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Mgr Georges Pontier , le 09/04/2018 à 23h13
Mis à jour le 10/04/2018 à 10h32
Mis à jour le 10/04/2018 à 10h32
DOCUMENT Organisée par la Conférence des évêques de France (CEF), une
grande soirée inédite se tient lundi 9 avril au Collège des Bernardins, en
présence du président Emmanuel Macron et de 400 invités.
Handicap, précarité, isolement… Trois binômes ont témoigné, au cours de
cette réception, de la fragilité. Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille
et président de la CEF, s’est ensuite fait le porte-voix de nombreuses
préoccupations de l’Église de France. Le président de la République Emmanuel
Macron lui a répondu. Voici le texte du discours de Mgr Georges Pontier.
Mgr
Georges Pontier, aux Bernardins à Paris, le 9 avril 2018. / LUDOVIC MARIN/AFP
Monsieur le
Président de la République,
Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur,
Madame la Ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur,
Madame la Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, auprès du Premier Ministre
Monseigneur le Nonce Apostolique,
Monsieur le Cardinal,
Monsieur le Vice-président du Conseil d’État,
Mesdames et messieurs les Élus,
Chers amis responsables de culte en France,
Chers confrères,
Mesdames, messieurs, chers amis,
Monsieur le Ministre d’État, Ministre de l’Intérieur,
Madame la Ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur,
Madame la Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, auprès du Premier Ministre
Monseigneur le Nonce Apostolique,
Monsieur le Cardinal,
Monsieur le Vice-président du Conseil d’État,
Mesdames et messieurs les Élus,
Chers amis responsables de culte en France,
Chers confrères,
Mesdames, messieurs, chers amis,
Vous avez répondu
positivement à notre invitation et je vous en exprime la reconnaissance des
évêques de France, tout particulièrement, à vous, Monsieur le Président de la
République. Votre présence nous honore et manifeste les relations anciennes et renouvelées
entre l’État et l’Église Catholique. Cette rencontre est inédite et n’a pas
nécessairement vocation à être renouvelée annuellement. Nous l’avons proposée
dans la période où les catholiques, les chrétiens fêtent la Pâque, la résurrection
de Jésus le Christ, la fête la plus importante de l’année, celle qui ouvre un
horizon de vie au-delà de la mort à cause de la volonté du Dieu créateur qui
aime toutes ses créatures. Nous puisons là une espérance
éclairante qui nous amène à une absolue certitude en la dignité de tout être
humain créé à l’image de Dieu.
A vrai dire, nous
avons tous ici une ambition commune ou une responsabilité partagée : celle de
contribuer, chacun selon son statut, à la qualité de la vie commune dans ce
pays qui est le nôtre et que nous aimons, la France. Notre pays a apporté sa
contribution à l’avancée des idées et à l’avènement de sociétés plurielles. Sa
devise « Liberté, Égalité, Fraternité » résonne comme une dynamique sage et
porteuse de bonheur, mais aussi comme une tâche toujours à reprendre ou à
consolider, tellement la recherche de l’intérêt personnel peut entraver celle du
bien commun.
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Nous avons voulu
que parmi nos invités soient présents certains de nos amis avec lesquels nous
cheminons et qui sont marqués par des histoires difficiles et douloureuses.
Plusieurs viennent de s’exprimer brièvement mais fortement. Certains pourraient
dire que leur histoire est simplement marquée par la vulnérabilité et la
faiblesse. D’autres pourraient ajouter que leur vie n’apporte rien ou encore
qu’elle n’est que souffrance pour eux-mêmes et leurs proches. Il nous apparaît
que regarder en face la fragilité des existences humaines, c’est reconnaître
qu’elle n’est pas sans fruits, et que même peut-être elle est à l’origine d’un
approfondissement humain, d’un dépassement de soi qui ouvre à du meilleur. La
grandeur d’une société se mesure à sa capacité à entourer les plus fragiles de
ses membres. Et c’est à cela qu’on peut la qualifier de plus ou moins humaine.
