mercredi 21 décembre 2022

En mer de Chine méridionale, Beijing fait pousser des îles sorties de nulle part

Hughes Reef, l'une des îles déjà contrôlées par la Chine. Les nouvelles pourraient bientôt ressembler à ça. | Ezra Acayan / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP

Hughes Reef, l'une des îles déjà contrôlées par la Chine. Les nouvelles pourraient bientôt ressembler à ça. | Ezra Acayan / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP


L'un des points les plus chauds du globe n'est pas prêt de refroidir.

Repéré par Thomas Burgel sur Bloomberg

21/12/2022 à 6h16

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Selon l'ONU et ainsi que le rappelle l'excellente petite émission d'Arte consacrée aux îles Spratleys, visible à la fin de cet article et que l'on vous conseille de regarder, celles-ci constituent l'un des points les plus chauds du globe. Vu ce que révèlent à Bloomberg des officiels occidentaux inquiets, l'ambiance dans la zone n'est pas près de refroidir.

Dans cet archipel contesté par la Chine, les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, l'Indonésie et le sultanat de Brunei, Beijing semble ainsi accélérer ces derniers mois la création ou l'extension ex nihilo d'îles comme sorties des eaux, afin de gratter quelques précieux kilomètres carrés d'influence dans un espace stratégiquement précieux et au sous-sol potentiellement bourré de richesses à exploiter.

On sait à quel point la Chine tente de faire de la mer de Chine méridionale et de ses îles son pré carré, malgré des revendications géographiques et historiques plutôt contestables, basées notamment sur une vieille carte et ses «neuf traits», également nommés la Langue de bœuf.

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Misant notamment sur la croissance exponentielle de sa marine militaire, l'empire du Milieu essaie également d'y imposer sa force brute en y déployant de vastes flottes de navires civils, faisant en réalité office de milice maritime au service du PCC, chargée d'occuper les lieux et d'y harceler d'éventuels visiteurs.

Beijing a, comme les autres nations se disputant les îles Spratleys, déjà défrayé la chronique en construisant avant-postes militaires et pistes d'aviation sur certains des confettis maritimes insulaires dont elle a le contrôle, quitte à accroître artificiellement leur surface par la création de polders.

«N'est pas mort ce qui à jamais dort»

Mais ce que rapporte Bloomberg est inédit, expliquent les officiels qui ont mis à disposition diverses images satellitaires pour prouver leurs dires: il semble que pour la première fois, Beijing se soit engagée dans des travaux de constructions pour créer ou agrandir des affleurements ou bancs de sable dont elle n'a pas encore le contrôle.

Certains de ces bancs de sable, expliquent les sources ayant souhaité conserver l'anonymat, ont gagné plus de dix fois en surface ces dernières années. Certains clichés satellites montrent la présence d'excavatrices amphibies, déposées là par bateau pour faire sortir du néant ces petits bouts de terre, qui pourraient à l'avenir constituer le socle d'une petite base militaire.

Sur une autre de ces pseudo-îles, les travaux avancent si vite qu'une palissade a déjà été posée autour du chantier, là où seuls quelques récifs sableux apparaissaient il y a encore quelques années.

À Whitsun Reef, où un incident sérieux a déjà opposé en 2021 la Chine et les Philippines, le bout de pas-grand-chose qui n'apparaissait au grand jour que lors des marées basses a été suffisamment surélevé pour avoir gagné un caractère insulaire plus permanent.

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Interrogé sur la question, le ministère chinois des Affaires étrangères explique que l'article n'est «basé que sur du vent», malgré les preuves en images fournies par les satellites de firmes comme Maxar. Les Philippines sont beaucoup plus inquiètes, et indiquent que tout chantier de ce type contreviendrait aux fragiles accords passés entre les acteurs de la région.

Ces agissements pourraient en outre relancer la bataille du kilomètre carré dans laquelle les nations présentes dans la zone se sont lancées: à la suite des constructions de Beijing sur les îles qu'elles contrôlait déjà, toutes ont déjà tenté de fortifier leurs propres positions.

Elles l'ont fait par la création de polders puis la construction de bases militaires, l'installation de colonies ou d'installations pour riches vacanciers, voire l'échouage par les Philippines d'un vieux navire de guerre, le BRP Sierra Madre, occupé à l'année par une poignée de braves gardiens.


 

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