Vendredi de Pâques 17 Avril 2009
Prier… de la maison du Seigneur, nous vous bénissons ! commencer ainsi, la récapitulation de la veille, voire de la vie entière, que j’amène aux marches de l’autel, un autel qui est un moment du temps que je vis incliné d’âme, mais libre et palpitant de cœur. Oui, que le dise Israël : éternel est son amour. Cela vaut surtout quand on sait ses noirceurs (possibles), quand on vit des impasses et que coûte tout effort. Nous allons avec toi… Or, ils passèrent la nuit sans rien perndre. Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. Il les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? ». Toute notre vie spirituelle (possible) est là. Dieu se repère à sa présence avant même que rien soit explicité ou que nous puissions en prendre conscience. Nos activités, mes activités, notre vie la plus banale et routnière mais avec ses amitiés, son travail, ses obligations – tout cela continue, c’est notre mode d’existence… au lever du jour, Jésus était là dans notre rythme, à nos lieux. Plus que méconnaissable car cela supposerait un rapport au connu, et déjà une identification. Il est inconnaissable, là pourtant. L’initiative, la prise de parole, la question – fondamentalement – c’est lui, ce n’est pas nous, et pourtant ce sont les nôtres, c’est la parfaite réponse que les questions de Dieu, à nous directement et personnellement adressées. C’est le Seigneur ! répartition des rôles, devenu millénaire, dans l’Eglise. Le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : « C’est le Seigneur ». L’autre, la spontanéité-même, dans la trahison comme dans la profession de foi, dans le doute (Jésus marchant sur les eaux et qu’il va rejoindre…), se jeta à l’eau. Or, Jésus, apparemment demandeur, donne tout, d’une part la pêche miraculeuse qui a quelque intérêt matériel pour les disciples mais qui est surtout le « déclencheur » de leur mémoire spirituelle, et d’autre part avait déjà préparé le repas, feu, poisson grillé, pain… En pleine communion et mutuelle présence, Dieu reste insaisissable, et Jésus – il faudrait trouver le mot : intimidant, ne convient pas… nous ne savons pas nous définir devant Dieu et encore moins pouvons-nous définir et même nommer Dieu, pourtant incarné, proche, présent… Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : »Qui es-tu ? ». Ils savaient que c’était le Seigneur. Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson. Echo de la multiplication des pains, l’historien et mémorialiste. Expérience spirituelle, les étapes de l’entrée et de la demeurance en présence de Dieu. Je ne crois pas qu’il existe – dans la littérature humaine, se présentant comme une « révélation » ou un « message d’origine divine » - de page plus directement dans le sujet : la relation de l’homme avec Dieu, dont le christianisme et les « religions du livre » nous disent qu’en fait c’est l’inverse : la relation de Dieu à l’homme. Etonnante… l’agnostique fondamentalement admet la possibilité de Dieu mais ne conçoit pas que Dieu ait quelque souci de l’homme. C’est bien davantage que le « problème du mal », pourquoi s’il y a Dieu, le mal est-il « permis » ? et de discuter sur la liberté de l’homme et une compassion divine qui devrait la dépasser à la manière dont nous pardonnons toujours tout à notre enfant (jusqu’à ce qu’il soit devenu adulte)… réponse du christianisme, de ce legs depuis deux mille ans d’une expérience et d’une rencontre historiques : ce Jésus est devenu la pierre d’angle. En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Et son nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. C’est Pierre qui parle, comparaissant – après Jésus – devant Anne et Caïphe. Et il se jeta à l’eau. [1]
matin
La traîne des événements, c’est-à-dire le résultat des mises en scène de ceux qui « exercent » le pouvoir. – Une analyse étymologique et syntaxique est hors de ma compétence, mais l’expression la mérite. – Je préfère aujourd’hui examiner les prises de conscience. Il se trouve que ma chère Mauritanie – d’adoption – et notre France – « ancien et noble pays » disait de Gaulle de la première, peut-on le dire de la seconde en ce moment qui a calqué sur la caricature de l’Afrique que nous véhiculons et soutenons, son mode de gouvernement depuis l’élection du 6 Mai 2007… il se trouve que les deux pays présentent les mêmes symptômes. A l’autoritarisme d’un arrivisme inculte répondent la mémoire et la dissection de l’information.
