jeudi 20 juillet 2017

tentative manquée d'assassiner Hitler et de renverser son régime pour négocier avec les Aliiés . 20 Juillet 1944


wikipédia à jour au 5 avril 2017

Complot du 20 juillet 1944

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Complot du 20 juillet 1944
Image illustrative de l'article Complot du 20 juillet 1944
La salle de conférence de la Wolfsschanze après l'attentat. En uniforme clair, Göring ; à gauche, de profil et en manteau de cuir, Bormann.
Première attaque
Localisation
Wolfsschanze (« La Tanière du Loup ») à Forst Görlitz (aujourd'hui Gierłoż), non loin de Rastenburg (alors en Prusse-Orientale, désormais Kętrzyn en Pologne).
Cible
Coordonnées
Deuxième attaque
Localisation
Cible
Prise du pouvoir (2e phase)

Date
20 juillet 1944
proche de 12 h 45
Type
Morts
4 morts
Blessés
20 dont 2 grièvement et 8 légèrement (parmi ces derniers : Hitler, Keitel et Jodl)
Auteurs
Organisations
Mouvance
Le complot du 20 juillet 1944 est une tentative d'assassinat essentiellement planifiée par des conjurés militaires souhaitant le renversement du régime nazi afin de pouvoir négocier la fin de la Seconde Guerre mondiale avec les puissances alliées.
Le complot comprenait deux étapes étroitement imbriquées l'une avec l'autre. La première phase consistait en l’assassinat d’Adolf Hitler ; la seconde en la prise du pouvoir et la mise en place d’un nouveau régime, en détournant de son objectif un plan d’urgence établi par les nazis, l’opération Walkyrie, prévu pour permettre à l’armée de réprimer une insurrection.
La première phase du complot échoua. Si la bombe déposée par le colonel Claus von Stauffenberg dans une des salles de la Wolfsschanze explosa, Adolf Hitler ne fut que légèrement blesséa. L’incertitude sur le sort de Hitler et l’impréparation des conjurés retardèrent en outre le lancement du coup d’État. Ce retard lié à l’annonce de la survie de Hitler permit aux partisans du Führer de faire échouer le complot.
L’échec du complot, suivi par une répression particulièrement féroce, accrut le rôle de Heinrich Himmler dans le régime et renforça la méfiance de Hitler à l’égard du corps des officiers, à l’exception de ceux de la SS.

Sommaire

Antécédents

Chamberlain, Daladier, Hitler et Mussolini à Munich le 29 septembre 1938.
Les premiers plans pour renverser Adolf Hitler sont échafaudés en août-septembre 1938 au moment de la crise des Sudètes par un groupe de militaires et de civils, qui approuve le projet de dépeçage de la Tchécoslovaquie, mais estime que Hitler prend des risques inconsidérés. Parmi les comploteurs issus des forces armées, on trouve le chef d’état-major de l’armée de terre, Franz Halder, son prédécesseur Ludwig Beck, le commandant de la zone militaire de Berlin, Erwin von Witzleben, Wilhelm von Lynar, le chef de l’Abwehr, Wilhelm Canaris, et l’adjoint, le lieutenant-colonel Hans Oster. Les participants civils au projet sont notamment l’ancien maire de Leipzig, Carl Friedrich Goerdeler, l’ancien ministre de l’économie Hjalmar Schacht et de hauts fonctionnaires comme Ernst von Weizsäcker, Adam von Trott zu Solz ou Hans Bernd Gisevius. Les accords de Munich, qui permettent de démembrer l’État tchécoslovaque sans conflit, et constituant un réel succès diplomatique pour le Führer, mettent fin aux velléités putschistes1.
La décision d’envahir la Pologne épouvante les conservateurs qui avaient comploté pendant la crise de Munich. « Ils essayèrent d’établir des contacts avec les gouvernements britannique et français, mais leurs messages étaient contradictoires […] et ils ne furent pas vraiment pris au sérieux. » Pour la seconde fois, une tentative de résistance à l’expansionnisme nazi est tuée dans l’œuf2.
Friedrich Olbricht
Les atrocités commises sur le front de l’Est, dont l’extermination des Juifs, suscitent l’indignation et relancent l’idée d’un renversement de Hitler3. En mars 1942, un groupe d’opposants ayant participé aux projets avortés de 1938 et 1939 se réunit à Berlin et décide de ne rien décider, « les perspectives [de succès] étant encore réduites4. » La volonté de renverser Hitler est partagée par les membres du cercle de Kreisau réunis autour du comte Helmuth James von Moltke, qui écartent l’idée d’un attentat contre Hitler, essentiellement pour des raisons religieuses ; en revanche, un groupe de militaires, animé par Henning von Tresckow, estime qu’il faut tuer le Führer pour renverser le régime, conviction qui se renforce avec la reddition des forces allemandes à Stalingrad5. Après celle-ci, le général Friedrich Olbricht assure la coordination des conjurés et prépare le terrain en vue d’un coup d’État prévu pour mars 19436.
Diverses tentatives ont lieu début 1943. Mi-février, les généraux Hubert Lanz et Hans Speidel projettent d’arrêter Hitler lors de sa visite au quartier général du groupe d’armées B, mais celle-ci est annulée6. Lors de la visite du Führer au quartier général du groupe d’armées Centre à Smolensk7, le 13 mars 1943, Tresckowb place des explosifs qui lui ont été transmis par l’amiral Canaris dans l’avion utilisé par Hitler pour se déplacer entre ses quartiers généraux de campagnec ; la bombe, « déguisée en paquet contenant deux bouteilles de cognac », n’explose pas, le détonateur n’ayant pas fonctionné en raison des très basses températures dans la soute à haute altitude5,d. Quelques jours plus tard, le 21 mars 1943, un autre officier, Rudolf-Christoph von Gersdorff, tente un attentat-suicide, lors d’une exposition d’armements soviétiques capturés ; Hitler ne fait qu’y passer en trombe et cette tentative échoue elle aussi11.,e.
La dégradation de la situation militaire s’accélérant, Goerdeler, toujours convaincu de pouvoir négocier la paix avec les Alliés, malgré la reddition sans conditions prévue lors de la Conférence de Casablanca, presse les militaires d’agir à nouveau. Cette nécessité devient d’autant plus impérieuse que les conjurés, civils ou militaires, ont attiré l’attention de la Gestapo : Oster et Dietrich Bonhoeffer sont arrêtés au printemps 1943, Moltke en janvier 194413.

