mercredi 18 janvier 2023

Annexion de la Crimée par la Russie en 2014

 

(Redirigé depuis Crise de Crimée)

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Ne doit pas être confondu avec Annexion de la Crimée (1783) ou Guerre de Crimée.

Pour un article plus général, voir Guerre russo-ukrainienne.

Annexion de la Crimée par la Russie en 2014

Description de cette image, également commentée ci-après

Patrouille russe armée en uniforme mais sans insigne, à Simferopol en février 2014.

Informations générales

Date

Du 20 février au 28 mars 2014
(1 mois et 8 jours)

Lieu

Péninsule de Crimée

Casus belli

Rejet du gouvernement issu de l'Euromaïdan

Issue

Référendum du 27 mars 2014 et rattachement de la Crimée et de Sébastopol à la Russie

Belligérants

Drapeau de la Crimée Rada de Crimée (jusqu'au 17 mars 2014)
Drapeau de la Crimée République de Crimée sécessionniste (à partir du 17 mars 2014)
Drapeau de la Russie Russie

Drapeau de l'Ukraine Ukraine

Forces en présence

Pertes

Flag of Crimea.svg 3 morts

Drapeau de l'Ukraine 3 morts


[afficher]

Naval ensign of Ukraine.svg  Marine ukrainienne 51 vaisseaux saisis1

Guerre russo-ukrainienne

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Carte de la Crimée (vert sombre), du reste de l'Ukraine (vert pâle), et de la Russie (rose).

L'annexion de la Crimée fait référence à l'invasion de la péninsule de Crimée en Ukraine, menée par la fédération de Russie en février et mars 2014, puis à son rattachement ultérieur à la Russie le 18 mars 2014. Ce conflit post-soviétique a lieu au lendemain de la révolution ukrainienne de février 2014 et fait partie de la guerre russo-ukrainienne.

La « crise de Crimée » est une crise diplomatique internationale consécutive à l'occupation de la péninsule de Crimée par des troupes russes, puis à des mouvements de troupes de l'Armée de terre russe près de la frontière ukrainienne, à partir du 28 février 2014.

Le déploiement de ces troupes fait suite à l'Euromaïdan en Ukraine qui aboutit à la destitution du président ukrainien pro-russe Viktor Ianoukovytch par le parlement, le 22 février 2014. La Russie considère que le nouveau gouvernement ukrainien est « illégitime »2. Le gouvernement ukrainien du nouveau président Oleksandr Tourtchynov accuse la Russie « d'invasion » et « d'occupation armée » tandis que la Russie nie être à l'origine de la présence de soldats russes en Crimée et affirme que ces soldats sont des « forces locales d'auto-défense », tout en évoquant la possibilité d'envoi de troupes en Ukraine2. Vladimir Poutine avouera en avril que ces troupes occupant la Crimée étaient bien des soldats de l'armée russe. Le 11 mars, le parlement de Crimée déclare l'indépendance de la république de Crimée.

Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum tenu le 16 mars, le gouvernement russe annonce que la république de Crimée (correspondant à l’ancienne république autonome de Crimée) et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux sujets de la fédération de Russie et le gouvernement ukrainien commence alors à retirer ses troupes de Crimée.

Au niveau international, les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays s'opposent à la Russie, l'accusant de violer le droit international et la souveraineté de l'Ukraine. L'Assemblée générale de l'ONU adopte le 27 mars 2014 avec 100 voix pour et 11 contre, une résolution non contraignante qui souligne le caractère invalide du référendum en Crimée et le rattachement de cette péninsule à la Russie. Sur les 193 pays membres, 58 s'abstiennent et une vingtaine ne prend pas part au vote3.

Contexte historique et géopolitique

Article détaillé : Transfert de l'oblast de Crimée de la RSFSR à la RSSU.

Articles connexes : Flotte de la Mer Noire, Conflits gaziers russo-ukrainiens et Euromaïdan.

Composition ethnique de la population de Crimée par districts et villes (2001) :
1. En rouge : russe (moy. : 59 %)
2. En jaune : ukrainien (moy. : 24 %)
3. En vert : tatare (moy. : 12 %)
4. En violet : autres ethnies (moy. : 5 %).

Le Khanat de Crimée a été annexé par l'Empire russe en 1783, mais ce n'est qu'au XXe siècle que les colons russes deviennent le groupe de population le plus important. La Crimée est devenue le « cœur du romantisme russe » durant le temps de la Russie impériale, et la région a continué à attirer les vacanciers sous l'Union soviétique. La Crimée avait une certaine autonomie au sein de l'URSS en tant que république socialiste soviétique autonome de Crimée entre 1921 et 1945, mais Joseph Staline déporte les Tatars de Crimée et abolit l'autonomie de la Crimée. En 1954, Nikita Khrouchtchev transfère la Crimée de la RSFS de Russie à la RSS d'Ukraine de manière symbolique. Le 20 janvier 1991, un référendum rétablit l'autonomie de la Crimée, qui se proclame « république autonome », avant même la déclaration d'indépendance de l'Ukraine du 24 août 1991, qui sera reconnue internationalement en décembre 19914. À ce moment-là, la péninsule criméenne fait toujours partie de la république socialiste soviétique d'Ukraine, l'un des quinze États formant l'ex-URSS. En février 1992, le parlement de Crimée fonde la république de Crimée avec l'aval du parlement ukrainien qui reconnaît certains droits d'autogestion5. Le 5 mai 1992 la Crimée proclame son indépendance (qui devait être approuvée par un référendum prévu le 2 août 1992) et introduit la première constitution de la Crimée6. Mais dès le lendemain, la Crimée ajoute dans sa constitution que son territoire fait partie de l'Ukraine7. Le 13 mai, le parlement d'Ukraine annule la déclaration d'indépendance et ordonne au parlement de Crimée de faire de même (sous une semaine). En juin 1992, les deux parlements parviennent enfin à un accord, et la Crimée bénéficie d'un statut de république autonome. La république autonome de Crimée sera une autonomie administrative et territoriale, au sein de l'Ukraine. Elle décidera en toute indépendance sur les questions soumises par le Conseil constitutionnel de l'Ukraine8.

Carte politique de la Crimée avec en jaune, la république autonome de Crimée ; en rouge, la municipalité de Sébastopol au statut spécifique ; les oblasts de Kherson et de Zaporijjia sont en vert, tandis que la mer Noire est à l'ouest et au sud, la mer d'Azov est à l'est.

Le 16 février 1994, Iouri Mechkov est élu président de la Crimée, poste qu'il sera le seul à occuper de 1994 à 1995. Un triple référendum est lancé le 27 mars 1994, en même temps que les élections régionales et nationales. Il porte sur une plus grande autonomie de la Crimée, sur la double-nationalité et sur l'importance des décrets présidentiels ; les trois votes sont positifs. En mai 1994, le parlement de Crimée vote le retour à la constitution de mai 1992. En septembre 1994, le président de la Crimée, Mechkov, en accord avec son parlement, décide de réécrire une nouvelle constitution. Le 5 décembre 1994, le mémorandum de Budapest garantit l'indépendance et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le 17 mars 1995 le parlement d'Ukraine abolit la constitution de 1992 et de facto la légalité du Président de la Crimée. De juin à septembre 1995, c'est le président d'Ukraine Leonid Koutchma qui gouverne directement la Crimée par décrets présidentiels. En octobre 1995, le parlement de Crimée vote une nouvelle constitution, encore une fois contestée par les autorités ukrainiennes, jusqu'en avril 1996, après bien des amendements. Une seconde constitution de la Crimée, donnant moins d'autonomie, est finalement ratifiée par le parlement de Crimée, le 21 octobre 1998. Le parlement ukrainien confirme à son tour cette constitution le 23 décembre 1998. Elle est entrée en vigueur le 12 janvier 19999.

