POLITIQUE
Le président de la République s'exprimera, entre autres, sur les conflits sociaux qui agitent le pays.
AFP
Emmanuel Macron sur le plateau du JT de TF1.
POLITIQUE - L'horaire est inhabituel et témoigne de la volonté du président
de la République de ne décidément rien faire comme les autres. Tandis que le ton monte dans le pays, secoué par différents mouvements
sociaux qui menacent de s'agréger, Emmanuel
Macron sera l'invité jeudi 12 avril du journal de 13h de Jean-Pierre
Pernaut sur TF1, pour un grand entretien en direct, a annoncé samedi la
chaîne.Durant cet entretien d'une heure, qui sera diffusé également sur LCI, le président répondra en outre à des questions concernant les conflits sociaux, la vie quotidienne des Français, et expliquera quel cap il entend donner à la France près d'un an après son arrivée à l'Elysée, a indiqué à l'AFP le directeur de l'information du groupe TF1 Thierry Thuillier.
"TF1 avait réalisé la première interview télévisée du président Macron en octobre, et nous souhaitions proposer l'interview du premier anniversaire de son élection mais ce qui nous a surtout motivés, c'est le contexte du moment ; aujourd'hui, les sujets qui touchent à la vie quotidienne des Français sont au premier plan", a-t-il expliqué.
Macron à l'assaut des séniors
Il s'agira seulement de la troisième interview accordée à une chaîne française par le président depuis son élection au printemps 2017. Après avoir renoncé à la traditionnelle interview du 14 juillet, il avait été l'invité du 20H de TF1 en octobre, puis de celui de France 2 en décembre.
Le choix du 13h de Jean-Pierre Pernaut, particulièrement suivi mais davantage réputé pour ses sujets magazines sur la France des terroirs (ce qui lui vaut la fidélité des téléspectateurs retraités) que pour ses interviews politiques, n'en demeure pas moins surprenant. Animateur vedette de TF1 depuis 30 ans, Jean-Pierre Pernaut s'est à plusieurs reprises distingué par des prises de position tranchées, ce dernier s'autorisant régulièrement des commentaires sur la vie publique, comme ici sur Nicolas Sarkozy ou encore là au sujet des SDF et des migrants.
Si Emmanuel Macron préfère souvent s'exprimer via les réseaux sociaux, "le 13H de Jean-Pierre Pernaut est le premier rendez d'information de la mi-journée, et s'il bénéficie d'une audience fidèle de retraités et séniors, c'est aussi le journal télévisé le plus regardé par les 25-49 ans à cet horaire", fait valoir TF1, qui diffusera aussi l'entretien sur ses plateformes en ligne.
Jean-Pierre Pernaut avait déjà interviewé un président de la République, Nicolas Sarkozy, mais pas sur son plateau du 13h. A l'époque, l'éditorialiste Bruno Roger-Petit, aujourd'hui conseiller d'Emmanuel Macron à l'Elysée, avait raillé ce choix en décrivant Jean-Pierre Pernaut comme "l'incarnation du journalisme de proximité" et parfait "médiateur entre le président et son cœur de cible électoral, celui qui a assuré la victoire en 2007 : un public âgé, provincial, conservateur et inactif."
Cet interview intervient après une dégringolade de la popularité du couple exécutif depuis le début de l'année, conjugué à un retournement de l'opinion qui soutient de plus en plus les cheminots en grève contre la réforme ferroviaire.
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EXCLUSIF - L'interview de Macron face à Pernaut sur TF1 va être délocalisée dans l'Orne
En choisissant ce département rural, le président de la République entend là encore adresser un message.
POOL New / Reuters
Selon nos informations, Emmanuel Macron devrait s'exprimer
jeudi prochain sur le plateau du 13h de TF1 délocalisé dans le département de
l'Orne.
POLITIQUE - Devant les protestations sociales, Emmanuel
Macron a donc choisi le 13h de TF1, animé depuis des décennies par le présentateur vétéran Jean-Pierre Pernaut, pour expliquer
ses réformes aux Français ce jeudi 12 avril. Le choix de ce rendez-vous
d'information de la mi-journée, plus réputé pour ses magazines sur la France du
terroir que pour ses entretiens politiques, a surpris les observateurs et a été
immédiatement interprété comme une volonté du président de la République de
s'adresser en priorité à la ruralité et aux personnes âgées.Selon nos informations, ce choix serait conforté par la volonté de délocaliser le plateau du 13h en dehors de la capitale dans le département rural de l'Orne (Normandie). "Le journal de TF1 va être délocalisé dans la petite commune de Berd'huis", a précisé ce dimanche 8 avril au HuffPost une source proche du dossier réclamant l'anonymat.
Contacté par nos soins, l'entourage du président de la République n'a pas souhaité confirmer ni commenter cette information. Le choix de cette petite commune d'un millier d'habitants, comme l'a confirmé dans un second temps la chaîne LCI, membre du groupe TF1, serait néanmoins un prétexte idéal pour aborder différents thèmes d'actualité sensibles, depuis les déserts médicaux, les fermetures de classes en milieu rural, l'aménagement du territoire avec le risque de fermeture des petites lignes SNCF ou encore la fracture numérique. Un défi que le chef de l'Etat, brocardé régulièrement comme "le président des villes", entend prendre à bras le corps en défendant ses réformes.
Tournage dans une école
"L'Orne, c'est un département sinistré de toutes parts: on a la crise agricole, les réseaux ferrés dégueulasses, les inconvénients de la proximité parisienne, les zones blanches du réseau mobile, sans parler de la démographie vieillissante", a explicité la même source proche du dossier, en précisant "attendre beaucoup" de cet entretien présidentiel.
Cette même source précise que l'entretien du chef de l'Etat pourrait être tourné dans une école "hyper moderne" de la commune. Tout un symbole à l'heure où le gouvernement est accusé de vouloir supprimer des classes dans le milieu rural.
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a assuré début mars que seraient fermées à la rentrée prochaine 200 à 300 classes rurales "grand maximum" (en solde net).
Une diminution nettement moindre qu'en 2015 et 2016, où dans les 45 départements les plus ruraux avaient été fermées 1200 classes (en solde net) sur le cumul de ces deux années, a assuré le ministère. Des chiffres contestés par les syndicats.
Reconquérir les retraités
Outre ces sujets de préoccupation très vifs dans les campagnes et les petites villes, l'enjeu pour le président de la République est aussi de reconquérir des retraités qui ont massivement voté pour lui mais qui lui reprochent maintenant la hausse de 1,7 point de la CSG et ont été des dizaines de milliers à manifester en mars. Ce que vient confirmer le choix d'un rendez-vous en semaine à un horaire plébiscité par les seniors.
Plusieurs fois, au cours de ses récents déplacements, Emmanuel Macron a été pris à partie par des retraités. "Vous nous avez vraiment pompés", lui a lancé une dame lors d'une visite à Tours. Le chef de l'Etat, qui appelle à la patience avant la baisse de la taxe d'habitation en octobre, lui a expliqué vouloir créer une solidarité entre générations, les retraités aidant les actifs.
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