Conjurés

Le groupe de conjurés qui fomentent l’attentat du 20 juillet 1944 et l’opération Walkyrie comporte diverses composantes. Les participants au projet de coup d’État de 1938, comme Ludwig Beck et Carl Friedrich Goerdeler, des membres du cercle de Kreisau, et des militaires qui ont rejoint la Résistance allemande au nazisme au fil des ans, parmi lesquels Henning von Tresckow, opposant au régime nazi depuis 1941, qui a entraîné dans son sillage des officiers comme Fabian von Schlabrendorff et Rudolf-Christoph von Gersdorff14, et le général Friedrich Olbricht, recruté par Hans Oster au printemps 194315, commandant des troupes de réserve de Berlin, sous les ordres de Friedrich Fromm16. Celui-ci, mis au courant du projet, choisit une position attentiste, et ne soutient ni ne dénonce les conjurés16.
À la fin de l’été 1943, le groupe est rejoint par un nouveau venu, le lieutenant-colonel von Stauffenberg, qui joue rapidement un rôle central16. Grièvement blessé en Afrique du Nord, où il a perdu un œil, la main droite, l’annulaire et l’auriculaire de la main gauche, Stauffenberg rejoint les comploteurs en raison de la défaite prévisible à ce stade de la guerre, mais aussi et surtout, en réaction aux « atrocités commises par les SS sur et derrière le front de l’Est contre les Slaves et les Juifs »16.
Lors de leur interrogatoires, ou dans leurs écrits antérieurs, certains conjurés clament cependant leur antisémitisme, s'opposant aux persécutions, non dans leur principe, mais dans leurs modalités et dans leur ampleur : ainsi, par exemple, les frères de Claus Stauffenberg, Alexandre et Berthold, ont déclaré qu'il leur semblait nécessaire de traiter la question juive de manière moins « exagérée », selon leur propre terme, mais selon les principes raciaux du national-socialisme17.
Au sein des conjurés, non seulement on compte des antisémites convaincus, mais aussi des hommes qui ont fait leur carrière au sein de l’appareil répressif nazi, comme le comte Wolf Heinrich von Helldorf, président de la police de Berlin ou Arthur Nebe, ancien commandant de l’Einsatzgruppe B5 et chef de la Kripo. En revanche, les comploteurs ont échoué à rallier des militaires du plus haut gradef, et connus de la population : approché, au cours de l’été 1943, par Gersdorff, le Generalfeldmarschall Erich von Manstein lui répond que « les feld-maréchaux prussiens ne se mutinent pas », et le Generalfeldmarschall Günther von Kluge adopte une attitude ambigüe et une position attentiste19. Erwin Rommel est vraisemblablement mis au courant du projet de coup d’État, mais pas de celui d’assassinat, par Caesar von Hofacker, lors de la visite de ce dernier à son quartier général de La Roche Guyon20, le 9 juillet 194421. Convaincu de « pouvoir ramener Hitler à la raison en l’incitant à cesser les hostilités sur le front de l’Ouest22 », Rommel ne s’engage pasg.

Préparatifs

Organisation

Stauffenberg (à l’extrême gauche), Hitler et Keitel, le 15 juillet 1944, à la Wolfsschanze.
« Il faut que l’attentat contre Hitler ait lieu à tout prix. S’il ne devait pas réussir, il faut quand même tenter le coup d’État. Car il ne s’agit pas seulement de l’effet politique, il faut que la résistance allemande, aux yeux du monde et de l’Histoire, ait risqué son sang pour un coup décisif. Tout le reste est indifférent »
— Henning von Tresckow à Stauffenberg, juillet 194424.
Au cours de l’automne 1943, le général von Tresckow et le colonel von Stauffenberg examinent les différentes possibilités d’assassiner Hitler et la manière de prendre le pouvoir25. Ils décident de remanier le plan connu sous le nom de code Walkyrie, élaboré par le général Olbricht et approuvé par Hitler : ce plan, initialement conçu pour mobiliser l’armée de réserve contre des troubles intérieurs causés par des « subversifs antinazis », est transformé afin de pouvoir être lancé contre des putschistes au sein du parti nazi, « une clique sans scrupule de chefs du parti non-combattants qui a essayé d’exploiter la situation pour donner un coup de poignard dans le dos au front profondément engagé et de s’emparer du pouvoir à des fins intéressées25. » Le 1er juillet 1944, Stauffenberg est promu colonel et devient le chef d’état-major du général Fromm. Les conjurés disposent enfin d’un homme qui a la ferme volonté d’assassiner Adolf Hitler et qui peut l’approcher lors des réunions à la Wolfsschanze ; même si Stauffenberg doute de l’utilité d’éliminer physiquement le Führer, convaincu qu’il n’y a plus aucun espoir de parvenir à un règlement négocié, il est prêt à aller jusqu’au bout24.
En vertu de sa nouvelle fonction, Stauffenberg, muni d’explosifs, participe, le 6 juillet 1944, à une réunion au Berghof, mais il ne dispose d’aucune occasion de déclencher l’engin ; une nouvelle tentative échoue le 11 juillet 1944, en raison de l’absence de Himmler, dont la majorité des conjurés estime l’élimination indispensable à la réussite du coup d’État ; l’occasion est à nouveau manquée le 15 juillet 1944 à la Wolfsschanze, et le déclenchement de l’opération Walkyrie par le général Friedrich Olbricht est présenté comme un exercice26.

Gouvernement provisoire

Carl Friedrich Goerdeler face à ses juges lors de son procès en septembre 1944.
« Des années de discussions et de prises de contact n’ont pas pu aboutir à un accord complet sur la composition et le programme d’un futur gouvernement », à la veille du 20 juillet 1944, une équipe est constituée pour assurer le fonctionnement de l’État après le putsch :

Attentat

Plan de masse de la Wolfsschanze ; la salle de conférence où s'est déroulé l'attentat se situe dans le baraquement qui porte le no 6.
Le 20 juillet 1944, Stauffenberg et son aide de camp l’Oberleutnant Werner von Haeften prennent l’avion vers le quartier-général de Hitler, le Wolfsschanze à Rastenburg24, en compagnie du général Helmuth Stieff28. À 11 h 30, il participe, durant trois quarts d’heure, à une réunion de préparation dirigée par Wilhelm Keitel ; à la fin de celle-ci, vers 12 h 15, il demande à se rafraîchir et à changer de chemise, ce qui n’a rien d’étonnant en fonction de la chaleur du jour28. Rejoint dans les toilettes par Haeften, il n’a le temps, compte tenu de son handicap, d’amorcer que l’une des deux bombes24 ; de plus, il est interrompu dans ses préparatifs par l’aide de camp de Keitel, Ernst John von Freyend29, qui l’avertit d’un appel téléphonique du général Erich Fellgiebel, responsable des communications du Haut Commandement de la Wehrmacht (l’OKW) et chargé d’empêcher, après l’attentat, toute communication vers l’extérieur28. Stauffenberg place l’explosif amorcé dans sa serviette, et remet l’autre à Haeften24,h.
Les réunions se tenaient généralement dans l’abri bétonné. Ce jour-là, probablement en raison de la chaleur, Hitler décide que le rapport va avoir lieu dans un baraquement dont plusieurs des parois sont en bois ; ce hasard va contribuer, entre autres, à lui sauver la vie.
Stauffenberg rejoint la réunion avec Hitler, pendant l’exposé du général Adolf Heusinger29 ; en raison de sa surdité partielle, et à sa demande, il est placé à la droite du Führer et à sa proximité30. Il place sa serviette près de la grande table sur laquelle sont posées les cartes que consulte Hitler, contre la chaise sur laquelle ce dernier est assisi, puis quitte la réunion en prétextant un appel téléphonique24.
Au moment où Stauffenberg quitte la réunion, 24 personnes sont présentes dans la salle de conférence du baraquement.
Position approximative des participants à la réunion du 20 juillet, dans la salle de conférence de la Wolfsschanze, au moment de l'explosion de la bombe déposée par Stauffenberg
Dans la salle, sont présents autour de la table (les numéros d'ordre correspondent aux numéros mentionnés sur l'illustration ci-contre)31 :
  1. Adolf Hitlerj ;
  2. Adolf Heusingerj, Generalleutnant, chef des opérations au Haut Commandement de l'Armée de terre (OKH), faisant office de chef d'état-major adjoint de la Armée de terre ;
  3. Günther Kortenk, General der Flieger, chef d’état-major adjoint de la Luftwaffe ;
  4. Heinz Brandtk, Oberst i. G.l1er officier de l'état-major général de l'Armée de terre, suppléant du général Heusinger ;
  5. Karl-Heinrich Bodenschatzm, General der Flieger, officier de liaison du commandant en chef de la Luftwaffe au quartier général du Führer ;
  6. Heinz Waizeneggern, Oberstleutnant i. G.l, aide de camp de Keitel ;
  7. Rudolf SchmundtkGeneralleutnant, aide de camp en chef pour la Wehrmacht auprès de Hitler et chef du personnel de la l'Armée de terre ;
  8. Heinrich Borgmannm, Oberstleutnant i. G.l,aide de camp de Hitler ;
  9. Walter Buhlen, General der Infanterie, représentant de l'état-major de l'Armée de terre auprès du Haut Commandement de la Wehrmacht ;
  10. Karl-Jesko von Puttkamer (en)j, Konteradmiral, aide de camp pour la Marine auprès de Hitler ;
  11. Heinrich Bergerk, sténographe ;
  12. Heinz Assmann (en)n, Kapitän zur See, officier d’état-major de la Marine auprès du commandement des opérations de la Wehrmacht ;
  13. Ernst John von Freyendn, Major, aide de camp de Keitel ;
  14. Walter Scherffj, Generalmajor, chargé de mission auprès de Hitler pour l'écriture de l'histoire militaire ;
  15. Hans-Erich Vossn, Konteradmiral, représentant du commandant en chef de la Marine Karl Dönitz au quartier général du Führer ;
  16. Otto Günschej, SS-Hauptsturmführer, aide de camp de Hitler} ;
  17. Nicolaus von Belown, Oberst i. G.*, aide de camp pour la Luftwaffe auprès de Hitler ;
  18. Hermann Fegeleinn, SS-Gruppenführer, représentant de la Waffen-SS au quartier général du Führer ;
  19. Heinz Buchholzn, sténographe ;
  20. Herbert Büchs (de)n, Major i. G.l, aide de camp de Jodl ;
  21. Franz Edler von Sonnleithnern, Ministerialdirigent, représentant du ministère des Affaires étrangères au quartier général du Führer ;
  22. Walter Warlimontj, General der Artillerie, suppléant du chef des opérations de la Wehrmacht, Jodl ;
  23. Alfred Jodlj, Generaloberst, chef des opérations de la Wehrmacht ;
  24. Wilhelm Keitelj, Generalfeldmarschall, chef du Haut Commandement de la Wehrmacht.

Une fois Stauffenberg sorti, Hitler se lève, traverse la pièce et vient se placer devant une grande carte murale. Vers 12 h 45, au centre des aides de camp, Stauffenberg, Haeften et Fellgiebel entendent une explosion assourdissante32 ; Stauffenberg et Haeften prennent ensuite une voiture pour gagner le terrain d’aviation afin de rejoindre Berlin. Pendant le trajet, Haeften se débarrasse du second engin explosif, non amorcé ; les deux conjurés réussissent à circonvenir le dispositif de garde et à s’envoler pour la capitale, à 13 h 15 : ils sont « fermement convaincus que nul [n’a] pu survivre à l’explosion [et] que Hitler [est] mort32. »
Les parois en bois ont cédé et plusieurs victimes ont été projetées à l’extérieur.

Tentative de coup d’État

À Berlin, les conjurés sont avertis d’un message, plutôt vague, envoyé par Erich Fellgiebel au général Fritz Thiele, juste avant le décollage de l’appareil transportant le colonel von Stauffenberg et von Haeften : il s’est passé quelque chose de terrible à la Wolfsschanze mais Adolf Hitler est toujours vivant33. Dans l’attente de nouvelles précises et définitives, Olbricht décide de ne pas lancer le coup d’État34. Lors de leur arrivée à l’aérodrome de Tempelhof, entre 14 h 45 et 15 h 15, Stauffenberg et Haeften se retrouvent seuls, personne ne les y attendant : Haeften téléphone aux conjurés réunis au Bendlerblock et déclare que Hitler était mort35. Cette nouvelle est confirmée par Stauffenberg lors de son arrivée au quartier général, vers 16 h 30 ; sur la base de ces nouvelles informations, Olbricht demande à Fromm de donner l’ordre de déclencher l’opération Walkyrie, mais celui-ci refuse, ayant été averti vers 16 heures par Wilhelm Keitel de l’échec de la tentative d’assassinat35. Passant outre, le chef d’état-major de Fromm, Albrecht Mertz von Quirnheim lance l’action « en adressant aux commandants militaires régionaux un message câblé qui commence par ces mots : le Führer, Adolf Hitler, est mort35. » Au fur et à mesure des heures, les principaux conjurés se retrouvent au Bendlerblock : Ludwig Beck et Olbricht y sont rejoints par d’autres acteurs importants : vers 16 h 30, Erich Hoepner arrive en civil, son uniforme dans sa serviette, suivi vers 20 h par Witzleben qui déclare d’emblée : « Quel beau gâchis36. »
À Paris, le général von Stülpnagel, commandant militaire de la France occupée, fait arrêter un millier d’officiers de la SS, dont Carl Oberg, le chef de la SS pour la France, et Helmut Knochen37.

