Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,
le Journal du dimanche, hier matin, assurait
que le Président allait soutenir officiellement Emmanuel Macron et que
Ségolène Royal était déjà (quoique discrètement) au service de celui-ci.
Ces deux "nouvelles" m'ont choqué. Emmanuel Macron est l'un des
responsables ou inspirateurs de la politique économique du quinquennat
(nul ne sait encore et je ne lirai que plus tard Davet et Lhomme, a
fortiori Aquilino, si le Président fut seul son propre inspirateur) ;
cette politique a discrédité, sans résultats qui eussent justifié son
choix, la gauche de gouvernement et le Parti socialiste. De surcroît, sa
sécession a marqué le début prématuré de la campagne présidentielle et
fait fi du Parti socialiste. Le soutenir c'est lui donner raison, c'est
passer sur sa trahison, c'est admettre la mort du PS et d'une certaine
gauche de gouvernement à qui François Mitterrand avait rendu toutes
lettres de noblesse. Ce serait ratifier une évaluation du quinquennat et
de la personne-même du Président : un fossoyeur et un faible.
Cela au moment où la candidature de François Fillon conteste comme jamais 1° les acquis français en société, 2° les ressources,
expériences et traditions françaises en construction européenne et en
conduite consensuelle de l'économie, public et privé ensemble, 3° la
règle fondatrice de la République : la laïcité. Cela au moment où la
prise de fonctions de Donald Trump outre-Atlantique fait peser toutes
les incertitudes possibles et imaginables sur les relations
internationales, sur la sécurité du monde et de l'Europe en particulier,
vouée à être le jouet d'une "réconciliation" Moscou-Washington.
Cela au moment où le deuxième débat pour la
primaire socialiste montre - à mon intense et heureuse surprise, qui est
sans doute celle de beaucoup - une capacité de dialogue et de
construction positive entre concurrents, de véritables qualités de
travail et d'honnêteté chez tous. A l'exception évidente de Manuel
Valls, récitant et pas même convaincant en défense de son propre bilan
avec le Président : comment a-t-il pu être nommé ? à des fonctions
auxquelles il n'a rien apporté qu'une véhémence de ton, quasi-illuminée.
Deux évidences :
1° le candidat de la droite (je suis
convaincu que Marine Le Pen ne sera pas au deuxième tour, même si c'est
l'intérêt de François Fillon de la chercher pour faire-valoir) a été
caractérisé, a contrario, par cette mise en valeur inattendue de ce que
doit être une gauche de sincérité, d'idéal et de gouvernement. La
résurrection de celle-ci ne peut s'opérer pour la prochaine élection
qu'en unissant ce qui paraît inconciliable selon les trajectoires et les
personnalités de Macron et de Mélenchon, l'ensemble des candidatures
hostiles à cette régression annoncée. Le Président doit y travailler par
tous les moyens. Et ensuite, quel que soit le résultat du scrutin,
prendre en charge avec d'autres, mais principalement lui-même la
reconstitution du Parti socialiste et certainement la reviviscence de
l'Internationale sociale et l'énoncé d'une alternative au cours soi-disant
libéral (le terme est une usurpation et un recel de ce qu'il signifia
au XIXème siècle ou en Grande-Bretagne : une libération, non des
assujettissements de fait à des mécanismes et à leurs groupes et
intérêts de pression)
2° ni la France ni donc l'Europe ne peuvent
rester sans voix devant la montée sur scène de Donald Trump pendant les
mois à venir, les quatre-cinq à courir jusqu'à la prise de fonctions du
nouveau président de la République française. Il est donc vital que le
Président appelle à l'Europe, en esquisse la future réorganisation :
démocratique, indépendantiste et se donnant une défense à tous les
points de vue qui ne soit que son propre fait et son effort politique,
financier, moral surtout. Son désintéressement politique et son expérience, parce qu'elle a été en grande partie négative, lui donne l'autorité morale pour cet appel et ces analyses et propositions.
Vital que le Président qualifie ces montées de l'inconnu et de la régression.
Il a été dit pendant le débat d'hier soir -
une des journalistes - que le Président ne prendrait connaissance de ce
qu'il fut échangé et, à mon sens, démontré, qu'en différé : soirée
privée au théatre. Comment recevoir cette indication ?
Pensées et espérance.
N B
1° je ne retire rien à mon précédent message
: candidature éventuelle si elle est d'union de toutes les gauches, le
retrait de tous les candidats potentiels ou en lice, programme éclatant
de prise de conscience et de mobilisation
2° l'exercice "primaire" n'est pas adéquat :
c'est un bachotage, une dissection des "dossiers", une comparution
devant un jury de niveau presque primaire. La fonction présidentielle
est abaissée, elle n'est pas un exercice de culture générale récitée, en
aucune une expertise en quoi que ce soit. Pour l'avenir, il est
impensable que nos débats nationaux restent cadrés par des journalistes
cherchant à se faire valoir eux-mêmes, et par des médias qui soient pas
de service public. Et il est dégradant que des présidents de la
République, "sortant" ou anciens, s'y soumettent ou y soient soumis.
3° il faut publier d'urgence
l'intégralité des débats et rapports parlementaires ayant produit notre
loi de 1905 : la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
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