Les médications dont vous vous portez fort avec ténacité depuis votre entrée à l’Elysée sont celles de votre prédécesseur mais avec plus de sincérité, de courage donc et de conséquence. Je ne crois pas qu’elles aboutissent même dans la seule perspective d’un rétablissement de nos comptes. Elles sont d’obédience dogmatique et n’utilisent donc pas les trois outils évidents, de tradition nationale et qui ont été longtemps un modèle de gouvernement : l’appui populaire, l’inspiration déterminée de l’entreprise européenne, l’Etat.
Par notes ad hoc, par courriels conjoncturels, je me suis permis de développer et répéter un programme simple. Je le résume.
1° le peuple
La résorption des déficits sans réduire ailleurs que pour les gaspillages peut se faire par le moratoire des dettes souveraines concerté avec vos homologues des grands Etats, tous soumis à la pression du dogme libéral qui veut l’extinction de toute puissance publique sauf quand elle contraint physiquement les contribuables et les révoltés, la canaille d’antan. L’emprunt direct auprès des gens et non selon les circuits bancaires vérolés par la spéculation, la reprise des concours de banques centrales aux trésors nationaux.
Naturellement, ces emprunts à la Pinay et à la de Gaulle , voire ceux censément pour la Défense nationale entre les deux guerres mondiales, supposent la confiance populaire dans le gouvernement. Vous l’avez fort bien dit pour notre 14-Juillet.
Par analogie, la pratique du referendum sur les grandes questions, le service public quand il y eut, sous votre prédécesseur, la pétition pour le statut de La Poste, les grandes questions de société à condition d’être bien exposées et que les extrêmismes d’une extrême droite intégriste soi-disant catholique mais abusant de la bonne foi ou de la ferveur de milieux chrétiens, soient cadrés. Le président de la République s’engageant personnellement ou pas, à la de Gaulle ou à la suisse.
Il est de fait que le quinquennat plus la coincidence des scrutins présidentiel et législatif ont rendu la représentation nationale, sauf commission d’enquête, figée, aux ordres, immuablement clivée. Ce n’est pas la démocratie et, bien plus encore que par les scandales politiques depuis une dizaine dannées, cette rigidité est mortifère et éloigne nos concitoyens de la vie publique, car cette vie n’est plus la vie.
Le civisme et le brassage social ne sont pas seulement affaire d’une formation des maîtres et d’une confiance dans un système pédagogique et des solidarités financières pour la sécurité sociale : ils exigent la remise en œuvre d’un outil majeur de la République, le service national à composante autant militaire que civile, obligatoire, universel garçons et filles, dans une couche d’âge fixe sans sursis ni exemptions, ouvrant notre jeunesse aux dépaysements régionaux et au service d’autrui pour le développement notamment en Afrique. Là, la jeune génération périmera les coopérations routinières et la corruption des aînés, dont la France est tant responsable, malheureusement.
Le peuple, ce peut être l’appui et l’imagination pour le pouvoir. Ce peut être aussi, à certains moments cardinaux, la déferlante de l’enthousiasme, pas seulement l’instant nocturne d’une victoire électorale.
2° l’Europe
Le dysfonctionnement est criant, cf. les subventions aux exportations de poulet congelé. Les bons mots échangés avec les membres ou le président de la Commission font pendant avec l’intergouvernemental comme mode du gouvernement européen. Il n’y a plus d’intimité intellectuelle franco-allemande malgré les tapes dans le dos et les tutoiements, cf. Adenauer et de Gaulle, et même VGE avec Schmidt. Nous sommes, nous les Européens, les victimes principales de la mondialisation, des tricheries des pays émergents et du système bancaire international. En soixante ans, pas capable d’une défense et d’une logistique militaire et de renseignements qui ne soient que les autres. Méprisés et pillés. La France banalisée dans l’OTAN et dans l’Union.
