vendredi 31 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - vendredi 31 juillet 2009

Vendredi 31 Juillet 2009

Trois jours sans ordinateur, sans écriture, sans connexion, sans journal, mais la vie et ses mêmes acteurs qui me passionnent, ma chère femme, notre fille, le paysage français dominé par la tolérance de tous à un mode d’exercice du pouvoir qui n’a pas de prise sur les choses mais sur des esprits fascinés, abasourdis, hypnotisés et convaincus de leur impuissance, le paysage de cette Mauritanie qui m’est si chère, dont la crise m’a apporté tant d’amis nouveaux, où une pression, un vent installés au dehors régissent les démocrates au point de les contraindre à la démocratie avec ceux-là même qui trichent. Ici, là, je ne sais trop comment mais selon les mêmes règles, une ambiance collective apparaît et interdit soudain la cohérence, la marche selon des repères et des valeurs. Elle produit le même résultat : le mensonge, l’irréalité des démagogies contemporaines, le gaspillage des individualités et des ersonnalités. Ce ne sont plus les idéologies dominantes d’antant, totalitaires ou capitalistes, des dogmes qui s’énonçaient et se démontaient au besoin, ce sont des mécanismes de quelques malins, de quelques habiles et cyniques qui réintroduisent partout le pouvoir de quelques-uns, l’accaparement des chances et des enchainements en sorte qu’il y a les apparences et la réalité pour ce qui régit la vie des hommes en collectivité. On fait croire à l’universalité de ce qui n’a plus aucune dialectique que la libido de quelques-uns dans le pouvoir d’Etat ou de l’argent, les deux se mêlant chez nous, ailleurs, partout. La réalité étant d’ailleurs que ces profiteurs ne dirigent rien mais sont les seuls à bénéficier du moment politique ou économique. Une fantasmagorie de l’injustice et de la laideur. En regard, un anniversaire, le jeu des bougies pour l’enfant et sa mère, un nouveau venu dans la famille, regard et sourire angéliques, mais se heurtant aux conventions, aux racismes, à l’atrocité de la solitude où il va être poussé du fait de son amour. Même fraicheur chez les gens du cirque et leurs animaux, le calme et la concentration de l’acrobate-athlète fait du rapport avec ses chevaux dans l’autre registre de ses animaux. Je vois des chefs d’œuvre et des authenticités – là, et non sur les scènes politiques et médiatiques imperturbables dans leur répétivité, leurs grimaces et leurs assurances de marionettes. Ces bonheurs dont je sais la fragilité me paraissent des chefs d’œuvre, limpides. Et là poussent l’amitié, la confiance, la chaleur de la réciprocité, à des niveaux sociaux ou culturels et selon des registres totalement différentes, se rencontre le même point d’humanité. Je crois que cela tient aussi à cette unicité, à une franchise, parfois pas immédiatement perceptible, qui ne s’avoue et ne se vérifie que si nous arrivons, vierge d’attente et de désir, simple comme Job au bout de sa course. Ce point où il n’y plus race, culture, métier, âge ou expérience, sexe même, où il y a la personne humaine, notre communauté de glaise et de souffle divin. Vêcu cela en famille, au bord de l’océan, au cirque le soir avec auparavant la ménagerie et les ruminants, vêcu cela quand arrive cet ange noir d’un fin fond qui nous apprend immensément et avec lequel nous nous sommes trouvés de plain-pied.
– Prier donc maintenant, ces trois jours en rassemblement, le cœur, l’âme et les mains en coupe. Marie-Madeleine commémorée la semaine dernière, Marthe avant-hier [1]. Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Marthe regarde ainsi celui qu’elle implore pour son frère mort. Apparemment, un rôle étonnamment critiqué quand elle et sa sœur reçoivent Jésus, mais explicitement le grand rôle de la foi quand Celui-ci arrive à Béthanie. Oui, Seigneur, je le crois… tu es … Ce regard, c’est le sien. Marie, contemplative, écoute de l’intérieur, elle ne regarde pas, elle confondra Jésus et le jardinier. Marthe, pratique, active, affective, puissante, raisonne, rétorque et placée dans la bonne situation, les derniers retranchements de la foi, fait face à Dieu, répond et triomphe, elle voit. Si humaine, elle ne sera pas au tombeau du Seigneur, mais elle est au tombeau de son frère. Le Royaume a tant de places, une par une pour nous un par un. Parabole des poissons triés, donnée hier [2] et que la foule accueille, dans un rare unisson, alors que le jugement est probablement le nœud le plus secret de notre foi, et de toute religion, liberté, prédestination, tous les paramètres de la contradiction et donc du doute humain sont là, mais aussi ceux de Dieu tel que nous croyons Le cerner : tout de bonté, ou bien impavide, inacessible, hors de nos vies ? Avez-vous compris tout cela ? – Oui, lui répondent-ils. C’est alors que tout commence : tout scribe devenu disciple est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. Ailleurs, Jésus les dit incompatibles, et combien de scribes se convertissent-ils ? Nicodème ? C’est pourtant la conclusion de l’enseignement, il passe le relais, puis il s’éloigna de là. Souveraineté tranquille de ce Christ plaçant l’humanité devant des choix, mais restant à sa portée. Dans la journée, la nuée du Seigneur reposait sur la Demeure, et la nuit, un feu brillait dans la nuée aux yeux de tout Israël. Et il en fut ainsi à toutes leurs étapes. Jésus tellement avec nous qu’il alla dans son pays, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement : ‘ D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il aps le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors d’où lui vient tout cela ? ’ Tellement homme, tellement situé, incarné, et pourtant les dialogues avec Marthe, avec la Samaritaine. A l’apogée de la puissance et du charisme sur la population de Jérusalem, se faire arrêter et crucifier. C’est l’évangile qui donne à l’Ancien Testament, aux commandements, à l’Exode et à la sortie d’Egypte, leur sens. Cela crève les yeux à la lecture et dans la méditation. Là est l’explication de chacun de nos jours, là la force de la suite, là la foi que le regard d’autrui sur nous, le nôtre sur lui ne sont pas vains. Nous ne sommes pas entre êtres perdus ou de perdition, nous sommes entre fils adoptifs de Dieu et par cela avons le droit d’être exigeants les uns vis-à-vis des autres, et nous tous vis-à-vis de nous-mêmes. Nazareth n’est pas à la hauteur, les fils d’Israël sortant d’Egypte ne le sont que rameutés par Yahvé, je conçois ainsi le pouvoir politique ou le dialogue de couple. Avancer par confiance mutuelle, échange et partage de forces. C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait monter d’Egypte. [3]

Entendre le PDG d’E D F… il a réclamé 20% d’augmentation des tarifs, il y a quelques semaines et ne recevra que l’inflation… dire qu’il est heureux et fier à son poste, et de démontrer que les investissements à l’étranger « tirent les résultats vers le haut » : en fait des rachats de réseaux et d’entreprises que payent le contribuable et le consommateur français.

Dans cette crise – maintenant appelée telle alors que tous les ingrédients sont réunis depuis deux décennies au moins, en France en tous cas et sans considérer le drame des pays décolonisés et exploités-trompés – je suis frappé de prises de conscience seulement en comportement des profiteurs ou des dirigeants, mais pas du tout en énoncé doctrinal. Ni ce capitalisme, maintenant empêtré dans ses presque ultimes conséquences, ni les opposants ne parviennent à s’énoncer en synthèse et en dialectique idéologique. Le capitalisme quand on était dans la dogmatique héritée des « trente glorieuses », la « dérégulation » (pourquoi pas dire la dérèglementation ?), puis la mondialisation, affichait ses théorèmes, continuer la privatisation partout, détruire toute protection de quelque ordre que ce soit était bénéfique. On ne disait plus à qui ? les vieilles équations : concurrence = baisse des prix, dérèglementation du travail = embauche plus abondante parce que moins risquée, n’étaient plus écrites, on ne regardait pas les pratiques et dysfonctionnements multipliant les cas de dumpings fiscaux ou sociaux. On ne justifiait plus rien, la critique était irréaliste et pêchait par absence de proposition alternative. L’alternative en elle-même était récusée. Aujourd’hui, il apparaît qu’aucun des gouvernements des pays censément libéraux pas seulement en économie mais en politique, donc en expression publique, ne songe à remettre en cause – en tant que tel – l’ancien ordre. Il s’agit de le restaurer au plus vite ou à terme. Les politiques gouvernementales, ou plutôt les discours ne varient que sur les délais, et donc sur les pronostics de reprise des anciens automatismes, moyennant ponction des contribuables, payant des renflouements ou des nationalisations provisoires.

