AFP
"Arrêtez de dire des bêtises" : ces moments tendus entre Emmanuel Macron et les journalistes Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin
CRISPES - Le chef de l’Etat se livrait ce dimanche soir aux
questions de deux journalistes, Jean-Jacques Bourdin, et Edwy Plenel. Certains
moments ont été un peu... tendus.
- La rédaction de LCI
Agressif ? Virulent ? Pugnace ? Déplacé ? Malmené ? Sur les réseaux
sociaux, les débats se font, pour qualifier la teneur de l’interview
présidentielle, par les deux journalistes Edwy Plenel (pour Mediapart) et
Jean-Jacques Bourdin (pour RMC et BFMTV).Ce qui est sûr, c’est que les protagonistes se sont parfois affrontés sur de vifs échanges, le président reprenant plusieurs fois les questions qui lui étaient adressées, estimées trop "floues", ou "orientées". Il s’est ainsi livré à quelques remises en place, assaut à chaque fois que "je réponds à toute vos questions", ce qui n’a pas toujours laissé de marbre les journalistes en face, qui se sont fait un plaisir de ne jamais lui donner de "Monsieur le Président".
Retour sur toutes ces prises de bec, et de tête, et autres phrases bien cinglantes.
1. Macron à Plenel : "Est-ce une question ou un plaidoyer?"
Il est vrai que la question d’Edwy Plenel était longue : "Vous vous êtes trompés sur le nom de votre mouvement, vous auriez dû l’appeler 'En force'. Et si vous avez récemment ajouté le mot 'unir' dans votre communication. N’est-ce pas parce que vous prenez soudain conscience que vous avez divisé le pays au lieu de le rassembler ?" Ce à quoi Emmanuel Macron répond : "Est-ce une question ou un plaidoyer ?" - "Non, c’est une question." - "Elle a la tournure d’un plaidoyer", insiste Emmanuel Macron. "Il n’y a jamais de mauvaise question", dit Plenel. "Non, mais il peut y avoir des questions orientées. (...). Je vais y répondre, mais d’une part votre question amalgame des choses profondément différentes, ces mécontentements ont des racines profondément différentes."
2. Macron à Plenel : "On ne va pas changer de constitution parce qu'elle ne vous plaît pas"
Edwy Plenel demande au Président s’il est normal qu’il ait la responsabilité totale d’une décision telle que les frappes en Syrie. Ce à quoi Emmanuel Macron répond : "Je ne parlerais pas d’un pouvoir solitaire, je parle d’une responsabilité, celle du chef des armées, qui est définie par notre Constitution. Ce n’est pas moi qui l’ai décidé, c’est notre constitution, votée par le peuple français. Ça peut vous déplaire, mais c’est le cas. (...) Mais on ne va changer de constitution parce qu’elle ne vous plaît pas. Si elle ne vous plaît pas, vous pouvez proposer de la changer, et vous présentez devant le peuple. C’est ça la souveraineté du peuple. Ce n’est pas dire 'moi elle ne me plaît pas ou elle me paraît archaïque'".
3. Plenel à Macron : "Vous n’êtes pas le professeur et nous ne sommes pas les élèves"
Emmanuel Macron reprend les deux journalistes, qui parlent d’évasion fiscale. "En Europe, vous avez des différences de fiscalité, qui créent, non pas de la fraude, et c’est là où votre raisonnement, permettez-moi de vous le dire, est faux." "Vous n’êtes pas le professeur et nous ne sommes pas les élèves, hein, il n’est pas faux notre raisonnement" - "M. Plenel, vous me dites, quand je me trompe, mais j’ai le droit de vous dire, quand c’est le cas ; parce que ce n’est pas de la fraude fiscale, ça s’appelle de l’optimisation fiscale." Bourdin le reprend : "Mais moralement vous l’acceptez cette évasion fiscale ?" "Je ne fais pas de morale", répond le Président (...) "N’étant ni votre professeur ni vous les élèves, mon devoir est que pour que nous ayons un débat démocratique, ne pas laisser s’installer des contre-vérités ou des approximations, tout comme vous le faites."
4. Macron à Bourdin : "Je ne vais pas vous dire 'votre ami Xavier Niel ou votre ami monsieur Drahi fait la même chose'"
Toujours sur la question d’évasion fiscale, c’est une petite phrase glissée par Jean-Jacques Bourdin qui a soulevé les foudres du Président, en glissant " ... ce que fait votre ami Bernard Arnaud." Le chef de l’Etat l’a coupé aussitôt : "Pardon, moi, je n’ai pas d’amis, M. Bourdin. De là où je suis, je n’ai pas d’amis." Et de reprendre : "Vous savez, les insinuations dans la vie, ce n’est pas une bonne chose." "Ce ne sont pas des insinuations", glisse Bourdin. Macron rétorque : "Ni vous ni moi, n’êtes des juges autour de cette table, vous êtes des intervieweurs. (...) Je ne suis pas là pour juger tel ou tel, je ne vais pas vous dire 'votre ami Xavier Niel ou M. Drahi font la même chose', c’est ridicule. Vous avez des actionnaires, des employeurs. Le sujet est trop important pour que nous nous laissions divertir."
5. Macron à Plenel : "Vous-même vous aviez décidé de vous affranchir des règles fiscales"
A propos de l’efficacité de l’administration fiscale, Emmanuel Macron prend à témoin Edwy Plenel : "Vous l’avez peut-être expérimenté, je crois que d’ailleurs par le passé vous avez pu en souffrir parce que vous-même aviez décidé de vous affranchir des règles fiscales, et l’administration fiscale vous a contrôlé." Plenel se défend : "C’est totalement mesquin, vous le savez, nous avons mené un combat pour l’égalité en terme de presse papier et internet. Nous ne sommes pas des fraudeurs." Macron le laisse à peine parler : "Vous avez payé et c’est très bien ainsi. C’est pour ça que ça s’est fait, mais c’est l’administration fiscale qui l’a fait." "Ce n’est pas digne de vous", reprend Edwy Plenel. "Tout ça pour vous dire que l’administration fiscale n’a pas besoin de Mediapart ou de journalistes pour lancer des enquêtes." Le chef de l’Etat a tout de même fini par reconnaître que, comme par exemple pour Jérôme Cahuzac, "il y a des scandales soulevés par des journalistes qui sont utiles."
6. Macron à Plenel : "Arrêtez de dire des bêtises (…) vous n’êtes le ventriloque d’aucun ministre"
Emmanuel Macron défend les projets agricoles à Notre-Dame-des-landes. "Nicolas Hulot a été constamment devant, en négociations, il le porte". Edwy Plenel place : "Il est embarrassé par l’évacuation, nous le savons." "M. Plenel, arrêtez de dire des bêtises." "Nous l’avons eu à ce moment-là." "M. Plenel, vous n’êtes le ventriloque d’aucun ministre".
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