Jeudi 23 Juillet 2009
Prier… [1] je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. … Heureux qui trouve en lui son refuge. Depuis la fin de mon adolescence, après la découverte, de l’extérieur, de la vie monastique (chercher, une vie durant, ce « Dieu plénitude d’attraits », résumé d’enseignement : « Dieu seul leur suffit ») avec le portrait idéal que trace du moine tel ou tel qui en est mais dont la suite de l’existence montre que lui-même a souffert… et a sa version pour arranger sa propre vie… la découverte alors de la prière des heures et et jours, les psaumes, divination psychologique du cœur humain autant que présentation du cœur de Dieu, les psaumes chant de la parfaite incarnation, cela depuis des décennies maintenant et voici le temps des Proverbes, la réflexion à premier abord si amère parce que d’expérience et de douleur, pas tout à fait Job sur son fumier, mais tant de fatigues, d’inanité et d’impasse dans lesquelles l’espérance qui demeure, qui continue de jaillir à chaque lumière, à chaque événement, est un élément de plus pour souffrir, car de notre rive nous voyons l’autre sans cesse, le bonheur est possible, il est là et pourtant. Paraboles vêcu à chaque instant de la présence et de l’absence de Dieu, description si détaillée de nos manques, lacunes, erreurs, versatilités et déceptions que nous ne pouvons nous y attacher, entrelacis complexes de nos culpabilités, de nos remords – pour de grandes choses, sans doute, et maladie de nos âmes, de mon âme – que le sacrement de la rencontre ou de la réconciliation ou de pénitence, n’efface pas car c’est de l’histoire et c’est nous, tels quels, ineffaçables. Tant que nous vivons, nous n’oublions pas, et oublier est-ce demeurer nous-mêmes ? Je ne réponds pas par le contre-souvenir, celui de moments solaires, ni par les irruptions de la paix ou de la lumière, de la tranquillité et de la perception d’un autre arrangement de tout, dans lequel nous commençons d’être déjà.
Je regarde ce matin cette famille de Jésus, le texte connu. Restant au dehors, ils le font demander. … Réponse : Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Les textes sur le « jugement dernier » : je ne vous connais pas. La réponse au Temple où arrivent épuisés des trois jours de marche et retour, épuisés d’angoisse Marie et Joseph : ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? alors que Marie : vois comme ton père et moi… Et à Marie-Madeleine, l’amante, la contemplative, la totale : Noli me tangere… et Lui-même, le Christ sur la croix : Père, pourquoi m‘as-tu abandonné ? A tout cela, qui serait décisif – pas la démarche distraite de l’agnostique, par ailleurs remarquablement outillé intellectuellement voire scientifiquement, et équilibré affectivement, mais qui pour la « question de Dieu » a des énoncés pis que puérils – la démarche de celui qui cherche ou de celui qui tombe, la démarche du désespéré, de l’épuisé – à celui-là, il est seulement dit : voici ma mère et mes frères. Et qui sont-ils ? ceux précisément que Jésus enseignait et regarde avant de commenter : En parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : ‘Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère’. Réponse qui projette dans la vie, dans l’action, la responsabilité, la prière, la relation à Dieu celui qui était prostré dans les déjections de sa seule existence. Paul… la vie aujourd’hui, dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi.
Me relisant... cette famille de sang... de Jésus (le sang du Christ versé sur la croix...), elle reste dehors. Pourquoi ? des places assises ? un droit sur Jésus, l'interrompre, le convoquer ? qu'a-t-elle à lui dire ? et pourquoi n'entre-t-elle pas se mêler, se tasser certes, pour écouter ? Beaucoup de gens étaient assis autour de lui, et on lui dit : 'ta mère et tes frères sont là, qui te cherchent'. Ils ne trouvent pas puisqu'ils n'entrent pas... ils ne cherchent que le Jésus qu'ils conanissent, qu'ils ont charnellement et pédagogiquement, historiquement et culturellement, Nazareth, telles dates, produit et fabriqué.