J’étais déjà étonné que dans les années 1990, il n’y ait pas eu une critique historique fondée sur Marx pour rendre compte de la dégénérescence de l’Union soviétique – ce qui, à main levée, me paraissait tout à fait possible face au flot de conseils apitoyés de tous les experts en privatisation qui avaient envahi les pays de l’Europe centrale de l’Est, nos banques en fait – et, maintenant, qu’il n’y ait pas la reprise par quelque parti ou quelque personnalité de l’outil marxiste pour étudier la crise actuelle, ses causes, ses conséquences. Rien ! du moins à ma connaissance. Pourtant à simplement lire les bibliographies de Karl Marx, sa préoccupation fondamentale (et fondatrice) pour les salaires et la considération du facteur travail, l’outil est là. Rencontre de l’éthique – la dignité de l’homme – et de la dialectique économique : salaires, prix, concentration. Travaux dans une tout autre époque mais où tout naît et d’abord la doctrine : les années 1830 à 1850. Dès la misère de la philosophie, vient un discours sur le libre-échange… puis travail salarié et capital…pas beaucoup après : salaire, prix et plus-value. Et surtout de la critique historique : révolution et contre-révolution en Europe et surtout les luttes de classe en France 1848 à 1850. Davantage un journaliste qu’un faiseur de livres, un philosophe et un historien qu’un théoricien de politique économique. La pensée et la critique comme outil de la vérité ou de l’idéal ou de la révolution.


[1] - Paul aux Romains XII 9 à 13 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Luc X 38 à 42

[2] - Exode XL 16 à 38 ; psaume LXXXIV ; évangile selon saint Matthieu XIII 47 à 53

[3] - Lévites XXIII 1 à 37 ; psaume LXXXI ; évangile selon saint Matthieu XIII 54 à 58

lundi 27 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - mardi 28 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - lundi 27 juillet 2009


Lundi 27 Juillet 2009

Prier… toute conscience du temps perdue, l’été pluvieux malgré des journées de clarté, de lumière et d’un vrai soleil, l’eau transparente mais montant si vite avec Belle-Ile dans le fond, les vacances des autres, les enfants disant : mon papa et ma maman ne s’aiment plus, maman est à St-N… pour gagner des sous, seuls sous la garde d’une autre mère et de ses propres enfants, leur joie que je m’occupe de leur baignade, contrôle les positions dans l’eau, joie de notre fille avec ces trois garçons autour de son âge, propension à l’affection, l’amitié, la chaleur, la famille, et le gâchis. Bonheur et pitié. Franchise des voix, des regards, six ans, huit ans. Ils me demandent mon âge et évoquent avec douceur les grands parents. On s'éclabousse d'argent à contre-jour, notre fille donnant le signal et conduisant les garçons à travers les rochers, où elle tombe, s'égratigne, pleure, puis repart pas longtemps ensuite, de nouveau suivie, de nouveau les esquisses de nage. La nature, les enfants plus beaux que ce que nous faisons de nos vies. L’intégrisme chrétien et les progénitures. Les enfants de divorcés, la béance de leur nostalgies et de leurs besoins d’amour. Aucune des deux postures où dominent les parents, par leurs conceptions ou par leur immaturité ne me paraît la bonne. Je préfère cette graine de moutarde qu’un homme a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel font leurs nids dans ses branches. Fauchaison parfois hâtive et des buissonnements fruitiers coupés, mais il reste les moignons, désormais mes soins, et l’an prochain. La conception de notre fille, limites de l’image mais grâce sans limite et qui fut si précise dans notre vie à tous trois. Du levain qu’une femme enfouit dans trois grandes mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. Le travail humain, la prière humaine comme les graines et le levain qui décident l’histoire, la vie. Des choses cachées depuis les origines… ? Jésus annonce mais ne dit pas. La clé est là par cette introduction, le thème est la vie, une puissance fantastique, celle de Dieu créateur. Guide : va donc, conduis le peuple vers le lieu que je t’ai indiqué, et mon ange ira devant toi. Dialogue de Dieu avec Moïse, alors que le péché suprême vient d’être commis, se tromper de dieu, se tromper sur Dieu. Moïse et ses colères. Il se saisit du veau qu’ils avaient fabriqué, le brûla, le réduisit en cendres et il versa ses cendres dans de l’eau qu’il fit boire aux fils d’Israël. Moïse prophète de Dieu vers Pharaon, Moïse intercesseur pour son peuple auprès de Dieu. Et pourtan, chef de guerre, chef politique, il n’est pas le prêtre et il n’est pas même axscendant de Jésus puisqu’il est de la tribu de Lévi et non de celle de Juda. Il n’est décisif que selon des limites et des tâches très précises, il n’entre pas dans cette fameuse Terre Promise… il est admirable. C’est Aaron, le prêtre, qui a construit le veau d’or, sur pression du peuple mais il s’y est rendu. Jésus construit Lui-même la parfaite image et totalité de Dieu à procurer aux hommes, Lui-même le corps mystique et le temple définitif. [1] Attente de l’icône, attente du royaume, les graines au creux d’une paume, inertes et sèches. Restaurant du soir, les femmes ayant passé le bel âge qui attendent et finalement avaient un conjoint ou un compagnon. J’y lis une vie, des talents, les dis parfois, apparemment je me trompe car elles ne les ont pas exercés, mais n’ai-je pas vu juste, il y avait la beauté sous le masque fatigué et peut-être l’autre destin qui quand même les suivra dans l’au-delà. Nous sommes tous faits pour l’éternité et y baignons déjà.

fin de matinée.

Ouest-France. « Nicolas Sarkozy hospitalisé après un malaise » . Texte, « a été victime d’un malaise vagal hier matin en faisant un joggnig dans le parc de Versailles … pas de communiqué médical hier… un malaise vagal à quelques jours des vacances ». Photo. prise le 17 Juin à New York. L’Elysée avait communiqué à 19 heures qu’il n’avait « pas perdu connaissance … après trois quarts d’heure d’intense footing ». Pas d’allusion à la nature des examens de la veille. On aurait communiqué « discrètement » le 3 Juillet le bilan d’examens cardiaques et sanguins aux résultats « normaux ». C’était le second bilan après celui publié lors de l’installation à l’Elysée. Hospitalisation secrète en Octobre 2007 toujours au Val-de-Grâce pour extraire « une grosseur dans la gorge ». – Le quotidien de la Bretagne au sens géographique le plus large, premier tirage de France depuis plusieurs années ne commente pas en politique. Editorial sur Obama : le temps travaille contre lui. Le plus dur reste à faire.

Ma kinésithérapeute – cela tombe bien – m’explique le malaise vagal. Du nom d’un nerf allant du tronc cérébral innerver le tube digestif. En cas d’hypoglycémie, le cerveau est protégé par une dysjonction du nerf, on tombe, on ne peut plus bouger ni parler, mais l’on comprend tout ce qu’il se passe. Elle a eu ce genre de malaise il y a longtemps.

Radio de bord. Sortie du président, Val de Grâce, serre longuement les mains du personnel soignant. Garde rapprochée est là, on ne sait si c’est au figuré ou au propre. Claude Guéant est là, Carla Bruni-Sarkozy souriante, salue de la main. Personne ne va aux micros. « Tout ce petit monde s’engouffre dans les voitures officielles, aux fenêtres teintées ». Que dirait-on du grand monde ? Le visage du président ne porte aucune marque de fatigue, du moins à distance.

fin de journée

Je prendrai l’AFP demain. Présidence du conseil des ministres, mercredi. Déplacement demain au Mont-Saint-Michel annulé. En fait trois semaines, un mois de repos, mais .Nicolas Sarkozy est incapable de changer de rythme ni de manière. Il lui faut tout faire, tout signer, tout décider, être partout et tout le temps. Certitude que c’est plus grave qu’on ne le fait savoir. Pas de communiqué médical, second malaise probablement en un mois. – Discussion avec nos hôtes, syndrôme de Gilles ou Guy de La Tourette, les gestes difficilement réprimés dans leur désordre et leur incohérence subite, les grossièretés éructées dabns le vide au besoin. En meurt-on ? politiquement pas encore. Pathologique et se gérant mal, par boulimie pathétique d’exercer le pouvoir en ne le déléguant en rien, et surtout pas la signature, la propriété de l’acte de décider. Peu importe en quel sens ou en court-circuitant fonction ou personne.