Le 21 avril 2010, les accords de Kharkov sont signés entre l'Ukraine et la Russie, prolongeant, jusqu'en 2042 au lieu de 2017, l'utilisation de la base navale de Sébastopol contre des rabais importants sur le gaz russe. Les intérêts sont également énergétiques, la Crimée disposant d'importants champs de gaz10 (notamment celui au large d'Odessa en mer Noire totalisant 21 milliards de mètres cubes de réserves).

Déroulement

La médaille « Pour le retour de la Crimée » : le revers de la médaille date le début de la campagne de Russie en Crimée au 20 février 2014.

Février

En février 2014, dans le contexte des manifestations pro-européennes de l'Euromaïdan, débutées en 2013, dénonçant la corruption et le caractère pro-russe du pouvoir en place, le président de l'Ukraine Viktor Ianoukovytch est destitué par le parlement ukrainien et remplacé par un gouvernement d'intérim dirigé par Oleksandr Tourtchynov et Arseni Iatseniouk11.

Le 20 février 2014, les installations militaires russes de la Crimée sont en régime de sécurité renforcé, y compris le centre de recherche et de test de la flotte de la mer Noire à Théodosie, le quartier général de la flotte de la mer Noire à la base navale de Sébastopol, et les garnisons russes aux bases aériennes de Katcha (ru) et de Hvardiïske. Les véhicules blindés de transport de troupes russes sont déplacés de Sébastopol à Théodosie et aux aérodromes de l'aviation navale russe de la flotte de la mer Noire12. Les Russes avaient déjà le contrôle des aérodromes en Crimée, ainsi un pont aérien pouvait être établi sans parachutage militaire par les troupes aéroportées13.

Le 21 février, le président ukrainien Viktor Ianoukovytch téléphone au président russe Vladimir Poutine et déclare son intention de quitter Kiev. Poutine cherche à le dissuader de quitter la capitale, mais Ianoukovytch se rend à Kharkiv puis à Donetsk14. Dans le documentaire russe d'Andreï Kondrachov (ru), Crimée. Retour à la Patrie (en), Poutine déclare avoir tenu une réunion toute la nuit du 22 février, dans laquelle il annonce sa décision d'imposer le « retour » de la Crimée à la Russie14,15,16. À Donetsk, Ianoukovytch demande de l'aide à Poutine ; ce dernier suggère qu'ils se retrouvent à Rostov-sur-le-Don, mais l'avion de Ianoukovytch n'est pas autorisé à quitter l'aéroport international de Donetsk14. Par conséquent, il s'envole pour la Crimée. Une fois sur place, les Russes organisent le transport de Ianoukovytch d'Ukraine vers la Russie14.

Dans les jours qui suivent la destitution de Ianoukovytch, les groupes armés pro-russes de Simferopol engagent des volontaires dans des milices, stimulés par la télévision pro-russe qui affirme que des nationalistes ukrainiens descendent sur la capitale de Crimée17.

Le 23 février 2014, en votant l'abrogation de la loi sur les langues régionales (uk), le parlement retire le statut de langue officielle aux langues régionales, dont le russe dans 13 des 27 régions (essentiellement au sud et à l'est du pays)18. Cette loi ne sera cependant pas ratifiée par la suite par la présidence ukrainienne. Des russophones organisent des manifestations en Ukraine orientale et en Crimée, s'opposant aux événements se déroulant à Kiev et souhaitant le renforcement des liens avec la Russie et une autonomie élargie. D'autres groupes, principalement constitués de Tatars de Crimée et d'Ukrainiens, ont montré leur soutien à la révolution. Ianoukovytch, déchu, fuit en Russie et appelle les forces armées russes à intervenir et à garantir « la loi et l'ordre » en Ukraine, en particulier en Crimée, dans une conférence de presse tenue à Rostov-sur-le-Don le 28 février, à 100 kilomètres de la frontière ukrainienne.

Le 26 février, le FSB et le renseignement militaire russe (GRU) contactent Leonid Hrach (en) (député de la Rada d'Ukraine jusqu'en 2012 et ancien dirigeant communiste de Crimée sous l'URSS) puis Sergueï Axionov (député d'un groupe marginal prorusse) pour leur faire une proposition formelle de devenir premier ministre de la république de Crimée et leur annoncent leurs intentions de « rattacher la Crimée à la Russie ». C'est Axionov qui est finalement choisi19.

Article détaillé : Prise du Parlement de Crimée.

Le 26 février, un débat en vue d'un vote sur la tenue d'un référendum se tient au Parlement de Crimée à Simferopol. Mais le vote n'a pas lieu ce jour-là car le nombre de députés pour réunir un quorum n'est pas atteint, 2 députés refusant d'enregistrer leur présence. Pendant ce temps, des milliers de manifestants s'affrontent à l'extérieur du bâtiment entre les pro-russes et les pro-Kiev17.

Au petit matin du 27 février, des manifestants ainsi qu'entre 50 et 100 Russes armés prennent d'assaut le siège du Parlement de Crimée et hissent le drapeau russe13. Le site internet du Parlement est alors mis hors service et les téléphones des personnes entrant dans le Parlement sont confisqués20. Les journalistes sont également interdits d'accès17. Un groupe de députés (une dizaine selon les organisateurs de la manifestation) vote la défiance du précédent gouvernement avant d'élire Sergueï Axionov comme nouveau Premier ministre de Crimée, bien que le Parlement communiquera plus tard que 61 élus sur 100 étaient présents21. Le parti d'Axionov, Unité russe (en), avait obtenu 4,02 % des voix aux élections de 2010. Dès son arrivée au pouvoir, il demande le soutien financier et sécuritaire de la Russie22. La tenue du référendum prévu initialement le 25 mai est votée20.

Le même jour, la Russie engage des manœuvres militaires23 avec son armée de terre aux zones frontalières avec l'Ukraine, au prétexte de « mettre à l'épreuve sa capacité d'action »24. Ces mouvements de troupes couvrent en fait une mobilisation à l'échelon régional et provenant de la base navale de Sébastopol, comme les événements du week-end qui suit le révèlent. Les forces russes stationnées en Crimée — la 810e brigade d'infanterie de marine de la Garde (en) — ne sont pas assez nombreuses pour encercler les bases des garnisons ukrainiennes. Afin de pouvoir transporter des soldats russes en masse, Poutine ordonne une « inspection surprise de l'état de préparation opérationnelle » du district militaire ouest et du district militaire central, dans le cadre de laquelle une quarantaine d'avions de transport militaires russes Iliouchine Il-76 partent de la base aérienne d'Oulianovsk les 26 et 27 février, dont au moins dix atterrissent à l'aéroport d'Anapa, sur la côte caucasienne et face à la Crimée depuis le kraï de Krasnodar russe13.