Échec

Hitler et Mussolini examinent les dégâts au Q.G. de Rastenbourg.
Si la bombe a bel et bien explosé, Hitler ne souffre que d’une blessure à la main droite et de brûlures sur le corpso. Toutes les lignes de communication n’ont pas été coupées : la nouvelle de la survie du Führer parvient donc rapidement à Berlin, notamment lorsque Goebbels met en liaison téléphonique Hitler et Remer38. Ce dernier retourne ses forces contre les comploteurs, avec l’aide des adjoints d’Olbricht qui n’avaient pas été mis dans la confidence38. Il s’en suit une fusillade au quartier général de l’armée à Berlin, au cours de laquelle Stauffenberg est blessé37. Également averti de la survie du Führer, Kluge met immédiatement fin à l’opération lancée par Stülpnagel et fait libérer les membres de la SS arrêtés39.,p.

Répression

Exécutions ordonnées par Fromm

La première vague de la répression est organisée par le général Fromm, qui tente d’éliminer des témoins de sa complicité passive lors de la préparation du complot. Parmi les conjurés arrêtés, le général Beck est autorisé à se suicider en raison de son rang ; après deux tentatives infructueuses, il est achevé sur ordre de Fromm37. Les autres prisonniers, après un procès expéditif, sont condamnés à mort, emmenés dans la cour du Bendlerblock et fusillés l’un après l’autre ; Olbricht, Stauffenberg, Haeften et Quirnheim sont exécutés37.

Enquête

Arrivés au Bendlerblock, Ernst Kaltenbrunner et Remer, bientôt rejoints par Otto Skorzeny, prennent le contrôle du bâtiment et empêchent toute nouvelle exécution sommaire40. Himmler et la Gestapo lancent une enquête à grande échelle qui infirme rapidement le jugement initial de Hitler « qui réduisait le complot aux menées d’une poignée d’officiers réactionnaires41. » Les arrestations et les interrogatoires se multiplient : Wilhelm Canaris, Hans Oster, Hjalmar Schacht, Johannes Popitz, Gustav Noske, Wilhelm Leuschner et Carl Friedrich Goerdeler tombent tour à tour aux mains de la Gestapo ; au total, Himmler fait arrêter cinq mille personnes connues comme étant des adversaires au régime41. De nombreux détenus sont torturés pour les faire parler23.

Suicides, procès, condamnations et survivants

Tresckow en janvier 1944
Au matin du 21 juillet 1944, Tresckow se dirige vers les lignes ennemies et se suicide en faisant exploser une grenade23. Kluge utilise du poison pour mettre fin à ses jours, comme Erwin Rommel, forcé, le 14 octobre 1944, de choisir entre le suicide ou un procès et une humiliation publique23. Oertzen se suicide également en faisant exploser deux grenades.
Sur l’ordre de Hitler, les militaires identifiés comme comploteurs sont chassés de l’armée par une cour martiale présidée par Rundstedt23, notamment assisté par Guderian et Keitel. Redevenus civils, ils peuvent donc être traduits devant le Volksgerichtshof (tribunal du peuple), présidé par Roland Freisler. Le premier procès, concernant huit inculpés s’ouvre le 7 août 1944 et d’autres se succèdent jusqu’en février 194542. Tous les inculpés du premier procès sont condamnés à mort et exécutés par pendaison, « châtiment déshonorant », dans une dépendance de la prison de Plötzensee43. Ils sont pendus à de simples crochets, « avec des cordes particulièrement fines, pour qu’ils meurent de lente strangulation », humiliés pendant leur agonie, les bourreaux leur baissant le pantalon43. Leur supplice est filmé et photographié43.
Himmler déclara que « quiconque était impliqué dans un crime aussi odieux contre l’Allemagne avait nécessairement un sang impur » et que châtier les familles des conjurés « était une vieille tradition germanique » ; l’épouse et les enfants de nombreux comploteurs sont arrêtésq et la répression frappe également, dans certains cas, « leurs frères et sœurs, leurs parents, leurs cousins, leurs oncles et tantes44. »
Certains conjurés ne sont pas identifiés et échappent donc à la mort, comme Philipp von Boeselager ou Rudolf-Christoph von Gersdorff. Quant à Fabian von Schlabrendorff, il ne doit la vie qu’à l’interruption de son procès par un bombardement aérien, le 3 février 1945, au cours duquel Freisler trouve la mort43.

Conséquences

Elles sont de plusieurs types : l'épuration de l'armée, mais aussi les réactions de la population.
La purge qui suit l'attentat entraîne l'élimination de l'opposition militaire au nazisme. La Wehrmacht et l'état-major perdent ainsi le peu d'influence dont ils disposaient encore, la SS acquiert une influence prédominante. Le régime, déjà radical, se radicalise encore plus, verrouillant ainsi l'issue de la guerre.
Devant la catastrophe militaire annoncée — les Alliés sont à Rome et en Normandie, les Soviétiques devant Varsovie — certains cadres de l'armée, professionnels jusque dans leur appréciation de la situation militaire, espéraient éviter la défaite totale en écartant les nazis du pouvoir et en négociant avec les Alliés. L'échec du coup d'État liquide ce dernier espoir : la défaite du Reich sera totale, sans espoir de paix séparée à l'Ouest.
Au sein de la population, les réactions, connues par les rapports de police, le courrier et les journaux intimes d'Allemands, sont mélangées45 : fidélité des cadres et des membres du parti, réserve des soldats du front, déception de nombreuses femmes devant l'échec de l'attentat (la mort d'Hitler aurait signifié la fin de la guerre), teintées de soulagement puis de désintérêt, au vu des nouvelles préoccupantes de l'Est46.

Vision du complot dans l'histoire de l'Allemagne nazie

Contexte

À l'ouest est survenu le 6 juin 1944 le débarquement des troupes anglo-américaines en Normandie suivi d'une offensive qui se déroule en France et qui entame une marche vers l'est. Ce débarquement est complété par le débarquement en Provence. À l'est, c'est l'opération Bagration de reconquête soviétique de la Biélorussie qui entame la marche vers l'ouest, notamment la Prusse-Orientale et vers le nord-ouest vers les pays baltes. De défaites en défaites, la Wehrmacht recule partout, en Italie, en France, à l'est. Elle perd des soldats et des officiers.
Le général Günther Blumentritt témoigne en 1948 de l'état d'esprit des militaires :
« Durant les premiers mois de 1944, beaucoup de visiteurs passèrent au quartier général du front de l'Ouest à Saint-Germain et échangèrent leurs vues sur la tournure prise par la guerre. La question la plus sujette à controverse était celle-ci : les feld-maréchaux devaient-ils ou non convaincre Hitler de demander la paix ?[... Hans Speidel déclara ]« Le moment est venu de dire au Führer que nous ne pouvons plus continuer la guerre »47. »

Confusion

Selon l'historien britannique Liddell Hart48, la plus grande confusion a régné le 20 juillet 1944. Les jours suivants virent la reprise en mains du système nazi et la répression commencer. Liddel Hart précise49, parlant des généraux allemands :
« 1. Le peuple allemand ignorait tout de la situation et ne comprendrait pas une semblable initiative venant de la part des généraux.
2. Les troupes de l'Est reprocheraient à celles de l'Ouest de les abandonner.
3. Ils craignaient de passer pour traitres à leur pays au regard de l'histoire. »

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
  • Paul Berben, L’Attentat contre Hitler, Paris, Robert Laffont, coll. « Ce jour là », 1962, 265 p..
  • Paul Berben, L’Attentat contre Hitler, Paris, J’ai lu, coll. « J’ai lu leur aventure » (no A76/77), 1964 (1re éd. 1962), 384 p., poche.
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  • Benoît Lemay, Erwin Rommel, Paris, Perrin, 2009, 518 p. (ISBN 978-2-262-02452-9). 
  • Basil H. Liddell Hart (trad. Lola Tranec (1948) et Antoine Bourguilleau (2011), préf. Antoine Bourguilleau (2011)), Les généraux allemands parlent [« The Other Side of the Hill »], Perrin, coll. « Collection Tempus », 2011 (1re éd. 1948), 568 p., poche (ISBN 978-2-262-03539-6), chap. 22 (« Le complot contre Hitler vu du quartier général de l'Ouest »), p. 504-516. 
  • Rochus Misch, J’étais le garde du corps d’Hitler. 1940-1945, Paris, Le Cherche-Midi, coll. « Le livre de poche », 2006, 251 p. (ISBN 978-2-253-12154-1).
  • Jean-Paul Picaper, Opération Walkyrie, Paris, 2009.
  • Claus Schenk, Graf von Stauffenberg. La biographie, Paris, éditions du Panthéon, 2007.
  • Peter Steinbach, Claus von Stauffenberg, un témoin au cœur de l’incendie, éditions DRW, 2007.
  • Jean-Louis Thiérot, Stauffenberg, Paris, Perrin, 2009.
  • Missie Vassiltchikov, Journal d’une fille russe à Berlin (1940-1945), Paris, Phébus, coll. « Libretto », 2007, 505 p. (ISBN 978-2-7529-0232-0).
  • Antoine Raybaud, Allemagne, 20 juillet 1944 : L'attentat contre Adolf Hitler, Paris, La République des Lettres, 2012 (ISBN 978-2-8249-0036-0, lire en ligne [archive]).

Filmographie

Annexes

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Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. L'effet de la bombe sur Hitler fut atténué par un pied de table en bois massif derrière lequel la serviette — contenant ladite bombe — avait été fortuitement déplacée par un participant à la conférence.
  2. Selon Ian Kershaw, si c’est bien Tresckow qui a apporté et assemblé les explosifs, c’est Fabian von Schlabrendorff qui les a fait placer à l’intérieur de l’appareil8.
  3. Le projet initial était que Hitler soit abattu par Philipp von Boeselager ou par d’autres officiers, mais il est abandonné, vraisemblablement par crainte de tuer le Generalfeldmarschall von Kluge9.
  4. La bombe est récupérée et désamorcée le lendemain par Fabian von Schlabrendorff, à Rastenburg10.
  5. Si la bombe est bien amorcée par Gersdorff lors de l’arrivée de Hitler, le temps de battement du dispositif d’allumage, soit dix minutes, empêche une explosion pendant que le Führer parcourt l’exposition et Gersdorff désamorce l’engin12.
  6. Les feld-maréchaux signent, courant mars 1943, un document attestant de leur « loyauté inébranlable » envers le Führer18.
  7. L’implication de Erwin Rommel dans le complot est controversée. À titre d’exemple, Paul Berben le considère comme profondément impliqué dans le complot, alors que Benoît Lemay estime qu’il a systématiquement repoussé les tentatives de contact de conjurés. Selon Richard J. Evans, qui adopte une position médiane, « il était au courant du complot mais ne l’avait pas approuvé23 ».
  8. Selon Ian Kershaw, si Stauffenberg avait conservé l’engin non amorcé dans sa serviette, celui-ci aurait doublé l’effet de l’explosion, ce qui n’aurait laissé aucun survivant29 dans la salle de conférence.
  9. Pour Ian Kershaw, c’est Ernst John von Freyend qui porte et dépose la serviette, « sous la table, devant le pied droit massif »30.
  10. a, b, c, d, e, f, g et h Légèrement blessé.
  11. a, b, c et d Mort de ses blessures
  12. a, b, c et d im Generalstab - affecté à l'état-major général
  13. a et b Grièvement blessé.
  14. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Blessé
  15. Selon Raymond Cartier, Hitler a un tympan déchiré par l'explosion.
  16. Carl Oberg et Helmut Knochen fêtent leur libération, à coups de bouteilles de champagne, avec le représentant de Kluge à Paris, le général Günther Blumentritt qui parvient à dissimuler la complicité de la plupart des conspirateurs de Paris40.
  17. L’épouse de Stauffenberg est déportée à Ravensbrück, leurs enfants placés dans un orphelinat sous une fausse identité44.

Références

  1. Evans, vol. 2, p. 754-755.
  2. Evans, vol. 2, p. 793.
  3. Evans, vol. 3, p. 739.
  4. Kershaw 2009, p. 19.
  5. a, b et c Evans, vol. 3, p. 740.
  6. a et b Kershaw 2009, p. 21.
  7. Kershaw 2009, p. 22.
  8. Kershaw 2009, p. 23-24.
  9. Kershaw 2009, p. 23.
  10. Kershaw 2009, p. 24-25.
  11. Evans, vol. 3, p. 740-741.
  12. Kershaw 2009, p. 25-26.
  13. Evans, vol. 3, p. 741.
  14. Kershaw 2009, p. 17-18.
  15. Kershaw 2009, p. 19-20.
  16. a, b, c et d Evans, vol. 3, p. 742-743.
  17. Friedländer 2008, p. 777.
  18. Lemay, p. 371-372.
  19. Kershaw 2009, p. 34.
  20. Lemay, p. 415-416.
  21. Lemay, p. 429.
  22. Lemay, p. 403.
  23. a, b, c, d et e Evans, vol. 3, p. 748.
  24. a, b, c, d, e et f Evans, vol. 3, p. 743.
  25. a et b Kershaw 2009, p. 40-41.
  26. Kershaw 2009, p. 43-44.
  27. Berben 1962, p. 57-58.
  28. a, b et c Kershaw 2009, p. 45.
  29. a, b et c Kershaw 2009, p. 46.
  30. a et b Kershaw 2009, p. 47.
  31. Hoffmann 1996, p. 402-403.
  32. a et b Kershaw 2009, p. 48.
  33. Kershaw 2009, p. 53.
  34. Kershaw 2009, p. 54.
  35. a, b et c Kershaw 2009, p. 54-55.
  36. Kershaw 2009, p. 56-57.
  37. a, b, c et d Evans, vol. 3, p. 745.
  38. a et b Evans, vol. 3, p. 744-745.
  39. Evans, vol. 3, p. 745-746.
  40. a et b Evans, vol. 3, p. 746.
  41. a et b Evans, vol. 3, p. 747.
  42. Evans, vol. 3, p. 748-749.
  43. a, b, c et d Evans, vol. 3, p. 749.
  44. a et b Evans, vol. 3, p. 750.
  45. Evans, vol. 3, p. 755.
  46. Evans, vol. 3, p. 757-758.
  47. Liddell Hart.
  48. Liddell Hart, p. 516.
  49. Liddell Hart, p. 505-511.
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20 juillet 1944

Attentat contre Hitler


Le 20 juillet 1944, Hitler échappe à la bombe qui devait le tuer tandis qu'il examinait des cartes avec ses généraux au Grand Quartier Général de Rastenburg, en Prusse orientale, dans son repaire dit la Tanière du Loup («Wolfsschanze»).
De son nom de code «Walkyrie», cet attentat est le deuxième auquel échappe le dictateur après celui du menuisier Georg Elser, à Munich, en 1939...
En fait d'attentat, il s'agit plutôt d'une tentative de coup d'État par une coalition d'opposants au régime, à un moment où celui-ci est de toute façon condamné : les Soviétiques sont déjà en Allemagne et les Anglo-Saxons ont débarqué en Normandie.
 
Attentat contre Hitler le 20 juillet 1944 (France Actualités 1944),   source : INA
Des militaires antinazis
Les conjurés de l'opération «Walkyrie» veulent tuer Hitler pour renverser le régime et établir à sa place une dictature conservatrice en rétablissant éventuellement la monarchie. Ils espèrent faire la paix avec les Anglo-Américains tout en continuant la guerre contre l'Union soviétique.
Parmi eux figurent plusieurs hauts gradés dont le général à la retraite Ludwig Beck et le général Hans Speidel, chef d'état-major du prestigieux maréchal Erwin Rommel, lequel est informé du complot mais ne s'y associe pas. L'un des plus actifs est le comte Claus von Stauffenberg (36 ans), qui a découvert en Russie, pendant l'hiver 1941/1942, la brutalité des SS. Bien que catholique fervent, opposé à la violence illégitime, il s'est alors convaincu de la nécessité d'assassiner Hitler. Il a combattu ensuite aux côtés du maréchal Rommel en Afrique, où il a perdu un oeil et une main.

Malchance
Nommé en juillet 1944 chef d'état-major de l'armée de réserve du général Fromm, Claus von Stauffenberg participe aux conférences militaires de la Tanière du Loup.
Le 20 juillet 1944, date choisie pour l'attentat, la réunion est avancée à 12h30 au lieu de 13h en raison d'une visite de Mussolini et se tient dans un chalet en bois au lieu du bunker en béton habituel en raison de la chaleur de l'été. Au moment propice, Stauffenberg dépose une valise piégée sous la table, près de Hitler. Puis il quitte la pièce sous le prétexte de donner un coup de fil.
Comme la valise dérange un des militaires, celui-ci la déplace de sorte qu'elle est désormais séparée de Hitler par le lourd support en chêne de la table. Lorsque se produit l'explosion, les parois du chalet sont soufflées, ce qui amoindrit la puissance de l'explosion. Et le Führer, protégé par le pied de la table, n'est en fin de compte que légèrement blessé.
Stauffenberg a vu le chalet se volatiliser et des corps expulsés par les ouvertures. Il est convaincu qu'il ne reste plus personne de vivant à l'intérieur et, sans perdre une minute, se rend à Berlin dans l'intention de participer au soulèvement. À son arrivée à l'aéroport, trois heures plus tard, il téléphone aux autres conjurés et apprend, consterné, que ceux-ci n'ont pas osé déclencher le soulèvement faute de certitude sur le sort de Hitler.
Beaucoup de participants à la conférence ont été tués ou grièvement blessés mais celui-ci et le général Keitel qui se tenait à ses côtés ont eu une chance inouïe... Quand Mussolini arrive pour ce qui sera la dernière rencontre des deux dictateurs, il est accueilli sur le quai de la gare par un Hitler surexcité, les cheveux roussis, le bras partiellement paralysé, qui l'amène sans attendre visiter le lieu de l'explosion... Les deux hommes, après une phase d'agitation, s'installent pour le thé.
Répression
À Berlin, le ministre de la propagande, Joseph Goebbels, reprend habilement la main. À 18h30, la radio annonce que Hitler vient d'échapper à un attentat. À Prague et Vienne, les généraux qui avaient entamé le soulèvement font machine arrière.
Le ministre de l'Intérieur, Heinrich Himmler, prend le commandement de l'armée de l'intérieur. Stauffenberg et d'autres chefs de la conjuration sont exécutés sur place. Le général Beck est contraint au suicide. À 1h du matin, Hitler lui-même s'exprime à la radio et annonce une sévère répression. Il tiendra parole.
L'amiral Wilhelm Canaris, ancien chef de l'Abwehr (le service de renseignement), soupçonné de participation au complot, est envoyé au camp de concentration de Flössenburg où il sera étranglé avec une corde à piano le 9 avril 1945 !
Le 14 octobre, le maréchal Erwin Rommel sera sommé de se suicider. Eu égard à sa grande popularité, Hitler lui accordera des funérailles nationales. Au total, la Gestapo aurait procédé à 7.000 arrestations suite à l'attentat du 20 juillet et 5.000 personnes auraient payé de leur vie cette tentative tardive de se débarrasser du tyran et de laver l'honneur de l'Allemagne. Plus déterminé que jamais, Hitler entraînera l'Allemagne jusqu'au bout de sa folie.
Version intégrale pour les amis d
Les commentaires sur cet article :

Anonyme (17-07-201415:00:47)
en plus Hitler un aryen blond et puissant ? un nabot végétarien et laid oui
Anonyme (17-07-201414:58:00)
la barakka n'appartient-elle qu'aux fous délirants comme Hitler

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resistanceallemande.online.fr    consulté BFF 20 juillet 2017 à 23 heures 32

Le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg fut le centre de la Résistance au sein du commandement suprême des forces armées après que le général Hans Oster ait été limogé, après le démantèlement du groupe de résistants au sein du contre-espionnage, et après l'envoi de Henning von Tresckow au front de l'Est. Von Stauffenberg fut du 1er juin au 20 juillet 1944 le chef de l'état-major du commandant des troupes de réserve. Il était convaincu que seule la mort de Hitler pourrait inciter la Wehrmacht à agir. Au début ébloui comme tant d'autres par les succès militaires de Hitler, ce n'est que pendant la guerre qu'il saisit le caractère criminel de la politique nazie. Blessé grièvement en Afrique, il perdit un œil, la main droite et des doigts de la main gauche, fut transféré à Berlin et y reçut en septembre 1943 un poste de chef d'état-major. Son supérieur, le général Friedrich Olbricht, qui était déjà depuis 1938 l'une des forces motrices pour un putsch au sein de l'armée, lui demanda d'entrer dans la Résistance active. Et c'est Friedrich Olbricht qui mit von Stauffenberg en contact avec Henning von Tresckow, Ludwig Beck et Carl Friedrich Goerdeler. Grâce à sa position centrale, tant sur le plan géographique que hiérarchique au sein de l'armée, von Stauffenberg œuvra pour l'unification des divers cercles et groupes de Résistance, afin d'assurer leur coordination lors d'un coup d'État. Par l'intermédiaire de Fritz-Dietlof Graf von der Schulenburg, il entra en contact avec le social-démocrate Julius Leber. Puis il entra en contact avec le cercle de Kreisau en faisant la connaissance d'Adam von Trott zu Solz, qui lui présenta son cousin Peter Graf Yorck von Wartenburg. Enfin, il rencontra Ludwig Beck dans la maison du grand chirurgien Sauerbruch. Von Stauffenberg étant parvenu à coordonner l'action de ces divers groupes, c'est lui qui dirigea les opérations à partir de Berlin lors du coup d'État.
A la suite de l'échec des tentatives d'attentats en 1943, et après l'arrestation des conjurés Julius Leber et Adolf Reichwein, von Stauffenberg se décida à exécuter en personne l'attentat à la bombe le 20 juillet 1944. Il en informa les résistants ayant des positions clés dans l'armée et dans l'administration. L'idée de tuer Hitler dans son quartier général, sa "Tanière du Loup" près de Rastenburg en Prusse Orientale, lors de la conférence quotidienne l'informant de la situation militaire, était de von Tresckow. Tous les précédents plans et tentatives d'éliminer le dictateur lors de ses rares déplacements s'étaient avérés irréalisables, puisque Hitler était trop prudent pour se tenir aux heures fixées et à l'itinéraire convenu, et puisqu'il se désistait trop souvent pour qu'il soit possible d'arranger un attentat et un putsch.
Le matin du 20 juillet 1944, von Stauffenberg partit de son appartement à Berlin-Nikolassee et prit l'avion pour Rastenburg, en Prusse Orientale, avec son aide de camp, le lieutenant Werner von Haeften. Dans la "Tanière du Loup", von Stauffenberg et von Haeften allèrent, sous prétexte de vouloir se rafraîchir et changer de chemise avant la conférence avec Hitler, dans la chambre de l'aide de camp de Keitel, le commandant Ernst John von Freyend. C'est là qu'ils voulaient amorcer les détonateurs des explosifs afin qu'ils déclenchent l'explosion 10 à 12 minutes plus tard, et mettre ceux-ci dans le porte-documents de von Stauffenberg. Les deux hommes furent dérangés par l'adjudant-chef Werner Vogel, qui les appela à venir à la conférence, c'est pourquoi ils ne purent amorcer que l'une des deux bombes prévues. La deuxième bombe resta dans le porte-documents de Werner von Haeften.
A 12h30, von Stauffenberg se rendit dans le baraquement où avait lieu la conférence. A son arrivée, Keitel annonça à Hitler que von Stauffenberg lui exposerait les mesures prises pour la mise sur pied d'unités de remplacement. Von Stauffenberg déposa alors son porte-documents près de Hitler, sous la table, et quitta le baraquement vers 12h40, sous prétexte de devoir aller téléphoner.
Vers 12h50, juste au moment où Hitler se pencha au-dessus de la table en chêne pour étudier des cartes, la bombe explosa. Cinq des vingt-quatre personnes présentes dans le baraquement furent tuées, les autres blessées. Hitler n'eut que quelques petites égratignures.
Von Stauffenberg entendit l'explosion et partit tout de suite en voiture avec von Haeften. Leur voiture, conduite par le lieutenant Erich Kretz, passa à environ 70 mètres à côté du baraquement enfumé et sortit de la zone de haute surveillance juste avant que l'alerte soit donnée et que toutes les sorties soient fermées. Arrivés au corps de garde extérieur, l'adjudant-chef Kolbe ne voulut pas les laisser passer. Von Stauffenberg téléphona alors au capitaine de cavalerie von Möllendorff à l'état-major de place, qui les autorisa à passer. Sur la route vers l'aérodrome, von Stauffenberg jeta le deuxième paquet d'explosifs par la fenêtre. Arrivés à l'aérodrome à 13h15, ils prirent aussitôt l'avion pour Berlin, où von Stauffenberg devait déclencher l'"Opération Walkyrie" et diriger le coup d'État.
L'"Opération Walkyrie" était au départ un plan qui organisait de façon très détaillée le déploiement de troupes de réserve vers le front. En 1943, ces plans furent élargis et transformés en un ordre d'alerte générale, au cas où les nombreux travailleurs étrangers et prisonniers de guerre détenus en Allemagne déclencheraient des émeutes ; l'état de siège aurait alors été déclaré et l'armée aurait pris le contrôle du pays. Ce plan n'avait en soi rien à voir avec un putsch éventuel, mais les conjurés y avaient ajouté des ordres secrets sous la forme d'enveloppes scellées que les commandants des unités concernées n'étaient autorisés à ouvrir que lors du déclenchement de l'"Opération Walkyrie" par le mot clé "Walkyrie". Ces unités auraient dû alors occuper les bâtiments du gouvernement et des ministères, les émetteurs radio, les bureaux de téléphone et de télégraphie, les camps de concentration, et contrôler les nœuds de communication. De plus, ces enveloppes contenaient l'ordre de désarmer les unités SS et d'arrêter leurs dirigeants.
Vers 14h, le chef de la SS, Heinrich Himmler, demanda à la présidence de la police du Reich à Berlin de charger des spécialistes d'élucider l'attentat. Il donna l'ordre d'arrêter von Stauffenberg. Ce n'est que vers 15h que le général Olbricht reçut à Berlin une vague information sur un attentat avec plusieurs victimes. Mais il se décida à attendre des nouvelles de von Stauffenberg, pour ne pas avoir à retirer l'ordre "Walkyrie" au cas où ce ne soit qu'une feinte. A 15h, von Stauffenberg était à Berlin et von Haeften diffusa la nouvelle de la mort de Hitler. Comme le commandant en chef Fromm refusa de participer à l'opération, Keitel lui ayant assuré que Hitler était toujours en vie, les conjurés l'arrêtèrent et confièrent le commandement suprême au feld-maréchal von Witzleben.
A partir de 17h30 furent donnés les ordres lançant l'"Opération Walkyrie". Il fut donné pour mission à Hoepner, un général limogé par Hitler, d'exécuter les ordres du plan en Allemagne, puis Ludwig Beck et Hoepner tinrent au Bendlerblock un discours devant les chefs de sections. Le général Friedrich Olbricht, alors que les troupes à Berlin et aux alentours étaient déjà en route pour exécuter l'opération, hésita avant d'envoyer ses spécialistes prendre possession des émetteurs radio et diffuser la déclaration du nouveau gouvernement au peuple allemand, car il jugeait la situation encore trop instable.
Un fonctionnaire du ministère de la propagande, qui était cet après-midi-là au bataillon de garde "Großdeutschland", put persuader le commandant qu'il serait préférable de demander à Goebbels avant d'entreprendre quoi que ce soit. Ce dernier fut ainsi informé du lancement de l'"Opération Walkyrie" et en avertit Hitler, qui ordonna tout de suite une contre-attaque. Goebbels fit diffuser à la radio la nouvelle qu'un attentat contre Hitler avait eu lieu, mais que celui-ci était en vie. Cette contre-réaction et l'ordre de ne pas tenir compte des ordres en provenance de Berlin semèrent l'inquiétude dans les troupes, qui demandèrent alors au Bendlerblock qui détenait le pouvoir de commandement.
Une contre-attaque eut également lieu au Bendlerblock. Fromm parvint à fuir après avoir propagé la nouvelle que Hitler était en vie. Plusieurs officiers, qui jusqu'alors n'avaient pas pris parti, prirent ainsi les armes pour combattre les conjurés. De plus, ils appelèrent des troupes de renfort, alors que les troupes appelées par les conjurés venaient de faire marche-arrière. Les conjurés furent arrêtés, et le général Fromm fit fusiller sur le champ quatre d'entre eux dans la cour du bâtiment : le général Olbricht, les colonels von Stauffenberg et Mertz, ainsi que le lieutenant von Haeften. Fromm donna à Ludwig Beck l'opportunité de se suicider.
A Paris, contrairement à la plupart des districts militaires, où les nouvelles annonçant la mort de Hitler et les informations contradictoires assurant qu'il avait survécu se croisèrent et semèrent la confusion, l'"Opération Walkyrie" fut exécutée avec davantage de succès. Le commandant en chef Carl-Heinrich von Stülpnagel y avait tout organisé lui-même, et certains de ses officiers, comme le lieutenant-colonel Cäsar von Hofacker, étaient au courant de tous les détails de l'opération. Celui-ci était un cousin de Stauffenberg ; il était non seulement en contact avec les conspirateurs berlinois et parisiens, mais également avec la Résistance française. Les conjurés mirent en état d'arrestation environ 1 200 personnes du service de la sécurité, de la SS et de la Gestapo, et allèrent voir le Generalfeldmarschall von Kluge, qui avait la fonction d'Oberbefehlshaber West (commandant en chef du front de l'Ouest) en France et dont l'attitude vis-à-vis de la conjuration était restée très indécise, afin de lui demander d'établir le contact avec les Alliés, mais celui-ci refusa. Il destitua von Stülpnagel et von Hofacker de leurs fonctions et leur conseilla de s'enfuir. Von Stülpnagel se résigna lorsque les mauvaises nouvelles en provenance de Berlin se multiplièrent, et donna l'ordre de libérer les prisonniers. Il tenta alors de se suicider et se blessa grièvement ; il fut arrêté par la Gestapo, condamné à mort et exécuté à Berlin-Plötzensee le 30 août 1944. Von Hofacker fut arrêté à Paris le 26 juillet 1944, condamné à mort le 30 août 1944 et exécuté à Berlin-Plötzensee le 20 décembre 1944. Le Feldmarschall von Kluge, après avoir reçu l'ordre de se rendre à Berlin, se suicida le 19 août 1944 sur un champ de bataille de la Marne.
En Allemagne commença alors une terrible chasse aux conjurés et à leurs sympathisants. La commission chargée d'élucider l'attentat et le coup d'État était constituée de 400 hommes de la Gestapo. Par la suite eurent lieu de très nombreux procès-simulacres sous la présidence du juge Freisler. Des milliers de personnes, les conjurés, ainsi que leurs proches et leur famille, en tout 5 000 à 7 000 personnes - cette méthode d'intimidation était pratiquée de façon systématique par la Gestapo - furent arrêtées ; 5 000 personnes furent condamnées à mort et exécutées à la suite de cette action de représailles.
 


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