intégrismes et la bêtise, les débats sur les langues, les costumes, les rites), et positivement par le retour aux textes fondateurs d’une part, paisiblement mais avec sérieux (Bible et Coran à reprendre en profondeur, à la lumière de l’autre, de la compréhension que nous donne l’autre de son livre saint, compréhension que j’ai la chance de pouvoir solliciter), et plus encore par la prière, la prière chacun, et de chacun, selon ses habitudes, sa sensibilité, le legs reçu, l’expérience propre, mais aussi la prière ensemble : l’homme devant Dieu, silence et voix. Quel chemin… à vivre.
matin
Vers huit heures, coupure du courant. Téléphone aussi. Service de dépannage technique, heureusement nous avons des téléphones portables. Boîte vocale avec diverses options. On tombe sur le RDF, le réseau de distribution. Ce tournant – en 1995 ? en coincidence avec l’élection de Chirac ? – ayant fait instituer ces réseaux pour les chemins de fer et pour l’électricité. Résultat pour nous et pour l’usager en général, panne des investissements : les histoires de caténaires de la SNCF, les sabotages et autres terrorisme ayant très bon dos, sans compter le refus depuis vingt ans de supprimer l’intégralité des passages à niveau, travaux locaux coûteux sans doute mais étalés sur vingt ans, depuis la prise de conscience aux premiers drames… ce matin, ligne à haute tension qui… ou que… pas de prévision de reprise. Il est vrai que le serveur donnait, une fois énoncé le code postal, les localités touchées. Vulnérabilité des équipements, vulnérabilité du système soit de la délocalisation des interlocuteurs, hors hexagone, soit de la téléphonie automatique. Guerre électronique, conflit nord-sud, alerte atomique : la paralysie et les affolements comparés à Juin 40….
Electronique précisément, les inscriptions en facultés (Paris, Lyon, Toulouse) techniquement défectueuses ou impossibles pour les nouveaux bacheliers, et les changements de collèges ou entrées en collège (un autre ministère de tutelle) également en panne. UNEF et associations de parents réclament des « remises à plat »…
Une réunion de députés de la majorité hier : Sarkozy se représentera en 2012. Martine Aubry réunit ses hiérarques à Marcoussis (le rugby rentabilisant ses vestiaires et salles de réunions) : 2012 aussi. Pouvons-nous attendre près de trois ans encore pour être enfin dirigés, orientés, administrés, représentés, incarnés au niveau national ?
Sondage Les Echos-BVA. Près de 60% des Français jugent mauvaise la politique économique du « gouvernement » - je mets les guillemets parce qu’il est manifeste qu’il n’y a plus de gouvernement, parce qu’il n’y a pas de délibération collégiale et parce qu’il n’y a plus de ministres. 52% hostiles au principe-mêle du « grand emprunt ». On était à plus de 80% il y a trois semaines, ce que le commentateur ne semble pas avoir mémorisé, tout simplement parce que ce n’est pas la même officine de sondages ! Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu chez nous un tel décalage entre l’annonce d’un emprunt, en simples termes politiques, et son effectivité, six-huit mois ensuite avec entretemps débat public et médiatisé pour ses caractéristiques techniques et pour l’affectation de la ressource produite.
En regard, l’économie partout s’ajuste d’instinct. Celui des salariés reste à l’apathie, première forme du désespoir qui peut se transmettre de génération en génération avec les délabrements sociaux et familiaux qui vont avec. L’instinct et la manière des entrepreneurs est ultra-simple : les licenciements ce qui n’est pas nouveau, la diminution consensuelle (ou au chantage) des salaires… Nous avançons vers l’Eden. Depuis plusieurs décennies, le « management » se sent invulnérable malgré l’accumulation des évidences : ses erreurs stratégiques, son dédain pour les Etats et les représentations syndicales, l’avidité d’une grande partie de ses membres puisque ne pas s’enrichir personnellement passerait pour une lacune. Tandis qu’en regard le salariat se sent en impasse de l’Histoire : doctrinalement et économiquement, il deviendrait facultatif. Le lest à jeter, c’est la main d’œuvre. Dans l’espèce française, le refus gouvernemental d’une relance par la consommation et l’attente d’un redressement par les investissements confirment que l’homme est secondaire, même statistiquement.
Nicolas Sarkozy y ajoute – c’est sa marque personnelle, par rapport à tous ses prédécesseurs sous la Cinquième République : toute personnalité de renom, ou d’expérience, ou de position, s’achète. En tout cas, le pouvoir en place peut la mettre en position d’attente d’égards, de nomination. Donc en réputation de caution ou de collaboration. Première génération : Jack Lang et Claude Allègre. L’actuelle : Richard Descoings (Sciences-Po. Paris) et Eric Fotorino (écrivain et directeur nominal du journal Le Monde). Ce qui ne doublonne pas les « ministres d’ouverture ».
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