Selon le Service national des gardes-frontières d'Ukraine, le matin du 28 février, dix hélicoptères militaires russes s'envolent vers l'Ukraine depuis la Russie, en passant par le cap Takil (uk). Deux hélicoptères Kamov Ka-27 et un hélicoptère Mil Mi-8 atterrissent à l'aérodrome de Katch (ru) et passent par les douanes ukrainiennes selon les procédures établies, mais les autres hélicoptères — ne répondant pas aux communications des gardes-frontières — atterrissent près de l'aérodrome en violation de l'accord russo-ukrainien25. Le même jour, huit avions de transport militaire russes Il-76 atterrissent sur la base aérienne de Hvardiïske sans obtenir d'autorisation. Le commandant de la garnison russe empêche les gardes-frontières ukrainiens d'accomplir les procédures habituelles25. D'autres sources précisent que 13 de ces avions sont arrivés, amenant environ 2 000 hommes des troupes aéroportées russes13. La défense aérienne ukrainienne est passive en l'absence d'instructions claires du gouvernement : deux avions de combat Soukhoï Su-27 basés en Ukraine continentale survolent la Crimée mais n'attaquent pas les Russes13. La 204e brigade d'aviation tactique (uk) de la force aérienne ukrainienne annonce une alerte haute et est informée d'une éventuelle relocalisation vers un autre base aérienne, mais cet ordre n'est jamais donné13.

Le 28 février, des hommes en armes dont l'uniforme ne comprend pas de signe permettant leur identification prennent le contrôle de l'aéroport international de Simferopol26,27.

Aux premières heures du 28 février, 300 militaires russes bloquent la base aérienne de Belbek (en), près de Sébastopol (l'aéroport international de Sébastopol). Une colonne de trois véhicules blindés de transport de troupes et de dix camions Ural entre dans l'aéroport et les Russes bloquent les routes d'accès avec des hérissons tchèques28. Les troupes russes pénètrent dans la base aérienne par une voie d'accès non gardée, bloquant la piste et s'emparant du dépôt de munitions13. Les Russes s'emparent de l'entreprise publique qui assure le contrôle de la circulation aérienne dans l'espace aérien de la Crimée et occupent un autre bâtiment28.

Le ministre de l'intérieur ukrainien par intérim, Arsen Avakov, dénonce une « invasion » et une « occupation armée » des deux aéroports de Crimée par des hommes armés qu'il identifie comme des soldats russes, ce que le Kremlin ne précise pas. À la suite de cet événement, le parlement ukrainien fait voter une résolution appelant la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis à respecter l'engagement de 1994, signé à Budapest visant à garantir l'indépendance de l'Ukraine en échange de son renoncement aux armes nucléaires29. Dans l'après-midi, Ianoukovytch tient une conférence de presse à Rostov-sur-le-Don, au cours de laquelle il affirme qu'il est toujours le président légitime, sa volonté de revenir en Ukraine quand sa sécurité sera assurée, et la nécessité de tenir un référendum30.

Mars

Troupes armées russes à l'extérieur du Parlement de Crimée à Simferopol, le 1er mars 2014.

Le 1er mars, le Conseil de la fédération de Russie autorise le président Poutine à faire usage de la force en Ukraine31. Cette demande fait suite à l'appel du nouveau Premier ministre élu Sergueï Axionov, favorable à l'union avec la Russie. Le Conseil de la fédération approuve le déploiement de forces armées dans cette région autonome32.

La base navale stratégique de Sébastopol est un élément primordial du système de défense russe, abritant la flotte de la mer Noire. Elle confère, en théorie, à la marine russe, l'accès à la Méditerranée et aux mers chaudes (elle est néanmoins dépendante - comme les autres pays - du droit de contrôle de la Turquie sur le Bosphore et les Dardanelles réglé par la Convention de Montreux).

Le même jour, des militaires russes s'emparent du quartier général du 55e régiment de missiles anti-aériens (uk) à Eupatoria, désarmant le personnel ukrainien33. Ce jour-là, les Russes encerclent les trois régiments ukrainiens de défense aérienne stationnés en Crimée13. À Belbek, les Russes occupent les hangars et encerclent le poste de garde. Les Ukrainiens refusent l'ordre de rendre leurs armes, mais ce soir-là, le poste de garde est pris d'assaut à l'aide de grenades assourdissantes. L'armée ukrainienne indique que les aéroports militaires de Kirovske et Belbek sont contrôlés par les Russes34,28.

Le même soir, deux navires de débarquement russes de classe Ropucha (le Kaliningrad et le Minsk de la flotte de la Baltique) arrivent au port de Sébastopol25. Dans la nuit, un Su-27 ukrainien force les avions russes Il-76 à quitter l'espace aérien ukrainien13. Le 2 mars, les navires de débarquement de classe Ropucha Olenegorsky gorniak (ru) (de la flotte du Nord) et le Georges le Victorieux (ru) (de la flotte de la Baltique) arrivent à Sébastopol25.

Dans l'est du pays, notamment à Kharkiv et Donetsk, ainsi qu'à Odessa, ont lieu des manifestations pro-russes massives, avec des heurts à Kharkiv35. L'État russe annonce engager un processus de normalisation, d'abord en Crimée, ce que certains observateurs occidentaux interprètent comme une réitération de l'intervention en Géorgie de 2008 qui a mené à la séparation de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, à la différence que le conflit en Géorgie a commencé par une action géorgienne après plus d'une décennie de blocus économique, ce qui n'est pas le cas du gouvernement ukrainien. Plusieurs témoins attestent de la distribution de passeports russes à des habitants d'Ukraine36. La politique de distribution de passeports russes (passeportisation (en)) en Crimée rappelle d'ailleurs celle orchestrée en Géorgie, dans les régions d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, peu avant la guerre russo-géorgienne. À cette époque, l'un des principaux arguments invoqués par Poutine lors de son intervention était la protection de ses citoyens37.

Déploiement à Simferopol le 2 mars : soldats russes cagoulés ayant pris le contrôle de l'aéroport international de Simferopol.

Le 2 mars à Simferopol, des milices d'auto-défense se structurent; sur les photos, les boucliers anti-émeutes sont parés des couleurs du drapeau de la Crimée.

Manifestations place de l'Indépendance à Kiev protestant contre l'intervention russe en Crimée, le 2 mars 2014.

