Lundi de Pâques 13 Avril 2009
Prier… il fait très beau, j’ai la sensation d’un nouveau départ. [1] Deux versions sur l’attitude « des femmes » quittant le tombeau vide. Leur peur et leur mutisme, selon Marc. Et Matthieu dit tout le contraire : quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, vite, elles quittèrent le tombeau, tremblantes et toutes joyeuses, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. C’est dans cette ambiance intime, une intense gratification spirituelle, une foi totale et incarnée, elles sont dans l’événement, que ce que Jean attribue à la seule Marie-Madeleine, leur arrive. Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue ». Elles s’approchèrent et, lui saisissant les pieds, elles se prosternèrent devant lui. Eve a vraiment sa revanche : Marie, mère du Christ et Messie, les saintes femmes, au pied de la croix (les hommes absents, sauf les préposés et Jean, l’exceptionnel à tous égards) et à qui, les premières, la Bonne Nouvelle est annoncée, à qui, les premières, le Christ ressuscité, apparaît, se donne à voir et à saisir. Matthieu donne des détails : les saintes femmes se croisent avec les gardes qui sont, eux aussi, partis en ville, témoins sans la foi, donc faciles à retourner. Foi dont répond et qu’exprime Pierre. Toujours cette difficulté pour moi de la « nécessité » et d’une logique des événements dont la liberté serait absente : Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. Jésus ressuscité ou se ressuscitant ? ce dilemme-là se résoud facilement. Le Dieu trinitaire n’est qu’amour, toute puissance de l’amour, ce n’est pas un des « membres » de l’entité divine qui guérit l’autre, comme il est observé chez certains animaux, c’est le mystère de Dieu que l’une des personnes incarnées soit inséparable des autres, et combine – en triomphale initiation – la nature humaine mortelle, mais désormais ressuscitée, ressuscitable, et la nature divine immanente. Pierre, en revanche, est tout à fait clair : incarnation et divinité. Cet homme… vous l’avez fait mourir. … Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Que Jésus soit ressuscité par Dieu et ne se ressuscite pas lui-même : l’affirmation répèterait que c’est bien de l’homme qu’il s’agit (Dieu ne se ressuscite pas, il est hors de toute atteinte et n’est possédé, atteint que par lui-même, si je puis écrire) et par conséquent de nous, à la suite du Christ, lié à lui, attaché à lui, à l’homme qu’il est pleinement. Dieu ressuscite l’homme. Tu ne peux pas m'abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m'as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d'allégresse par ta présence.
Encore jeune, marié, deux filles, une épouse avenante, agriculteur, le visage et le corps rouges et enrobés, mais mieux qu’une indulgente malice au visage, il est bon et attentif. Bovins : le lait, quelques chevaux de trait, la magnifique race bretonne, qu’il élève, collectionne et démontre, attelés pour la promenade ou au travail. Il vient d’emblaver plusieurs hectares chez nous et maintenant me dédommage en débroussaillant avec un jeune journalier dans l’ostreïculture. Punch de la Guadeloupe sur notre terrasse sans que j’ai l’esprit de l’interroger sur l’outre-mer, mais sur la crise. Il répond avec aisance que Sarlozy n’est certes pas responsable de tout, mais qu’on ne sait plus où l’on va, qu’il est déçu, qu’il avait voté pour lui en 2007 mais qu’il est maintenant contre. Les gens vont descendre dans la rue, continue-t-il. Pourquoi ? ai-je demandé. La faim, pose-t-il simplement. Lui et ma femme renchérissent d’observations et de combinaisons pour les achats en « supermarchés ». Tandis qu’un mois sur deux, les commentaires se contredisent sur l’inflation ou pas pour les produits alimentaires les plus courants, ils constatent ensemble que les chariots ne sont plus remplis et que les gens n’y arrivent plus. Davantage que le chômage, c’est la baisse du pouvoir d’achat. Démonstration sur le prix du lait qu’imposent les grandes surfaces aux laiteries et donc aux producteurs : 300 euros seulement l’achat de mille litres de lait, en fait la tonne. Il est question de ne plus payer que 220 à 250 euros. La brique d’un litre de lait, suivant que c’est ou non demi-écrémé est aux alentours de 50 à 80 centimes d’euros. Je me souviens quant à moi de ma campagne d’automne dans le Haut-Doubs, c’était en 1980, le kilog de lait, agriculture de montagne, était autour de 1 franc 10. Nous faisons les calculs, cela n’a pas tant bougé.
Conclusion cependant, ceux qui n’ont pas d’éléments à troquer, un potager, un jardin, un savoir-faire vont souffrir. La faim… statistiques des « restau. du cœur », statistiques des Français en-dessous du seuil de pauvreté. Aux Etats-Unis, le chômage à 4 ou 5% avant l’été de 2008 dépassant aujourd’hui 9%. La brutalité de ce qui s’effondre.
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