Aujourd’hui la
tentation est grande de se servir des progrès scientifiques pour s’assurer une
maitrise de l’humain qui éliminerait tout ce qui peut être porteur de
fragilités ou d’éventuelles maladies. Le grand débat autour de la révision des
lois de bioéthique permet une réflexion commune sur « Quel monde
voulons-nous pour demain? » C’est heureux et on ne peut que vous
remercier, Monsieur le Président de la République, de l’avoir favorisé. Dans l’encyclique
« L’amour dans la vérité », publiée en 2009, le Pape Benoit XVI
offrait au numéro 74 un diagnostic tout à fait éclairant que je me permets
de vous proposer : « Un domaine primordial et crucial de l’affrontement
culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité
morale de l’homme est aujourd’hui celui de la bioéthique, où se joue de manière
radicale la possibilité même d’un développement humain intégral. Il s’agit d’un
domaine particulièrement délicat et décisif, où émerge avec une force
dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même
ou s’il dépend de Dieu. Les découvertes scientifiques en ce domaine et les
possibilités d’intervention technique semblent tellement avancées qu’elles
imposent de choisir entre deux types de rationalité, celle de la raison ouverte
à la transcendance et celle de la raison close dans l’immanence technologique.
On se trouve devant un « ou bien, ou bien » décisif. Pourtant la ‘rationalité’
de l’agir technique centré sur lui-même s’avère irrationnelle, parce qu’elle
comporte un refus décisif du sens et de la valeur. Ce n’est pas un hasard si la
fermeture à la transcendance se heurte à la difficulté de comprendre comment du
néant a pu jaillir l’être et comment du hasard est née l’intelligence. Face à
ces problèmes dramatiques, la raison et la foi s’aident réciproquement. Ce
n’est qu’ensemble qu’elles sauveront l’homme. Attirée par l’agir technique pur,
la raison sans la foi est destinée à se perdre dans l’illusion de sa
toute-puissance. La foi, sans la raison, risque de devenir étrangère à la vie
concrète des personnes ».
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Légiférer en ces
domaines ne peut se faire sans être assuré des conséquences de nos choix sur
les générations futures. En d’autres domaines, on n’hésite pas à appliquer le
principe de précaution. Comment pourrait-il en être autrement quand il s’agit
de l’avenir des générations futures ?
Vous le savez,
l’Église catholique avec bien d’autres considère la famille comme un des
piliers de la vie en société. En elle, s’expérimentent l’accueil inconditionnel
de chacun, la fidélité, l’intergénérationnel, les transmissions de valeurs et
le soutien en toutes circonstances. Les français plébiscitent la famille parmi
les réalités qui leur paraissent essentielles. Leur désir est de former une
famille unie, porteuse d’amour et d’affection. Faut-il aujourd’hui permettre
que la loi prive des enfants de père ? Cette reconnaissance produirait une
inégalité entre les enfants, ouvrirait un grand risque de marchandisation du
corps et remettrait en cause le critère thérapeutique actuel, garant que ne se
forme pas un grand marché de la procréation. Accueillir une situation quand
elle existe n’est pas l’organiser. C’est pourquoi nous soutenons activement les
politiques en faveur de la famille. Elles sont un investissement sûr pour le
bien de tous et celui de notre pays.
Nous avons déjà
des lois récentes sur d’autres sujets essentiels pour la société qui n’ont pas
eu le temps de porter leurs fruits et voilà que certains souhaiteraient qu’on
légifère encore. Est-ce bien raisonnable ?
Nous nous sommes
exprimés déjà sur tous ces sujets et le ferons encore, conscients de notre
responsabilité dans la vigilance pour la sauvegarde des droits de l’enfant,
pour la défense des plus faibles, de l’embryon au nouveau-né, de la personne
ayant un handicap au paralysé, du vieillard à celui qui est dépendant en toutes
choses. On ne peut laisser personne seul. Ce sont nos relations, nos affections
qui nous permettent de vivre. Il y va, sans nul doute, du caractère humain de
nos sociétés et de nos vies, de celui de savoir puiser en soi les forces de la
fraternité vécue. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la solitude ou de
l’abandon de celui qui verrait comme une issue enviable, celle de se donner la
mort. La société se doit d’offrir des perspectives de vie, d’amitié, de
tendresse, de compassion, de solidarité. Les pensées de mort peuvent-elles
subsister lorsque s’expriment l’affection des proches, les soins assidus et
l’accompagnement qui lutte contre toute douleur ? Peut-on qualifier de « dernier
soin » l’acte de donner la mort ? Il y a des limites et des confusions qu’on ne
saurait franchir.