S’en sortir est simple. Le prochain Parlement européen soit être constituant. Il doit réécrire un traité qui sera ensuite auto-révisable avec ratification des peuples et non plus des seuls Etats. Il doit établir l’élection directe du président de l’Union par l’ensemble des citoyens européens. Il doit prévoir une citoyenneté européenne distncte des nationalités pour que les contestataires des Etats actuels et de leurs frontières, de leurs langues, et que les peuples migrants aient enfin droit de cité et de respectabilités. Le président élu au suffrage direct pourra soumettre au referendum européen toutes questions ressortissant du nouveau traité. Il inspirera aussi à la Banque centrale ses orientations et les emprunts citoyens dans toute l’Union.
D’un seul coup, la crédibilité internationale de l’Europe et les politiques de grands travaux s’établiront.
Après Robert Schuman , vous êtes en situation et en devoir de qualifier ainsi le prochain scrutin européen, par-dessus vos homologues et en en appelant directements aux peuples européens. Vous rendrez alors à la France son rang, son rôle. Iront alors d’elles-mêmes, la péremption de l’Alliance atlantique et sa substitution par l’organisation de forces permanentes attachées à une Organisation des nations unies se donnant des représentativités populaires distinctes du gouvernement des seuls Etats en Conseil de sécurité et en Assemblée générale.
3° l’Etat
C’est la cible de l’international et du patronat quand celui-ci n’est pas d’entreprises fondées et vécues patrimonialement, mais qu’il est une cooptation dans une classe mentale et sociale exigue et intéressée.
Le commissariat général au Plan et pas au seul investissement, doit être rétabli, réinventée avec ses enceintes de dialogue social, d’échanges des projets, de formation des différents rôles à tenir dans le jeu économique, financier, social, environnemental. Puisque les mandats, malheureusement figés, sont de cinq ans et coincident, ce doit être le temps d’un plan de développement préparé et proposé à l’élection préidentielle et ayant immédiatement force de loi pour structurer toute une législature. Nos campagnes quinquennales doivent porter sur un plan quinquennal et à l’avenir sur le bilan de son exécution, non sur quelques idées ou critiques du moment, plus ou moins praticables une fois découverts l’état des lieux et ce qu’est la « marge de manœuvre » d’un pouvoir censément nouveau.
Tant que n’est pas jugulée à l’échelle européenne sinon mondiale la crise qui ronge tout et d’abord les esprits dirigeants autant que la foi des moindres gens…, il nous faut carguer les voiles, nationaliser temporairement le système bancaire et les grandes ou symboliques entreprises – quand il en reste (inventaire du patrimoine financier et industriel en existant et aussi en capital national indépendant de l’étranger) – de façon à changer les habitudes, à porter à leur direction des « étages » inférieurs, des agents et employés qui ont toute leur carrière et mis toute leur fierté dans la même entreprise. Cela existe, ils sont bien meilleurs que les grands PDGs, ils inaugureront un vérutable gouvernement par les comités d’entreprise, bien meilleurs connaisseurs des « boîtes », des marchés, des opportunités et des prédateurs. Retour à des intelligences, expertises et civismes qui firent l’industrie française pendant un siècle et demi. La responsabilité avait alors un sens littéral que la politique depuis quelques décennies et l’entrepreneuriat façon contemporaine – et cynique depuis votre élection, par défi de vous, notamment – ont perdu de vue et de culture et ont fait oublier aux Français. Forcément ceux-ci méprisent poliique et entreprise puisqu’ils n’en reconnaissent la physionomie de nos atavismes. Le retour au statut privé de ces nationalisées se fera surtout en capitalisme populaire.
De telles initiatives politiques, européennes, et dans l’organisation de notre économie seront forcément contagieuses en Europe, elles justifieront notre combat pour la diversité des mentalités et des langues dans le monde. Notre exception n’est pas inculturelle, elle est une responsabilité spirituelle universelle. Il sera aisé, naturel de nous en réimprégner tous. Pour une nationalité de plus en plus métissée ethniquement et culturellement, le vrai ciment est là.
Naturellement, l’exposé de telles résolutions détruira les clivages de plus en plus stériles, sinon ridicules, entre partis de convenance actuelle, et les nécessités autant que la netteté de votre nouvel engagement peuvent même susciter un gouvernement de consensus national comme à la Libération. Nous avons autant à secouer aujourd’hui qu’à cette époque-là.
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