Le 2 mars, le secrétaire du Conseil de sécurité nationale ukrainien annonce que l'armée va mobiliser tous les réservistes38 ; de plus, donnant suite à des rapports de survol de son territoire par des hélicoptères de combat, l'Ukraine ferme son espace aérien à tout aéronef non civil39. L'escalade verbale est perceptible par la convocation en urgence des vingt-huit ambassadeurs des États membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) un dimanche40. Dans la nuit, des avions ukrainiens chassent deux chasseurs russes de l'espace aérien ukrainien13. Au soir du coup de force, l'amiral Denis Berezovsky (en), nommé le 28 février commandant en chef de l'amirauté ukrainienne fait allégeance au camp pro-russe41. Il est aussitôt poursuivi pour haute trahison par les autorités ukrainiennes42. Mille soldats russes encerclent les services des douanes et des garde-côtes à Pereval'ne, tentant sans succès de désarmer les unités ukrainiennes qui s'y trouvent. Selon les autorités ukrainiennes qui organisent la mobilisation générale43, 150 000 soldats russes seraient massés de l'autre côté des frontières de l'Ukraine44.

La chancelière allemande Angela Merkel obtient que Poutine participe à des négociations avec un groupe de contact composé de diplomates européens. Par ailleurs, le gouvernement ukrainien affirme que les Russes auraient adressé un ultimatum aux Ukrainiens leur demandant d'abandonner leurs bases45.

Une base de la 36e brigade de défense côtière (uk) de la marine ukrainienne à Perevalnoïe sous contrôle russe, le 3 mars 2014.

Le 3 mars, Washington estime que « la Russie a atteint le contrôle opérationnel de la Crimée »46. À Moscou, la bourse chute de 10 % lundi47, le taux de change du rouble s'effondre. En Ukraine, les citoyens volontaires en âge d'être incorporés se rassemblent dans les commissariats de district, répondant à l'appel du gouvernement48. Côté diplomatique, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, souligne dans une allocution à Genève49 que son pays n'avait aucunement porté atteinte à l'intégrité territoriale, mais assuré la sécurité des habitants russophones de Crimée face aux événements récents de Kiev. Son homologue américain, John Kerry, décline alors toute une série de sanctions possibles dont la plus retentissante mènerait à l'isolation économique de la Russie50. Ioulia Tymochenko, ancienne Première ministre ukrainienne, considère dans une interview que la raison de l'agression russe provient des velléités ukrainiennes à s'intégrer à l'Europe51. Selon elle, la Russie vise à la capitulation de l'Ukraine52.

À Belbek, les deux camps échangent plusieurs ultimatums : les Russes exigent la reddition des Ukrainiens assiégés et les Ukrainiens demandent l'accès à certaines parties de la base. Aucune des deux parties ne respecte les termes des ultimatums de l'autre camp. Le 4 mars, la garnison ukrainienne commandée par le colonel Youli Mamtchour (en) de la 204e brigade d'aviation tactique monte une « contre-attaque » : marchant à pied et sans armes avec les drapeaux déployés et entonnant l'hymne national ukrainien28,53. Les Ukrainiens portaient le drapeau ukrainien bleu et or et le drapeau rouge de l'Union soviétique. La brigade, respectée par les Russes de par le rôle qu'elle a joué pendant la Seconde Guerre mondiale, marche en direction d'un point de contrôle russe avant d'être stoppée par des tirs de sommation54. Malgré les coups de feu d'avertissement des Russes, le colonel Mamtchour et ses Ukrainiens parviennent à reprendre la piste et à négocier le retour d'autres parties de la base aérienne sous contrôle russe au contrôle conjoint russo-ukrainien28,53. Les soldats réguliers russes à Belbek sont accompagnés d'hommes prétendant appartenir aux forces d'autodéfense locales. Malgré l'absence d'insignes sur les uniformes russes, un GAZ 2330 TIGR appartenant à la partie russe est vu avec des plaques d'immatriculation militaires appartenant au district militaire du Caucase du Nord, et non à la flotte de la mer Noire54.

Le 5 mars, le croiseur russe Otchakov (en) de la classe Kara, désarmé en 2008, est coulé volontairement pour bloquer l’accès du lac Donouzlav, où se trouve la Base navale sud de la marine ukrainienne de Novoozerne55. Les Russes s'emparent par ailleurs de deux bases de lancement de missiles : une située à Eupatoria (dans l'ouest)56 et l'autre à Fiolent (dans le sud)57. Par ailleurs, des sources russes affirment que jusqu'à 6 000 soldats ukrainiens auraient fait défection et rejoint le camp pro-russe depuis le début de la crise58. Le 6 mars, des volontaires serbes Tchetniks arrivent en Crimée aux côtés des Russes, pour les soutenir59. Le même jour, le représentant spécial de l'ONU doit quitter la Crimée sous la menace et le 6 mars, des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont bloqués par des hommes armés et ne peuvent pénétrer dans la région60.

Annexion de la Crimée

Le 6 mars, le Parlement de Crimée adopte à l'unanimité une motion réclamant son annexion à la Russie, également sous la contrainte des soldats armés russes et des militants pro-russes61,17. Le référendum est également avancé au 16 mars à la place du 25 mai. Ce jour-là, le parlement russe adopte une loi facilitant l'annexion de la Crimée par la Russie17.

Le 7 mars, un autre navire russe de classe BM-416 est sabordé62.

Le 8 mars, des gardes-frontières ukrainiens sont déployés le long de la Transnistrie (république séparatiste de Moldavie) dans le but d'empêcher des provocations d'activistes pro-russes dans l'oblast d'Odessa63. Le 9 mars, jusqu'à 80 soldats déployés par camions s'emparent des bases aériennes ukrainiennes de Novofedorivka (Novodeforovka) et de Djankoï où stationnaient des hélicoptères Mil Mi-24 de la Force aérienne ukrainienne.

Soldats russes sans insigne bloquant la base ukrainienne de Perevalnoïe, le 9 mars 2014.

Des membres du Berkout gardent un point de contrôle à l'entrée de la péninsule de Crimée, le 10 mars 2014.

Le 10 mars, les Russes désarment un bataillon d'infanterie motorisé ukrainien à Bakhtchissaraï et prennent le contrôle d'une base de lancement de missiles à Tchornomorskoïe et du principal hôpital militaire ukrainien en Crimée (situé à Simferopol64). Des allégations font également surface quant à l'implication selon les Russes de mercenaires de la société privée militaire américaine Academi (anciennement Blackwater) pour réprimer les manifestations pro-russes à Donetsk. The Washington Post les interprète comme un « prétexte pour une intervention militaire russe en Ukraine au-delà de la Crimée »65.

Le 11 mars, le Parlement de Crimée déclare par 78 voix sur 81, sous la contrainte des militants pro-russes armés, son « indépendance » vis-à-vis de l'Ukraine par la création de la république de Crimée qui regroupe la république autonome de Crimée et la ville de Sébastopol66. Dans son communiqué, il déclare s'inspirer de la déclaration d'indépendance du Kosovo en 200867. Un des leaders russes de l'organisation des milices armées en Crimée et alors agent du FSB, Igor Guirkine, avouera en 2015 dans une interview que les députés du parlement de Crimée ont été forcés à voter le rattachement à la Russie par les forces qu'il dirigeait68.


Le même jour, des exercices militaires ukrainiens débutent69, alors que les forces russes seraient par ailleurs entrées dans l'oblast de Kherson (reliant l'Ukraine à la Crimée) et auraient placé des mines et des bornes-frontières quelques jours plus tôt70.