[1] - Exode XXXII ; psaume CVI ; évangile selon saint Matthieu XIII 31 à 35

dimanche 26 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - dimanche 26 juillet 2009


Dimanche 26 Juillet 2009

Prier… [1] une grande foule le suivait… il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit… quand ils eurent mangé à leur faim… ils étaient sur le point de venir le prendre de force et faire de lui leur roi. Les dialogues de Dieu avec Samuel sur la monarchie et les fables de La Fontaine sur les grenouilles. Circonstances pratiques et psychologiques d’un enseignement. Jean ne rapporte pas cet enseignement, mais les mouvements de la foule et les dialogues du Christ, sur des points pratiques avec deux de ses disciples, Philippe et André. De ce dernier, nous n’avons que cette phrase et celle où il annonce à son frère Pierre que le Messie est Jésus [2]. Il est l’agent de l’histoire. L’ensemble du miracle de la multiplication des pains et des poissons se déroule comme une incise dans la journée du Christ qui cherche à se retirer, à se reposer et à s’isoler. Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience. Des vertus messianiques, non plus une exhortation sèche et impérieuse, les commandements laissés à Moïse, mais des traits de comportements. Elisée, comme sans doute beaucoup de prophètes, avait précédé le Messie dans ce genre de miracles. Ils mangèrent et il en resta, selon la parole du Seigneur. Miracle qui n’est pas a nihilo. Le hasard fait qu’il y a une amorce, le cadeau d’un quidam : vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac… Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons… L’orge a certainement une signification, en tout cas le rappel évangélique du prédécesseur de Jésus. Ceux qui donnent et leur fécondité. Dieu se sert de l’offrande et de la disponibilité.

Plage à la pointe de la presqu’île de Quiberon, des lames de rochers bruns-rouges, l’eau limpide et plate. Notre petite fille se déplace avec une agilité et une tranquillité animales, chapeau d’enfant 1900. Je suis dans un autre monde, celui qui me plaît, si tranquillement.

L’attentat d’Orsini contre Napoléon III arrivant à l’Opéra, le tournant du règne. – De retour des brocantes à Erdeven, avec nos amis, ma femme annonce. Sarkozy, hospitalisé au Val-de-Grâce, malaise en faisant un trop long jogging. Fin de la matinée. – Nous prenons les « nouvelles » en revenant, radio de la voiture. Sources, l’Elysée, Claude Guéant mais en communiqués. Aucune inquiétude, report de la nomination des secrétaires d’Etat qui devait se faire demain. A quelques jours des vacances. Val-de-Grâce. Encéphalogramme, IRM. Malaise vagal. Communique avec les personnels soignants. – Cela n’a donc rien de cardiaque, c’est plus général, c’est plus grave, il ne communique donc pas avec ses collaborateurs. Le pavillon de la Lanterne est du domaine de Matignon. Il s’accapare les locaux comme il s’est accaparé les attributions du GLAM il y a quinze jours, la centralisation du renseignement en début d’année. – Souhaits et vœux de Martine Aubry et de François Bayrou.

Quand l’événement vous donne raison, mais que vous n’êtes guère publié dans vos pronostics et que, bien entendu, vous n’aurez aucun profit à tirer de l’événement, on est abasourdi. Dans la campagne de 2006-2007, je savais que nous avions affaire à un psychopathe. Depuis mon entretien avec l’entraineur de tennis de Pierre Messmer et depuis que j’ai vu le Président discourir sous la coupole, attablé à son pupitre avec des mimiques et des jeux de mains de guignol – jusques là je n’avais ressenti que la vulgarité de la voix, du débit et des tutoiements – je le savais dopé, la pupille, l’œil. Les deniers portraits-photos. montrent un visage marqué, raviné, creusé. Donc, pas de second mandat et syndrome de Chirac, abattu en Septembre 2005 et laissant à la dérive la fin de son mandat, les velléités successorales de Villepin : explication décisive de l’accession de Sarkozy au pouvoir, dans la tolérance unanime de tout un camp et la timidité d’un autre qui n’a jamais fait de l’élection de 2007 une question de déséquilibre psychologique. – Ségolène Royal ne communique pas, c’est bien. – Balkany, la voix affreuse, du genre de celle de Michel Crépeau, commente en « familier du président de la République », quasi-officiellement, mais cela donne certainement le sentiment de l’UMP. Suractivité. Il ne dit pas qu’on ne voit pas les résultats ni le bénéfice de cette suractivité.

Les commentateurs ne font pas état d’une marée humaine boulevard de Port-Royal (il y en eût pour l’arrivée héliportée de Pierre Bérégovoy : j’y étais, côté des chambres de l’hôpital) ni de prières pour le rétablissement du souverain. – Vagal ?

On voit l’avantage d’avoir maintenu la fonction du Premier ministre. L’Etat continue, même s’il y a le ridicule de ne pas divulguer par défaut de l’afficheur, la liste des sous-ministres.

[1] - 2ème livres Rois IV 42 à 44 ; psaume CXLV ; Paul aux Ephésiens IV 1 à 6 ; évangile selon saint Jean VI 1 à 15

[2] - Jean I 41


jeudi 23 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - jeudi 23 juillet 2009

Jeudi 23 Juillet 2009

Prier… [1] je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. … Heureux qui trouve en lui son refuge. Depuis la fin de mon adolescence, après la découverte, de l’extérieur, de la vie monastique (chercher, une vie durant, ce « Dieu plénitude d’attraits », résumé d’enseignement : « Dieu seul leur suffit ») avec le portrait idéal que trace du moine tel ou tel qui en est mais dont la suite de l’existence montre que lui-même a souffert… et a sa version pour arranger sa propre vie… la découverte alors de la prière des heures et et jours, les psaumes, divination psychologique du cœur humain autant que présentation du cœur de Dieu, les psaumes chant de la parfaite incarnation, cela depuis des décennies maintenant et voici le temps des Proverbes, la réflexion à premier abord si amère parce que d’expérience et de douleur, pas tout à fait Job sur son fumier, mais tant de fatigues, d’inanité et d’impasse dans lesquelles l’espérance qui demeure, qui continue de jaillir à chaque lumière, à chaque événement, est un élément de plus pour souffrir, car de notre rive nous voyons l’autre sans cesse, le bonheur est possible, il est là et pourtant. Paraboles vêcu à chaque instant de la présence et de l’absence de Dieu, description si détaillée de nos manques, lacunes, erreurs, versatilités et déceptions que nous ne pouvons nous y attacher, entrelacis complexes de nos culpabilités, de nos remords – pour de grandes choses, sans doute, et maladie de nos âmes, de mon âme – que le sacrement de la rencontre ou de la réconciliation ou de pénitence, n’efface pas car c’est de l’histoire et c’est nous, tels quels, ineffaçables. Tant que nous vivons, nous n’oublions pas, et oublier est-ce demeurer nous-mêmes ? Je ne réponds pas par le contre-souvenir, celui de moments solaires, ni par les irruptions de la paix ou de la lumière, de la tranquillité et de la perception d’un autre arrangement de tout, dans lequel nous commençons d’être déjà.
Je regarde ce matin cette famille de Jésus, le texte connu. Restant au dehors, ils le font demander. … Réponse : Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? Les textes sur le « jugement dernier » : je ne vous connais pas. La réponse au Temple où arrivent épuisés des trois jours de marche et retour, épuisés d’angoisse Marie et Joseph : ne savez-vous pas que je dois être aux affaires de mon Père ? alors que Marie : vois comme ton père et moi… Et à Marie-Madeleine, l’amante, la contemplative, la totale : Noli me tangere… et Lui-même, le Christ sur la croix : Père, pourquoi m‘as-tu abandonné ? A tout cela, qui serait décisif – pas la démarche distraite de l’agnostique, par ailleurs remarquablement outillé intellectuellement voire scientifiquement, et équilibré affectivement, mais qui pour la « question de Dieu » a des énoncés pis que puérils – la démarche de celui qui cherche ou de celui qui tombe, la démarche du désespéré, de l’épuisé – à celui-là, il est seulement dit : voici ma mère et mes frères. Et qui sont-ils ? ceux précisément que Jésus enseignait et regarde avant de commenter : En parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : ‘Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère’. Réponse qui projette dans la vie, dans l’action, la responsabilité, la prière, la relation à Dieu celui qui était prostré dans les déjections de sa seule existence. Paul… la vie aujourd’hui, dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi.
Me relisant... cette famille de sang... de Jésus (le sang du Christ versé sur la croix...), elle reste dehors. Pourquoi ? des places assises ? un droit sur Jésus, l'interrompre, le convoquer ? qu'a-t-elle à lui dire ? et pourquoi n'entre-t-elle pas se mêler, se tasser certes, pour écouter ? Beaucoup de gens étaient assis autour de lui, et on lui dit : 'ta mère et tes frères sont là, qui te cherchent'. Ils ne trouvent pas puisqu'ils n'entrent pas... ils ne cherchent que le Jésus qu'ils conanissent, qu'ils ont charnellement et pédagogiquement, historiquement et culturellement, Nazareth, telles dates, produit et fabriqué.
Prier… demander… m’ouvrir