Les États Généraux
de la bioéthique permettent d’expérimenter le dialogue au sein d’une société
devenue de plus en plus plurielle. Dialoguer suppose que chacun puisse
s’exprimer et être écouté et que tous sachent vivre le respect, la tolérance,
la compréhension mutuelle. Durant le siècle précédent la société française a su
trouver les chemins de l’apaisement. Le principe de la laïcité de l’État a permis
à la séparation des Églises et de l’État de trouver la juste manière de vivre
ensemble dans le respect légitime des différences. Nous ne voudrions pas que
les évolutions plus récentes vécues par notre pays entrainent des peurs qui ne
verraient de solutions que dans la laïcisation de la société et non plus
seulement de l’Etat. L’avenir se bâtira dans la confiance, le respect, l’amour
du pays ou alors il s’enfermera dans des rejets dangereux incapables d’offrir
une vie paisible et bénéfique pour tous. Ces contextes nouveaux ne doivent pas
conduire à se méfier les uns des autres mais à se connaître mieux. Habités par
des convictions diverses, en particulier religieuses, nous devons puiser dans
nos traditions pour y retrouver le meilleur de ce qu’elles portent : l’amour du
frère, l’hospitalité, la fraternité. C’est ce que d’ailleurs souhaitent le plus
grand nombre de nos concitoyens. S’agissant des religions, nous expérimentons
au plan national la possibilité de la rencontre dans le respect,
l’interpellation et l’action commune. Je veux saisir cette occasion pour redire
à nos amis juifs que l’antisémitisme est un fléau qu’il nous faut tous
combattre sans merci, comme nous l’avons redit lors de l’odieux assassinat de
Mme Mireille Knoll.
Récemment les
évêques de la Province ecclésiastique de Marseille ont invité des élus de leurs
diocèses à un séjour à Rome pour mieux connaître la manière de travailler du
Siège apostolique et pour rencontrer le Pape François. Il s’agissait d’un
voyage d’étude en quelque sorte. 310 élus, appartenant à des formations
diverses et animés par des convictions religieuses différentes, ont vécu ce
temps avec bonheur, intérêt et satisfaction. Nous n’avons pas oublié la visite
à l’ambassadeur de notre pays auprès du Saint Siège qui a pu nous livrer la
manière dont le dialogue se passe entre celui-ci et notre pays. Des relations
sont possibles dans le respect de chacun pourvu qu’on reconnaisse à tous le
droit d’exister, de se parler et que l’on respecte les responsabilités de
chacun. C’est ensemble que se construit une nation, qu’elle vit, s’enrichit,
dépasse les clichés et les peurs entretenues. Dans cette société, certains y
ont trouvé leur place il y a longtemps, d’autres peinent à s’intégrer. La
présence de croyants musulmans dans notre pays n’est pas nouvelle, mais l’Islam
est aujourd’hui l’objet de beaucoup de questions et permettez-moi de le dire
aussi de soupçons permanents. Nous voulons favoriser tout ce qui permettra une
connaissance et une compréhension mutuelles dans le travail que nos amis
musulmans ont à faire pour l’organisation de leur communauté.
Il s’agit pour
nous, Eglise catholique, de prendre notre part dans l’avènement d’une société
juste, fraternelle et solidaire grâce au dynamisme et à l’engagement de nos
fidèles actifs dans la vie de la société. Je veux saluer ici les représentants
des associations et services d’Eglise qui ont un rôle si important dans la
constitution d’un tissu social ouvert à tous. Nous portons le souci du bien
commun. Notre but n’est pas de chercher à satisfaire des intérêts particuliers.
Nous sommes habités par le souci des plus défavorisés, des victimes des aléas
de la vie, de ceux et celles qui n’ont aucune perspective pour leur avenir. Ces
préoccupations, je le sais bien, sont les nôtres à nous tous, responsables de
l’Etat, hommes et femmes engagés dans la vie politique, économique,
associative, religieuse. Les cris de ceux qui n’ont pas de travail, de logement
digne, de santé arrivent jusqu’à nous et ils sont bien nombreux. Les errements
d’une jeunesse sans repères et sans projets en entrainent certains dans le
choix de la violence, d’autres dans des trafics illusoires et sans avenir ou
encore dans le commerce ou la consommation de drogues diverses qui finissent
par les détruire. Notre responsabilité est grande à leur égard. Il s’agit d’une
cause nationale qui nécessite l’engagement de tous. Il faut oser le reconnaître
: le mot ‘égalité’ de notre devise républicaine est loin d’avoir donné toute sa
mesure. Des inégalités d’éducation, d’instruction, de revenus, d’accès au
travail ou aux services publics se creusent au lieu de se rapprocher. Le sens
du bien commun est loin d’être partagé. L’individualisme, la recherche des
seuls intérêts personnels et l’attrait d’un enrichissement démesuré y font
obstacle. C’est à partir des besoins des plus pauvres que pourra se bâtir une
nation fraternelle, juste et solidaire. Notre pays en a les ressources si nous
nous laissons toucher par les conditions de vie d’un grand nombre et que nous
ayons l’ambition d’y parvenir.
Le Pape François,
dans son encyclique « Laudato si » publiée quelques semaines avant la
tenue à Paris de la Cop 21 a
apporté sa contribution à la réflexion en cours. Il a développé, vous vous
souvenez le concept de « maison commune », explicitant que tout est lié et que
nous sommes tous liés les uns aux autres. Il invitait à revisiter le concept de
« progrès » et le rapport entre le politique et l’économique. Ainsi pouvait-il
écrire au numéro 194 « Il ne suffit pas de concilier, en un juste
milieu, la protection de la nature et le profit financier, ou la préservation
de l’environnement et le progrès. Un développement technologique et économique
qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie intégralement
supérieure ne peut pas être considéré comme un progrès. D’autre part, la
qualité réelle de vie des personnes diminue souvent – à cause de la
détérioration de l’environnement, de la mauvaise qualité des produits
alimentaires eux-mêmes ou de l’épuisement de certaines ressources- dans un
contexte de croissance économique. Dans ce cadre, le discours de la croissance
durable devient souvent un moyen de distraction et de justification qui enferme
les valeurs du discours écologique dans la logique des finances et de la
technocratie ; la responsabilité sociale et environnementale des entreprises se
réduit à une série d’actions de marketing et d’image ».
Le Pape nous
rappelle que si tout est lié, l’économie est au service de l’homme parce que
c’est l’homme qui est au centre de tout. Le nier, notamment dans l’entreprise,
est toujours un risque. Dans les débats sur l’objet social de l’entreprise, on
ne saurait oublier la place de ceux qui y travaillent et qui sont appelés par
ce travail à déployer leur humanité en trouvant un sens à leur travail. La
question du sens est au cœur de notre vie sociale : avec d’autres, nous pensons
qu’une partie de la réponse se trouve dans le don de soi, dans la gratuité
d’une relation, dans un amour partagé, un accueil large.
C’est cette
dimension de l’accueil que nous avons à l’esprit lorsque nous évoquons la
question des flux migratoires qui marquent et marqueront encore notre temps. Le
pape François est intervenu à de nombreuses reprises sur ce sujet, invitant les
pays riches à ne pas rester sourds aux appels des plus pauvres, demandant aux
communautés d’être généreuses dans l’accueil. Nous mesurons combien ce discours
est parfois difficile à entendre et combien peut être forte la tentation du
repli. Ensemble nous pourrons faire en sorte que l’accueil de celui qui frappe
à notre porte, fasse l’objet d’un consensus dans l’opinion publique et pas
uniquement dans le monde associatif. Permettez-moi d’ajouter que le nombre de
mineurs, isolés et fragilisés nous touche profondément, nous autres et nous.
Ils sont souvent partis avec l’idée de pouvoir aider matériellement leur
famille. Et voilà qu’ils se trouvent dans des réalités difficiles ou même
hostiles. Souvent même ils sont la proie de passeurs sans âme. L’Europe
n’arrive pas à regarder ensemble ce phénomène. Trop de repli sur soi ou de
peurs entretenues empêchent l’élaboration de projets solidaires, accueillants
et raisonnables. Nous savons que cet objectif nécessite l’engagement de tous,
pouvoirs publics, tissus institutionnels, associatifs et aussi individuels.