Le 12 mars, les pompiers ukrainiens, accompagnés du colonel Mamtchour, éteignent un incendie qui s'est développé dans la partie occupée par la Russie de la base aérienne de Belbek.

Le 13 mars, la Russie accepte pour la première fois l'envoi d'une mission de l'OSCE en Ukraine alors que 8 500 soldats russes, selon une annonce officielle du gouvernement russe, seraient déployés de l'autre côté de la frontière ukrainienne et participeraient à des exercices militaires. La Russie a de plus envoyé six avions de combat Su-27 et trois avions de transports en Biélorussie à la suite d'une demande du gouvernement de ce pays71. Le Parlement ukrainien approuve la formation d'une Garde nationale de volontaires qui pourrait comprendre jusqu'à 60 000 hommes, chargée de la sécurité intérieure, de la protection des frontières et de la lutte contre le terrorisme72. Un manifestant pro-Kiev est tué lors de heurts avec des manifestants pro-russes à Donetsk73.

Le 14 mars, le colonel Mamtchour (commandant la 204e brigade d'aviation tactique, basé à l'aéroport international de Sébastopol, réquisitionné par les troupes pro-russes) lance un appel sur YouTube au gouvernement ukrainien, lui demandant de donner des ordres écrits à toutes les troupes ukrainiennes en Crimée. Au cas où il ne recevrait pas d'ordres, lui et sa brigade se battront, même s'ils ne peuvent pas résister longtemps74,75.

Le 15 mars, selon le Ministère de la Défense de l'Ukraine, l'armée ukrainienne aurait fait décoller des avions de chasse et envoyé des parachutistes pour repousser une tentative d'intrusion par hélicoptère de jusqu'à 120 soldats russes dans l'oblast de Kherson. Le communiqué officiel ne donne pas plus de détails et aucune source indépendante n'a pu confirmer cette déclaration76. Les Russes affirment s'être déployés pour protéger la station de pompage de gaz de Chornomornaftogaz (en) (qui doit être transférée à Gazprom à la suite de la nationalisation des entreprises engagée par les autorités de Crimée) d'éventuelles attaques terroristes77,78.

Article détaillé : Référendum de 2014 en Crimée.

Le 16 mars, la Crimée vote le rattachement à la Russie, 96,77 % des votants ayant voté en faveur de cette résolution lors du référendum contre 2,51 % pour le rétablissement de la Constitution de la république de Crimée de 1992 et le maintien du statut de la Crimée au sein de l'Ukraine79. Le 17 mars, le rouble devient la monnaie officielle de la république de Crimée mais la hryvnia, la monnaie ukrainienne qui avait cours légal, sera acceptée jusqu'au 1er janvier 2016. L'intégration des institutions de Crimée dans la fédération de Russie devrait prendre un an. En contrepartie la Russie annonce envoyer une aide de 15 milliards de roubles (295 millions d'euros) à la Crimée80.

Le 17 mars, l'Ukraine annonce mobiliser jusqu'à 40 000 réservistes contre « l'ingérence russe » en Crimée81.

Le 18 mars, le gouvernement russe annonce que la république de Crimée et la ville de Sébastopol (dont le maire est Alexeï Tchali) sont devenues deux nouveaux sujets fédéraux de Russie.

Le même jour, une attaque contre un centre photogrammétrique de la Direction centrale des opérations de soutien fait un tué, un blessé et dix-huit prisonniers parmi la garnison ukrainienne et un autre tué parmi les forces pro-russes criméennes, les forces ukrainiennes en Crimée recevant l’autorisation après cet incident de faire usage de leurs armes. La base ukrainienne de Simferopol est prise par les pro-russes82.

Le 19 mars, Dmytro Tymtchouk (en), de l'organisation ukrainienne Information Resistance (uk), déclare sur Facebook que la 36e brigade de défense côtière (uk) de la marine ukrainienne allait désormais cesser de résister au blocus russe de leur base de Perevalnoïe et entreposer leurs armes. Le personnel déciderait de servir les forces armées russes ou d'évacuer vers l'Ukraine continentale83,84.

Le 19 mars, vers 20 h 30, les troupes ukrainiennes ouvrent le feu contre des forces hostiles non identifiées qui tentent de s'emparer de la base aérienne de Belbek en lançant des grenades assourdissantes. Les attaquants sont repoussés85. Par ailleurs, le gouvernement ukrainien se prépare à retirer ses troupes de Crimée vers l'Ukraine continentale « rapidement et efficacement »86.

Le 20 mars, les forces russes capturent deux corvettes ukrainiennes dans le port de Sébastopol : le Loutsk (en) et le Khmelnytskyi (uk). Les 200 membres d'équipage ukrainien sont ramenés vers la côte87,88. Par ailleurs, la frégate ukrainienne Hetman Sahaydatchniy se serait confrontée à quatre navires de guerre russes soutenus par deux hélicoptères d'assaut Mi-35, ces derniers étant rentrés dans les eaux territoriales ukrainiennes au large d'Odessa. Il n'y a pas eu cependant d'échange de tirs et le Hetman Sahaydatchniy se serait retiré. Dans la soirée, quinze à vingt soldats russes prennent d'assaut une autre corvette ukrainienne, le Ternopil (en)89.

Le sous-marin ukrainien Zaporijjia (en) (photographié ici en 2012) a été pris d'assaut par les Russes le 21 mars 2014.

Le 21 mars, des navires de guerre russes encerclent à Sébastopol le sous-marin ukrainien Zaporijjia (en). Il est capturé par des Russes après l'avoir attaqué à l'aide de grenades90. Le dragueur de mines ukrainien Tcherkassy (uk) tente infructueusement de négocier avec les Russes pour obtenir un accès à la haute mer (le port ayant été bloqué par le sabordage de navires russes). À la suite de l'échec des négociations, le Tcherkassy et le navire de débarquement Konstantin Olchansky (uk) jettent l'ancre et adoptent une formation défensive dans le port91.

Selon Tymtchouk, au 21 mars, seuls environ 200 militaires ukrainiens de la 36e brigade de défense côtière restent fidèles aux forces armées ukrainiennes. Les autres passent du côté russe ou désertent tout simplement92.

Le 22 mars, la base aérienne ukrainienne de Belbek est prise par des forces spéciales russes soutenues par six blindés BTR-80 qui lancent des grenades fumigènes contre les installations de la base. Un journaliste et un soldat ukrainien sont blessés dans l'assaut, le colonel Mamtchour (commandant la garnison) est capturé par les Russes. À Sébastopol, la corvette ukrainienne Vinnytsia (en) et le navire de commandement Slavoutytch (en) sont capturés93.

Le 23 mars, selon le Comité de la sécurité de l'État de Transnistrie, un drone ukrainien aurait été abattu au-dessus du territoire transnistrien par les forces de sécurité de ce pays94.

Le 24 mars dans la matinée, des hélicoptères russes Mi-24 et Mi-8 attaquent la base ukrainienne de Féodossia, avant d'être par la suite pris par les forces spéciales russes soutenues par trois BTR-8095. 80 soldats et 2 officiers sont faits prisonniers. Le Konstantin Olchansky est pris d'assaut par 200 soldats russes ainsi que le navire auxiliaire Henichesk (uk). De son côté, le Tcherkassy aurait repoussé l'attaque de deux vedettes armées hostiles. L'Ukraine annonce officiellement dans la même journée retirer ses troupes de Crimée96.

