lundi 17 juillet 2017

extrait de la conférence des presse tenue par François Mitterrand le 14 Juillet 1992 - à l'avant-veille de la commémoration de la rafle dite du Vél d'Hiv





QUESTION.- Monsieur le Président, vous allez demain commémorer un triste anniversaire, celui de la déportation des juifs donc de la rafle du Vel'd'Hiv'. Vous savez que certains attendent de l'Etat français qu'il reconnaisse sa responsabilité dans ce crime.

- LE PRESIDENT.- Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Ce sont des gens que je connais pour la plupart, dont certains sont de mes amis personnels, et qui ne doutent pas une seconde des positions que j'ai toujours eues depuis ma jeunesse, pendant les années tragiques de la guerre et pendant les années tragiques qui ont suivi à l'égard du martyr des juifs.
- Ils parlent de l'Etat français, mais l'Etat français, si j'ose dire, cela n'existe pas. Il y a la République. Et la Première République, parmi les premiers gestes, en tout cas révolutionnaires, qu'elle a faits, a reconnu non plus un statut des juifs en France, mais que les juifs français étaient Français. C'est-à-dire que cela a été une mesure révolutionnaire et essentiellement républicaine. Et la République à travers toute son histoire, la 1ère, la 2ème, la 3ème, la 4ème et la 5ème ont constamment adopté une attitude totalement ouverte pour considérer que les droits des citoyens devaient être appliqués à toute personne reconnue comme citoyen et en particulier les juifs français.

- Alors, ne lui demandez pas de compte à cette République, elle a fait ce qu'elle devait. C'est la République qui a, pratiquement depuis deux siècles où les Républiques se sont succédé, décidé toutes les mesures d'égalité, de citoyenneté.

- C'est elle qui a décidé que les juifs d'Algérie cessent d'être considérés comme une sorte de race inférieure entre ce qu'on appelle les "Pieds noirs", c'est-à-dire les Européens d'Algérie, les arabes et une situation intermédiaire. La République a toujours été celle qui a tendu la main pour éviter les ségrégations et spécialement les ségrégations raciales. Alors, ne demandons pas de comptes à la République.

- Mais, en 1940, il y a eu un Etat français, ne séparez pas les termes "Etat" et "Français", l'Etat français c'était le régime de Vichy, ce n'était pas la République, et à cet Etat français on doit demander des comptes, je l'admets naturellement, comment ne l'admettrais-je pas ? Je partage totalement le sentiment de ceux qui s'adressent à moi, mais précisément la Résistance puis le gouvernement de De Gaulle, ensuite la 4ème République, et les autres, ont été fondés sur le refus de cet Etat français. Il faut être clair.

QUESTION.- Monsieur le Président, nous sommes d'accord, et on aurait voulu ne pas vous poser cette question aujourd'hui, mais n'est-ce pas affligeant de constater que cinquante ans après ces drames, cela fasse l'objet de controverses aujourd'hui en France ?

- LE PRESIDENT.- Il n'y a pas de controverses
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