Le 17/04/2018 à 23:49, Françoise D a écrit :
Frappes en Syrie : les fanfaronnades de Macron démenties par Washington et la TurquiePublié le 16/04/2018 à 19:10Au cours de son interview dimanche soir, Emmanuel Macron s'est vanté d'avoir "convaincu" Donald Trump et "séparé" Russes et Turcs sur la question syrienne. Mais Ankara et Washington se sont empressé de contredire ces affirmations.
Emmanuel Macron en aurait-il trop fait ? Au début de son interview par Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel ce dimanche 15 avril, le président de la République a livré sa version des coulisses et des conséquences des frappes aériennes ayant ciblé le programme d'armement chimique de la Syrie, se targuant d'avoir "séparé" la Turquie et la Russie ainsi que d'avoir "convaincu" Donald Trump de maintenir ses troupes sur le terrain. Deux affirmations qui ont suscité pas moins de trois démentis en moins de 24 heures, venant à la fois de Washington et d'Ankara.
"Il y a dix jours, le président Trump disait : les Etats-Unis d'Amérique ont vocation à se désengager de la Syrie, nous l'avons convaincu qu'il était nécessaire d'y rester (...) je vous rassure, nous l'avons convaincu qu'il fallait rester dans la durée", a d'abord plastronné Emmanuel Macron. Piquant manifestement au vif la susceptibilité de son homologue américain, qui a fait apporter quelques heures plus tard cette précision par la Maison Blanche : "La mission américaine n'a pas changé : le président a dit clairement qu'il veut que les forces américaines rentrent dès que possible". Et de rappeler que la présence des quelques 2.000 soldats américains sur le sol syrien n'ont qu'un seul objectif : combattre l'Etat islamique.Emmanuel Macron a réagi ce lundi à la rebuffade, assurant que les deux pays ont la "même position" sur la durée de leur engagement militaire dans la région, ainsi que sur son but : "Je n'ai pas dit que ni les Etats-Unis, ni la France allaient rester militairement engagés dans la durée en Syrie (...) La Maison Blanche a raison de rappeler que l'engagement militaire est contre Daech et s'arrêtera le jour où la guerre contre Daech sera parachevée", a-t-il rectifié en marge d'une conférence de presse aux côtés de la Première ministre de Nouvelle-Zélande à l'Elysée."Nous attendons des déclarations dignes d'un chef d'Etat"Mais après Washington, c'est à Ankara qu'on s'est étranglé en entendant les déclarations d'Emmanuel Macron. Vantant une démonstration de force faite au régime de Damas ainsi qu'à son allié Vladimir Poutine, il a brandi un deuxième succès diplomatique : "Ensuite, par ces frappes et cette intervention, nous avons séparé sur ce sujet les Russes des Turcs (...). Les Turcs ont condamné les frappes chimiques et ont soutenu l'opération que nous avons conduite", quand la Russie s'est évidemment opposée à l'opération, la dénonçant "avec la plus grande fermeté". En effet, bien que Moscou et Ankara soient alliés sur le dossier syrien, Recep Tayyip Erdogan a bel et bien soutenu les frappes occidentales dans le pays, estimant qu'elles étaient une "réponse appropriée" aux "attaques inhumaines" de Damas.Sauf que l'annonce fanfaronne du président français n'a pas plu pour autant à la diplomatie turque. Laquelle a mis un point d'honneur ce lundi à la démentir à deux reprises. "La politique de la Turquie en Syrie n'est pas d'être avec ou contre qui que ce soit", a affirmé le porte-parole du gouvernement, Bekir Bozdag, avant d'expliquer que la Turquie s'opposait aussi bien "aux soutiens apportés au régime" qu'aux "soutiens apportés aux organisations terroristes". La réaction de la tête de la diplomatie turque a ensuite été encore plus virulente : "Nous pourrons penser différemment mais nos relations ne sont pas faibles à tel point que le président français puisse les rompre", a cinglé le ministre des Affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu. "Ceux qui défendent ce qui est juste peuvent avoir leurs divergences mais les principes de la Turquie sont clairs", a-t-il ajouté, reprochant vertement à Emmanuel Macron ses propos : "Nous attendons des déclarations dignes d'un chef d'Etat. Nos relations avec la Russie ne sont pas une alternative à nos relations avec l'Otan ou avec nos alliés".
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