Quel est le pays où les magistrats et toute la profession judiciaire, le corps préfectoral, l’ensemble des personnels hospitaliers et thérapeutiques, l’armée enfin sont hostiles à un président lui-même impopulaire selon tous les sondages, et cependant assuré d’être réélu dans sa fonction si le choix était à formuler maintenant ? La France sous Nicolas Sarkozy. Un pays où l’opposition n’est efficace que dans la majorité dite présidentielle et où le meilleur coup est le croc-en-jambe ? La France actuelle : défier le président régnant sur le projet, les projets auxquels il dit tenir, le travail dominical, la loi sur le téléchargement illégal. Un président de la République jouant l’ordre du jour et le déterminant, et sa majorité jouant les impossibilités techniques ou le chantage aux vacances des ministres qui ne peuvent décemment partir avant les députés.

Comme à Carcassonne au début de l’été de 2008, l’armée au pilori, les feux à Marseille sont sa faute. J’ai tendance à déplorer la malchance. Je préfèrerai que la critique porte sur le ratage du Charles-de-Gaulle et évidemment sur notre retour dans l’OTAN. Mais le ridicule : le Premier ministre et deux ministres, à l’appel de Gaudin… les régionales se jouent maintenant. De Gaulle tout simplement avait reçu le maire de Fréjus « quand le barrage a craqué », puis y était allé : pas de noria de ministres, pas de colère homérique, la compassion sobre, sans sondages sur les retombées du geste.

Le Canard enchaîné – chaque semaine davantge – montre une politique jouée à guichets fermés par une série de gens voulant des places ou tâchant de garder celles qu’ils ont. Les crises économiques n’ont jamais profité à la gauche : 1936-1937 ou 1991-1993 qu’elle soit au pouvoir comme alors, ou qu’elle soit dans l’opposition. La gauche gagne par exaspération politique des Français, par indignation, par lâchage d’une partie des électeurs du président régnant : cas-type, Giscard d’Estaing assuré de sa réélection six mois avant la date. Les dimants à l’époque, le genre finalement. Aujourd’hui, la psychopathie : chacun a un psy. qui lui apporte un diagnostic qui crève les yeux rien qu’à lire la notice du Who’s who ? avant tombée de la particule et quand il y a encore des aveux de mariage. Et dans le cas 1980-1981, Mitterrand y est pour moins que la gauche, et que le vote d’hostilité, puis que Michel Rocard a davantage les sondages et les sympathies que lui.

Le Monde reste « mon » journal pour un papier du genre que celui signé à la date d’aujourd’hui par Isballe Mandraud. La nécrologie de Maurice Grimaud. Tout ce qu’elle écrit est vrai et cohérent et laisse pressentir que, le visitant régulièrement, comme nous en avions convenu, nous aurions intensément creusé. Notre rencontre a été tardive, il y a seulement quinze mois, mais totale, comme je l’ai couriellé à ses enfants. Nos deux conversations ont eu pour unique sujet, non des épisodes de carrière ou un témoignage pour l’histoire, mais l’Etat, le service public et l’allure de ceux qui en sont les chefs. Aujourd’hui… la même page 23 donne le portrait d’un Georges Valbon, éphémère patron des Charbonnages de France. Le patriotisme et la cohérence des communistes quand ils étaient nombreux. Cheminement inverse des socialites : plus ceux-ci prolifèrent et tiennent le pouvoir, plus il s’affadissent, alors que les communistes ne le sont vraiment qu’au pouvoir. Maurice Grimaud, plus écrivain et réflexif que toute sa carrière dans l’action et la décision ne le laissait apercevoir. Un grand témoin, certes des « événements de Mai », témoin-acteur au même titre que les minitres ou le Général lui-même, mais un témoin d’une époque de la France qui était grande uniquement par ses grands serviteurs, les performances et autres, étaient seconds.

Comme prévisible, banquiers et politique sont d’accord pour faire croire universellement que la crise est virtuellement dominée, alors que chaque jour un nom célèbre met la clé sous la porte, au moins en France. Les bonus et sur-salaires reprennent, et l’échec du G 8 ou G 20 à Laquila – chacun persévérant dans le cavalier seul et la responsabilité exclusive des Etats – ne sert pas de leçons, on attend du prochain G l’encadrement des rémunérations des dirigeants. Septembre, la crise – dans ses aspects voyants – aura déjà un an.


[1] - Paul aux Galates II 19 à 20 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Marc III 31 à 35

lundi 13 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - lundi 13 juillet 2009


Lundi 13 Juillet 2009

Prier… la saint-Henri, naguère fêtée le 15, mon père, notre projet… il ne perdra pas sa récompense, dans une ambiance échangiste et rituelle, peut-être ne pouvait-on dire autrement pour saluer l’abnégation et la foi de celui qui accueille, vérité aussi de la psychothérapie, pour gagner il faut perdre. Les évangiles, l’Ecriture, la Bible entière ont eu ces sagesses de l’âme autant que la présentation des comportements les plus audacieux, à commencer par celui de Dieu-même. [1] Jésus acheva ainsi de donner ses instructions aux douze disciples, puis il partit de là pour enseigner et prêcher dans les villes du pays. Dans l’Ecriture, y compris l’Ancien Testament, toujours deux lectures possibles, la littéralité, et souvent des conseils, des enseignements, des anecdotes ou des récits qui peuvent scandaliser ou paraître banaux. Soit. Mais aussi, mais surtout le Christ, préfiguré ou le Christ parmi nous, son comportement, sa nature et ses faits et gestes, ses réactions d’homme dans son époque et qui sont pourtant ceux de Dieu, un Dieu que nous pouvons cotoyer et regarder parce qu’il est le Christ, Dieu fait homme. Les disciples et leur départ en mission, une sorte de récréation qu’ils vont vivre avec sérieux et enthousiasme, tandis que Jésus comme au désert où il sera tenté en conclusion de quarante jours, disparaît. Silence, discrétion, insaisissabilité même en tant qu’homme. Il a prêché la rupture : oui, je suis venu séparer… la conciliation : qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste, recevra une récompense d’homme juste… la révélation tranquillement dite quoiqu’à mots si couverts : qui vous accueille m’accueille, qui m‘accueille accueille celui qui m’a envoyé. Toutes les relations humaines, entre semblables et avec Dieu, sont là, dites et vêcues. Etre. Tandis qu’est rappelée le désordre social et les circonstances et causes des malheurs politiques et économiques quand monte la méfiance et apparaît le racisme : les fils d’Israël sont maintenant un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. L’exacte redite par l’Exode des conditions de l’immigration en Europe et des réflexes qu’elle a engendrée dans nos oublies dans nos oublis des « années glorieuses » avides de main d’œuvre. Il n’avait pas connu Joseph. … tous ces travaux étaient pour eux un dur esclavage… Le lien entre les deux propositions scripturaires est notre prière, notre espérance : comme un oiseau, nous avons échappé au filet du chasseur ; le filet s’est rompu : nous avons échappé. Peut-être par ce glaive qu’apporte le Christ : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Celui d’un autre ordre, celui d’une révélation, d’une réconciliation : celui qui ne prend pas sa croix n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra. … Finalement, Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : ‘ Tous les garçons qui naitront chez les Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles.’ L'ensemble est mystérieux et dense, la journée portera tout cela, l'Ecriture est rencontre, Dieu ne se résume pas.


