samedi 8 juillet 2017

La rencontre entre Trump et Poutine, le moment fort du G20 de Hambourg


Au cours de leur premier et long entretien, les deux hommes ont discuté de l’Ukraine, de la Syrie, de la lutte antiterroriste, de la cybersécurité et de la Corée du Nord.
LE MONDE | 08.07.2017 à 06h44 • Mis à jour le 08.07.2017 à 09h32 | Par Thomas Wieder (Hambourg, envoyé spécial) et Marc Semo (Hambourg, envoyé spécial)
R
Partager (67) Tweeter
image: http://img.lemde.fr/2017/07/08/0/0/4368/2912/534/0/60/0/90013a2_23941-1z0a5hf.p2nunb3xr.jpg
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump lors du sommet du G20, à Hambourg (Allemagne), le 7 juillet.
Vendredi 7 juillet dans l’après-midi, un quart d’heure à peine après le début de la session sur le climat et l’énergie – un des principaux enjeux du G20 de Hambourg (Allemagne) sur lequel l’isolement des Etats-Unis est patent –, le président américain, Donald Trump, et son homologue russe, Vladimir Poutine, ont quitté leurs pairs pour s’entretenir en tête-à-tête. Prévue depuis plusieurs jours, cette rencontre bilatérale – la première entre les deux hommes – devait durer une trentaine de minutes. Les discussions se sont poursuivies pendant deux heures et quart.
La réunion se tenait en format restreint, en présence seulement du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et de son homologue américain, Rex Tillerson. Elle s’est déroulée dans un climat cordial. « Je crois que cela s’est très bien passé », a déclaré le président américain à l’issue de cet entretien destiné à remettre sur les rails une relation bilatérale toujours plus tendue.
Lors de leur rencontre, MM. Trump et Poutine se sont accordés sur un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, qui devrait entrer en vigueur dimanche à la mi-journée, avec l’aide de la Jordanie. Dans cette zone située autour de la ville de Deraa, les forces du régime de Damas, appuyées par les Russes et les Iraniens, affrontent les combattants de la rébellion modérée, aidés par Amman et par des conseillers américains.
« C’est la preuve que les Etats-Unis et la Russie sont capables de travailler ensemble en Syrie, a déclaré M. Tillerson. Après cela, nous avons eu une très longue discussion sur les autres régions [de ce pays], où nous pourrions continuer à travailler ensemble pour y instaurer des zones de désescalade. » Avant de quitter Washington, Donald Trump avait rappelé son désir de pouvoir travailler avec Moscou aussi bien sur ce dossier que sur le Moyen-Orient plus largement.
« C’est un honneur d’être avec vous », a lancé d’entrée de jeu le président américain à son homologue russe. « Je suis ravi de vous rencontrer et j’espère que (…) cette rencontre se soldera par un résultat positif, a relancé M. Poutine. Nous avons parlé au téléphone, mais les conversations téléphoniques ne sont jamais suffisantes. »

« Obstacle significatif »

Un peu plus tôt, au moment de l’ouverture du G20, avant le déjeuner, les deux hommes avaient déjà échangé quelques tapes dans le dos. Pour cette rencontre de l’après-midi, ils étaient assis dans deux fauteuils blancs, affichant devant les caméras leur longue poignée de main. L’ancien officier du KGB comme le magnat de l’immobilier et ex-star de la téléréalité croient en la force et aiment intimider leurs interlocuteurs. L’un comme l’autre savent aussi afficher une chaleureuse faconde sans rien lâcher sur le fond. Mais l’homme fort du Kremlin a déjà dix-huit ans d’expérience du pouvoir et de discussions avec ses homologues américains. L’autre est un néophyte sur ce terrain.
ll est encore difficile de savoir, surtout avec un président aussi imprévisible que M. Trump, si cette rencontre est un tournant et ce qu’il en sera des relations américano-russes dans les prochains mois. Le temps où le candidat Trump chantait les louanges de M. Poutine – « un homme fort que j’admire » – est révolu. Au fil des mois, le président Trump a durci le ton à l’égard de Moscou, y compris pour faire oublier les accusations récurrentes de collusion entre son équipe de campagne et le Kremlin, ainsi que les ingérences russes dans la campagne électorale de 2016 mises en évidence par les enquêtes des services de renseignement états-uniens.
Selon le patron de la diplomatie américaine, le sujet a été abordé franchement dans la mesure où il constitue « un obstacle significatif » dans les relations entre les deux pays. Côté russe, on assure en revanche que le locataire de la Maison Blanche a pris acte des « dénégations » du Kremlin sur le sujet.
A la veille de sa rencontre hambourgeoise avec M. Poutine, M. Trump, en visite à Varsovie, avait fini par reconnaître que « cela pouvait être la Russie mais aussi d’autres personnes ou d’autres pays ». Il avait aussi très fermement condamné « les activités déstabilisatrices » de Moscou dans l’est de l’Europe mais aussi au Moyen-Orient, et, pour la première fois, publiquement rappelé haut et fort l’article 5 de l’OTAN et le devoir d’assistance de l’Alliance vis-à-vis de tout membre victime d’une attaque.
« Cela fait longtemps que nous attendons de tels propos dans la bouche du président américain, mais s’agit-il de propos en l’air ou vraiment d’une nouvelle politique ? », s’est interrogé le Polonais Donald Tusk, président du Conseil européen.
Au cours de leur entretien, les deux hommes ont aussi discuté de l’Ukraine, de la lutte antiterroriste, de la cybersécurité et de la Corée du Nord. M. Trump souhaite que M. Poutine s’implique directement dans ce dernier dossier, estimant que la Chine ne fait pas suffisamment pression sur le régime de Pyongyang, qui vient de tester un missile à même de toucher l’Alaska. « Les Russes abordent la question un peu différemment de nous et nous allons donc poursuivre ces discussions et leur demander d’en faire davantage. La Russie a des échanges économiques avec la Corée du Nord », a déclaré M. Trump.
La rencontre entre les deux leaders restera comme le moment fort d’un sommet du G20 qui, pour le reste, aura été tendu et marqué par l’isolement des Etats-Unis sur la question du réchauffement climatique.
En désaccord avec leurs dix-neuf partenaires sur cette question, les Etats-Unis ont tenté néanmoins, jusqu’au dernier moment, d’imposer dans le texte du communiqué final encore en discussion l’idée d’une relance des énergies fossiles. L’Allemagne s’est démenée afin d’obtenir un compromis : pour cela, la chancelière Angela Merkel a pris soin, dès l’ouverture du sommet, de mettre en sourdine les reproches qu’elle avait exprimés à l’égard de M. Trump ces derniers jours.
Berlin reconnaît néanmoins le caractère « difficile » des négociations qui vont durer jusqu’au dernier moment. « On travaille sur un paragraphe en trois parties : une sur les points qui font consensus, une deuxième sur la position américaine par rapport à la sortie de l’Accord de Paris, et une troisième où les dix-neuf autres membres du G20 restent dans l’Accord de Paris », résume une source diplomatique. Tout aussi laborieuses sont les discussions avec Washington sur le libre-échange et le commerce mondial.

« Travailler avec le secteur privé »

En revanche, tout comme au sommet du G7 à Taormine, en Sicile, fin mai, la lutte contre le terrorisme, notamment ses financements et sa propagande, a fait l’unanimité. Une déclaration commune en 21 points a été adoptée dès vendredi après-midi.
Elle insiste notamment sur le volet financier, en apportant un soutien appuyé au Groupe d’action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental créé en 1989 qui publie des recommandations régulières pour ses 37 membres. « Pour le financement du terrorisme, il ne doit exister de lieu sûr nulle part dans le monde », affirme ce texte qui sera distinct du communiqué final ; il appelle aussi « à travailler avec le secteur privé, en particulier les fournisseurs de services de communication », pour mieux lutter contre la propagande en ligne et la radicalisation.
Réagir Ajouter
Partager (67) Tweeter
 
Contenus sponsorisés
Vos réactions (7) Réagir
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
a.w. 08/07/2017 - 15h21
Il y a bien longtemps que j'ai compris que les E.Unis, la Russie, la France, l'Angleterre, etc... veulent garder et sauvegarder leurs places respectives dans le monde. L'ONU est une institution ou l'on voit bien qui sont les pays dominateurs ( sieges permanents) et les autres. Critiquer les E.Unis certainement mais la France aussi ne veut pas etre retrogradee a l'ONU. La langue est importante mais il faut des fonds pour sauvegarder et promouvoir le francais a travers le monde
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
doc feelgood 08/07/2017 - 13h54
C´est monnaie courante de parler l´anglais dans le monde de nos jours. Ne pas pouvoir le faire, c´est archi ringard. Allez faire un tour en Asie, à Mumbai, Bangkok, Hongkong, tous les gens répondrons à vos questions en cette langue. Participant à des colloques, pas besoin même de le mentionner. Le français, ce n´est réservé qu´aux super élites de ces pays.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
Lamartine 08/07/2017 - 15h39
Même si on parle bien anglais, dans des négociations on a un traducteur. Car celui dont la langue utilisé est la langue natale a un gros avantage sur l'autre. Et non ce n'est pas " ringard " de ne pas parler anglais. Cette façon de penser et d'un ridicule mon dieu.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
doc feelgood 08/07/2017 - 20h07
@lamartine Sorry, c´est hyper ringard, c´est trop provincial, mal branché. Il n´y a pas que les colloques, On peut parler de situations dans le quotidien Si vous voulez discuter avec un musicien américain de jazz ou un artiste de passage à Paris, disons au centre culturel américain, ou bien dans un bar cool de Montparnasse, et bien il faut bien savoir parler anglais, et de plus, bien avoir en tête, les domaines de référence. You like it or not.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
Buber 08/07/2017 - 11h02
Petite devinette qui a dit : "Rendons cette justice à l’Amérique : elle s’est livrée, partout dans le monde, à une manipulation tout à fait clinique du pouvoir tout en se faisant passer pour une force qui agissait dans l’intérêt du bien universel. Un cas d’hypnose génial, pour ne pas dire spirituel, et terriblement efficace." Un indice, il est britannique et a obtenu le prix Nobel de littérature. Ne jamais croire aucun dirigeant sur parole quelle que soit sa nationalité. Ni Trump ni Poutine.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
a.w. 08/07/2017 - 10h28
Lavrov le ministre des affaires etrangeres de Poutine parle anglais couramment. Il etait avec Poutine pour l'entretien. Lizez l'article une 2eme fois
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.702/img/placeholder/avatar.svg
De Profundis 08/07/2017 - 10h08
Sans Traducteur;;; , Ils se parlent en quelle langue ? (Poutine parle anglais ?)
 

Aucun commentaire: