Emmanuel Macron, les premières leçons du pouvoir
Corinne Laurent et Jean-Christophe Ploquin , le 14/02/2018 à
9h30 La Croix
Mis à jour le 14/02/2018 à 11h20
Mis à jour le 14/02/2018 à 11h20
Le chef de
l’État a échangé mardi 13 février avec l’Association de la presse
présidentielle sur de nombreux sujets. Du pouvoir d’achat et du service
national universel mais aussi de la foi, des sans-abri et de l’épreuve du
pouvoir.
Le président Emmanuel Macron lors des vœux à la presse ,
à l’Élysée le 3 janvier 2018. / Ludovic Marin/AFP
C’était sa première rencontre avec l’Association de la presse
présidentielle, mardi 13 février, et Emmanuel Macron a pris son temps.
Arrivé en retard, il est resté environ deux heures avec les 120 journalistes
présents, se prêtant à un exercice de questions-réponses sur tous les sujets.
Une sorte de conférence de presse, neuf mois après son élection.Le président de la République a pris soin en particulier de clarifier deux sujets controversés. Le premier concernait les accusations d’agression sexuelle contre les ministres Nicolas Hulot et Gérald Darmanin. Le second portait sur la réalisation de sa promesse électorale d’instaurer un service national universel, sur lequel il a reconnu, dans un grand sourire, que la position du gouvernement n’était « pas très claire ».
Service national universel : « une partie obligatoire de 3 à 6 mois »
S’agissant des accusations contre les ministres, le chef de l’État a expliqué qu’il s’était « assuré qu’ils étaient en règle avec l’administration fiscale et qu’il n’y avait pas d’éléments de vulnérabilité au regard des règles de droit ». Toutefois, il a mis en garde la presse contre une « forme de République du soupçon ».« Quand le but des contre-pouvoirs finit par être de détruire ceux qui exercent le pouvoir sans qu’il y ait de limites ni de principes, ce n’est plus une version équilibrée de la démocratie », a-t-il estimé.
À propos du service national universel, Emmanuel Macron a confirmé son intention de créer un « temps dans la vie citoyenne ». Celui-ci sera d’une durée « autour du trimestre », mais elle pourra « être plus longue si l’on intègre un service civique », a annoncé le président, évoquant « une partie obligatoire de 3 à 6 mois ». C’est un groupe de travail qui va l’établir.
Sans-abri : « On a échoué »
Questionné sur le pouvoir d’achat qui suscite l’inquiétude des Français dans les sondages, le président de la République a fermement défendu une politique de baisse des impôts et en faveur du travail. Il a cependant reconnu que « ça va prendre du temps » et a exclu de recourir à la « dépense publique » pour apporter une « réponse rapide ».En revanche, Emmanuel Macron a admis n’avoir « pas réussi » à tenir sa promesse à l’automne qu’il n’y ait plus personne dans la rue pour la fin de l’année. « On a échoué là-dessus car il y a eu une pression migratoire forte en fin de trimestre », s’est-il justifié. « Il y a des publics fragiles, qu’il faut accompagner dans leur reconstruction personnelle, a-t-il aussi expliqué. Les places dans les hôtels, ce n’est pas une bonne mesure. Cela tient loin de la socialisation ». Il a souhaité « créer de nouvelles places et construire de vrais parcours ».
S’agissant des questions internationales, c’est son propos sur la Syrie qui a été le plus marquant. Si la France « a des preuves avérées que des armes chimiques proscrites sont utilisées contre les civils » par le régime, « nous frapperons », a réaffirmé Emmanuel Macron.
Foi : « Je crois à une forme de transcendance »
De façon moins attendue, le président de la République a accepté de répondre à une question sur la foi. « J’ai la foi au sens générique du terme, a-t-il confié. Je crois à une forme de transcendance. C’est pourquoi je respecte éminemment la place que les religions occupent dans notre société. Croire dans des religions, à des formes métaphysiques, cela fait partie de la vie en société. On ne doit pas gommer cette partie irréductible de l’homme. »En guise de conclusion, Emmanuel Macron a livré ses premières réflexions sur l’exercice du pouvoir. Est-ce « une épreuve » ? Non, a-t-il répondu. Plus exactement « une part d’ascèse ». Confiant qu’il a pu éprouver « la part de solitude de la charge » et « la fin de l’innocence qu’elle décrète », le chef de l’État a souligné qu’il n’y avait « pas de répit ».
« Je n’oublie pas d’où je viens, a-t-il insisté. Je ne suis pas l’enfant naturel de temps calmes de la vie politique, je suis le fruit d’une forme de brutalité de l’Histoire, une effraction car la France était malheureuse et inquiète ». « Si j’oublie ça », alors « ce sera le début de l’épreuve ».
Corinne Laurent et Jean-Christophe Ploquin
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