Des manifestations d’organisations juives sur la voie publique, des réclamations pour un verdict « plus sévère ». La décision des assises jugeant Fofana et ses camarades a pourtant été très documentée, très travaillée, selon le procureur général, et aller en appel pour alourdir d’un an ou deux les peines édictées ne règlera en rien – s’il s’agit de cela – le problème posé par l’antisémitisme. C’est pourtant l’appel qu’exige la nouvelle garde des Sceaux. Plusieurs démonstrations : la première, les fruits de la communautarisation en France, évolution inimaginable il n’y a pas trente ou vingt ans et qui marque notre génération, qui constitue un tournant, que je considère désastreux, dans notre vie nationale. Une série de place-fortes, une série de groupes de pression. Encore heureux, ces communautés ne s’en prennent qu’à l’Etat ne les favorisant ou ne les soutenant pas assez, ce n’est pas encore le choc des communautés mais cela va venir… La seconde est que le parquet – censément composé de magistrats indépendants – est aux ordres de la chancellerie. Il n’y a pas dix ans on était dans une dyanmique inverse : fallait-il ou pas que l’Etat, le gouvernement du moment, perde tous les moyens d’une politique judiciaire et donc d’un certain projet de société et de philosophie pénale. La troisième est que ce sont les Juifs et non d’autres composantes de notre nationalité qui ont « commencé » ce processus de communautarisation. – Factuellement, on apprendra sans doute plus tard que la victime était finalement beure mais pas juive et que ses tortionnaires ont choisi son identité pour faire monter les enchères. Au départ, rien de raciste, rien de communautaire, mais le mélange si dangereux et dont les composantes restent réunies – assises ou pas – de la cruauté gratuite dont presque chacun de nous est capable, et du désoeuvrement, qu’avivent le langage et les comportements de défi d’une classe d’âge et de son « éducation ».

[1] - Exode I 8 à 22 ; psaume CXXIV ; évangile selon saint Matthieu X 34 à XI 1

mercredi 8 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - mercredi 8 juillet 2009


Mercredi 8 Juillet 2009

Prier… [1] nos saints familiers, ceux dont le nom, le visage et la vie nous reviennent, qu’ils soient « officiellement » reconnus ou pas. Dans l’Ancien Testament, ce n’est pas d’officialité reconnue par une quelconque hiérarchie qu’il s’agit, mais d’une vraie généalogie dans la relation avec Dieu. Cette recherche que nous entendons rapporter sous des formes diverses : les conversions dans nos entourages à l’Islam, probablement le même genre de scandale ou d’amicale tolérance que les Juifs puis les « païens » quand le christianisme se propagea. Ce mouvement a sa profondeur, apparemment identitaire et qui peut interroger pour le dehors, il a sa réalité, une répudiation du matérialisme et du mouvement actuel de nos sociétés. Le mot – juste – de Martine Aubry, parce qu’elle est politique, n’a pas été entendu, était-elle d’ailleurs la première à le prononcer : notre époque post-matérialiste. Ce que je recherche dans les signes contradictoires de ce temps, c’est la liberté. Non la mienne, mais celle des autres, nous libérons-nous ? Joseph et son histoire, apparemment politique de bout en bout quand il est le principal ministre de Pharaon pour avoir prévu la disette. La relation en fratrie, ce que chacun de nous a vêcu ou peut vivre, du meilleur, du pire, les jalousies in utero… Joseph reconnaît ses frères mais quoi qu’il dise – l’essentiel : je crains Dieu – les siens ne le reconnaissent pas. Dieu veille sur ceux qui le craignent. Rejoindre l’autre par là, par le point véritablement commun qu’il soit croyant ou incroyant, insolent ou apaisant. Voici les noms des douze Apôtres… allez plutôt vers les brebis perdues. Mouvements divers dans l’évangile mais orientation assurée dans les Actes des apôtres. Aller vers les païens ou rester dans le cercle initial des Juifs et de la synagogue. L’Eglise catholique, au moins en Europe, en est à cette hésitation. Solution ? notre affectivité, les mouvements de pitié du Christ, la supplication de Joseph que ses frères vont assassiner…Joseph se retira pour pleurer.

Je reviens sur cette sensation-pensée de tout à l’heure, le choc des religions qui serait l’acmée du « choc des civilisations », comme il y eut celui des idéologies : communisme, marxisme, fascisme, nazisme. On ne s’en sort, et pour le bien commun de l’humanité, que par l’approfondissement, la reconnaissance des analogies dans les erreurs, les déviations, les comportements (en religion, les intégrismes et la bêtise, les débats sur les langues, les costumes, les rites), et positivement par le retour aux textes fondateurs d’une part, paisiblement mais avec sérieux (Bible et Coran à reprendre en profondeur, à la lumière de l’autre, de la compréhension que nous donne l’autre de son livre saint, compréhension que j’ai la chance de pouvoir solliciter), et plus encore par la prière, la prière chacun, et de chacun, selon ses habitudes, sa sensibilité, le legs reçu, l’expérience propre, mais aussi la prière ensemble : l’homme devant Dieu, silence et voix. Quel chemin… à vivre.


matin

Vers huit heures, coupure du courant. Téléphone aussi. Service de dépannage technique, heureusement nous avons des téléphones portables. Boîte vocale avec diverses options. On tombe sur le RDF, le réseau de distribution. Ce tournant – en 1995 ? en coincidence avec l’élection de Chirac ? – ayant fait instituer ces réseaux pour les chemins de fer et pour l’électricité. Résultat pour nous et pour l’usager en général, panne des investissements : les histoires de caténaires de la SNCF, les sabotages et autres terrorisme ayant très bon dos, sans compter le refus depuis vingt ans de supprimer l’intégralité des passages à niveau, travaux locaux coûteux sans doute mais étalés sur vingt ans, depuis la prise de conscience aux premiers drames… ce matin, ligne à haute tension qui… ou que… pas de prévision de reprise. Il est vrai que le serveur donnait, une fois énoncé le code postal, les localités touchées. Vulnérabilité des équipements, vulnérabilité du système soit de la délocalisation des interlocuteurs, hors hexagone, soit de la téléphonie automatique. Guerre électronique, conflit nord-sud, alerte atomique : la paralysie et les affolements comparés à Juin 40….

Electronique précisément, les inscriptions en facultés (Paris, Lyon, Toulouse) techniquement défectueuses ou impossibles pour les nouveaux bacheliers, et les changements de collèges ou entrées en collège (un autre ministère de tutelle) également en panne. UNEF et associations de parents réclament des « remises à plat »…

Une réunion de députés de la majorité hier : Sarkozy se représentera en 2012. Martine Aubry réunit ses hiérarques à Marcoussis (le rugby rentabilisant ses vestiaires et salles de réunions) : 2012 aussi. Pouvons-nous attendre près de trois ans encore pour être enfin dirigés, orientés, administrés, représentés, incarnés au niveau national ?

Sondage Les Echos-BVA. Près de 60% des Français jugent mauvaise la politique économique du « gouvernement » - je mets les guillemets parce qu’il est manifeste qu’il n’y a plus de gouvernement, parce qu’il n’y a pas de délibération collégiale et parce qu’il n’y a plus de ministres. 52% hostiles au principe-mêle du « grand emprunt ». On était à plus de 80% il y a trois semaines, ce que le commentateur ne semble pas avoir mémorisé, tout simplement parce que ce n’est pas la même officine de sondages ! Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu chez nous un tel décalage entre l’annonce d’un emprunt, en simples termes politiques, et son effectivité, six-huit mois ensuite avec entretemps débat public et médiatisé pour ses caractéristiques techniques et pour l’affectation de la ressource produite.

En regard, l’économie partout s’ajuste d’instinct. Celui des salariés reste à l’apathie, première forme du désespoir qui peut se transmettre de génération en génération avec les délabrements sociaux et familiaux qui vont avec. L’instinct et la manière des entrepreneurs est ultra-simple : les licenciements ce qui n’est pas nouveau, la diminution consensuelle (ou au chantage) des salaires… Nous avançons vers l’Eden. Depuis plusieurs décennies, le « management » se sent invulnérable malgré l’accumulation des évidences : ses erreurs stratégiques, son dédain pour les Etats et les représentations syndicales, l’avidité d’une grande partie de ses membres puisque ne pas s’enrichir personnellement passerait pour une lacune. Tandis qu’en regard le salariat se sent en impasse de l’Histoire : doctrinalement et économiquement, il deviendrait facultatif. Le lest à jeter, c’est la main d’œuvre. Dans l’espèce française, le refus gouvernemental d’une relance par la consommation et l’attente d’un redressement par les investissements confirment que l’homme est secondaire, même statistiquement.

Nicolas Sarkozy y ajoute – c’est sa marque personnelle, par rapport à tous ses prédécesseurs sous la Cinquième République : toute personnalité de renom, ou d’expérience, ou de position, s’achète. En tout cas, le pouvoir en place peut la mettre en position d’attente d’égards, de nomination. Donc en réputation de caution ou de collaboration. Première génération : Jack Lang et Claude Allègre. L’actuelle : Richard Descoings (Sciences-Po. Paris) et Eric Fotorino (écrivain et directeur nominal du journal Le Monde). Ce qui ne doublonne pas les « ministres d’ouverture ».