La mémoire. Le slogan de la crise. Un livre de mon ami Philippe de Saint-Robert : Dieu, que la crise est jolie !, les années 1970. Le Monde titrait sur l’actuelle, fragment par fragment, l’industrie, la finance, la banque, les cours du pétrole, l’erratisme de tout, depuis deux ou trois ans, mais nous ne le vivions pas. – Une des « notes bleues », celles des Finances longtemps : n° 182 pour la semaine du 2 au 8 juillet 1984 (le passage de Pierre Mauroy à Laurent Fabius, et le tournant du mandat de la gauche, acculée ou s’étant acculée à un changement de cap complet). Analyse de « l’animation du secteur financiers depuis trois ans » : les nationalisations de 1982 (c’est sous leur empire qu’est rédigée la note) n’ont pas été les premières auxquelles a procédé l’Etat français dans le secteur financier et bancaire. Pendant trente-cinq ans, cependant, l’Etat a eu un comportement d’actionnaire à la fois ambigu et contestable : n’exigeant que peu de choses des établissements dont il était propriétaire, que ce soit en matière d’actions à poursuivre ou de résultats à obtenir, il n’a pas non plus conduit de politique cohérente en ce qui a trait au capital, laissant souvent les fonds propres de ces établissements stagner à un bas niveau et les ratios de bilan se détériorer. Suit l’analyse d’une loi bancaire entrant en vigueur le 25 Juillet suivant et succédant à celle de Vichy puis de la Libération. Il était rappelé que ces banques nationales devaient en priorité renforcer les fonds propres des entreprises françaises… et que l’Etat entendait avoir la maîtrise des coûts d’intermédiation pour les réduire. La probabilité est que le signataire de cette note a été ensuite et est probablement encore un de nos plus puissants patrons de banque, et dans un contexte et selon des orientations, radicalement opposés à ceux d’il y a vingt-cinq ans. – 15 et 16 Janvier 1975, le comité intérimaire du Conseil des gouverneurs du Fonds monétaire international décide de maintenant le mécanisme pétrolier du Fonds, d’en porter le montant à plus de cinq milliards de DTS et de créer un « fonds de solidarité ». Le directeur général, Witteveen expose de « nouveaux moyens d’assurer la stabilisation de l’économie mondiale » et estime, au nom du Comité » qu’il faut renforcer la lutte contre la récession ». – Il est annoncé que la Communauté européenne ne tire plus seulement ses ressources budgétaires des prélèvements agricoles et des droits de douane, mais également d’un pourcentage de la base d’imposition de la taxe à la valeur ajoutée. On passe de ressources vraiment propres et exclusivement fonction des procédures et de l’intégration européennes, à des ristournes budgétaires des Etats, à quoi l’on avait ambitionné d’échapper une dizaine d’années auparavant… Tout cela est du passé ?
En Mauritanie, l’analyse du chef de la junte désormais officiellement candidat à la place qu’il a usurpée, mais dont il démissionne pour quelques semaines « conformément à la loi » avec un intérim bidon à la présidence de la République par un président du Sénat qui a fait le va-et-vient entre légalistes et putschistes pendant dix mois, et à son Haut Conseil d’Etat à son alter ego militaire, est que la gabegie – son cheval de bataille est de l’éradiquer, alors que les rumeurs de sa propre corruption viennent d’investisseurs ou d’exportateurs étrangers – date de cinquante ans. Beau et paradoxal cadeau à l’administration coloniale française, puis cinquante ans c’est l’âge de l’indépendance. Quant aux moyens de faire redémarrer une économie dont les bénéfices sont systématiquement accaparés, ils sont ingénieux et de petite échelle comme dans les années 1960 mais ne peuvent opérer que si ce devenait autre chose que des bancs d’essai, notamment dans l’agriculture. La vraie mémoire a été abolie, celle des circonstances et de la personnalité fondatrice.
Prise de conscience, réseaux en revanche. En France, c’est manifestement une A F P, visée par le pouvoir, risquant de perdre le soutien financier direct de l’Etat et indirect de la puissance publique par les abonnements qu’elle génère pour tout le réseau et les organigrammes des diverses administrations et entreprises nationales ou locales. Ce sont aussi des inventions a nihilo. La plus populaire me paraît rue89, mêlant faits et analyses. Pas de ligne ni d’idéologie, mais un relevé systématiques des manques et distorsions du pouvoir actuel. Pour la Mauritanie, plusieurs sites, pas toujours indépendants de l’argent, mais davantage du pouvoir, et la montée en puissance et crédit de Taqadoumy. La presse écrite, hebdomadaire, a ses sites respectifs. Trente ans de système militaire ont désorganisé l’Etat et défait ces comportements que Moktar Ould Daddah se tuait à instaurer. La génération des sexagénaires est veule et vénale comme sans doute l’étaient devenues les notabilités sous l’administration française, le fusil de force laissé à terre, mais la jeune génération découvre spontanément le civisme.
Il n’y a pas encore en France ces mobilisations telles que le mouvement des chômeurs, celui des lycéens, des chauffeurs routiers, qui paralysèrent ou suscitèrent la France des années 1990, bien plus efficacement que les cortèges contre la réforme des retraites ou le CPE sous Jacques Chirac. Seule persistance, la démonstration des enseignants-chercheurs et la relative solidarité d’un bon quart des universités avec eux. En Mauritanie, seules la rue ou l’armée aura raison de l’autoproclamé. L’Union europénene et l’Union africaine auront fait le possible pour soutenir, en ambiance, les légalistes et les opposants au coup du 6 Août 2008… cela ne donne pas grand-chose et la France en a une part de responsabilité qui n’a pas vraiment résolu d’intimider les putschistes.
soir
A Saint-Tropez et à Monaco, les retraités et les salariés manifestent contre les milliardaires… les Sarkozy-Bruni au Cap-Nègre. La presse étrangère reprend et commente le papier de Libération rapportant les propos du président régnant sur ses homologues. Vis-à-vis de Zapatero et à huit jours d’un voyage officiel en Espagne, on ne peut être plus efficace.
1 commentaire:
Merci pour l'écho de notre échange.
La foi passerait-elle par une lieu-tenance ? On pourrait ajouter un main "tenant". Comme la première parole de Dieu à Adam :"Où" es-tu ?
Amicalement
geneva515@wanadoo.fr
pascal.pf@gmail.com
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