Bien de générosités existent dans notre pays qui ne demandent qu’à s’exercer.
De nombreux jeunes adultes sont sensibles à ce drame et sont prêts à vivre des
temps d’accueil, de solidarité et de fraternité.
Des drames
nombreux se vivent dans le monde. Ils ont été attisés par des déstabilisations
violentes et diverses. Ils font beaucoup de victimes civiles et aucun consensus
politique des grandes puissances ne permet de trouver les issues politiques
seules porteuses d’avenir. Parmi ces conflits nous sommes très sensibles à ceux
qui concernent des communautés chrétiennes au Moyen Orient particulièrement.
Nous savons qu’elles sont indispensables à la paix, à la rencontre, et au
respect de tous. Elles sont très anciennes sur ces territoires et sont
contraintes trop souvent à l’exil. Notre pays a une tradition de soutien de ces
populations. Il a un rôle majeur à tenir dans la recherche de la paix et de la
justice. Nous vous remercions, Monsieur le Président de la République, pour
tout ce que vous pourrez faire en ce sens.
Monsieur le Président
de la République, Mesdames et Messieurs, la rencontre de ce jour est porteuse
de nombreuses significations. J’y vois en particulier celle d’une nation qui
n’a pas peur de ses composantes et parmi elles celle de la foi religieuse d’un
grand nombre de ses membres ; d’une nation qui associe plutôt qu’elle n’exclut
; d’une nation qui permet aux libertés individuelles de s’exprimer et qui le
fait en faisant respecter par tous le souci du bien commun et celui de l’ordre
public ; d’une nation qui a suffisamment confiance en elle-même pour assumer sa
diversité ; d’une nation encore qui espère en sa jeunesse, lui fait confiance
et lui offre les meilleures chances pour sa formation et son avenir ; d’une
nation ouverte sur les autres pays et qui sait promouvoir des alliances
confiantes. Dans cette vision d’une nation ouverte et apaisée, loin de la
violence véhiculée par certains, notamment grâce à l’anonymat des réseaux
sociaux, les médias ont un rôle éminent à jouer pour mettre en valeur non
seulement la face dramatique mais aussi la face magnifique de notre monde, sans
s’arrêter à ce qui pourrait apparaitre comme des simplismes ou des caricatures.
Ils sont aujourd’hui une vraie force, un atout pour entretenir un débat
fructueux et constructif pour notre pays.
L’Église
catholique a une longue tradition de l’accueil. Elle donne à voir le visage
d’une communauté aux multiples visages, de toutes origines, liée à tous les
continents. Elle accueille ceux que Dieu lui donne sans qu’elle les ait
choisis. Notre foi religieuse exige cette ouverture et nous engage dans le
service des hommes malgré nos fragilités et malgré nos fautes. Nous aimons ce
temps qui est le nôtre et avec tous ceux qui le souhaitent nous nous employons
à le rendre plus fraternel et plus juste, sans que jamais ne soit absent de nos
préoccupations le sort des pays les plus proches ou les plus lointains.
Je saisis cette
occasion, si vous me le permettez, pour lancer un appel : celui de vaincre les
peurs qui habitent notre société française et de nous engager avec
détermination et confiance dans une meilleure connaissance les uns des autres
et dans l’ouverture aux autres de chacune de ses composantes. Et s’il faut
désigner un ordre de priorité, je propose de commencer par améliorer le sort
des plus fragiles, des plus pauvres, des personnes vulnérables parce que c’est
ainsi que se construit et s’approfondit la confiance en la nation. Ne nous
replions pas sur nous-mêmes, mais ayons un cœur aussi grand que celui de Dieu
qui a un amour particulier pour chacun.
Permettez-moi de
terminer en relevant l’exemple récent reçu du Colonel Arnaud BELTRAME auquel la
nation a rendu un hommage ému et admiratif. Il nous a montré de quoi est
capable l’être humain quand il est habité par l’idéal de défendre son pays et
celui de savoir faire face aux situations les plus inattendues qui nécessitent
un choix décisif. Donner sa vie et donner la vie sont les plus grandes choses
de l’existence.
Je vous remercie
pour votre attention.
Mgr
Georges Pontier
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