Marianne.net – 23 janvier 2023 à 15:32 . rend compte de France-Info.
Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance.
PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPPP
Un référendum sur les retraites ? La question n'est pas "légitime" pour le patron de Renaissance
Démocratie, mon amour
Par Louis NadauPublié le 23/01/2023 à 15:32
Selon Stéphane Séjourné, invité de franceinfo ce lundi 23 janvier, le débat sur les retraites a été tranché par l'élection présidentielle, de sorte qu'un référendum sur la question ne serait pas « légitime ».
On ne va quand même pas y passer la nuit. Invité de franceinfo ce lundi 23 janvier, Stéphane Séjourné, secrétaire général de Renaissance, a balayé d’un revers de main l’idée d’un référendum sur la réforme des retraites, réclamé par le Rassemblement national et une grande partie de la Nupes : selon lui, ce débat a été tranché lors de l’élection présidentielle. « Je pense que cette question aurait été légitime si elle n’avait pas fait partie du débat, notamment de la présidentielle. (…) S’il n’y avait pas eu ce débat pendant la présidentielle ou si le président de la République l’avait annoncé en tant que tel avant, la question se serait posée », assure le patron de Renaissance. Tant pis si les conditions de l’élection d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen permettent de douter de l’adhésion d’une part significative de ses électeurs à son programme. Tant pis, aussi, si le président candidat, interrogé sur la possibilité d'un référendum sur les retraites par BFMTV, avait expliqué « ne pas exclure le référendum pour quelque réforme que ce soit », clamant son désir de « retrouver » la voie référendaire. Le message du jour est clair : circulez, y’a rien à voir.
À entendre Stéphane Séjourné, oppositions, syndicats et opinion – encore très largement défavorables à la réforme – en feraient donc trop sur le sujet. « Je crois que la question des retraites est une question qui est surdimensionnée dans le débat politique depuis maintenant quelques années, qui occupe énormément le débat », s’agace l’ancien socialiste. « On en a parlé presque pendant l’ensemble du débat présidentiel, on en a parlé là dans la négociation avec les syndicats, on en parlera pendant le débat parlementaire, donc je pense qu’il n’y a pas de défaut de discussion ou de débat public autour de cette question », plaide encore le président du groupe Renew au Parlement européen.
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Si la réforme des retraites était effectivement l’une des rares mesures clairement identifiables du président sortant pendant sa mini campagne présidentielle, rappelons tout de même que le « débat » s’est résumé à des passes d’armes entre le camp macroniste et l’état-major de Valérie Pécresse quant à la paternité de la proposition de recul de l’âge de départ à la retraite. « Préférez l'original à la pâle copie ! », s’insurgeait la candidate des Républicains, pointant du doigt un « candidat photocopieuse ». Très loin, donc, d’une grande discussion de fond sur l’orientation de notre système social. Débat ou pas, nul besoin d'être extralucide pour comprendre que le critère de choix idéologique des électeurs de gauche ayant soutenu Emmanuel Macron contre Marine Le Pen n'était certainement pas la réforme des retraites.
« Les choses ont été dites clairement »
Tout de même, ne faudrait-il donc pas prendre en compte le fait que le chef de l’État a bénéficié d’un vote de raison plus que d’adhésion ? Pour Stéphane Séjourné, c'est niet. D’après lui, les électeurs, y compris de gauche, ont voté en connaissance de cause : « C’est la première réforme des retraites qui est présentée de manière totalement transparente pendant cette élection. Généralement, l’ensemble des projets de réforme n’ont jamais été discutés pendant les élections présidentielles et sont arrivés après sans être proposés dans les programmes des candidats. Je pense que ça a de la valeur politique en République, en démocratie. »
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Une position sensiblement identique à celle exprimée par Emmanuel Macron depuis l’Espagne le 19 janvier, alors qu’un peu plus d’un million de Français défilait contre la réforme : selon la lecture du président de la République, le vote des Français vaut approbation, dans la mesure où son programme affichait clairement la couleur sur les retraites. « Je pense qu’il y a, dans une démocratie, des règles et un bon fonctionnement. Il faut que les choses soient dites au moment où les choix démocratiques sont faits. Et à l’élection présidentielle qui s’est tenue somme toute il n’y a que quelques mois, et aux élections législatives qui ne se sont tenues qu’il y a quelques mois, les choses ont été dites clairement », affirmait le président de la République.
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Emmanuel Macron fermait le ban en ajoutant : « Nous rentrons maintenant dans le temps de la proposition du gouvernement. Elle va donner lieu à un travail démocratique parlementaire, qui permettra à toutes les forces politiques de s’exprimer et d’enrichir le projet, et de pouvoir aller au terme d’une réforme qui a été démocratiquement présentée, validée, qui est surtout juste et responsable. » Si personne ne songe à contester la victoire du président dans les urnes, ceux qui brandissent sa légitimité démocratique pour réformer les retraites oublient un peu vite que 45 % des électeurs d’Emmanuel Macron interrogés par le Cevipof dans l’entre-deux-tours déclaraient le choisir par défaut.
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Par Louis Nadau
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