Le 25 mars, le Tcherkassy, dernier navire à arborer le drapeau ukrainien en Crimée, est finalement capturé après une confrontation ayant duré environ deux heures avec des navires et hélicoptères russes, sans faire de victimes.

Le 26 mars, le Service national des frontières ukrainien fait état de deux navires de la Marine russe déployés à 3,9 miles nautiques (7 km) au large de Strilkove dans l'oblast de Kherson. L'un des navires a été identifié comment étant le navire de renseignement Priazov'ye de classe Vishnya. De plus l'Ukraine enregistre le survol de sa frontière par 40 drones russes, 11 d'entre eux en violation des procédures d'utilisation de l'espace aérien ukrainien97. Tout le personnel militaire ukrainien retenu prisonnier par les autorités locales de Crimée est cependant libéré sain et sauf selon le ministère ukrainien de la Défense98.

Le 28 mars, deux hélicoptères russes basés en Crimée survolent « par accident » l'oblast de Kherson99 (en territoire ukrainien). Dans le même temps, le ministère russe de la Défense annonce que le matériel militaire ukrainien capturé en Crimée serait rendu à l'Ukraine100.

Avril

Le 2 avril, le capitaine ukrainien Viatcheslav Demianenko retenu en captivité depuis le 20 mars est libéré par les Russes101,102.

Le 7 avril, un soldat russe aurait fait irruption dans la caserne de la marine ukrainienne de Novofedorivka où le personnel de la base est en attente d'être évacué vers l'Ukraine continentale et aurait tué un officier ukrainien, selon le ministère ukrainien de la Défense103.

Le 17 avril, Vladimir Poutine reconnait dans une interview télévisée que les soldats sans insigne qui avaient envahi la Crimée étaient des soldats de l'armée russe : « Derrière les forces d'autodéfense de Crimée, bien sûr, se trouvaient nos militaires »104.

Impacts

La crise a provoqué des turbulences sur les marchés financiers. De nombreux marchés à travers le monde ont diminué légèrement en raison de la menace d'instabilité. Les cours de l'euro et du dollar américain ont augmenté, tout comme celui du dollar australien et du franc suisse105. Le marché boursier russe a chuté de plus de 10 %, tandis que le rouble russe a atteint un bas historique contre le dollar américain et l'euro106. La banque centrale russe a relevé les taux d'intérêt et intervient sur les marchés de change à hauteur de 12 milliards de dollars pour tenter de stabiliser sa monnaie. Par ailleurs, les prix du blé et des céréales ont augmenté, l'Ukraine étant un important exportateur de ces deux matières premières agricoles107.

Il y a de plus des inquiétudes sur les exportations de gaz russe vers l'Europe et l'Ukraine qui pourraient être perturbées par le conflit actuel. 30 % du gaz européen est importé de Russie, dont la moitié transite par les pipelines ukrainiens. Le 1er mars, le ministère russe de l'Énergie décide d'arrêter les subventions de gaz russe pour l'Ukraine sans pour autant arrêter les exportations108.

Le 28 mars 2014, la Russie annonce qu'elle va augmenter de 80 % le prix du gaz naturel que paie l'Ukraine, ressource dont elle est très dépendante109. Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk qualifie cette décision d'« inacceptable » et accuse la Russie de vouloir s'« emparer de l'Ukraine par une agression économique », après que « la Russie a été incapable de s'emparer de l'Ukraine militairement »110.

En représailles, les autorités de Kiev annoncent le 26 avril qu'elles vont fermer les vannes du canal de Crimée du nord, qui assure 85 % des besoins en eau de la péninsule111.

Entre 2015 et 2019, plus de 134 000 personnes vivant en Crimée font une demande de passeport à l'Ukraine. Les demandes sont toutes approuvées112.

Aspects légaux

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La Russie et l'Ukraine sont toutes deux signataires de la Charte des Nations unies. La ratification de cette charte a plusieurs conséquences en matière de droit international, notamment en ce qui concerne les thèmes de la souveraineté, de l'autodétermination, des actes d'agression et des urgences humanitaires.

Sur le fond, la question de la légitimité du rattachement est complexe113 :

  • la revendication des sécessionnistes et des responsables russes repose sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, droit mal défini et d’application complexe et soumise à de nombreuses interprétations ;

  • la résolution de l'ONU n'est par contre pas fondée juridiquement sur le droit international car celui-ci n'interdit pas une sécession si elle repose sur une consultation des populations, bien que dans le cas de la Crimée, le référendum ne soit pas reconnu par l'ONU ;

  • toutefois l'ingérence militaire de la Russie durant le processus jette un très net doute sur la sincérité de cette sécession qui est donc assimilable à une annexion pure et simple de la Crimée par la Russie.

Les parties prenantes et les spécialistes du droit international se sont largement exprimés sur la question :

  • Poutine, d'une part, affirme que l'intervention russe en Ukraine a été effectuée pour protéger les populations locales russophones, tandis que l'Ukraine et d'autres pays, d'autre part, soutiennent que cette intervention constitue une violation de la souveraineté de l'Ukraine. En effet, le Parlement de Crimée a adopté une déclaration d'indépendance de la république autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol le 11 mars 2014 par 78 voix sur 81114. Vladimir Poutine, dans un entretien téléphonique avec Barack Obama en 2014, affirme que la déclaration d'indépendance du Kosovo de 2008 (à laquelle Moscou s'était opposée) fait jurisprudence, pour justifier le référendum de Crimée115;

  • selon Théodore Christakis, professeur de droit international à l'université Grenoble II Pierre Mendès-France et directeur du Centre d'études sur la sécurité internationale et les coopérations européennes (CESICE), « un référendum concernant le statut futur d'un territoire n'est pas, en principe, "illégal" du point de vue du droit international, pas plus qu'une éventuelle déclaration d'indépendance à la suite d'un tel référendum ». Pour lui, « le véritable problème en Crimée n'est donc pas le référendum, mais l'intervention militaire et l'ingérence russes qui elles, sont clairement "illégales" et peuvent rendre aussi illégale la situation résultant du référendum ». Il souligne que l'intervention russe en Crimée est clairement illégale et que l'argument du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes pour justifier le référendum n'est pas fondé car ce droit s'applique uniquement à des peuples ou ethnies en situation de décolonisation ou d'occupation militaire116. Selon le professeur Pierre Bodeau-Livinec, une sécession, comme celle de la Crimée avec l'Ukraine, n'est ni autorisée ni interdite : c'est un fait117 ;

  • par ailleurs, plusieurs textes reconnaissent le droit à l'autodétermination des peuples, ce qui implique selon Moscou que les habitants de Crimée aient le droit de décider de se séparer de l'Ukraine et de demander leur rattachement à la Russie. Il est en premier lieu objecté que ce droit ne peut s'exercer sereinement, à cause de la pression de la Russie et de sa présence militaire, qui donneraient au processus des airs d'annexion. Par ailleurs, la résolution no 1514 précise que seuls les peuples qui ont subi une « subjugation, domination et exploitation étrangères » peuvent prétendre au droit à l’autodétermination118, ce texte ayant à l'esprit le cas de la colonisation en Afrique. Le spécialiste des relations internationales Jean Charpentier fait remarquer que cette résolution établit une injustice entre les peuples de la décolonisation et les autres119 ;

  • à la suite du référendum du 16 mars 2014 sur le rattachement à la Russie, l'eurodéputé Fabrizio Bertot (en) observateur du groupe Chrétien Démocrate (Parti populaire européen) a déclaré que « Le vote a eu lieu régulièrement »120 ;

  • les observateurs de la mission spéciale d'observation de l'OSCE en Ukraine ont été refoulés à quatre reprises et n'ont pu surveiller le bon déroulement du vote. Les seuls observateurs conviés sont des « politologues et députés européens surtout connus pour leurs allégeances à l’extrême droite »121. Par ailleurs, la campagne, clairement en faveur d'un rattachement à la Russie, a été menée en deux semaines à peine.

Réactions

Réactions nationales

Le président russe Vladimir Poutine s'exprime lors d'une conférence de presse à propos de la situation en Ukraine le 4 mars, dénonçant les événements à Kiev comme un « coup anticonstitutionnel » et en insistant sur le fait que la Russie a le droit de « protéger ses citoyens en Ukraine122 ».

Le président intérimaire ukrainien Oleksandr Tourtchynov a accusé la Russie de « provoquer un conflit » en envahissant la Crimée. Il a comparé les actions militaires de la Russie à la deuxième guerre d'Ossétie du Sud de 2008, lorsque les troupes russes ont envahi la Géorgie et occupé les républiques séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, après avoir vaincu l’armée géorgienne. Il a appelé Poutine à retirer les troupes russes de Crimée et a déclaré que l'Ukraine « préservera son territoire et défendra son indépendance »123. Le 1er mars, il avertit qu'une intervention militaire « serait le début de la guerre et la fin des relations entre l'Ukraine et la Russie »124, fait placer les forces armées ukrainiennes en état d'alerte maximale et fait mobiliser les réservistes125.

Le 7 mars, Tymochenko prévient qu'un « rattachement de la Crimée à la Russie créerait les conditions d'une guerre de guérilla »126.

Le 5 mars 2014, le ministre des Affaires étrangères ukrainien déclare : « nous voulons régler cette crise pacifiquement. Nous ne voulons pas combattre les Russes », juste après avoir été reçu par son homologue français Laurent Fabius au Quai d'Orsay. « Nous voulons maintenir un bon dialogue, de bonnes relations avec le peuple russe. Nous apprécions tous les contacts possibles »127.

Le 11 mars, alors que Ianoukovytch ne s'était pas exprimé depuis le 28 février, il a appelé les forces armées ukrainiennes à ne pas suivre les « ordres criminels » du gouvernement agissant à Kiev. Il a de plus décrit l'actuel gouvernement ukrainien comme une « bande d'ultranationalistes et de néo-fascistes » et critiqué ses soutiens occidentaux supposés, tout en annonçant sa volonté de revenir en Ukraine128.

Le 13 mars 2014, Iatseniouk estime qu'il y a « encore une chance de résoudre la crise avec Moscou pacifiquement ». L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, lui a répondu que « la Russie ne veut pas la guerre et les Russes non plus, et je suis convaincu que les Ukrainiens non plus »129. À trois jours du référendum, le leader des Tatars de Crimée, Moustafa Djemilev, a quant à lui appelé les habitants à boycotter celui-ci130.

Le 19 mars 2014, le gouvernement ukrainien se préparerait à retirer ses troupes de Crimée vers l'Ukraine continentale « rapidement et efficacement »86, effectif fin mars.

En avril, les autorités ukrainiennes ont fermé les vannes du canal de Crimée du nord, dont la Crimée dépend à 85 % pour son approvisionnement en eau111, provoquant notamment des problèmes dans l'agriculture locale131. Le gouverneur de Crimée Serguei Aksionov a déclaré que des négociations avaient lieu avec l'Ukraine pour tenter de trouver une solution111.

En décembre 2014, les autorités ukrainiennes prennent des mesures contre la Crimée pour faire pression sur la Russie, notamment en décidant la suspension des liaisons ferroviaires et en car à destination de la péninsule132, officiellement pour des raisons de sécurité133.

Attitude des militaires ukrainiens

Des altercations armées se produisent ponctuellement entre soldats fidèles à Kiev et miliciens pro-russes. Ainsi, deux combattants sont tués (un pro-russe et un pro-ukrainien) lors d'une fusillade entre les deux parties, le 18 mars 2014134, tandis que les locaux de la marine ukrainienne à Sébastopol sont investis par les "Forces d'autodéfense" pro-russes le lendemain135.

Le processus d’adhésion de la république autonome de Crimée à la fédération de Russie et donc de sa séparation de l'Ukraine amène les marins originaires de la péninsule à se positionner quant à leur loyauté. Ils seront ainsi 6 000 à faire le choix de rejoindre la Russie, et 2 000 à rester Ukrainiens136.

Réactions internationales

Réactions par pays.

  • État appelant à une résolution pacifique du conflit.

  • État appelant au respect de l’intégrité territoriale de l'Ukraine.

  • État condamnant les actes russes.

  • État condamnant les actes russes et les interprétant comme une intervention militaire.

  • État soutenant l'intervention russe.

  • État reconnaissant la légitimité des intérêts russes.

  • Ukraine.

  • Russie.

Au niveau international, les États-Unis, l'Union européenne et d'autres pays se sont opposés à la Russie, l'accusant de violer le droit international et la souveraineté de l'Ukraine. Dès le 28 février, dans une déclaration, le président américain Barack Obama met en garde la Russie, tout en excluant une éventuelle intervention militaire américaine aux côtés des Ukrainiens137.

Le Canada a rappelé son ambassadeur de Russie138. Les chefs d'État du G7 ont annulé les préparatifs du G8 qui devait se tenir à Sotchi en juin et ont menacé d'exclure la Russie du G8 si cette dernière ne retirait pas ses troupes de Crimée139,140. De plus, l'Union européenne a ordonné la suspension immédiate des négociations de libéralisation des visas avec la Russie, tout en évoquant la possibilité de sanctions économiques (gels d'avoirs)141.

Le 3 mars 2014, après les déclarations de la veille du secrétaire d'État des États-Unis John Kerry prévoyant d'isoler la Russie, de la sanctionner économiquement et de rendre l'obtention des visas plus difficile pour ses citoyens, provoque en retour du ministère des Affaires étrangères russe une déclaration selon laquelle « cette attitude est irresponsable et contreproductive ». Il pose la question de savoir pourquoi Kerry, en qualité d'homme politique américain, s'est rendu en personne auparavant sur Maïdan, afin de soutenir les manifestants. Sergueï Narychkine, le président de la Douma d'État (chambre basse de le Parlement russe) et proche de Poutine, déclare le 3 mars : « la déclaration du secrétaire d'État John Kerry sur l'isolement de la Russie à cause de la politique en Crimée est à courte vue. Ces mesures mèneraient à une escalade de la crise autour de l'Ukraine »142.

Le 7 mars 2014, le président français François Hollande se déclare contre le référendum sur l'éventuel rattachement de la Crimée à la Russie qui doit se tenir le 16 mars, affirmant qu'il ne peut y avoir de référendum sur l'avenir de la péninsule « sans que l'Ukraine elle-même n'ait décidé de l'organiser »143. Merkel parle d'« annexion de la Crimée144 » et affirme que le référendum en Crimée est « illégal » et « contraire à la Constitution ukrainienne et au droit international »145. Le 13 mars, elle affirme lors d'une déclaration au Bundestag que « si la Russie continue sur la même voie que celle des dernières semaines, ce n'est pas seulement une catastrophe pour l'Ukraine (…), cela nuit aussi et surtout massivement à la Russie, j'en suis convaincue, économiquement, comme politiquement »146. Le 12 mars, Obama affirme que les États-Unis « rejettent complètement » les projets de référendum147.

La Syrie, par le biais de son président Bachar el-Assad, a été le seul pays à avoir fait part explicitement de son soutien aux efforts de Poutine visant à « rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays ami d'Ukraine »148. De son côté, le ministre des Affaires étrangères cubain Bruno Rodríguez Parrilla a dénoncé ce qu'il a appelé « l'hypocrisie, les doubles standards et l'agression » de Washington et de l'OTAN en faisant référence à l'éviction de Ianoukovytch et a mis en garde contre toute tentative d'étendre la présence de l'OTAN aux frontières de la Russie qu'il considérerait comme une violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations unies et qui constituerait une menace pour la paix, la sécurité et la stabilité mondiales149. La Chine a quant à elle appelé au dialogue et au respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine tout en refusant de s'opposer directement à la décision de la Russie150.

Le 6 mars, Shivshankar Menon, conseiller à la Sécurité nationale (en) de la République indienne, appelle toutes les parties impliquées à chercher une solution pacifique à cette crise diplomatique ; questionné sur la position officielle de l'Inde sur les événements qui se déroulent en Ukraine, il déclare « nous espérons que, quels que soient les problèmes internes en Ukraine, ils puissent être résolus pacifiquement, ainsi que les problématiques plus large de réconcilier les différents intérêts impliqués, et il y a des intérêts russes ainsi que d'autres qui sont impliqués... Nous espérons qu'ils seront discutés, négociés et qu'une résolution satisfaisante de ces conflits d'intérêts sera trouvée »151. Le 8 mars 2014, l'Inde déclare que les « intérêts russes en Crimée sont légitimes »152.

Le président de la république serbe de Bosnie, Milorad Dodik, déclare que le référendum organisé en Crimée est légitime153.

Le 20 mars, quatre jours après le référendum, Merkel évoque la possibilité de davantage de sanctions de l'Union européenne contre la Russie154, tandis qu'Obama annonce imposer des sanctions (en) contre vingt citoyens russes, dont des proches du Poutine et contre Rossiya Bank (la 17e plus importante banque de Russie) en réponse à l'annexion de la Crimée. Il refait par ailleurs part du soutien de l'OTAN aux pays baltes155.

Le 27 mars, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution dénonçant le référendum en Crimée (estimant qu'il n'avait aucune validité) et l'annexion russe de la péninsule. La résolution recueille 100 voix pour, 11 voix contre et 58 abstentions, sur les 193 États membres156. La Syrie fait part de son soutien à Poutine157 et la Chine, qui s'était abstenue lors d'une résolution occidentale dénonçant le référendum, rejetée en raison du veto de la fédération de Russie, a appelé au dialogue et au respect de l'indépendance, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine tout en refusant de s'opposer directement à la Russie158.

Le 28 mars, Lavrov affirme que la Russie n'a pas l'intention d'envahir l'Ukraine orientale159 alors que 100 000 soldats russes seraient massés près de la frontière ukrainienne, prêts à rejouer le scénario de la Crimée dans l'est du pays selon le gouvernement ukrainien160.

Réaction militaire de l'OTAN

Le 5 mars, le Pentagone annonce envoyer six avions de combat et un avion de ravitaillement supplémentaires afin d'augmenter les quatre participant déjà à la mission Baltic Air Policing161,162. Les États-Unis annoncent de plus le 6 mars envoyer 12 avions et 300 personnels en Pologne en réponse vraisemblablement aux activités russes en Crimée163,164. Le 7 mars, la Turquie fait décoller six de ses F-16 après qu'un avion espion russe a volé près de ses côtes au large de la mer Noire (celui-ci serait néanmoins resté dans l'espace aérien international)165.

Le 10 mars, des avions Awacs de l'OTAN sont envoyés au-dessus de la Pologne et de la Lituanie pour surveiller la frontière russe (exclave de Kaliningrad166).

Le 17 mars, le Royaume-Uni fait part de sa proposition de déployer un certain nombre d'Eurofighter Typhoon pour appuyer la mission Baltic Air Policing de l'OTAN167. Le Danemark annonce à son tour envoyer six F-16 pour soutenir cette mission le 27 mars 2014168.

Notes et références

  • « Sur demande de l'Ukraine, l'Assemblée générale de l'ONU dénonce l'annexion de la Crimée », Le Monde,‎ 27 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 12 octobre 2017)

  • (en-US) « 8 years after Putin sealed Crimea's fate, it’s yesterday once more for Ukraine », CNBC,‎ 22 février 2022 (lire en ligne [archive], consulté le 17 août 2022)

  • (en) « RPT-INSIGHT-How the separatists delivered Crimea to Moscow », Reuters,‎ 13 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 31 octobre 2022)

  • « Crise ukrainienne : La fulgurante ascension de Sergueï Aksionov, l’homme de Moscou en Crimée », Le Monde.fr,‎ 3 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 24 août 2022)

  • (en) « Ukraine's Crimea main airport closed », Reuters,‎ 1er mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 16 août 2022)

  • Yvan Brax, « Ukraine : « Une intervention de la Russie serait une folie » », L'Express,‎ 27 février 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 24 août 2020).

  • (en) Andrew Osborn, « At Ukrainian cliff-top base, shots fired as cements control », Reuters,‎ 5 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 25 août 2022)

  • (en) « Ukrainian soldiers stop resistance to occupants in Perevalne », UNIAN,‎ 19 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 17 août 2022)

  • (uk) « В Перевальном часть 36-й бригады береговой обороны перешла на сторону РФ », Fakty,‎ 21 mars 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 17 août 2022)

  • « Les éléments qui accréditent l'intervention de soldats russes en Ukraine », Le Monde.fr,‎ 28 août 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 28 octobre 2022)

  • Le Monde avec AFP, « L'Ukraine limite son apport d'eau à la Crimée », Le Monde,‎ 26 avril 2014 (lire en ligne [archive], consulté le 24 août 2020).

  1. (en) Denmark Joins US, UK in Bolstering Baltic Air Policing Mission (1) [archive], Estonian Public Broadcoasting, 27 mars 2014.

Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes

Articles connexes

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