[1] - Genèse XLI 55 à 57 & XLII 5 à 24 ; psaume XXXIII ; évangile selon saint Matthieu X 1 à 7

lundi 6 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - lundi 6 juillet 2009

Lundi 6 Juillet 2009

Prier… [1] l’Eglise redonne le récit de l’autre dimanche, l’hémorroisse et la résurrection de la fille de Jaïre. Mise en scène de deux actes de foi. Le notable comme la malade ont cependant leur idée : Jésus devra imposer les mains à la mourante, toucher le vêtement de cet homme sera salvateur pour l’infirme. L’un et l’autre s’approchent. Jésus est disponible : il suit aussitôt le notable, il ne prend pas mal le geste fétichiste de l’hémorroïsse. Confiance, ma fille. Ta foi t’a sauvée. Et non pas : je te sauve ! ou, j’arrive pour la sauver. Jésus, silencieusement, se laisse faire, il cristallise notre foi, il la constate. Simplicité totale. L’évangile ne donne pas la réaction des miraculés, mais des témoins, c’est-à-dire la propagation de la foi (locution forcément abîmée puisqu’elle a intitulé ensuite des services du Vatican, mais des institutions sans nom ?). En revanche, dans l’Ancien Testament, avec les patriarches, puis par les prophètes, Dieu est prolixe (si l’on ose l’écrire ainsi). Le songe de Jacob (l’échelle que verra aussi Nathanaël dans le Nouveau Testament à l’invite du Christ). Jacob, héritier par supercherie et usurpation, a le sens du spirituel. Il sait lire ses rêves, il sait discerner ce qu’il lui arrive et où il se trouve, et cela en toute humilité : vraiment, le Seigneur est dans ce lieu ! Et moi je ne le savais pas. Jacob, ce que n’avaient fait ni Abraham ni Isaac, prend l’initiative, en réponse à ce songe qu’il a identifié comme parole de Dieu, d’un pacte avec Celui-ci. Si Dieu est avec moi, s’il me protège sur le chemin où je marche, s’il me donne du pain pour manger et des vêtements pour me couvrir, et si je reviens sain et sauf à la maison de mon père, le Seigneur sera mon Dieu. Cette pierre dont j’ai fait une stèle sera la maison de Dieu. La vie entière, l’existence d’un homme sont ainsi vouées dans leur détail et leur nécessité. Une vie spirituelle, une relation à Dieu commence. Le conditionnel n’est pas incrédulité ou forfanterie – il est, je crois, demande très sérieuse et adulte d’un homme à Dieu, d’un homme qui s’embarque en Dieu, c’est une vocation à la suite d’un signe et d’une proposition : voici que je suis avec toi ; je te garderai partout où tu iras, et je te ramènerai sur cette terre ; car je ne t’abandonnerai pas avant d’avoir accompli ce que je t’ai promis. Nos vies sont placées dès leur commencement sous le signe d’une promesse : accompagnement et accomplissement.

matin

Une déclaration-commentaire que je prends (France-Infos) en cours d’émission. Un dirigeant russe : Medvedev, Poutine, Lavroff, je ne sais, mais peu importe. Enfin, un dire réaliste et vrai sur les relations internationales aujourd’hui. Prochaine rencontre avec Obama se déplaçant à Moscou. Il y aura beaucoup de bonnes paroles, dit mon homme, mais peu de résultats concrets. Les Etats-Unis et la Russie ont des intérêts divergents sur presque tout. D’ailleurs, Obama garde et gardera l’essentiel des orientations de l’administration Bush. Peut-être quelque progrès sur un accord stratégique, auquel nous avons chacun intérêt. Même franchise, elle des Israëliens sur l’Etat palestinien, le statut de Jérusalem et le gel des colonies. Continuer de parler d’un processus de paix : lequel ? Ehud Barak avec un beau cynisme car il négocia à la dernière minute du mandat de Bill Clinton exactement le contraire de ce qu’il professe aujourd’hui. Au moins, les Russes sont-ils continus… comme l’étaient les Soviétiques. – En regard, l’avidité des Européens à entendre de bonnes paroles, la moindre miette : le salut par Sarkozy du discours de Bush à son dernier sommet atlantique, à Bucarest l’été de 2007. Avidité que ne paye pas de retour Obama. Et ce dernier a raison. Pour les dirigeants russes d’aujourd’hui, tels que je les ai pratiqués il y a une quinzaine d’années au moment de leur plus grande humiliation, il est évident qu’être raides avec les Etats-Unis, c’est avoir l’opinion publique (et nationale) avec soi. Tandis qu’en France, on émascule, médias aidant, l’opinion et le fin du fin, c’est d’être au mieux, photos. à l’appui, avec les Etats-Unis (et Israël).

Hénin-Beaumont. La coalition hétérogène au possible du Front républicain l’emporte de 250 voix ce qui fait 25 sièges et pour l’équipe Le Pen 8 seulement. Laurent Joffrin (Libération) : le FN, « ses valeurs, son programme, son comportement », impossible, danegreux, attentatoire, diabolique. Comment peut-on continuer de véhiculer cette dogmatique ? sinon pour camoufler grossièrement que ces « valeurs, programme, comportement » sont ceux pratiqués par Sarkozy et par l’U.M.P., crûment et simplement. Sylvie Pierre-Brossolette (Le Point), fait remarquer que ce Front républicain, c’est le triomphe de la tactique de Sarkozy, et que si Marine Le Pen était devenue maire de Hénin-Beaumont, tout changeait… effectivement, car elle a gagné sept points d’un tour à l’autre. Comment battre Sarkozy, par la gauche ? ou par la droite, en fait par une droite moins à droite et plus française que celle qu’il a médusée et qu’il incarne ?

La fascination pour la personnalité pathologique et le mode opératoire de Sarkozy dont, surtout les opposants, sont victimes, fait oublier une critique au petit point de la politique ou plutôt de l’absence économique et sociale du pouvoir actuel. Exemple, « le grand emprunt » : le voilà annoncé sans qu’on en ait le moins du monde délibéré l’objet ! il a été annoncé pour qu’il y ait quelque chose à annoncer. Chargé de consulter pour l’utilisation de l’argent qu’on récoltera : deux anciens Premiers ministres, Juppé et Rocard, et l’on revient à la critique habituelle – mais chaque fois pour un nouvel événement ou un nouvel aspect – du personnage que nous subissons nominalement à notre tête. Ce besoin de caution, ce besoin de s’attacher des adversaires, de les mettre à ses genoux, car ces deux anciens Premiers ministres n’ont aucune révérence pour lui. L’important est la démonstration que les idéologies et les convictions, voire même de grandes ambitions ne résistent pas à quelques miettes et à quelques caresses. Un des points décisifs de la personnalité du président régnant, c’est son mépris des personnes. Les prendre toujours par le bas, par le plus bas. Se prouver à soi-même sa puissance, à tous les sens du mot y compris le plus intime. Aveu aussi d’un manque de référence personnelle, d’un doute. De Gaulle ne prenait pas d’otage, n’avait pas besoin de caution..

L’affaire du SMS contre la loi Hadopi. Quelqu’un de TF1. Françoise de Panafieu, destinataire personnelle ou en nombre, cafarde : prix de beauté. Le ministère de la Culture intervient et obtient la sanction pour l’émetteur : le privé à la botte bien plus que le public, c’est le paradoxe, assez explicable au fond, du système français aujourd’hui. L’Etat résiste à son chef parce qu’il ne veut pas être démantelé et que chacun de ses agents a conscience qu’il s’agit d’un bien commun. Sarkozy – au bout d’un chemin que lui ont frayé Chirac, Balladur et Jospin – ne croit pas tant au privé (il peut y avoir des systèmes de concession et de cahiers des charges, voire la réinvention de compagnies à chartes) qu’appropriation par le privé.