Prier… demander… m’ouvrir
Quel est le pays où les magistrats et toute la profession judiciaire, le corps préfectoral, l’ensemble des personnels hospitaliers et thérapeutiques, l’armée enfin sont hostiles à un président lui-même impopulaire selon tous les sondages, et cependant assuré d’être réélu dans sa fonction si le choix était à formuler maintenant ? La France sous Nicolas Sarkozy. Un pays où l’opposition n’est efficace que dans la majorité dite présidentielle et où le meilleur coup est le croc-en-jambe ? La France actuelle : défier le président régnant sur le projet, les projets auxquels il dit tenir, le travail dominical, la loi sur le téléchargement illégal. Un président de la République jouant l’ordre du jour et le déterminant, et sa majorité jouant les impossibilités techniques ou le chantage aux vacances des ministres qui ne peuvent décemment partir avant les députés.
Comme à Carcassonne au début de l’été de 2008, l’armée au pilori, les feux à Marseille sont sa faute. J’ai tendance à déplorer la malchance. Je préfèrerai que la critique porte sur le ratage du Charles-de-Gaulle et évidemment sur notre retour dans l’OTAN. Mais le ridicule : le Premier ministre et deux ministres, à l’appel de Gaudin… les régionales se jouent maintenant. De Gaulle tout simplement avait reçu le maire de Fréjus « quand le barrage a craqué », puis y était allé : pas de noria de ministres, pas de colère homérique, la compassion sobre, sans sondages sur les retombées du geste.
Le Canard enchaîné – chaque semaine davantge – montre une politique jouée à guichets fermés par une série de gens voulant des places ou tâchant de garder celles qu’ils ont. Les crises économiques n’ont jamais profité à la gauche : 1936-1937 ou 1991-1993 qu’elle soit au pouvoir comme alors, ou qu’elle soit dans l’opposition. La gauche gagne par exaspération politique des Français, par indignation, par lâchage d’une partie des électeurs du président régnant : cas-type, Giscard d’Estaing assuré de sa réélection six mois avant la date. Les dimants à l’époque, le genre finalement. Aujourd’hui, la psychopathie : chacun a un psy. qui lui apporte un diagnostic qui crève les yeux rien qu’à lire la notice du Who’s who ? avant tombée de la particule et quand il y a encore des aveux de mariage. Et dans le cas 1980-1981, Mitterrand y est pour moins que la gauche, et que le vote d’hostilité, puis que Michel Rocard a davantage les sondages et les sympathies que lui.
Le Monde reste « mon » journal pour un papier du genre que celui signé à la date d’aujourd’hui par Isballe Mandraud. La nécrologie de Maurice Grimaud. Tout ce qu’elle écrit est vrai et cohérent et laisse pressentir que, le visitant régulièrement, comme nous en avions convenu, nous aurions intensément creusé. Notre rencontre a été tardive, il y a seulement quinze mois, mais totale, comme je l’ai couriellé à ses enfants. Nos deux conversations ont eu pour unique sujet, non des épisodes de carrière ou un témoignage pour l’histoire, mais l’Etat, le service public et l’allure de ceux qui en sont les chefs. Aujourd’hui… la même page 23 donne le portrait d’un Georges Valbon, éphémère patron des Charbonnages de France. Le patriotisme et la cohérence des communistes quand ils étaient nombreux. Cheminement inverse des socialites : plus ceux-ci prolifèrent et tiennent le pouvoir, plus il s’affadissent, alors que les communistes ne le sont vraiment qu’au pouvoir. Maurice Grimaud, plus écrivain et réflexif que toute sa carrière dans l’action et la décision ne le laissait apercevoir. Un grand témoin, certes des « événements de Mai », témoin-acteur au même titre que les minitres ou le Général lui-même, mais un témoin d’une époque de la France qui était grande uniquement par ses grands serviteurs, les performances et autres, étaient seconds.
Comme prévisible, banquiers et politique sont d’accord pour faire croire universellement que la crise est virtuellement dominée, alors que chaque jour un nom célèbre met la clé sous la porte, au moins en France. Les bonus et sur-salaires reprennent, et l’échec du G 8 ou G 20 à Laquila – chacun persévérant dans le cavalier seul et la responsabilité exclusive des Etats – ne sert pas de leçons, on attend du prochain G l’encadrement des rémunérations des dirigeants. Septembre, la crise – dans ses aspects voyants – aura déjà un an.
[1] - Paul aux Galates II 19 à 20 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc III 31 à 35
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire