Emmanuel Macron n'est traître en
rien au président, bien au contraire. Il s'est seulement déhalé du
gouvernement pour pouvoir prendre quelques milles d'avance sur la
flottille socialiste et son bosco catalan.
Que cela vous
plaise ou non, ils sont sur la même ligne, dite "sociale-libérale", ils
tiennent que la France dans l'Europe libérale peut tenir sa place dans
la compétition mondiale. C'est en réalité la ligne des gouvernants
socialistes depuis 1982-83 (Franc fort - Euro puis soumission économique
partielle à la nouvelle Allemagne).
Relisez le 1er volume de notre Décennie Mitterrand,
vous verrez, tout y est déjà annoncé. Mais, c'est vrai, Mitterrand,
puis Jospin, puis Hollande ont toujours maintenu une certaine ambigüité
pour ne pas prendre à rebrousse poil l'électorat dit "populaire" ou
"progressiste" ("mon ennemi, c'est la finance").
Ce flou
entretenu et les ravages de la mondialisation, malgré les "avancées
sociales" (35 heures) ont fait fuir ces électeurs vers le FN et (un peu)
vers Mélenchon. Mais la "classe moyenne" qui vote à gauche peut se
ressaisir et tenter de réélire un président social-libéral si elle juge
trop indigeste la potion du Diafoirus Fillon.
Et aujourd'hui, le coming man, comme disait Mitterrand, c'est Emmanuel Macron.
Rien n'est encore joué à la mi-janvier. La "cristallisation" de
l'électorat se produit ordinairement aux mois de février et mars. Il
faut que l'opinion intègre la situation en fonction de celui qui
remportera nos primaires. On verra alors si l'engouement actuel pour
Macron retombe comme un soufflé mal cuit.
Le président
serait dans son rôle s'il appelait les candidats "résiduels" à se ranger
derrière celui qui se trouve "en situation" de faire trembler la droite
et l'extrême droite. Il est évident que ce rara avis doit être d'une autre étoffe que celles, usées, ravaudées, rapiécées, des socialistes habituels.
L'équation impossible pour Montebourg et Hamon, dont la ligne
politique est respectable mais minoritaire en France, tient au fait que
la moitié de leur électorat potentiel s'est placée dans le sillage du
chalutier Mélenchon et y reste solidement accrochée.
Ce
n'est un secret pour personne que si le joueur de flûte de Hamelin se
prénomme cette année Emmanuel, les socialistes le suivront hors les murs
de Solférino afin de retourner les plus nombreux possibles cet été au
Palais-Bourbon. Pour le moment, just wait & see.
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