[1] - Genèse XXVIII 10 à 22 ; psaume XCI ; évangile selon saint Matthieu IX 18 à 26


vendredi 3 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - samedi 4 juillet 2009

Samedi 4 Juillet 2009

Prier ainsi… Jacob béni par son père selon le subterfuge de sa mère Rébecca. [1] L’histoire, très conte, est archi-connue. A la relire, autrement qu’en récit mais en prenant le mot à mot, quelle que soit la traduction, des gemmes : tu vois, je suis devenu vieux mais je ne sais pas le jour de ma mort. Isaac dans cette incertitude prépare ce qui est en son pouvoir, le repas qu’il préfère et la bénédiction testamentaire pour son fils. Esaü, son fils aîné. Le dialogue ensuite entre le père et le cadet sort d’un livre de Perrault : comme tu as trouvé vite, mon fils ! – C’est que le Seigneur, ton Dieu, a favorisé ma chasse. Salomon fils d’un adultère, Jacob notre ancêtre et celui du Christ, par usurpation, il est vrai que nous sommes appelés à la participation divine du fin fond de nos péchés. Isaac est méfiant au possible, intuition humaine mais plan-dessein de Dieu. Le Seigneur, ton Dieu… pour tout charger, Jacob ne paraît guère croyant. Isaac a foi en son cadet qu’il prend pour l’aîné non par l’ouïe qui l’inclinerait à la défiance, non par la vue qu’il n’a plus guère mais par le toucher, abusé, et par l’odeur. Les sens obscurs du spirituel, le tâton de la foi et manifestement le contraire de nos plans propres. Bénédiction appelée de Dieu, primauté sur les autres. Les adages du Christ, personne ne coud une pièce d’étoffe neuve sur un vieux vêtement… on ne met pas du vin nouveau dans de vieilles outres… et ce qui est neuf dans la vie des disciples et dans la nôtre, c’est l’Epoux, c’est-à-dire l’intime, un autrui donné et proche, celui qui fait joie et bonheur par sa seule présence. Revenir ou aller à cette réalité, la réalité, tandis que de toutes parts… la société et les moeurs déréglées, écoûte aux portes, usurpation, Rebecca et Jacob et leur laide complicité, notre monde actuel, noirceurs de chaque génération, notre époque carabinée, Isaac dont on abuse parce qu'il est vieux et se sait vieux.

La lâcheté… non seulement peu d’apport à l’intellect national, mais la manière de faire troupeau. Point zéro du Modem, imprudemment appelé par les organisateurs (pas par les commentateurs), re-fondation. Lettre ouverte de deux cent quadres du mouvement à François Bayrou : pourquoi ouverte ? réorientation et surtout changement de mode de gouvernement, et pourquoi pas de chef. Si aux élections européennes, François Bayrou et les listes qu’il a patronnées avaient été seconds ou troisièmes, il n’y aurait pas eu cette lettre. Le trésorier du mouvement, ministre depuis la semaine dernière. Argument de Nicolas Sarkzoy pour le « grand emprunt national » : prendre au mot, croit-il, les socialistes qui proposent un emprunt européen. Or, c’est tout différent.

Daniel Cohn Bendit : réunion environs de Paris d’Ecologie-Europe. Les régionales comme le Modem, Mars 2010, et l’on sera aussitôt à deux ans de l’élection présidentielle, et dès celle-ci, on sera à la suivante puisque censément le président sortant ne pourra se représenter (révision constitutionnelle en ce sens, entre autres, en Juillet dernier). Le métier partout … les élections tout le temps à préparer, faire vivre aux militants et aux électeurs, à commenter ensuite… les ministres-maires… l’abolition du mécanisme décisif de séparation, non des pouvoirs, mais des fonctions : un membre du gouvernement ne retrouve son siège que devant les électeurs, jamais automatiquement.

Nicolas Sarkozy n’était pas à Marseille. Défilé de trente mille personnes contre les « avions-poubelles ». Comoriens ? ou Marseillais solidaires ?

Ma femme, retour de Paris : les mannequins dans les boutiques de fringues aux alentours des Grands Magasins, boulevard Haussmann, sosies d’un unique modèle, Carla…

Entretien Olivier de Lagarde avec Christian Loison, président de Mikko-France. Depuis l’année préparatoire de Sciences-Po. (l’A.P.) Septembre 1960, j’ai compris que –France, voulait dire contrôlé par l’étranger et simple filiale; Mikko c’est Unilever. Une politique économique devrait avoir deux soucis, et pas trois : les travailleurs (en fait, moyens de vivre et dignité de la personne par l’utilité sociale et le regard mutuel des hommes et des femmes les uns sur les autres = travail, garanti par la déclaration universelle de 1948 – d’inspiration française, René Cassin, Henri Laugier, article 23), le patrimoine. Aujourd’hui, faire notre inventaire : le démantèlement de la protection sociale et du droit de la participation de tous à l’économie comme producteur et pas seulement comme consommateur obligé – et le patrimoine, que reste-t-il en France de direction ou de propriété majoritairement nationale ?Accessoirement, l’entretien montre que le meilleur gisement d’études de psychosociologie d’un pays, des Français en particulier, c’est le marchéage.

[1] - Genèse XXVII 1 à 29 ; psaume CXXXV ; évangile selon saint Matthieu IX 14 à 17

Inquiétude & Certitudes - vendredi 3 juillet 2009

journal d'il y a quarante ans - jeudi 3 juillet 1969

+ Jeudi 3 Juillet 1969


minuit vingt



Sourire de Bourvil.
Instant de grâce : Papa . Maman et moi devant la TV

_

Pompidou : enlever toute aspérité à la politique du Général
supprimer ce qui fait mal (uébec . Moyen-Orient . Viet Nam . UK)
Priorité à l’intendance . Faire plaisir . L’opinion publique d’abord .
Structures mises en place / sorte de super Premier ministre .
Pv personnel accentué . mais sans recul de vue . de
réflexion .

Sentiment profond . que la place de de Gaulle est à la tête
de l’Etat . Seul à être légitime .

Les Français au fond avaient l’impression que de Gaulle
les faisaient vivre au-dessus de leurs moyens .
Espèce de rage masochiste à rentrer dans le rang .
à faire comme tout le monde .
Le bon sens . . . le réalisme . . . le sens du possible .
L’armistice sur toute la ligne . Ne plus faire parler de soi .
Ne pas être en avant . Etre bien élevé .

On ne cesse de parler de continuité dans le changement !
de faire du gaullisme sans de Gaulle .
la politique d’Edgar Faure ou de Malraux . sans Faure ni Malraux, etc.
C’est vraiment le mensonge à l’état pur .

Concert de louange dans la presse : « la magie du verbe »
titre
Le Figaro . . .
En fait . l’ouverture politique est minuscule :
Giscard c’est une réconciliation momentanée . pas une ouverture .
Duhamel et Pleven n’ont aucun caractère . et ne représentent rien .
Alors qu’en 58 . de Gaulle avait fait entrer au Gvt : Mollet . et Pinay .
c’était autre chose !

Le programme ?
Des plus nébuleux . Quant aux relatives précisions .
elles sont de bon sens . ou consistent en analyses mille fois
faites depuis un an . par le Gvt Couve de Murville .

Refus très net . de donner un tour de vis .
et porte ouverte au laisser-aller .
On sacrifierait
Concorde . mais on ne touchera pas aux salaires
et on ne fera pas d’austérité .
Et reprise du « dialogue » avec les syndicats . au lieu
de leur faire perdre l’habitude de l’Etat seul responsable et
centre de décision .

En plus . légèreté et désinvolture qui ne pourront être
supportées longtemps : – le nombre de secrétaires d’Etat
dont . à y regarder de près . on ne voit pas à quoi ils servent .
– le style Chaban-Delmas . En petit marquis .

Et sur le plan essentiel . Pompidou prisonnier de l’opinion publique .
qui a renvoyé de Gaulle sur un caprice . qui a eu le
vertige de tout ce qui n’allait pas . . . a tout remis en cause
d’un bloc – plus de politique extérieure trop en vue
(restes du prestige . mais en même temps la tarte à la crème
de l’Europe . il paraît que c’est l’avenir . et puis plus de
coups de gueule : Québec . Moyen-Orient . Angleterre)
– plus d’O R T F
– du dialogue . du dialogue . . .

D’où un Gvt et une politique qui auraient pu être
ceux de Poher !
_

mercredi 1 juillet 2009

Inquiétude & Certitudes - mercredi 1er juillet 2009

Mercredi 1er Juillet 2009

Prier… [1] artifice, convention et acharnement de nos vies, ces chemins que nous croyons nôtres, des obstinations. – Ma femme, à Paris, me téléphone. Le métro, les transports en commun vers la gare de Lyon. La pauvreté, la misère, cela donne froid dans le dos, quoique la ville soit insupportable de chaleur, de température dès le matin. Les chefs d’entreprises, les politiques n’en ont aucune idée, les élus non plus, tous satisfaits que ces gens vivent ailleurs, en banlieue. Elle arrive de Barbès, le marché sous le « métro aérien », tous ces Arabes, ils vivent presque joyeusement, en tout cas ils survivent avec le sourire, les mauvais garçons qui trainent, rendent quelques services en coltinant et se faisant un peu payer. – La réalité française est là, les débats sur la burkha, hier sur le foulard, nos communautarisations. En fait, il y a des ghettos, nos banlieues, il y a des camps de rétention, des espaces mentaux et physiques de non-droit. La politique-parole, les médias-spectacles-people et autres bling-bling sont complètement hors sujet pour le grand nombre. – Ici, les meules de foin édifiées à la fourche antan sont aujourd’hui ces énormes rouleaux, en deux semaines, la campagne a jauni. Evidence du couple dès la Genèse. – Jésus arrivait sur l’autre rive du lac, deux possédés sortirent du cimetière à sa rencontre… et voilà que toute la ville sortit à la rencontre de Jésus, et lorsqu’ils le virent, les gens le supplièrent de partir de leur région. … l’affaire des possédés. Les ghettos d’alors… je ne devinais pas que cette lecture enchainerait ainsi sur l’appel de ma chère femme. L’exclusion non seulement des malheureux mais de Celui seul qui pourrait remédier à nos dérangements. Un prix tout de même : le troupeau de porcs, du bien sont perdus. La société ne le veut pas. L’enfance d’Ismaël. Dieu fut avec lui, il grandit et demeura au désert et il devint tireur à l’arc. Il demeura au désert de Parane, et sa mère lui choisit une femme du pays d’Egypte. La mère célibataire, un métier, un mariage, une société. Abraham dominé par Sara, celle-ci raciste : le fils de cette esclave ne doit pas partager l’héritage de mon fils Isaac. Douceur, mansuétude de Dieu, confident d’Abraham, entre « hommes », la question se règle au mieux : ne t’irrite pas… accorde à Sara … mais je ferai aussi une nation du fils de l’esclave, car lui aussi est né de toi. Sérénité de l’Ancien Testament et tohu bohu du Nouveau : Jésus dérange, Yahvé arrangeait. La nouvelle société… des riches ont tout perdu, ils ont faim ; qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien. … Notre Père, que votre règne arrive.


matin

Ma femme, à Paris, me téléphone. Le métro, les transports en commun vers la gare de Lyon. La pauvreté, la misère, cela donne froid dans le dos, quoique la ville soit insupportable de chaleur, de température dès le matin. Les chefs d’entreprises, les politiques n’en ont aucune idée, les élus non plus, tous satisfaits que ces gens vivent ailleurs, en banlieue. Elle arrive de Barbès, le marché sous le « métro aérien », tous ces Arabes, ils vivent presque joyeusement, en tout cas ils survivent avec le sourire, les mauvais garçons qui trainent, rendent quelques services en coltinant et se faisant un peu payer. – La réalité française est là, les débats sur la burkha, hier sur le foulard, nos communautarisations. En fait, il y a des ghettos, nos banlieues, il y a des camps de rétention, des espaces mentaux et physiques de non-droit. La politique-parole, les médias-spectacles-people et autres bling-bling sont complètement hors sujet pour le grand nombre. – Ici, les meules de foin édifiées à la fourche antan sont aujourd’hui ces énormes rouleaux, en deux semaines, la campagne a jauni.

après-midi

La misère du monde… tandis que j’essaie de rédiger quelque chose pour savoir ce que je comprends moi-même de ce pays qui m’est cher : la Mauritanie, en énième comédie électorale… une correspondante m’envoie ceci. J’en écris aussitôt au chef de cabinet du Premier ministre - lui-même, préfet, avec copie au directeur du cabinet du président de la République, lui aussi préfet.

Un Mauritanien en situation irrégulière a été interpellé au début du mois de juin sur son lieu de travail, le commissariat de police d'Orléans (Loiret) dont il lavait les vitres depuis six ans, a-t-on appris auprès du tribunal de grande instance de la ville.
Alassane Tall, 46 ans, a néanmoins été remis en liberté le lendemain car le juge des libertés et de la détention a annulé la procédure d'interpellation pour, explique-t-il dans son ordonnance, "absence de base légale".
Depuis six ans, Alassane Tall se rendait une fois par mois au commissariat d'Orléans pour y nettoyer les vitres. Les fonctionnaires le connaissaient et le laissaient entrer avec son matériel. Mais le 10 juin, un policier lui a demandé ses papiers. Le Mauritanien a alors reconnu qu'il n'en avait pas. Après quelques recherches approfondies, la situation irrégulière du laveur de vitres est apparue au grand jour. Il a aussitôt été interpellé et placé en rétention administrative.
Le JLD du tribunal de grande instance d'Orléans, saisi par la préfecture d'une demande de prolongation de la période de rétention, a annulé la procédure. Il a notamment estimé que "le fait de venir laver les vitres d'un commissariat n'est pas une raison plausible de soupçonner que le laveur de vitres a commis ou tenté de commettre une infraction". Le parquet n'a pas fait appel.
Alassane Tall est arrivé en France en 2002. Il a trouvé du travail dans une société de nettoyage de l'agglomération d'Orléans. En octobre 2008, il avait même défilé au côté d'un collectif de travailleurs sans-papiers et était intervenu à la télévision pour demander des titres de séjour.
Un collectif, animé notamment par le syndicat CGT, tente de convaincre la préfecture de réexaminer la situation d'Alassane Tall. Selon sa porte-parole Estelle Cazalda, "il est dans une position inextricable. D'origine peul, il n'est pas reconnu dans son pays, la Mauritanie, qu'il a dû fuir suite à des tortures subies en raison de ses origines. Il paye des impôts et des cotisations en France, il serait juste que notre pays le reconnaisse", dit-elle.
La préfecture du Loiret n'a pour l'instant pas souhaité communiquer sur cette affaire. AP


Comment n’être pas fatigué ? je le suis. J’entends un Comorien, qui a notre nationalité – son archipel est-il viable ? ne sommes-nous pas dans le texte-même du général de Gaulle faisant le tour de notre outre-mer l’été de 1958 pour l’incliner à voter oui à une Communauté de fait et d’avenir entre ces gens que nous connaissons et qui nous connaissent, et la France, notre grande chose ensemble ? l’époque demande des ensembles – et ce pauvre homme, adjoint au maire d’un arrondissement de Marseille communique excellemment tandis que Dominique Bussereau maintenu, sans sens de sa dignité personnelle, se maintient à son strapontin. Il est ignoble que nos compagnies aériennes nationales se défaussent par transit sur des misérables parfaitement identifiés et qu’Hergé – dans Coke en stock – nous a décrits. Honte à nous. Crésus, à qui – enfin – ses vainqueurs (éphémères) firent boire de l’or en fusion puisqu’il en aimait tant les espèces… cet après-midi, on crie victoire comme si nous étions des haltérophiles de la reprise économique : les immatriculations de voiture ont augmenté de 7% ce mois-ci ou ce trimestre-ci par rapport au précédent ou par rapport à la même époque, l’an passé.

Détermination … un des maîtres-mots de la culture RPR – les leçons de présence sur le terrain – telle que je l’ai subie en tentative électorale à l’automne de 1980 dans le Haut-Doubs. Ce mot, et plus encore : franchise, clarté. Celles des pots de peinture sur les pare-brises de voiture pour illustrer un candidat gaulliste bénéficiant du soutien du « parti » mais ignorant ce que pouvait signifier le dixième anniversaire du 9 Novembre… un sénateur dans l’Isère, soupçonné de pédophilie, la fille de six à onze ans d’une de ses maîtresses… le secrétaire général de l’UMP. Une cirulaire adressée aux restaurateurs le 5 Mai dernier : promesse électorale (en fait, celle de Jacques de Chirac) tenue par Nicolas Sarkozy (Bruxelles, bien bonne…), la TVA à 5,5% moyennant 40.000 emplois créés et une baisse des montants de l’addition présentée en fin de repas (à voir naturellement). La circulaire expose la promesse et en quoi elle a été tenue, et donne les modalités d’adhésion au parti présidentiel. Un restaurateur refile cela aux médias, qui le sorte aujourd’hui : deux mois après, un sur cent vingt mille puisque c’est le chiffre avoué de la diffusion, et s’interroge, si Martine Aubry, après les 35 heures, avait… etc… que n’eût-on entendu ? Xavier Bertrand ne s’émeut pas, aucun clientélisme ce faisant mais joie au contraire : quatre cent nouveaux adhérents (sur 120.000 destinataires, qui a payé le publipostage ?) enfin introduits dans la vie politique, à plein. Sa détermination redouble…


[1] - Genèse XXI 3 à 21 ; psaume XXXIV ; évangile selon saint Matthieu VIII 28 à 34